Intuitions normatives et défis nouveaux de la démocratie culturelle

Abstract

Cet article tente de dégager le noyau normatif de la politique de démocratie culturelle qui s'est constituée dans les années 1970 en Belgique francophone. Il en distingue deux composantes : une composante de critique artiste, extraite du modernisme esthétique, qui donne une version de l'émancipation irréductible à l'émancipation sociale et politique; une composante de démocratie associative, qui fait surgir une forme de société civile associative d'un "second type", irréductible à la démocratie associative de première modernité. L'institutionnalisation de "l'éducation permanente" a permis à cette nouvelle société civile, centrée sur les styles de vie et des savoirs fragmentés, de prendre forme dans la société belge francophone. Dans une deuxième partie, l'article montre comment ces deux intuitions normatives permettent d'identifier trois nouveaux défis culturels : la qualité de l'espace public médiatique, la dissociation entre culture des experts et culture de masse, l'emprise culturelle du consumérisme. Articulées aux intuitions normatives héritées des années 1970, des formes originales de politique culturelle se dégagent comme tâches du temps présent.