Les relations entre religion et politique relèvent de deux récits concurrents aux États-Unis. L'un insiste sur les Pères fondateurs et la Constitution ; l'autre sur la vertu des Puritains. Quelles traces cette division laisse-t-elle dans la politique contemporaine ? Comment les deux candidats à l'élection présidentielle se sont-ils inscrits dans cette histoire ?
Cet article examine l'interprétation arendtienne de la vie politique moderne. À l'encontre de ce que soutiennent de nombreux commentateurs de cette philosophe, à savoir que celle-ci conçoit la modernité comme parfaitement homogène, entièrement vouée à l'emprise de la technique et de la consommation, nous démontrons qu'elle estimait que la liberté politique pouvait toujours de nouveau surgir aux États-Unis, comme en témoignèrent les manifestations des étudiants américains contre la guerre du Vietnam. De nombreux Américains participaient donc toujours durant les années 1970 à la vie politique de leur pays. La rationalité instrumentale et l'activité du travail ne dominaient donc pas entièrement la société américaine. La modernité est irréductible à l'atomisation et à l'« acosmie » chez Hannah Arendt.
De nombreux facteurs structurels, conjoncturels et liés aux qualités propres du candidat étaient réunis pour créer les conditions d'un raz-de-marée électoral en faveur du candidat démocrate Barack Obama lors de l'élection présidentielle de 2008. Une étude des résultats par l'oscillation de Butler montre que ces facteurs n'ont pas agi uniformément sur l'ensemble du territoire. La progression démocrate fut plus forte dans les zones démographiquement dynamiques qui attirent des classes moyennes blanches diplômées et des immigrants latinos. Or la dimension géographique des évolutions démographiques et politiques du pays, dans le cadre du système de collège électoral, est essentielle dans la constitution de la coalition électorale des partis. Les tendances à long terme qui se dégagent, sauf retournement d'alliance, semblent favorables aux démocrates.
Résumé La relation entre transparence et participation gouvernementales n'est pas bien définie dans la littérature. La transparence offre aux parties prenantes des connaissances sur les processus, les structures et les produits du gouvernement. La participation concerne la quantité, la qualité et la diversité des moyens dont disposent les parties prenantes pour intervenir dans le processus décisionnel. L'amélioration de la transparence est souvent considérée comme allant de pair avec l'amélioration de la participation, et inversement. À l'ère de l'Internet, cependant, l'évolution dans l'ampleur de la divulgation d'informations l'emporte parfois sur l'évolution dans le niveau de gouvernement participatif. Dans le présent article, nous nous basons sur des données issues d'une enquête nationale menée en 2010 auprès de cinq agences gouvernementales locales américaines pour vérifier certaines hypothèses au sujet de la relation entre transparence et participation et des facteurs qui les influencent. Nos observations indiquent que la participation est positivement associée à la transparence, mais que l'inverse n'est pas vrai. En outre, les organisations qui sont davantage influencées par des acteurs extérieurs font état de niveaux de participation plus élevés, mais il arrive que la présence de niveaux d'influence extérieure plus élevés entrave la transparence. Remarques à l'intention des praticiens Notre article offre aux praticiens un cadre pour interpréter la relation entre transparence et participation comme deux dimensions de la gouvernance ouverte. Si, dans certains services, ces deux dimensions sont présentes à des niveaux similaires, ce n'est pas le cas dans d'autres. Par exemple, sur les cinq services examinés, la police présente les niveaux globaux de participation et de transparence les plus faibles, tandis que le Service des loisirs et des parcs et le Bureau du maire présentent les niveaux de transparence et de participation les plus élevés. Le niveau de transparence déclaré par les services de police s'avère par ailleurs nettement plus élevé que leur niveau de participation, alors que c'est le contraire pour les services de développement communautaire. Notre article permettra aux administrateurs publics de mieux comprendre les facteurs de transparence et de participation ainsi que les relations entre ces deux éléments.
Résumé L'Afrique gagne de plus en plus d'importance dans la politique américaine comme dans la politique internationale, au-delà des seules exigences humanitaires qui continuent pourtant de dominer le discours sur la politique africaine des États-Unis. L'amélioration de la direction politique dans la région offre l'opportunité de bâtir des partenariats sur des sujets d'intérêt mutuel. Une telle politique ne pourra d'ailleurs que favoriser une assistance humanitaire plus sérieuse et efficace de la part des États-Unis et d'autres pays. Au début de la décennie, une approche relativement nouvelle de l'Afrique a émergé du Congrès, et il y a eu continuité d'action entre les administrations Clinton et Bush. Toutefois, aussi prometteuses que puissent être les récentes initiatives, leur pleine efficacité requiert une définition plus approfondie des intérêts américains en Afrique.
Cet article décrit les processus qui conduisent à une ségrégation raciale résidentielle dans les villes américaines et montre dans quelle mesure ces processus résultent de caractéristiques relativement uniques au système américain. Il montre aussi l'ampleur de la ségrégation, la façon dont elle a évolué dans le temps et ses conséquences, en insistant particulièrement sur la situation particulière des Noirs, qui restent de loin le groupe en situation de plus forte ségrégation aux États-Unis. Enfin, cet article explique et discute les politiques de logement aux États-Unis qui ont été élaborées afin de lutter contre la ségrégation, en montrant leurs bénéfices mais aussi leurs limites.
