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Résumé Le base -jump est une activité récente, dérivée du parachutisme d'avion. L'observation participante et des entretiens menés auprès des pratiquants dans le sud-est de la France nous permettent de saisir ce sport informel et le sens que ces derniers donnent à ses dangers. L'observation de ce sport létal où le paiement de l'erreur est immédiat révèle chez les adeptes à la fois des attitudes sécuritaires et la tentation permanente de se tenir aux limites du possible. Cette combinaison de sérieux et de jeu fait du base -jump une expérience aventureuse. Confrontés au danger, les base -jumpeurs cherchent précisément à neutraliser cette part de hasard qui demeure dans l'issue de toute tentative, conscients de l'absence d'un droit à l'essai qui ne coûte rien et de la présence de son corollaire : le risque.

Résumé À partir de la lecture anthropologique d'un court roman de Louise de Vilmorin, Madame de*** (1951), cet article propose d'examiner la notion d'objet précieux. Il tente de réfléchir plus largement à la construction de la valeur des objets matériels à travers les mutations de leur statut social. Madame de*** retrace l'histoire d'une aristocrate endettée prise au piège de ses mensonges pour avoir perdu une paire de boucles d'oreilles. Le parcours compliqué de ces bijoux perdus nous permet de saisir leurs perpétuelles fluctuations signifiantes. Plus encore, ce récit montre que la préciosité des choses ne leur est pas immanente, mais réside aussi dans les valeurs – dans l'échange et la production symbolique – que leur attribuent leurs usagers.

Résumé Cet article étudie l'organisation d'une équipe de kayakistes, en mettant l'accent sur le caractère socialement construit des prises de risque induites par la navigation sur un torrent tel que l'Ubaye. La question de l'engagement se pose avec d'autant plus d'acuité qu'elle met en jeu l'intégrité physique des sportifs. Or, du fait de l'enclavement du site, ceux-ci évoluent en relative autonomie. Il s'agit dès lors de repérer les étapes qui permettent d'envisager le kayak de haute rivière comme une activité relevant d'une organisation collective singulière. La description des règles, de sécurité notamment, qui régissent les relations sociales au sein de cette collectivité met en lumière les fondements de l'activité elle-même. En révélant que les manières d'accepter le caractère risqué de la pratique s'inscrivent dans un cadre social, de sorte que la descente en kayak relève davantage d'une expérience partagée entre sportifs que de la mise en scène de conduites individuelles, l'ethnographie des descendeurs de rivière fournit des outils pour appréhender l'engagement dans un sport à risques.

Résumé À partir des résultats d'une enquête ethnographique (1999-2005), cet article met en lumière le rôle joué par la prise de risque dans la boxe thaïlandaise ( muay thai ), sport brutal, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui dans son pays d'origine et en France. En considérant les avantages que ce sport procure aux boxeurs comme aux autres protagonistes du muay thai , l'analyse montre que dans cette activité le risque n'est pas seulement physique. En effet, les enjeux ne sont pas tant dans une valorisation corporelle du contrôle de soi et de sa violence que dans une implication sociale où le fait de perdre la face met en jeu l'image de tout un groupe, voire compromet la fortune des parieurs. La prise de risque n'est donc pas là où on la pense…

Résumé En dépit d'une volonté sociale de norme égalitaire, la répartition des rôles dans les couples hétérosexuels reste sexuée et inégalitaire. Qu'en est-il dans les couples homosexuels masculins ? Le modèle hiérarchique des relations entre les sexes traverse tous les couples, affectant négativement des activités : ainsi que les résultats d'une enquête qualitative le montrent, un homme en couple avec un autre homme ne peut se voir assigné sans difficulté à des compétences domestiques et à des rôles traditionnellement perçus comme féminins, donc « dépréciés » et « subalternes ».

Résumé Se fondant sur une expérience de plusieurs années (1982-1989) dans la pratique et l'encadrement du parachutisme sportif, l'auteur présente dans cet article une activité aérienne généralement considérée « à risques ». Il éclaire ce que les parachutistes trouvent de plaisant et d'agréable dans leur exposition volontaire et renouvelée à un risque mortel. C'est vers le milieu des années 1980 que le sens de la prise de risque en parachute se modifie sous l'effet des caractéristiques sociales de ses pratiquants, qui en redéfinissent la pratique et le sens. En effet, les valeurs de ce sport liées à ses origines militaires et à son ancrage initialement populaire s'effacent au profit de nouvelles orientations célébrant la performance sportive ou le « plaisir de la chute libre ». Si la quête du risque n'est plus au goût du jour, le parachutisme n'en reste pas moins un sport dangereux.

Résumé Le risque n'est pas l'objectif premier de l'alpinisme en Himalaya ; il en constitue cependant un ressort fondamental. Une description des expéditions montre l'incontestable dangerosité du terrain de jeu de la haute altitude. Mais l'engagement volontaire dans cet environnement périlleux vaut surtout en ce qu'il est reconnu, qualifié et affronté de manière aussi singulière que variable par les sportifs. Non sans quelques ambiguïtés, le jeu avec le risque peut être considéré comme un élément normalisé de la culture himalayiste : valeur commune aux pratiquants, épreuve sportive relativement codifiée, moyen de valorisation sociale et ingrédient cardinal d'un débridement des normes ordinaires.

Résumé Tandis que les pratiques sportives connaissent une féminisation importante de leurs effectifs, certaines disciplines semblent y échapper telles celles caractérisées par des prises de risque. Ces dernières, comme celles qui mobilisent la force ou l'affrontement physique, font traditionnellement partie de ces « sports d'homme » et sont très peu investies par les femmes. La prise de risque détermine les rapports sociaux de sexe en même temps qu'elle donne du sens à l'activité sportive qui la génère : cet article montre alors qu'il est certainement plus juste de parler de domination virile plutôt que de domination masculine en ce domaine.