In: La revue internationale et stratégique: l'international en débat ; revue trimestrielle publiée par l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Heft 45, S. Nœ spécial, S. 81-85
In: La revue internationale et stratégique: revue trimestrielle publiée par l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Band 45, Heft 1, S. 81-85
D'un point de vue assez généralement partagé en Allemagne, « la France n'a pas vraiment de politique étrangère ». Et pour cause, comme d'autres nations européennes, la France cherche à traduire aux plans international et européen, une politique inspirée par des impératifs plus spécifiquement nationaux. Au-delà de ce quasi-réflexe d'État-nation, la politique étrangère française se distingue par son aptitude à œuvrer contre ; contre une hyperpuissance américaine dont elle ne tolère pas l'influence débordante, contre le renforcement d'un exécutif européen rendu de plus en plus nécessaire, tant sur le plan interne qu'international, voire, enfin, contre une mondialisation dont elle profite aussi très largement. Dès lors, les mécanismes de l'intrusion d'une identité française en politique étrangère doivent être analysés avec beaucoup de circonspection, tandis que le bilan de son influence à l'échelle internationale et de son action sur la construction européenne laisse pour le moins dubitatif.
La sécurité européenne et le problème allemand, par Christoph Bertram La question allemande se pose de nouveau mais pas en termes de réunification, éventualité peu probable dans l'avenir prévisible. Le fait est que les Etats-Unis n'affirment plus aussi nettement leur leadership et que leurs alliés se voient investis de nouvelles responsabilités, notamment dans le domaine de la sécurité. La RFA est ainsi appelée à jouer un rôle plus actif au sein de l'Alliance, mais son statut particulier et les inhibitions du passé ne lui ont pas toujours permis de le faire. Les problèmes qui ont surgi à propos de l'arme neutronique et des armes nucléaires de théâtre et qui ne manqueront pas de se poser dans le cadre des SALT III ont révélé les difficultés que le gouvernement fédéral devra surmonter pour s'adapter à la nouvelle situation. En tout cas, pour empêcher la renaissance d'un nationalisme allemand susceptible d'ébranler les bases de la sécurité européenne, il n'y a pas d'autre alternative que de favoriser la participation de la RFA à la construction européenne.
L'OTAN peut-elle survivre à la disparition de l'ennemi ? Depuis l'effondrement de l'empire soviétique, l'Alliance atlantique a essayé de trouver d'autres justifications à son existence, notamment en réagissant à certains des nouveaux dan- gers qui ont surgi à la périphérie de l'Europe. Mais, comme la guerre des Balkans l'a montré, les nouvelles crises, au contraire de l'ancienne menace soviétique, ont un impact diviseur et non unificateur. Pour survivre, l'OTAN n'a d'autre choix que celui de fournir une structure politique à l'ordre européen. Cependant, cela exigera un nouveau dispositif institutionnel avec la Russie, un élargissement aux démocraties d'Europe centrale et orientale et des efforts intenses pour préserver l'engagement en Europe d'une Amérique du Nord de plus en plus isolationniste.