La violence des terroristes est à la fois produite par la mondialisation et destructrice du monde. Avec elle, les frontières ne dessinent plus des territoires, mais séparent des personnes. Tout comme l'économie globale, le terrorisme déterritorialisé nous oblige à repenser le lien politique.
Résumé Nés des improvisations rageuses des activistes du Mouvement à l'encontre de leurs adversaires politiques, les camps de concentration se développèrent à partir de 1934 sur le « modèle de Dachau ». A travers le règlement édicté par Eicke se dessina l'idéal d'une violence pure, dépourvue de toute passion comme de toute inhibition. La violence qui garantissait le pouvoir absolu des S.S. imprégna également les rapports entre les différentes catégories de détenus. A la fin des années 1930, la répression fut élargie, sous l'influence des théories de la biologie sociale et de l'hygiène raciale, aux criminels et aux asociaux, définis comme non conformes à la norme de la communauté du Peuple allemand. Pendant la guerre, le recours à la méthode des assassinats par gaz et l'extension vers l'est du système concentrationnaire témoignèrent de la continuité et de la radicalisation la plus extrême du processus de la violence. Born of the « fierce improvisations » of the activists of the Nazi Parry against their political opponents, the concentration camps developed from 1934 on the Dachau model. From the raies formùlated by Eicke there surged an idéal of pure violence, devoid of any form of either passion or inhibition. Violence, which guaranted the absolute power of the S.S., equally spread to the relations between the various catégories of prisoners. Towards the end of the thirthies, under the influence of the théories of social biology and racial hygiène, repression spread to criminals and asocial éléments, who were defined as « not in agreement with the norms of the community of the German People ». During the war, resorting to the method of gas murders and extending the System of concentration camps eastward highlighted the continuity and the most extrême radicalization of the process of violence.
Devant l'ampleur et la monstruosité des crimes nazis, collectifs ou individuels, les historiens ont longtemps buté sur leur causalité profonde, faisant basculer leurs auteurs du côté de l'inhumain, du barbare. Ces comportements s'appuient pourtant sur des fondements normatifs et un argumentaire juridique. Philosophes, juristes, historiens, médecins ont en effet élaboré des théories qui faisaient de la race le fondement du droit, et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout, notamment la violence totale et l'extermination. Voilà comment tuer un enfant au bord d'une fosse pouvait relever de la bravoure militaire face à l'ennemi biologique.
Écartant la condamnation morale du mal, l'article prend un point de vue social pour discerner les contours du mal antisocial et en cerner l'origine dans la violence exercée contre la relation sociale. Dans les sociétés archaïques, le mal antisocial à l'origine de la violence intrasociale était conjuré par son externalisation dans la guerre contre les ennemis. La guerre de soumission hégémonique à l'origine des sociétés divisées en classes hiérarchisées y a introduit au contraire la violence sous la forme plus policée d'un antagonisme antisocial entre groupes. Mais, au lieu de simplement opposer la violence à la violence, il faudrait contrarier la propension à attiser le conflit dans le sens de la guerre pour lutter contre le mal de l'antagonisme intrasocial : le mal antisocial étant irréductible à la violence de l'oppression structurelle, le combat contre le système de soumission impliquerait de s'émanciper du désir de soumission comme ressort du mal antisocial.
Plus une société développe des codes de communication et de gestion des rapports humains complets et partagés, plus elle inhiberait la violence. Néanmoins, les idéologies restent un catalyseur terriblement puissant pour la pratique de la violence et la faculté à la supporter. Enfin, la recherche d'armes de haute précision au détriment de la masse véhicule une image belliqueuse tout en rendant moins acceptable le recours à la violence. À l'inverse, le facteur masse, couplé à une technologie modérée contribue à réduire l'image belliqueuse d'un compétiteur tout en lui facilitant le recours à la violence. La sensibilité aux idéologies, la brutalité des relations sociales et les caractéristiques de l'effort militaire pourraient constituer trois grands axes permettant d'apprécier le potentiel de violence d'une société. Le Professeur Israël complète l'analyse en soulignant les distinctions entre violence traditionnelle et violence totalitaire, entre violence endogène et violence imposée de l'extérieur ainsi qu'en pointant le lien entre la surreprésentation des jeunes et la violence.
Le conflit de Longwy s'est singularisé par l'originalité de ses formes d'action mais aussi par son degré de violence. L'article analyse les arguments avancés par les militants syndicaux et par les ouvriers pour légitimer la violence de cette lutte pour l'emploi : provocations , responsabilités patronales et gouvernementales. Il souligne d'autre part les limites d'une stratégie violente : risque de retourner l'opinion publique, de s'isoler. Le problème est posé du rapport de la violence au pouvoir. La violence des luttes n'est pas violence délinquante , elle est instrumentale et signifiante.
Dans le cadre de l'enquête sur la sécurité 2013, 3 025 résidants ont été interrogés sur divers délits violents éventuellement subis. Il en ressort que 17% des personnes interviewées ont été harcelées au cours des 5 années précédant l'enquête (harcèlement moral / menaces / brimades), 4% ont été victimes de vols avec violence, 9% ont subi des violences physiques et 4% ont été victimes de violence sexuelle. Globalement, les jeunes résidants étaient plus exposés que les moins jeunes. Les hommes ont été deux fois plus souvent victimes de vols avec violence que les femmes alors que ces dernières ont beaucoup plus fréquemment vécu des agressions sexuelles. Les victimes de violence sexuelle ont également subi plus fréquemment de la violence physique. La classe d'âges des 25 – 34 ans se dit la moins inquiète par des atteintes physiques, même si elle est la plus concernée. Les hommes les appréhendent également moins que les femmes alors qu'ils en sont presque aussi souvent victimes. Parmi les personnes ayant subi de la violence physique entre 2008 et 2012, 38% en ont été victimes à plusieurs reprises. La plupart des agressions ont eu lieu au Grand-Duché (86%) et l'agresseur a le plus souvent agi seul (70%). 33% des victimes connaissaient leurs agresseurs de nom et dans 26% de ces cas il s'agissait de l'ex-conjoint.
Comment comprendre que soient tenues pour légitimes des pratiques extrêmes et déshumanisantes de la destruction d'autrui ? Une illimitation de la haine quand elle est érigée en droit ? La conversion du révolutionnarisme en un compassionnalisme complaisant ? Ou bien l'incapacité de retrouver la force de s'opposer à la violence ?