« D'où viennent les inégalités et pourquoi perdurent-elles ? De l'esclavage à l'hypercapitalisme, comment les sociétés humaines justifient-elles leurs régimes économiques et politiques ? Pour répondre à ces questions, Claire Alet et Benjamin Adam livrent une version accessible à toutes et tous du best-seller de Thomas Piketty, Capital et Idéologie, sous forme de saga familiale. Pierre le propriétaire terrien, Jules le rentier, Marguerite la journaliste, Christine l'enseignante... De la Révolution à nos jours, huit générations traversent les époques pour nous faire vivre l'évolution des richesses et des modèles sociaux. Jusqu'à Léa, jeune femme contemporaine qui va découvrir le lourd secret à l'origine du patrimoine familial. La petite histoire rejoint alors la grande. Un enquête limpide et teintée d'humour pour comprendre l'oeuvre de Thomas Piketty dont les analyses et les propositions bousculent la pensée économique depuis vingt ans. »--Quatrième de couverture
Pourquoi la théâtralisation permanente de l'identité régionale rencontre-t-elle en Bretagne un accueil enthousiaste jamais démenti? Pour répondre à cette question, ce livre s'intéresse aux acteurs qui depuis près de deux siècles tentent de transformer la situation de périphérie dominée de la Bretagne en une « question bretonne ». Les discours et projets nommés ici « idéologie bretonne » présentent trois constantes : le dessein de valoriser un peuple différent, sa langue et sa littérature, en se fondant sur leur caractère celtique ; la volonté plus ou moins affirmée de rompre avec la culture française en produisant un récit breton concurrent du roman national ; enfin, un consensus à propos de l'exceptionnalité de la Bretagne. Le terme « idéologie » résume - mieux que celui d'identité - l'ensemble des croyances, traditions plus ou moins réinventées que des acteurs divers et en concurrence orchestrent depuis environ 180 ans. Ce livre analyse cette idéologie à l'œuvre dans les politiques publiques régionales (langue et culture bretonnes) et il suggère que le bretonisme n'est pas sans combler le retrait sensible de la catholicité dans cette région. En somme, l'idéologie bretonne compense par l'émotion le désenchantement du monde, et demeure en deçà d'un projet politique, au grand regret des autonomistes.
Cet article examine les rapports de la philosophie marxiste et de l'idéologie dans le travail de Lucien Sève. Parti d'une opposition classique entre idéologie et matérialisme historique, Lucien Sève repense ensuite cet antagonisme tout au long de sa vie, allant jusqu'à faire de la philosophie marxiste une idéologie en un sens redéfini. La dernière partie de son œuvre est toutefois marquée par un abandon progressif de ces concepts au profit de l'élaboration d'une nouvelle « pensée-Marx ».
Avec l'effondrement de l'Union soviétique, les habitants de la République de Turquie ont pu renouer contact avec ceux des autres républiques turciques que sont l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan, et le Kirghizstan. Le monde découvrit l'expression de « monde turc », allant « de l'Adriatique jusqu'à la grande muraille de Chine » selon la formule de l'ancien président turc Süleyman Demirel. Ce fut une période d'effervescence pour les nationalistes (pan) turquistes ayant pour projet politique de fonder une union turcique sur la base d'éléments culturels, éducatifs, et économiques. Mais l'État n'est pas l'unique promoteur d'une meilleure inclusion du monde turc, il existe aussi une frange de l'extrême droite qui considère la turcité au sens large comme le pilier central de son idéologie politique. L'une de ses modalités d'organisation sont les associations de jeunesse turquistes, structures qui regroupent de jeunes nationalistes qui ont grandi avec internet.