Ce mémoire se propose d'étudier le processus d'adoption et d'application de la Résolution 239 du Sénat des États-Unis, de 1948 à 1949, une mesure législative pivot dans l'histoire politique américaine. D'une part, nous analysons les raisons pour lesquelles les sénateurs adoptent massivement la résolution proposée par Arthur H. Vandenberg le 11 juin 1948. Il s'agit d'une période névralgique marquée par le début de la guerre froide et la volonté des Américains de se retrouver en position de force à l'échelle internationale vis-à-vis des Soviétiques. C'est aussi la première fois que les États-Unis acceptent de s'allier à des puissances étrangères – européennes de surcroît – dans le but d'assurer une sécurité collective en temps de paix. D'autre part, nous nous penchons sur les échos de la Résolution Vandenberg en examinant les différentes étapes législatives menant à la signature et à la ratification du Traité de l'Atlantique Nord, culminant le 21 juillet 1949. Grâce à l'étude des Hearings et du Congressional Record, journal officiel des débats du Congrès des États-Unis, ce mémoire cherche à identifier quels sont les fondements de la Résolution Vandenberg, les motivations des sénateurs – y compris des dissidents et des abstentionnistes, à analyser le contenu de leur discours et à percevoir l'influence des évènements sur l'évolution de celui-ci. ; This dissertation proposes to study the process of adoption and implementation of United States Senate Resolution 239, from 1948 to 1949, a pivotal piece of legislation in American political history. First, we analyze the reasons why senators overwhelmingly adopt the resolution proposed by Arthur H. Vandenberg on June 11th, 1948. This is a critical period marked by the start of the Cold War and the will of the Americans to find themselve in a position of strength on an international scale vis-à-vis the Soviets. It is also the first time that the United States agreed to ally itself with foreign powers - Europeans in addition - in order to provide collective security in peacetime. Second, we are looking at the echoes of the Vandenberg Resolution by examining the various legislative stages leading to the signing and ratification of the North Atlantic Treaty, culminating on July 21st, 1949. Thanks to the Hearings study and the Congressional Record, the official journal of United States Congress debates, this dissertation seeks to identify the foundations of the Vandenberg Resolution, the motives of senators - including dissidents and abstainers, to analyze the content of their speeches, and to perceive the influence of events on the evolution of it.
Lors des élections de 2020 aux États-Unis, le candidat démocrate Joe Biden a remporté une nette victoire parmi le collège électoral sur son adversaire républicain, le président sortant Donald Trump. Mais les républicains ont comparativement mieux réussi les élections au Congrès, remportant treize sièges à la Chambre des représentants. Pourquoi les électeurs ont-ils fait basculer une branche du gouvernement – la présidence – en bleu, alors qu'ils ont, dans le même temps, poussé le Congrès vers la zone rouge ? Dans cet article, nous répondons à cette question en analysant les tendances électorales de la vie politique états-unienne de la dernière décennie, regardant les parts de vote sous-tendant chaque branche, au-delà des simples décomptes bien connus des voix du collège électoral et des sièges du Congrès. Nous explorons ces données par districts du Congrès au travers d'une série de cartes et nous analysons comment ils ont basculé entre 2016 et 2020, aux deux niveaux de gouvernement. Notre analyse se concentre sur le fait que les victoires des républicains en 2020 à la Chambre ne compensent que partiellement la performance exceptionnelle des démocrates en 2018. Cela nous amène à nous demander pourquoi les candidats républicains ont réalisé des scores bien pires qu'en 2016, et pourquoi ils n'ont pas été capables de regagner le contrôle du Congrès. Nos résultats montrent qu'en 2020 Donald Trump et les candidats républicains au Congrès ont récolté des scores faibles dans des districts suburbains clés où la population est diverse, donnant ainsi le contrôle, au moins temporairement, des deux branches aux démocrates.
Depuis une trentaine d'années, la question de la libéralisation des politiques publiques est devenue un des thèmes dominants de la science politique. Dans cette perspective, de nombreux travaux ont évoqué le démantèlement de l'État qui en découlerait. Le propos de cet article est de nuancer cette idée en soulignant que le processus de libéralisation subi par les politiques publiques depuis la fin des années 1980 s'est accompagné de l'émergence d'un nouveau type d'élites étatiques, qualifiées de gardiens des politiques de l'État. L'analyse des transformations subies par les deux secteurs de la santé et de la défense en Europe et aux États-Unis montre que l'élément distinctif de ces élites ne tient pas seulement à leur engagement en faveur du maintien de ces politiques, mais dans leurs trajectoires, caractérisées par une identification aux capacités d'action de l'État dans des secteurs de politiques en pleine recomposition. Leur prise en compte offre ainsi de nouvelles perspectives sur la distinction entre État fort et État faible qui structure la sociologie de l'État.