L'identité juive: Entretiens avec Gershom Scholem
In: Actes de la recherche en sciences sociales, Band 35, Heft 1, S. 3-19
Abstract
L'identité juive.
La tradition rabbinique, dont les origines restent obscures, se définit par la relation étroite qu'elle affirme entre le texte sacré et la vie pratique. Elle confie donc au commentaire l'adaptation en même temps que la perpétuation de l'autorité religieuse. Cette structure suppose l'existence et l'autonomie relative de spécialistes de la lecture, qui ne sont pas des prêtres investis de droit divin, ni une caste, mais qui, sans appartenir à un groupe privilégié, se distinguent par l'étude et par le livre. Ainsi le hassi-disme, au Moyen-Age, est une forme originale de piété, qui n'est ni hérétique, ni soumise à une hiérarchie, et qui ne se constitue pas non plus en association cénobitique. La Kabbale est née vraisemblablement dans des milieux lettrés de ce genre, en Provence. Dans le judaïsme, la mystique la plus hardie n'a jamais que revivifié, qu'elle l'ait voulu ou non, l'autorité de la tradition. Le rabbin exerce, dans cette société où la science joue un rôle dis-tinctif, et dont le degré le plus bas est désigné par «l'ignorance», des fonctions de direction morale et de juge. L'activité intellectuelle apparaît ainsi dans l'histoire du judaïsme comme un facteur essentiel à la conservation du groupe. La valeur du capital culturel détermine jusque dans le cours du 19e siècle la structure interne des communautés et le rôle de certaines grandes familles.
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