Open Access BASE2015

Rap et banlieue : crépuscule d'un mythe ?

Abstract

National audience ; L'analyse académique du rap en France a été à la fois précoce (il existait à peine un premier album de rap français qu'un livre sur le sujet voyait déjà le jour), et longtemps focalisée sur un cadrage unique : le rap comme expression des banlieues. La force de ce cadrage n'est pas fortuite : comme nous le verrons, il a pour lui l'appui de politiques publiques, de la définition médiatique du genre, et bientôt des œuvres de certains artistes mêmes. Et pourtant, sans même parler de la théorie du reflet implicite dans ce cadrage, la faiblesse des appuis empiriques qui le soutient ne lasse pas d'interroger. Car il n'existait pas de données statistiques sur les publics du rap avant 1997, et il n'en existe toujours pas aujourd'hui en ce qui concerne les producteurs de rap. Ce topos du rap comme expression des banlieues ne repose donc pas sur le jeu habituel de l'administration de la preuve dans les sciences historiques. Les chercheurs en sciences sociales y croyaient-ils vraiment dans ce cas ? Y croient-ils toujours ? Cette contribution propose de revenir sur la force de ce cadrage, à la lumière de la réflexion de l'historien Paul Veyne (1983) sur le rapport aux mythes dans la Grèce antique. Cette réflexion nous éclaire parce que le lien entre rap et banlieue que le monde académique postule dans les années 1990 n'est pas sans rappeler les mythes qu'examinaient avec perplexité les doctes de l'Antiquité. Mais elle nous éclaire aussi par son analyse des modalités de croyance comme modes de possession de la vérité.

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