Dans le champ des Relations internationales, Vincent Pouliot développe une théorie du praticable comme une théorie « matérielle » de la pratique, complémentaire à celle des conséquences, de la convenance, de l'argumentation. La logique du praticable serait paradoxalement la base non théorique de toutes les théories en ri. Comment l'approche de Pouliot, inspirée par les travaux de Bourdieu, se prête-t-elle à ce genre d'exercice ? Deux questions me semblent essentielles pour une analyse sociologique de la pratique en ri d'un point de vue « webero-bourdieusien » : le rôle du politique et de la domination, puis la logique de la pratique.
La recherche sociologique sur l'Union européenne offer une alternative indispensable aux habituelles approches de l'UE dominées par l'économie, le droit, les relations internationales et les sciences politiques. Toutefois, jusqu'à présent, cette alternative sociologique a surtout consisté en l'adaptation de la terminologie sociologique telle que « construction sociale » ou « identité » et en l'introduction de nouveaux objets de recherche, telles que les conventions sociales réglementant la sécurité nationale ou les constructions discursives de l'Europe. Mais la sociologie fournit également les munitions intellectuelles pour une réévaluation bien plus fondamentale de certaines des presuppositions ontologiques et épistémologiques de la recherche sur l'UE, ainsi que pour une reconstruction de l'objet d'étude. Dans cet article, nous allons développer ce cadre d'analyse sociologique alternatif en explorant des notions clés telles que la rationalité et la réflexivité. À notre avis, ce sont là les outils indispensables pour expliquer ce qui reste l'une des plus grandes énigmes pour les études européennes, à savoir : comment l'Europe s'est-elle formée par l'interaction des institutions européennes et des acteurs dans le jeu de Bruxelles et à travers les frontières nationales. Ces présuppositions ontologiques et épistémologiques empêchent un grand nombre de recherches fondées sur les mêmes présupposés et les dualismes qu'ils produisent (individu-institution, socialisation-calcul stratégique, supranational-national...) de développer une description plus complexe et plus « consistante » de l'intégration européenne.