Politisation du travail des étrangers: repenser la variable « sans-papiers »
In: Politique africaine, Band 133, Heft 1, S. 69-92
Abstract
Cet article analyse une figure particulière de la politisation de l'immigration en Europe : l'instrumentalisation des travailleurs étrangers illégaux par l'État. Si l'approche conventionnelle ne considère que les coûts et bénéfices de cette main-d'œuvre à comprimer, l'article montre que le paradoxe de la répression et de l'intégration se trouve au cœur d'un dispositif où les « sans-papiers » représentent une variable stratégique du marché du travail dérégulé. Cette instrumentalisation est contemporaine d'une transformation plus globale : le contrôle politique de la société par la production de dispositifs sécuritaires comme Europol et d'autres agences technocratiques, qui forment des « archipels bureaucratiques » situés en dehors du champ démocratique traditionnel. Cette transformation liquéfie les grands équilibres anciennement établis dans l'économie de la main-d'œuvre et escamote le débat démocratique sur le travail. Figure moderne de la précarisation du travail, les sans-papiers sont le marqueur sociologique de la fin du salariat.
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