Depuis son apparition en 2004, l'expression « croissant chiite » a rapidement gagné en popularité pour décrire l'influence iranienne au Moyen-Orient au travers des populations chiites. S'il permet certes de mieux comprendre l'importance du chiisme, autant comme religion que comme idéologie politique, en Irak ou au Liban, le terme ignore la diversité de cette influence, et sa fragilité grandissante. En effet, sur le plan stratégique, les milices chiites comme le Hezbollah ou l'organisation Badr apparaissent comme les principaux ciments de ce « croissant chiite », notamment pour constituer un corridor logistique de l'Iran à la Méditerranée. Cependant, les guerres successives contre Israël, les États-Unis ou Daech ont permis à ces milices de gagner en indépendance vis-à-vis de Téhéran, et remettent donc en question la pertinence du « croissant chiite ».
Après 70 ans de communisme, les Russes aspirent à vivre dans un « pays normal » et, fin 1999, Vladimir Poutine marque son refus du « rétablissement de toute idéologie étatique ». Depuis, la place de l'idéologie dans la Russie poutinienne est controversée. L'invasion de l'Ukraine, présentée comme un conflit de civilisation, met à l'épreuve la cohésion de la société et de l'État russes. La question du retour à une idéologie officielle est posée.
La civilisation chinoise est une des rares civilisations anciennes qui a perduré. Depuis des millénaires, l'architecture et l'urbanisme chinois ont été très influencés par les leçons de Confucius et par les principes du taoïsme. Cependant, cette tendance ancestrale a radicalement changé après la Seconde Guerre mondiale. Il y a toujours eu un lien théorique sous-jacent entre les sphères de la politique, de l'urbanisme et de l'architecture. Quand les Communistes prirent le pouvoir en Chine en 1949, un de leurs principaux objectifs fut de transformer radicalement l'environnement physique, social et économique des villes. Ils mirent au placard le confucianisme et le taoïsme, et forgèrent de nouveaux principes et directives pour l'aménagement urbain. Le but principal de cette étude est de découvrir les déterminants derrière l'aménagement urbain en Chine pendant la Guerre froide, entre 1949 et 1991. En outre, nous voulons identifier les conséquences pour les villes contemporaines en Chine et dans d'autres pays communistes. Notre étude adopte une approche de recherche qualitative impliquant des analyses de documents, des enquêtes et des observations sur le terrain. La recherche confirme que, jusqu'en 1979, des éléments de la ville chinoise maoïste ont inspiré les transformations urbaines. Plus largement, nous identifions dans quelle mesure les traditions, les modes et les idéologies politiques ont influencé la transformation des milieux et des paysages urbains dans la République populaire de Chine. Cependant, à partir de 1979, les influences capitalistes, accentuées par une migration vers les villes sans précédent, ont altéré les modes d'urbanisation vers un développement fondé sur l'immobilier commercial. Un effet malheureux de cette phase récente d'urbanisation chinoise fut la destruction des hutongs traditionnels. L'exposition aux impacts du changement climatique, y compris les sécheresses et les canicules, va peut-être souligner les pires excès des pratiques de développement commercial actuelles irréfléchies et ressusciter les aspects fructueux des anciennes sagesses du confucianisme, du taoïsme et du Feng Shui.
À partir de 1933, le philologue allemand Victor Klemperer tient un journal dans lequel il consigne toutes les manipulations du IIIe Reich sur la langue et la culture de son pays. Offrant un décryptage inédit de la novlangue nazie qu'il baptise LTI : Lingua Tertii Imperii, ses notes montrent comment le totalitarisme et l'antisémitisme s'insinuent dans le langage courant et s'inscrivent au plus intime de chacun. Par l'adoption mécanique et inconsciente de l'idéologie que véhiculent les mots, les expressions et les formes syntaxiques, cette langue de propagande agit comme un poison. LTI est plus qu'un acte de résistance et de survie, c'est un classique et une référence pour toute réflexion sur le langage totalitaire. Fils de rabbin,Victor Klemperer (1881-1960) fut professeur de philologie et de littérature française avant d'être destitué en 1935 pour être affecté à un travail de manoeuvre dans une usine. Il échappa de justesse à la déportation, puis à la mort lors du bombardement de Dresde. Après la guerre, il redevint professeur d'université dans la nouvelle RDA
La récurrence et l'ampleur des polémiques françaises autour du langage non sexiste s'expliquent-elles par le rapport qu'entretient la population française à sa langue ? Si en France certaines idéologies linguistiques sont particulièrement marquées, la comparaison avec d'autres débats nationaux sur le langage inclusif montre que la virulence de ces polémiques tient surtout aux fonctions politiques que leur assignent différents acteurs et actrices du champ politique : alimenter une rhétorique antiféministe, plutôt feutrée, et un discours anti-intellectualiste.
