Aufsatz(elektronisch)1974

La nouvelle élite politique en Pologne

In: Revue de l'est: économie, planification et organisation : etudes comparatives est-ouest, Band 5, Heft 3, S. 7-18

Verfügbarkeit an Ihrem Standort wird überprüft

Abstract

Le changement survenu au sein de la direction politique polonaise en 1970 est d'une importance fondamentale à deux égards. D'abord, il a entraîné une relève des générations. Les communistes, qui étaient arrivés au pouvoir à la fin de la seconde guerre mondiale et qui s'y étaient maintenus au cours des années cinquante et soixante, ont été remplacés par des hommes plus jeunes dont l'éducation et l'accession à des postes élevés se sont entièrement déroulées en Pologne populaire. Deuxièmement, la Pologne a été confrontée à une situation historique nouvelle. Pour la première fois depuis le 18e siècle, le pays fut dirigé par des hommes dont toute la carrière politique s'est faite dans l'Etat polonais même.
Pendant la période des partages, il n'existait évidemment pas d'Etat polonais. En 1918-1939, les élites au pouvoir, composées essentiellement de partisans du maréchal Pilsudski, y sont parvenues à la suite des luttes de libération nationale. L'élite communiste d'après-guerre, dirigée depuis 1956 par Gomulka, est venue au pouvoir à la suite d'un soulèvement social. C'est pourquoi, l'une et l'autre de ces deux élites étaient hautement motivées du point de vue idéologique (bien que leurs idéologies fussent totalement différentes) mais n'avaient, en même temps, qu'une faible expérience en matière de gouvernement.
La nouvelle élite, dirigée par Gierek, est fondamentalement autre. Elle se compose surtout de personnes nées au cours des années vingt, qui toutes ont un niveau d'éducation relativement élevé et dont l'expérience administrative pratique est considérable. L'origine différente de cette nouvelle élite explique pourquoi sa philosophie et son style politiques diffèrent radicalement de ceux du groupe de Gomulka. Les partisans de Gierek ne sont pas des révolutionnaires professionnels mais des administrateurs, et en tant que tels, sont moins portés sur l'idéologie et plus pragmatiques que leurs prédécesseurs. Ce qui ne veut nullement dire qu'ils ne soient pas de loyaux communistes. Pendant leur jeunesse, au cours de la période stalinienne, ils ont été soumis à un endoctrinement politique intense et c'est au parti communiste qu'ils doivent leur carrière.
La position de Gierek est assez forte actuellement, il jouit d'une grande popularité dans le pays et exerce une autorité incontestable sur le parti. Cependant, il a déjà plus de soixante ans et sa santé s'est altérée depuis que, dans sa jeunesse, il a travaillé comme mineur en France et en Belgique. En outre, il a souvent répété qu'il ne voudrait pas rester premier secrétaire du parti trop longtemps ; ainsi il se pourrait qu'il démissionne de ce poste avant la fin des années soixante-dix.
Le remplacement de Gierek ne représentera pas un changement aussi radical que le renvoi de Gomulka car il n'impliquera pas une relève des générations. Les personnes appartenant aujourd'hui aux cercles dirigeants communistes, nées au cours des années vingt et au début des années trente, vont probablement rester en place ces prochaines années et pendant une grande partie des années quatre-vingt. Ce n'est qu'à cette époque que les générations plus jeunes, nées au cours de l'après- guerre, atteindront des postes élevés et entreprendront, peut-être, de nouvelles transformations politiques.

Sprachen

Französisch

Verlag

PERSEE Program

ISSN: 2259-6097

DOI

10.3406/receo.1974.1206

Problem melden

Wenn Sie Probleme mit dem Zugriff auf einen gefundenen Titel haben, können Sie sich über dieses Formular gern an uns wenden. Schreiben Sie uns hierüber auch gern, wenn Ihnen Fehler in der Titelanzeige aufgefallen sind.