Insupportables successions: Le temps politique en Tunisie de Bourguiba à la révolution
In: Temporalités: revue de sciences sociales et humaines, Band 15
Abstract
Loin de s'en prendre aux monarchies, les révolutions du printemps arabe de 2011 ont renversé en tout premier lieu des régimes s'affichant comme des républiques, mais dont les mécanismes de contrôle temporel du politique avaient depuis longtemps été subvertis. La longévité des leaders y était devenue incontrôlable et l'on voyait s'y profiler des successions de type familial. Première à s'être soulevée, la Tunisie avait connu deux séquences successives de blocage du temps politique avec Bourguiba et Ben Ali, qui ont tous deux mis en œuvre des processus de dérégulation du temps républicain. Mais au-delà des traits communs, les deux séquences tunisiennes présentent d'indéniables différences de contextes, de conditions de possibilité, d'imaginaires politiques et de registres de justifications qui sont mobilisés. Elles ne peuvent donc guère se rattacher à un modèle unique d'autoritarisme arabe ou à la tentation du retour à un système monarchique arabe traditionnel. À l'inverse, ces séquences peuvent fournir des éléments de réflexion pour penser plus généralement les phénomènes du temps politique, de la succession et du chevauchement des intérêts publics et privés, y compris au sein de systèmes politiques radicalement différents.
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