Le rire et la société dans des textes littéraires de Molière à Flaubert
In: Revue des sciences sociales, Band 43, Heft 1, S. 56-61
ISSN: 2107-0385
L'Ancien Régime en France a connu une séparation radicale des styles qui correspondait à la stratification de la société : Les bourgeois et les gens du peuple constituaient le personnel de la comédie et de la satire qui était l'objet du rire. Le tragique, en revanche, était réservé au personnel noble. La Révolution française abolit la structure hiérarchique de la société et Victor Hugo s'opposa dans sa suite au principe classique de la séparation des styles, en mélangeant les registres du sublime et du grotesque. Si Balzac entendait dresser une image sérieuse des bourgeois et des gens du peuple, livrés à la risée dans la littérature classique, il conçut en plus des contes drolatiques placés sous l'autorité de Rabelais. Si la génération romantique voit en Rabelais le champion du gai savoir, c'est parce que, du point de vue du rire, l'âge classique sert de repoussoir. Le rire correcteur de la comédie classique est également absent chez Flaubert. Face à la bêtise universelle et à l'absence de sens de l'histoire, il ne lui reste que le rire rabelaisien, un rire qui ironise de tout et sauve tout par la seule force du style.