Aufsatz(elektronisch)1985

L'économie yougoslave face au programme de stabilisation

In: Revue d'études comparatives est-ouest: RECEO, Band 16, Heft 1, S. 121-152

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Abstract

La réforme de 1965 et les transformations institutionnelles de la décennie suivante ont donné naissance, en Yougoslavie, à des structures socio-économiques nouvelles dont le fonctionnement a eu de profondes répercussions sur le développement du pays. Les entreprises du secteur socialisé ont été morcelées en unités plus petites et, à partir de ces dernières, leur unité a été reconstituée avec une toile d'araignée d'« accords autogérés » et de « pactes sociaux ». Ces accords ont eu l'effet secondaire de limiter les relations économiques au cadre restreint des républiques socialistes et des territoires autonomes, détruisant ainsi l'unité du marché yougoslave et aggravant les inégalités régionales.
Même si les processus décisionnels à l'intérieur des organisations de travail associé n'ont généralement pas eu le caractère parfaitement démocratique que prévoyait la doctrine, la liberté d'action des organisations n'a pas été négligeable. Elles ont pu distribuer des revenus personnels croissants et engager des ressources, et même des ressources qu'elles ne possédaient pas, dans des grands projets d'investissement. Le système bancaire, à son tour réorganisé, a prêté les capitaux nécessaires pour l'investissement (et pour la distribution des revenus) à des taux d'intérêt plus bas que le taux d'inflation, soutenant ainsi la demande globale au-delà du niveau d'équilibre. Ce qui a fait que la demande intérieure a remplacé celle d'origine étrangère : il en a résulté un déficit de plus en plus inquiétant dans les échanges extérieurs, donc une montée de la dette yougoslave. L'inflation et le chômage achèvent le tableau.
C'est donc une économie déjà affaiblie qui se présente au rendez-vous de la nouvelle situation internationale des années 80. En 1980 la politique dite de « stabilisation économique » débute. Par la restriction des importations et la manœuvre du taux du change on essaie de ramener le déficit extérieur à des dimensions raisonnables, puis d'obtenir un excédent — qui s'est matérialisé en 1983. La demande globale a été modérée par le biais d'une restriction des revenus personnels (tombés, par habitant, au niveau de 1973), d'une politique monétaire thatchérienne et d'un resserrement de l'investissement. Tout cela n'a pourtant eu aucun effet sur l'inflation, qui a atteint des niveaux « sud- américains ». Le problème de l'inégalité régionale des revenus (on pourrait dire plus exactement de l'inégalité ethnique) n'est pas résolu, et celui du chômage non plus, malgré une nouvelle politique agricole et l'encouragement donné aux entrepreneurs privés et aux investisseurs étrangers.
L'interprétation courante de la Ligue des Communistes à l'égard des difficultés économiques en voit l'origine dans la limitation de l'autogestion par les groupes « technocratiques » et « étatistes ». Donc, si l'on renforce l'autogestion, on ramènera l'équilibre dans l'économie. Les chefs de file yougoslaves semblent se rendre compte seulement à moitié que l'épanouissement des rapports autogestionnaires de marché exige l'action de l'autorité centrale pour orienter la politique industrielle, exprimer une ligne de politique commerciale (et économique en général) face à l'étranger, gérer la demande globale, etc. Si l'État abdique ses devoirs d'intervention « à l'occidentale », il se verra obligé d'avoir tôt ou tard recours à une intervention administrative « à la russe », ce qui est bien souvent le cas aujourd'hui en Yougoslavie.
Si la stabilisation ne se déroule pas exactement dans les conditions internationales les plus favorables, l'atmosphère intérieure s'est elle-même alourdie. La croissance zéro des dernières années a substitué le désarroi à l'optimisme comme attitude sociale la plus répandue ; l'adhésion au système politique s'affaiblit. Faut-il donc conclure à une crise de l'autogestion ? Non, si l'on entend par-là l'autogestion comme notion-limite ; oui, si l'on pense à l'autogestion yougoslave, qui ne saurait se développer (et peut-être même pas survivre) sans s'adapter à la situation profondément changée des années 80.

Sprachen

Französisch

Verlag

PERSEE Program

ISSN: 2259-6100

DOI

10.3406/receo.1985.2543

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