Dans un numéro de la revuePolitiqueconsacré à l'évolution de la discipline au Québec, un auteur notait que les articles réunis à cette occasion ne recouvraient pas tous les champs de la science politique québécoise (Landry, 1993: 7–19). La théorie politique, comprise au sens large du terme, avait notamment été délaissée au profit d'études sur les politiques publiques et les institutions. Or, à l'instar de leurs collègues ailleurs au pays, les politologues québécois ont pourtant réfléchi aux questions politiques en y apportant un regard théorique ancré dans une réalité sociale particulière différente de celle prévalant au Canada anglais. Désireux de mieux comprendre l'évolution de leur société, des politologues ont privilégié quelques objets d'analyse dont celui de l'État et de la nature des idéologies politiques québécoises.
Comment redéfinir les rapports entre architecture et idéologie aujourd'hui ? Quelles relations peut-on envisager entre elles, après plusieurs décennies durant lesquelles les architectes et les critiques ont docilement accepté les discours prônant la fin des idéologies ? Comment cerner le pouvoir et l'influence des forces invisibles et collectives qui façonnent l'architecture, de l'intérieur comme de l'extérieur ? Ce livre répond à ces questions en témoignant des différentes positions qui se sont exprimées lors du colloque "Architecture et idéologies" qui s'est déroulé à l'école d'architecture de Paris-Malaquais et l'École d'architecture de la ville et des territoires Paris-Est
Papers from a colloquium held at the European University Institute. ; Digitised version produced by the EUI Library and made available online in Open Access in 2021 for research or private study purposes
Notre propos est ici d'étudier certains mouvements de protestation en Haïti durant la période 1915-1946, en nous référant plus particulièrement au rôle qu'a joué l'idéologie dans la vie de ces mouvements. Trois d'entre eux ont retenu notre attention : il s'agira d'en discuter la structure et les fondements, et de déterminer l'influence de l'idéologie qui se greffe sur chacun d'eux dans le déroulement des événements politiques qui aboutirent à la révolution haïtienne de 1946.
Dans son article « Du Tage au Gange au XVIe siècle: une conjoncture millénariste à l'échelle eurasiatique », Sanjay Subrahmanyam propose comme exemple d'histoire connectée le millénarisme, qu'il caractérise comme l'idéologie de l'expansion impériale en Europe et en Asie. C'est un outil précieux que le projet d'histoire connectée, à mener parallèlement à l'histoire comparée (que j'ai moi-même pratiquée sur trois chantiers de recherche: la magie, l'Inquisition et l'expansion européenne), pour briser le carcan des historiographies nationales et dépasser les limites de l'historiographie mondiale. L'histoire connectée mise sur un niveau intermédiaire d'analyse, flexible et pertinent, en reconstituant les échanges sociaux, culturels, politiques et économiques concrets, non seulement dans le cadre de régions de frontières mais aussi dans celui de larges espaces intercontinentaux. Pour autant, je suis en total désaccord avec la thèse présentée par l'auteur ainsi qu'avec sa démarche, que je considère expéditive et en rupture avec les méthodes les plus élémentaires des sciences sociales.
L'espace occupe au XXesiècle une place importante dans la réflexion théorique comme dans les politiques économiques. Par opposition à l'économie politique du XIXesiècle, abstraite et sans dimensions, sauf chez quelques « outsiders », un certain nombre de courants se développent, qui s'attachent à l'analyse ou à la modélisation de localisations optima (de la firme ou des facteurs de production), ou, de façon plus dynamique, à l'importance des capacités de mobilité (des capitaux, des hommes, des techniques), dans les processus de croissance et de différenciation des espaces nationaux, régionaux, locaux. Plus récemment encore, c'est la notion même d'espace économique qui fait l'objet des interrogations tant des économistes que des géographes. Les réponses apportées tendent à dégager les notions de ville ou de région, ou par exemple des critères d'homogénéité et de continuité (ou de contiguïté) qui étaient jusque-là retenus plus par soumission au cadre statistique de recueil des données que par réflexion théorique.
In: Swiss political science review: SPSR = Schweizerische Zeitschrift für Politikwissenschaft : SZPW = Revue suisse de science politique : RSSP, Band 3, Heft 4, S. 1-30
RésuméPar l'exemple de la construction nationale suisse, l'objectif est de montrer comment les nations modernes oscillent entre les pôles ethnique et civique, ou, pour reprendre Tönnies, entre "communauté et société". La Suisse, en raison de nombreuses forces centrifuges (diversité confessionnelle, linguistique, sociale, etc.), n'échappe pas à un processus de "nationalisation" ou de "communalisation" au sens wébérien. L'invention de mythes nationaux renvoie à une construction de type ethnique, concrétisée par l'idée d'exceptionnalité ou d'insularité. L'analyse politologique selon le modèle consociatif – dont les limites sont relevées – s'inscrit dans une même perspective. L'examen du droit de la nationalité conforte à son tour le constat de la prédominance de la conception ethnique, davantage que civique, de la nation suisse. En conclusion, les difficultés actuelles face à l'ouverture à l'extérieur et particulièrement à l'Union européenne, sont interprétées comme une accentuation de la dimension communautaire de la nation suisse et un retrait de la dimension civique.
L'étude de la Catalogne médiévale a été déviée dans deux directions. D'une part, répondant à des besoins politiques modernes, l'insistance sur l'identité historique et patriotique a concentré l'attention des érudits sur les origines de l'autonomie nationale aux IXeet Xesiècles, sur le prestige du leadership méditerranéen et sur les libertés politiques au Bas Moyen Age. D'autre part, l'union dynastique avec l'Aragon, et les prémices d'une expansion transpyrénéenne, phénomène du double règne, ont détourné l'intérêt pour l'expérience catalane elle-même au XIIesiècle, bien que cette période ait été décisive pour son développement. Ces deux tendances peuvent se confondre car, si certains historiens catalans ont insisté surengrandiment occitànicou « l'unité pyrénéenne » comme thème principal de la fin du xiiesiècle, c'est sans doute pour des raisons politiques (ou nostalgiques).