« Je crois qu'ils ne me détestent pas »: Écrire l'inimitié dans les correspondances lettrées de la Grande Guerre
In: Genèses: sciences sociales et histoire, Band 96, Heft 3, S. 62-85
Abstract
Au long de la Grande Guerre, des hommes issus de différents milieux se sont retrouvés condamnés à vivre ensemble. Dans certains cas, la confiance a pu s'installer. Dans d'autres, c'est l'expression de dégoûts sociaux qui s'est imposée. L'article s'intéresse aux traces écrites de ces expressions d'inimitiés. Il explique pourquoi celles-ci apparaissent et perdurent seulement dans les témoignages lettrés rédigés au jour le jour. Elles sont d'abord, pour les membres de la bourgeoisie lettrée de l'époque, une réaction à la découverte de leur propre altérité. Mais à mesure que le conflit se prolonge, le récit de l'autre affirme son caractère d'exercice de classe. Les écrits du front ne portent pas seulement témoignage de la promiscuité, ils sont aussi l'expression d'une pratique intellectuelle de reconquête de soi.
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