Le destin de l'Empire romain dans le temps long de l'environnement (note critique)
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 77, Heft 1, S. 61-83
Abstract
RésuméCette contribution a pour point de départ la présentation du livre de K. Harper, qui traite de la place de l'évolution du climat et des maladies dans l'histoire de l'Empire romain. Après avoir présenté les grandes thèses défendues par l'auteur, elle s'attache aux critiques qui ont pu être adressées à ces restitutions par certains historiens : sous-estimation de la complexité de l'évolution climatique, surestimation de la mortalité épidémique, utilisation abusive des apologistes chrétiens, mobilisation des concepts de consilience et de résilience. Ces choix rendent compte des accusations de déterminisme et de réductionnisme dont le livre a fait l'objet. Le récit que K. Harper fait de l'histoire de Rome doit être replacé dans le contexte d'une histoire globale et environnementale promue par des historiens américains qui y saluent une entrée magistrale de l'histoire de Rome dans les préoccupations d'un monde du xxie siècle menacé par les deux conséquences de la globalisation : le changement climatique et les pandémies. Ils s'opposent en cela aux historiens européens qui insistent sur la diversité des conditions environnementales du temps de l'Empire et sur l'héritage historique légué aux nations européennes. Si l'écart entre ces deux approches fait l'intérêt du débat, le « présentisme » dont elles témoignent l'une et l'autre les expose au risque d'interpréter la chute de Rome en fonction des inquiétudes environnementales et géopolitiques actuelles.
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