Le retour de la charité. La solidarité saisie par la main invisible
In: Cahiers de recherche sociologique, Heft 29, S. 79-102
Abstract
Le déploiement d'une régulation sociale néolibérale s'accompagne au Québec d'une croissance des organismes charitables et d'une interpénétration des politiques sociales et des pratiques charitables. Cette renaissance de la charité est intimement liée à la transformation de sa forme institutionnelle. Le procès d'institutionnalisation de la charité pendant la modernité, dynamique à la fois idéologique et juridique, culmine au XIXe siècle dans la mise en place d'un système d'assistance sociale charitable conforme aux principes de l'éthique libérale. Si la renaissance de la charité repose sur cet héritage institutionnel, son évolution actuelle est guidée par des déterminations proprement « postmodernes ». Les dimensions idéologiques et juridiques de la charité moderne se sont fondues dans les pratiques « communicationnelles » d'une charité devenue technique de financement plutôt qu'idéal éthique et projet politique. La renaissance de la charité se traduit par l'émergence d'un marché du don qui réduit l'acte charitable à une transaction balisée par le marketing et transforme les droits sociaux en besoins sociaux « non solvables ».
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