Politique : "j'entends par là une vie humaine": Démocratie et orthodoxie chez Spinoza
In: Multitudes, Band n o 22, Heft 3, S. 63-76
Abstract
Résumé Le texte de L. Bove (suite à l'article de M. Vatter dans le numéro 9 de Multitudes ) examine à son tour le trinôme libéralisme, orthodoxie, démocratie, mais à partir de la philosophie de Spinoza. Celle-ci pense en effet une radicalité de l'orthodoxie et une radicalité démocratique en dehors d'une juridication du politique. Mais la perspective spinoziste nous conduit plutôt à penser que si la démocratie est le véritable adversaire asymétrique de la politique de l'État moderne, cette politique se construit cependant, dans sa vérité effective, en symétrie parfaite avec un modèle d'orthodoxie. L'avantage de mettre à jour une telle équivalence nous permet de lire aujourd'hui l'inquiétante possibilité qu'a le libéralisme d'une voie explicite d'éradication historique (ou post-historique) radicale de son adversaire démocratique. Cette voie lui est offerte par un modèle d'orthodoxie qui a su déjà répondre au problème de la revendication démocratique. Ce modèle parfait de l'obéissance, c'est celui que Spinoza a découvert et étudié dans la théocratie hébraïque ancienne, modèle d'orthodoxie (an-historique) dont l'État monarchique hobbesien (auquel nous sommes aujourd'hui confrontés sous la figure juridico-politique de la démocratie libérale) pourrait n'être que l'expression moderne (post-historique). Ce sont les soubassements théoriques de cette inquiétante configuration, quant aux funestes perspectives qu'elle éclaire, qui sont examinés ici. Ce que nous apprend ainsi Spinoza c'est que ce que nous devons appeler « politique » s'identifie inéluctablement, pour nous, avec la question même de l'anthropogenèse.
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