Open Access BASE2013

NO : Chile piensa en su futuro (Au sujet du film de Pablo Larraín)

Abstract

International audience ; 1 "NO: Chile piensa en su futuro" (Au sujet du film de Pablo Larraín). "Seamos honestos, creemos que Chile está listo para este tipo de comunicación: Chile piensa en su futuro". ["Soyons francs. Nous croyons que le Chili est prêt pour ce type de communication. Le Chili pense à son avenir »]. C'est par cette phrase, reprise comme une antienne à trois moments clés du film, que débute NO, le troisième film du cinéaste chilien Pablo Larraín, portant sur la dictature du général Pinochet. A l'instar des autres jeunes réalisateurs du Cône Sud de l'Amérique latine, Pablo Larraín a entrepris de revisiter les années de plomb qu'a connu son pays à partir du 11 septembre 1973. A la différence des précédents (Tony Manero en 2009 et Santiago 1973 Post-Mortem en 2011), NO n'a rien de métaphorique. Il traite du référendum organisé par la junte militaire chilienne en octobre 1988 qui devait décider de la prolongation pour huit années du régime militaire et donc de la reconduction du général Pinochet à la présidence de la République pour ce lapse de temps. L'objectif de Pablo Larraín, affiché dès les premières scènes du film, est de coller au plus près de la réalité. Il limite son propos aux vingt-sept jours qui ont précédé le référendum, vint-sept jours pendant lesquels il suit l'équipe en charge des programmes télévisuels de la campagne de l'opposition. On peut même considérer que ce film est à la limite du docu-fiction, tant celle-ci est imbriquée dans les images d'archives. Ou vice versa ! Car le tour de force majeur réside dans le fait que l'on ne distingue plus les images réelles des scènes de fiction. Pour ce faire, il a fallu retrouver les couleurs et le grain des images de la télévision de la fin des années 1980 et effectuer un travail de montage absolument remarquable. Non sans clins d'oeil d'ailleurs, parce que certaines personnalités et artistes y jouent leur propre rôle comme le présentateur de télévision Patricio Bañados, ou encore l'ancien président de la République, Patricio Aylwin. A posteriori, on se dit qu'il n'aurait pas été possible de procéder autrement pour narrer ce fait historique très précis et mettre en scène tous ces hommes politiques, dont bon nombre sont encore vivants. Le film débute par la rencontre (fictive) entre José Tomás Urrutia, un des principaux responsables politiques de l'opposition, réunie quasiment au grand complet dans la Concertation des Partis politiques pour le NON, et un jeune publicitaire, chargé de campagnes de marketing au sein d'une entreprise de communication influente. Cet homme politique d'âge mur essaie de convaincre le jeune communicant qu'il connaît bien, car il est le fils d'un exilé qui a appartenu à la génération militante de l'Unité populaire, de rejoindre l'équipe de campagne. Dès cette première confrontation sont soulevées deux questions fondamentales qui se posaient aux partis d'opposition : comment s'assurer de l'inscription sur les listes électorales de sept millions de personnes privées depuis quinze années de leurs droits politiques ? Et comment gagner l'adhésion d'une jeune génération qui ne s'intéresse pas à la politique (« que no está ni ahí con la política » selon l'expression consacrée au Chili) ? A travers ce personnage central du publicitaire transparaît donc cette jeune génération majoritaire à la fin des années 1980. Dépolitisée par la force (et non par la raison), une partie-au moins-a su tirer profit du « miracle » économique, seul espace de liberté laissé par le régime. C'est d'ailleurs dans les beaux quartiers de Santiago qu'évolue cet anti-héros pusillanime mais possédant une voiture Renault Fuego, signe extérieur de richesse dans le Cône sud de l'Amérique latine de cette époque. N'ayant connu que la dictature et son discours univoque et manichéen sur l'histoire récente du pays, cette génération semble toutefois lucide et désabusée sur à l'issue sans surprise du référendum, à l'image de ce personnage qui semble glisser sur la réalité comme il glisse sur sa planche à roulettes dans les rues de la capitale.

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