"The Routledge Handbook of Ideology and International Relations reviews, consolidates, and advances the study of ideology in international politics. The volume unifies fragmented scholarship on ideology's impact on international relations into a wide-ranging and go-to volume. Declarations of the 'end of ideology' have once again been proven premature: nationalisms of various stripes are thriving; ideological polarization and conflicts both within and among states are growing; and environmentalist, feminist and anti-globalization activists are intensifying their demands on international institutions and states. This timely volume presents ideology as a way of explaining these major developments of world politics, rejecting the simplistic association of ideology with passionate convictions in favor of more complex theories of ideology's influence. The chapters summarize cutting edge knowledge on major topics, suggest key implications for broader theoretical debates and frameworks, and point the way forwards to future avenues of inquiry. Contributors adopt puzzle-orientated causal, constitutive and/or critical approaches with a central focus on the determinants and effects of ideological phenomena and their interaction with other aspects of politics. This handbook is of key interest to students and scholars of ideologies, international relations, foreign policy analysis, political science, political theory and more broadly to sociology, psychology, and history. The Routledge Handbook of Ideology and International Relations is part of the mini-series Europe in the World Handbooks examining EU-regional relations"--
Au cours de la dernière décennie, a émergé un mouvement hétéroclite œuvrant à réduire les progrès réalisés en matière de santé, de droits sexuels et reproductifs et d'égalité des sexes dans les pays africains. Composé en partie d'organisations occidentales ultraconservatrices ayant des liens transnationaux étroits, il conçoit des campagnes, désigne des portes-paroles locaux, met en place des bureaux satellites, et fournit financements et formations. Les objectifs de ce mouvement sont généralement la révocation du droit à l'avortement, des droits des LGBTQI et d'une éducation sexuelle complète, ayant des conséquences négatives considérables sur les communautés queer , les femmes et les jeunes. Cet article explore les expressions contemporaines que prennent au Ghana, en Afrique du Sud et au Kenya cette résistance globale et interconnectée. À partir d'une analyse critique des discours décoloniaux mobilisés par des figures conservatrices africaines influencées par les débats politiques en circulation depuis les années 1990, il explique pourquoi la notion d'« idéologie du genre » n'est pas un principe structurant essentiel des luttes contre les droits sexuels et reproductifs dans les trois contextes nationaux étudiés.
La crise migratoire actuelle n'est pas seulement politique, économique et sécuritaire, mais également civilisationnelle, éthique et spirituelle. C'est sur ces registres aussi qu'il faut l'envisager. La parole du magistère catholique, celle du pape François en particulier, y aide. Elle invite à changer de perception sur le phénomène migratoire en le considérant comme un appel éthique auquel il faut répondre. Elle propose, de manière plus concrète, la solution de la solidarité ou de la responsabilité commune, pour une gestion plus digne et plus humaine des personnes migrantes. Ce discours de l'Église est une force de propositions dont l'exploitation sereine et rationnelle, loin des idéologies et des caricatures, peut aider les pays d'accueil à renouer avec la considération de la dignité et des droits des personnes en situation de déplacement forcé ou volontaire. Il est l'un de ceux que le monde a besoin d'entendre face à la complexité des défi s posés par les migrations. Ce livre, réalisé à partir d'une thèse de doctorat en théologie soutenue à l'Institut catholique de Paris, propose une évaluation éthique du discours de l'Église sur les migrations, en le confrontant à ses détracteurs qui n'y voient qu'impertinence et irresponsabilité. Il aborde plusieurs questions de théologie fondamentale : le statut d'une parole d'Église dans le champ sociopolitique, la légitimité d'un dissentiment à l'égard des positions magistérielles en matière sociale, l'évolution de la tradition dans le champ de l'éthique sociale, mais aussi l'usage et la normativité de l'Écriture sainte en morale sociale
