Capital et idéologie en Chine : retour sur les estimations et conclusions de Thomas Piketty
In: Revue d'économie politique, Band 130, Heft 5, S. 683-698
Abstract
Depuis le début de la politique dite de réformes et d'ouvertures, la Chine a connu des transformations économiques sans précédent dans l'histoire des sociétés modernes. La vitesse, l'ampleur et la relative stabilité du « miracle économique chinois » constituent toujours un enjeu de connaissance pour les spécialistes des sciences sociales et en particulier pour ceux qui s'intéressent au rapport entre idéologie politique et capital. Dernièrement, Thomas Piketty a consacré un chapitre de son ouvrage à la question des inégalités de revenus en Chine. Ces estimations tendent à indiquer que les inégalités de revenus stagneraient depuis le milieu des années 2000 à un niveau inférieur à celui des États-Unis. Piketty en conclut que la Chine aurait une relativement faible tolérance pour les inégalités de revenus. Cet article analyse les données et les méthodes employées par Piketty, puis propose une évaluation alternative des inégalités de revenus au niveau des ménages au moyen de l'indice de Gini. A partir des enquêtes réalisées dans le cadre du China Family Panel Survey, il montre que les inégalités de revenus se sont amplifiées jusqu'à la fin des années 2000, avant de se maintenir à un niveau élevé et supérieur à celui observé aux États-Unis. Ces estimations corroborent ainsi les conclusions de nombreux spécialistes des inégalités de revenus, selon lesquels les chinois perçoivent dans leur majorité, les inégalités de revenus comme une condition nécessaire au développement économique. Classification JEL : P2, P16, E25, A14
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