Open Access BASE2009

Représentations des patrons français et allemands dans la presse d'affaires

Abstract

Ce texte a été publié en allemand dans le volume d'actes d'un colloque organisé à Berlin au Centre Marc Bloch en juin 1997 sur "Les cultures nationales de la concurrence internationale. Comment sont préparées les élites à la concurrence internationale", paru en 2009. ; International audience ; Ce texte étudie la représentation publique des patrons français et allemands à partir d'un corpus de portraits tirés de la presse d'affaires des deux pays. Pour appréhender les évolutions dans le temps, des portraits parus dans la période récente sont comparés à une série plus ancienne, datant en l'occurrence de la fin des années 1950. Pour la France, l'analyse porte, d'une part, sur une série d'une trentaine de portraits publiés par l'hebdomadaire Entreprise en 1957 et 1958 et, d'autre part, sur les portraits publiés depuis 1994 par le mensuel Enjeux-Les Échos. Il est déjà significatif que, pour l'Allemagne, il n'ait pas été possible de trouver des corpus équivalents, la personnalisation du pouvoir étant traditionnellement moins grande. Pour la série ancienne, un livre paru en 1958 dressant le portrait de " nouveaux managers de la Ruhr " a été utilisé. Pour la période récente, des articles à fort contenu biographique du mensuel Manager Magazin ont été retenus. La composition des différents corpus est d'abord étudiée. Quels sont les profils de patrons qui sont privilégiés dans ces portraits ? Sont-ils représentatifs de la population patronale dans son ensemble telle qu'elle peut être connue par des études sociologiques ? Pour la France, il apparaît ainsi que les portraits ont tendance à surreprésenter les dirigeants relevant, selon la typologie bien connue de Michel Bauer et Bénédicte Bertin-Mourot, de l'" atout État " et, à un degré moindre, de l'" atout capital ", c'est-à-dire respectivement les anciens hauts fonctionnaires et les héritiers. Ces journaux d'affaires qui visent un large public de cadres ont donc tendance à privilégier des patrons qui ont un profil par définition différent de celui de leur lectorat. Les portraits de purs " hommes d'entreprise " sont plutôt rares. C'est donc moins l'identification possible que la distinction qui est recherchée. Cette tendance ne se retrouve pas en Allemagne dans la mesure où les patrons sont presque toujours, sous réserve de la présence d'héritiers, des " hommes d'entreprise ". L'étude porte ensuite sur la manière dont, dans ces articles biographiques, est décrite la trajectoire qui conduit à la position de patron. Quels sont les facteurs mis en avant pour expliquer cette réussite ? Alors que, pour les Allemands, des qualités professionnelles dans le métier initial du patron (chercheur, ingénieur, vendeur, etc.) sont soulignées, les Français ne peuvent se réclamer de performances semblables. Mais cette absence d'expérience de l'entreprise n'est pas présentée comme un handicap, au contraire. L'image de l'excellence passe en France par des performances extérieures au monde de l'entreprise : alors que les quelques carrières internes sont décrites de manière banale - "il a gravi les échelons d'une carrière sans histoire", les anciens hauts fonctionnaires peuvent souvent se réclamer d'expériences peu ordinaires (fréquentation de responsables politiques importants, participation à des négociations de haut niveau, implication dans des événements historiques marquants, etc.) qui justifient leur réussite exceptionnelle. Ce système de légitimation perdure aujourd'hui, malgré les critiques apportées. On remarque simplement que les anciens fonctionnaires doivent de préférence justifier d'avoir fait pendant un certain temps " leurs classes " en entreprise. Enfin, le texte s'intéresse aux qualités du patron mises en avant dans l'exercice de ses fonctions. Il apparaît que les portraits ne font guère référence à des modèles étrangers ou à des règles managériales. L'influence du modèle américain n'apparaît guère ici. Les compétences présentées relèvent souvent d'un grand empirisme. La dimension charismatique, voire pour les héritiers la référence à la tradition, apparaissent plus importantes que la dimension rationnelle-légale. L'accent est mis, de manière généralement hagiographique, sur les qualités "humaines" des personnalités présentées. Les différences porteraient, sur ce point, moins entre les deux pays qu'entre les deux périodes : les portraits récents sont souvent un peu plus "critiques", la position occupée apparaît parfois plus précaire. De manière générale, les contraintes économiques apparaissent plus pesantes, les exigences de la concurrence plus grandes.

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