Notre étude cherche à éclairer la nature des relations arabo-soviétiques et leur transformation à la lumière de la « bipolarité » internationale qui dura de 1945 à 1990, ainsi qu'à analyser d'un côté les intérêts du second pôle mondial représenté par l'Union soviétique et de l'autre côté les intérêts des pays arabes qui ont adopté l'approche soviétique dans leur développement socio-économique. Les pays arabes en question dans notre étude sont les pays africains : l'Égypte, l'Algérie et la Libye, et les pays asiatiques : la Syrie et l'Irak. S'il paraît logique que l'Union soviétique ait cherché à poursuivre ses intérêts dans le système international en étendant son contrôle et son influence dans le monde en général et dans l'Orient arabe en particulier par toute sorte de moyens durs ou souples, on constate que les intérêts et les motivations des pays arabes ne sont pas nécessairement les mêmes. Ils ont des intérêts communs en matière d'énergie, d'industrialisation et de culture, mais leurs intérêts sont divergents sur d'autres points, même s'ils ont trois facteurs profondément communs entre eux. Premièrement, ils cherchent à obtenir un soutien politique pour équilibrer les relations avec les USA qui sont biaisées par la cause palestinienne. Deuxièmement, ils veulent acquérir grâce aux armes soviétiques des capacités militaires d'autodéfense face aux dangers internes et externes. Troisièmement, peut-être à cause de la lutte des classes sociales, renforcée par le colonialisme, dont ces pays ont fait l'expérience avant de gagner leur indépendance, les « nouveaux dirigeants » qui menèrent les processus dans tous les pays mentionnés dans notre étude se tournèrent vers le système social socialiste « flexible » proposé par l'Union soviétique, sans lien idéologique du point de vue politique, c'est-à-dire sans connexion organique avec le Parti Communiste Soviétique et son idéologie globale. Quatrièmement, tous ces pays arabes qui étaient organisés sous l'égide d'une forte relation avec l'Union soviétique pendant la Guerre froide se tournèrent vers le libéralisme occidental, à l'exception de l'Algérie et de la Syrie.
Oser la Liberté ! éclaire la généalogie d'une volonté partagée de liberté comme un processus universel qui parcourt les âges et les continents. Cet idéal s'incarne en une multitude de figures illustres ou méconnues, aujourd'hui disparues, dont le geste persiste à travers des femmes et des hommes d'honneur dont le Panthéon national a parfois immortalisé la présence dans l'histoire en accueillant leur dépouille ou en gravant leurs noms dans son enceinte. C'est l'action de ces héroïnes et héros immortels qui balise le parcours de l'exposition et de son catalogue. Oser la Liberté ! retrace l'histoire d'une conquête à la fois visible et dérobée dont l'actualité continue d'inspirer nos luttes quotidiennes contre la tyrannie des passions haineuses, des pouvoirs autoritaires, des idéologies mutilantes qui sapent la cohésion sociale et sèment la discorde. Car le dispositif hégémonique de systèmes juridiques, économiques ou politiques hérités du passé laisse apparaître en creux le cheminement d'une indomptable aspiration à la liberté à travers les siècles et les continents, sans exception dans l'espace ou dans la durée. Oser la Liberté ! dévoile les processus de déshumanisation sociale établis par les différents codes ou statuts qui bornent la place de la personne « non libre » et assignent ses descendants à un statut dévalué dont les effets continuent de se répercuter longtemps après les lois d'abolitions promulguées dans nos sociétés. L'actualité confirme la rémanence de visions arbitraires et funestes qui font de la volonté d'assujettir un projet qui veut encore fabriquer ou reproduire le préjugé d'une hiérarchie discriminante de la « race » pour légitimer le crime de « lèse-humanité » des traites modernes