« Quel sens donner aux 70 000 heures de travail qui m'attendent ? » Voilà la question que se posent nombre de jeunes à l'aube de leur vie professionnelle. Leurs aspirations et priorités évoluent, parfois drastiquement, incitant le monde du travail à se réinventer. Retour sur ce dossier en cinq points saillants.
« Déclarer qu'on va protéger la planète, ça ne coûte rien ». Les droites françaises et l'écologie (1971-2015) . Face au développement du mouvement écologiste et à l'aggravation de la crise environnementale, les principaux partis de droite français ont réagi en transformant leurs discours et leurs programmes. Mais l'intégration de l'écologie fut très chaotique. Les résistances internes et la prépondérance d'un idéal productiviste ont eu raison de l'activisme momentané des dirigeants sur les questions écologiques.
La politisation des enjeux environnementaux et le développement des partis écologistes à partir du début des années 1970 ont posé un défi aux grands partis de gouvernement : comment ont-ils répondu à ces évolutions ? Leur stratégie a-t-elle consisté à éviter la question de la protection de l'environnement, ou au contraire à se l'approprier, en s'efforçant de concurrencer les écologistes sur leur propre terrain ? Pour répondre à cette question, cet article étudie les variations de la visibilité de l'environnement dans les programmes électoraux de 58 grands partis de 20 pays de l'OCDE depuis le début des années 1960. Si notre étude vient confirmer l'augmentation significative de la place accordée à l'environnement sur la période, elle met aussi en évidence l'importance du positionnement sur l'axe gauche-droite et de la menace posée par des concurrents écologistes.
Résumé La promesse du candidat François Hollande d'ouvrir le mariage et l'adoption aux couples de même sexe était facile à tenir : associée au Parti socialiste aux yeux des électeurs, neutre d'un point de vue budgétaire, la mesure était aisée à faire adopter par une large majorité parlementaire. Mais le choix du pouvoir exécutif de privilégier le débat ouvert sur une réforme au périmètre flou a conduit à réactiver un conflit social profond et à redonner un certain souffle à l'opposition. Cet article s'intéresse donc aux frontières mouvantes de la capacité à tenir une promesse et aux conséquences du respect des promesses sur le champ politique.
Résumé Cet article explore les facteurs et les mécanismes qui interviennent dans la réalisation des promesses électorales – un aspect central du fonctionnement du gouvernement représentatif. Après un tour d'horizon de la littérature disponible, nous présentons le modèle conditionnel de respect des promesses qui structure ce numéro : une promesse électorale a d'autant plus de chances d'être tenue que le pouvoir exécutif est motivé à tenir parole et qu'il a la capacité pour le faire. Nous explicitons ensuite la manière dont chaque cas d'étude a été sélectionné pour évaluer la pertinence et les limites de ce modèle, puis nous présentons chacune des contributions, en mettant en évidence des pistes de lecture transversales. En combinant sociologie politique et sociologie de l'action publique, ce numéro améliore notre compréhension des logiques de motivations et de capacité qui conditionnent le respect, ou non, des promesses électorales. La capacité du pouvoir exécutif à tenir parole relève de dimensions institutionnelles, opérationnelles et politiques ; ses motivations s'avèrent, elles, largement déterminées par les caractéristiques des publics ciblés par les promesses électorales.
Empirical assessments of issue competition lack both conceptual precision in the use of the concept of 'policy issue', and sufficient studies integrating both salience and positional perspectives. This article specifies an operational definition of a 'policy issue' suited for the analysis of issue competition in the electoral arena and beyond, and proposes a typology of electoral issues that takes into account the two sides of issue competition -- the decision to address an issue, and the adoption of a diverging or similar position on it. This typology allows distinguishing proprietal, consensual, blurred and conflictual issues. The framework is illustrated with an analysis of EU-related issues in the electoral manifestos of British, French and German parties. This source did not enable us to identify any blurred issue, but our exploratory study delivers several conclusions regarding the other issue types. Proprietal issues appear to be marginal, indicating that parties tend to devote attention to the same issues and that issue ownership is highly contested. We further observe a primacy of consensus in EU-related discourses, especially among governing parties. Adapted from the source document.
In: Lien social et politiques: revue internationale et interdisciplinaire de sciences humaines consacrée aux thèmes du lien social, de la sociabilité, des problèmes sociaux et des politiques publiques, Heft 90, S. 85-109
Repas végétariens, confessionnels, d'origine locale et/ou biologique, tarifs modulés, inscription des enfants de chômeurs… Les questions associées à la restauration scolaire sont devenues des enjeux de discorde accompagnant la politisation plus générale des questions d'alimentation depuis la fin des années 1990. Cet article étudie les formes de la politisation des cantines scolaires, autour de deux hypothèses principales. Premièrement, les enjeux de restauration scolaire seraient devenus plus visibles et plus conflictuels à l'échelle nationale parce qu'ils s'inscrivent dans les deux nouveaux clivages qui se sont développés au sein des systèmes politiques d'Europe de l'Ouest, entre identité et cosmopolitisme d'une part, et entre écologie et productivisme de l'autre. Deuxièmement, l'autonomie et la diversité des acteurs locaux dans la mise en oeuvre expliqueraient l'influence limitée et différenciée de cette politisation partisane nationale sur le débat public concernant la restauration scolaire à l'échelle locale. Pour confirmer ces hypothèses, nous analysons de manière quantitative (classification) et qualitative deux corpus de plus de 10 000 articles de presse consacrés à ce sujet, qui permettent de distinguer entre les arènes de politisation nationale et régionale; nous nous appuyons aussi sur cinq études de cas dans des communes rurales des deux départements, à partir de matériaux d'entretiens et d'observation. Ces données confirment l'hypothèse d'une politisation nationale passant par une augmentation de la visibilité et du conflit, ainsi que l'association aux nouveaux clivages, mais indiquent que les effets de cette politisation restent limités et différenciés à l'échelle locale.