La religion, nouvel outil du néocolonialisme en Afrique ?

In: Recherches Internationales, Band 121, Heft 1, S. 163-183

Abstract

En ce début du troisième millénaire, le continent africain est devenu le nouveau terrain de jeu des puissances islamiques qui y voient une opportunité de diversification de leur économie, mais également des États satellites sur l'échiquier géopolitique. L'islam est l'outil au service de leurs ambitions hégémoniques. Quant aux Africains, ils apparaissent comme des victimes consentantes de cette vassalisation du continent car ils sont plus prompts à défendre la religion que leurs intérêts vitaux. Les puissances occidentales, à l'instar de la France et des États-Unis, n'échappent pas à cette réalité, elles ont compris qu'elles ne peuvent se passer des religieux dans le jeu politique actuel en Afrique ; elles s'emploient donc à avoir d'excellentes relations avec eux. Elles sont certes mal à l'aise avec cette instrumentalisation de l'islam, mais elles ne peuvent se permettre de courroucer le clergé musulman, devenu incontournable dans de nombreux États africains. La Chine et la Russie s'en tirent mieux, car elles s'embarrassent peu des considérations religieuses et démocratiques. Aujourd'hui, les mouvements religieux fanatiques et terroristes émergent partout sur le continent. La laïcité de nombreux États subsahariens est de facto remise en question et dans quelques décennies certains États africains deviendront in fine des théocraties islamiques. Les populations dans le dénuement, en manque de perspectives et de justice sociale, trouvent du réconfort dans le discours religieux.