L'anarchisme comme anti-politique de la Relation ? Proudhon, Buber, Landauer
In: La Revue du MAUSS, Band 62, Heft 2, S. 287-316
Abstract
À la lecture de trois grandes figures de l'anarchisme, Proudhon, Buber et Landauer, cet article propose de montrer combien « l'antipolitique » libertaire ne saurait se réduire à la seule condamnation de l'État, incarnation du mal politique, celui de la domination de l'homme par l'homme. Elle est avant tout indissociable d'une foi peu commune dans l'autonomie du social. Comme s'il suffisait de redécouvrir le social, au double sens du terme, sous la gangue de l'État, pour le rendre à lui-même, à sa spontanéité, à sa puissance auto-instituante ; comme si la transcendance du politique devait refluer dans celle – immanente – de la Relation et des formes de vie autonomes qu'elle forge. Pour autant, cet appel à reconquérir nos relations, à défendre l'autonomie du social, n'exige pas plus de dissoudre toute forme institutionnelle, que d'en finir avec la politique ou toute forme de transcendance. Utopie d'une généreuse sociophanie, pari sur la créativité du (divin) social, sur l'immanence transcendante de l'un-pour-l'autre, n'invite-t-il pas à déplacer, comme le suggérait Proudhon, la divinité et ainsi à penser tout autrement l'institution politique du social ?
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