Les Balkans occidentaux sous la tutelle de la communauté internationale
In: L' Europe en formation: revue d'études sur la construction européenne et le fédéralisme = journal of studies on European integration and federalism, Band 349 - 350, Heft 3, S. 15-32
Abstract
Résumé Zone d'instabilité chronique, la région des Balkans dont même les limites géographiques ou politiques n'ont jamais fait l'objet d'une définition claire, reste, par excellence, le lieu de toutes les diversités ethniques, religieuses, linguistiques, sources de tensions et de conflits incessants. En dépit de sa relative pauvreté elle n'a pas cessé, au cours de l'histoire d'être l'objet des disputes et des convoitises des puissances dominantes en Europe, car elle était le lieu stratégique de leurs frictions directes et le front d'endiguement des pulsions de conquête des empires rivaux. La guerre froide en imposant sa discipline de bloc avait mis un ordre apparent et relatif dans cette turbulence chronique que troublaient, toutefois, les frondes yougoslave ou albanaise. Sa fin devait libérer les vieux démons dans les Balkans occidentaux, aussitôt ravagés par les affrontements nationalistes et les guerres des religions. Devant l'ampleur des conflits et les risques de contagion qu'ils portaient, la communauté internationale dut se résoudre à intervenir avec autant de vigueur qu'elle en est capable et toute l'indécision dont elle est souvent affligée. Elle le fit sous ses différentes espèces, mobilisant les institutions universelles aussi bien que les régionales, les organisations gouvernementales que les non gouvernementales. Elle s'employa d'abord laborieusement à mettre fin aux affrontements militaires, avant de s'atteler à l'effort indispensable de reconstruction. Pour ce faire elle a été amenée à prendre quelque liberté avec les principes qui la fondent, tels la souveraineté de ses membres ou la non-ingérence, allant jusqu'à constituer, sous sa direction parfois hésitante, de véritables protectorats. L'Europe, après avoir été dramatiquement absente de ces conflagrations qui se produisaient pourtant sur son propre sol, s'est progressivement investie dans un effort systématique de stabilisation à long terme qui s'est donné pour but l'intégration, à un terme aussi proche que possible mais néanmoins encore incertain, de l'ensemble des acteurs de ce désordre en les soumettant, pour ce faire, à ses exigences aussi bien économiques que politiques. Cette ambition doit toutefois faire face non seulement aux difficultés intrinsèques et éternelles propres à la région, mais aussi aux ambitions anciennes ou nouvelles des puissances, telles la Russie ou les États-Unis, toujours à l'affût.
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