Les organisations partisanes sont dans un état de faiblesse historique : sans militants, repliés sur leurs luttes internes, ils suscitent une grande défiance dans l'opinion. Ils sont pourtant essentiels à la démocratie.
L'article analyse la manière dont La République En Marche a mis en avant ou/et occulté l'étiquette de ses candidats aux élections municipales de 2020. Les candidats du parti présidentiel cherchent à occulter leur appartenance partisane, coûteuse politiquement, mais ne peuvent se soustraire à une forme de visibilité partisane. Dans la première phase de la campagne, le processus de sélection des candidats confère une forte publicité à leur affiliation politique. Faute de structures locales et pour contrôler le processus, LREM a en effet décidé de procéder à la distribution des investitures de manière très centralisée en la confiant à une commission nationale. Les candidats « marcheurs » ont par ailleurs été fortement rappelés à l'ordre de leur identité partidaire, notamment par leurs adversaires. Les candidats sont tiraillés dans leurs communes entre des injonctions et contraintes contradictoires. Entre affirmation et invisibilité partisanes, la direction nationale, tout comme les têtes de listes, cherchent ainsi à construire un optimum territorial de discrétion partisane.
Les partis-mouvements LREM et LFI, peu démocratiques, sont surtout des partis personnels, qui ont pour vocation de préparer l'élection de leur dirigeant à la présidence de la République.
Élu à gauche en 2017, Emmanuel Macron vise sans ambiguïtés une réélection à droite, comme en témoignent son programme économique, ainsi que son insistance sur la question des libertés et la concentration des pouvoirs. Mais il est surtout fort des faiblesses de ses adversaires.
L'article porte sur les cas de professionnalisation politique intermédiaire et une catégorie spécifique d'élus (les adjoints de communes urbaines) et leur rapport à la rémunération. Il s'appuie sur un corpus de 56 entretiens. Comment les adjoints arrivent-ils à concilier leur métier et leur mandat, souvent chronophage, alors qu'ils ne peuvent vivre exclusivement de leurs indemnités ? Quelles sont les conditions de possibilité de cette conciliation ? À quelles réalités économiques correspond-elle ? Les adjoints sont-ils en mesure de moduler activité professionnelle et activité politique pour ajuster leurs sources de revenus ? La rémunération est certes le résultat de calculs d'utilité mais les transactions dont elle relève sont socialement situées et s'apparentent à des arbitrages. Si la situation des élus est source de tensions financières et personnelles entre leur engagement politique, leur activité professionnelle et la sphère « hors-travail », l'enquête montre que ces élus recherchent un équilibre entre ces divers éléments. Trois séries de variables sont analysées : l'investissement dans le mandat et le montant de l'indemnité perçue, le type de profession occupée et l'inscription dans la sphère familiale.
Les délégations municipales à la démocratie participative se sont banalisées depuis deux décennies, mais on manque encore d'études systématiques de ce phénomène. À partir d'une description d'ensemble et d'entretiens, l'article analyse ces adjoint·es, afin de restituer leurs caractéristiques sociales et politiques et les logiques de la fonction. Celle-ci s'avère peu valorisée, et ces élu·es oscillent entre spécialisation fonctionnelle et misère positionnelle. Une majorité ne signale pas d'appétence particulière en matière de participation, malgré des dispositions repérables. Nous décrivons quatre types d'élu·es : indifférents, croyants managériaux, croyants militants et opposants, dont l'évolution, d'ensemble et dans les trajectoires, constitue un enjeu de recherche.
Les entreprises municipalistes d'aujourd'hui sont souvent présentées sous le registre de la nouveauté. Si ce « néo-municipalisme » présente en effet des caractéristiques originales, en premier lieu par l'importance centrale donnée à la participation des citoyens, beaucoup des questions qu'il soulève ne sont pas nouvelles, mais renvoient à l'expérience du municipalisme ouvrier qui se développe à partir de la fin du XIX e siècle en France. Les expériences du socialisme et du communisme municipal peuvent constituer un réservoir de bonnes pratiques et d'expériences historiques dans lequel puiser dès lors qu'on veut reconstruire des perspectives de changement social.
Si la fabrication des publics est un aspect central de la participation, sa boîte noire a rarement été ouverte. Résultant d'une sollicitation politique, les conseils citoyens (CC) relèvent de cette logique de production institutionnelle d'un public. Nourris des acquis des sciences sociales sur la participation et des effets censitaires qu'elles mettent en exergue, les CC cherchent à impliquer les « sans voix » par le moyen, en autres techniques, du tirage au sort, censé extraire de la population un public de profanes. Cependant, face aux difficultés de recrutement, loin d'être une étape inaugurale, la fabrique du public des CC est un work in progress courant sans cesse après son public.