Pendant vingt ans «Sociologie du travail » a observé , commenté, analysé et interprété les changements de la société française. La revue a-t-elle pour autant favorisé la définition d'une approche spécifique de ces problèmes et la constitution d'une sociologie du changement ? Par le biais d'une exploration des multiples articles consacrés à ce thème dans ses dimensions empiriques et théoriques, des éléments ont été recherchés afin d'apporter une réponse à cette interrogation.
Une approche socio-légale du divorce constitue le support d'une analyse des déterminations institutionnelles (juridiques, judiciaires, politiques, administratives) s'appliquant à la sphère familiale et à ses membres comme sujets de droit. Le dévoilement ainsi opéré de processus d'ajustements, d'oppositions, de contradictions entre des logiques multiples - celle des sujets eux-mêmes, celles des agents et des institutions de "contrôle social" - participe d'une sociologie des régulations sociales conçue comme sociologie politique du droit. À l'inverse d'une certaine sociologie du droit, celle-ci rompt avec l'idée d'un positionnement rationnel et maîtrisé du droit face au changement social pour intégrer ce dernier dans un système agissant comme "structure complexe de causalités" mêlant pratiques et attentes sociales, stratégies et relations de pouvoir.
The aim of the present article is to shed light on the background of the analytical frame that has been developed by the author himself and his colleague L. Thévenot in De la justification. Les économies de la grandeur. It has been conceived as an instrument to be applied in the analysis of the critical operations (criticism and justification in situations of conflict) carried out by the actors in their everyday lives. Yet the position of the sociologist and therefore of his work is challenged at the same time. The critical actor and the "classical" sociologist that pretend to have access to a more genuine reality than ordinary people have and that thus assume a critical position, appear to be much closer to each other than it is usually believed. In order to make the analysis of the critical operations possible, this position of the "classical" sociologist must be abandoned. This is how our critical societies, in which actors are endowed with critical resources and use them quasi-permanently, can be grasped as an object of sociological analysis. The author then examines the conditions of possibility of such a sociology of criticism and the sociologist's new position he is conducted hereafter to occupy.
La sociologie est continuellement en crise d'identité. Inquiète, elle se compare aux autres disciplines des sciences sociales et s'en prend souvent à elles. Elle se demande qui sont ses figures canoniques, si elle est réellement inclusive, et est tiraillé par d'intenses conflits internes. Je soutiens que la Sociologie (avec un grand s), en tant que projet professionnel, dépend de la capacité à relier la « question de l'ordre » aux théories de la modernité. Cependant, au cours des dernières décennies, la Sociologie n'a pas réussi à relier ces deux caractéristiques et c'est pourquoi elle a du mal à fournir une justification convaincante. Je suggère que, plutôt que de se fixer sur la sociologie en tant que projet professionnel académique, nous adoptions l'idée que la sociologie est fluide et interdisciplinaire, une sorte de point de rencontre pour d'autres voies disciplinaires. Si nous adoptons cette compréhension de la sociologie (avec un petit s) de ce à quoi la sociologie est vraiment bonne, l'efficacité institutionnelle des sociologues pourrait bien être améliorée.