Résumé Cet article questionne l'évolution des politiques sociales britanniques, plus particulièrement les prestations d'assurances sociales et l'intégration des recommandations du rapport Beveridge dans les années 1940 et en 2009. Il postule que le modèle de Beveridge adopté a échoué à fournir des droits clairs d'aides sociales et a créé une tension entre les systèmes d'assurance sociale et d'assistance qui a mené à une érosion importante du modèle ancien. L'article retrace ce processus depuis les efforts infructueux des gouvernements travaillistes dans les années 1960 et 1970 – pour construire un système à partir du modèle original – et les attaques contre les éléments « universalistes » du modèle par les gouvernements conservateurs dans les années 1980 et 1990, jusqu'à l'approche contemporaine du « welfare » par les leaders politiques des deux principaux partis qui met l'accent sur l'activation sur le marché du travail et donne un rôle très résiduel aux retraites.
Résumé Les pays qui ont le même type de système de protection sociale, d'inspiration bismarckienne, fondé sur les assurances sociales, semblent confrontés à des difficultés similaires, particulièrement complexes. Ils semblent également suivre des trajectoires parallèles en matière de réformes, tant en ce qui concerne le moment où elles sont adoptées que leur contenu et processus. Cet article compare l'évolution des systèmes de protection sociale bismarckiens au cours des vingt-cinq dernières années, et met en évidence l'existence de trajectoires de réforme communes.
Cet article s'intéresse à la formation des infirmières au Canada et aux rapports Survey of nursing education in Canada et Spotlight on nursing Education publiés respectivement en 1932 et en 1961. Bien importantes et largement diffusées dans le milieu des soins infirmiers, les recommandations formulées dans ces rapports n'ont toutefois pas apportées des modifications substantielles dans le développement de l'éducation des infirmières. Dans cet article, l'utilisation de l'État-providence comme cadre d'analyse permettra de faire valoir comment la nature politique de la santé a favorisé la mise en place de mesures ayant conduit à des réformes d'envergure dans la formation des infirmières permettant ainsi de répondre aux objectifs de l'État-providence. Abstract This article addresses nursing education in Canada, along with two specific reports, Survey of Nursing Education in Canada and Spotlight on Nursing Education, respectively published in 1932 and 1961. The recommendations in these reports, while of great importance and widely disseminated in the nursing world, did not bring about any significant changes to the development of nursing education. This article adopts the welfare state as an analytical framework for illustrating how the political nature of health encouraged the introduction of measures that ultimately culminated in wide-ranging reforms in nursing education designed to meet the objectives of this welfare state.
Résumé Cet article présente une typologie des trajectoires d'entrée dans l'âge adulte dans vingt pays en Europe, réalisée à partir de l'enquête sociale européenne de 2006. Après une convergence en Europe du Nord et de l'Ouest au cours des Trente Glorieuses, le passage à l'âge adulte s'organise pour les jeunes générations autour de deux nouveaux modèles caractérisés par une autonomie assez précoce par rapport à la famille d'orientation et la formation d'une famille plus tardive. Le passage à l'âge adulte dans les pays du sud et de l'est de l'Europe reste profondément inscrit dans l'histoire de leurs systèmes familiaux. La décohabitation est tardive dans les pays méditerranéens en intervenant au moment de la mise en couple. La tradition de la famille élargie persiste dans la plupart des pays de l'Est.
Résumé La philanthropie se développe rapidement en Europe et dans la plupart des pays du monde industrialisé. Phénomène bien connu de l'Histoire, la philanthropie fait son retour depuis quelques années et trouve une nouvelle forme et une nouvelle signification dans une « société civile » émergente. Mais comment définir cette nouvelle philanthropie « moderne » ? Est-elle différente des concepts tels que la « charité » et le « secteur de l'économie sociale » ? A-t-elle déjà trouvé une place à la table des décideurs de la Commission Européenne ? Cet « ancien » mais « nouveau » phénomène suscite-t-il l'intérêt des chercheurs ? Nous examinons ces questions dans le présent article. Nous définissons la philanthropie en appliquant des données théoriques sur la notion de philanthropie. Nous mesurons l'intérêt des chercheurs en nous basant sur l'attention accordée à la philanthropie dans les principales revues de science politique en langue anglaise entre 2000 et 2008. Les résultats indiquent que même si la philanthropie est un concept à part entière, les chercheurs s'y intéressent peu dans ces revues. Nous conclurons en affirmant que la croissance de la philanthropie aujourd'hui constitue un défi prometteur pour les décideurs dans les États providence, pour autant que les « actions privées réalisées dans l'intérêt public » puissent être intégrées dans le paradigme de l'État providence. Résumé à l'intention des praticiens La philanthropie joue un rôle de plus en plus important dans les États providence. Cependant, les gouvernements et les administrateurs publics qui recherchent de nouveaux moyens de financer les services de protection sociale n'ont pas encore pleinement saisi le potentiel de la philanthropie. À côté de la commercialisation et du marché, un secteur à but non lucratif davantage basé sur des recettes philanthropiques pourrait être une option intéressante pour la prestation de services. Les administrateurs publics vont dès lors devoir relever le difficile défi qui consiste à créer un cadre juridique, économique et culturel capable de stimuler et de renforcer la philanthropie.
Les inégalités sociales sont-elles perçues de la même façon au Québec et dans le Reste du Canada ? Au Canada et dans d'autres pays ? Ces questions sont examinées au moyen d'une analyse secondaire de données issues d'une vaste enquête par sondage menée simultanément dans 18 pays. Les données sont évaluées à la lumière de la typologie de régimes d'État-providence proposée par Esping-Andersen. Les Québécois sont plus conscients des inégalités et manifestent un appui plus clair à l'interventionnisme étatique que les autres Canadiens, mais ces différences sont modestes si on les aborde dans une perspective internationale plus large.
La qualité de vie constitue un indicateur important du développement de la protection sociale dans les sociétés modernes, ainsi qu'une mesure de l'efficacité de l'action sociopolitique. Cette contribution traitera des différents aspects de la qualité de vie sous les angles théorique et empirique. Des analyses empiriques menées à des fins de comparaison sur la qualité de vie des personnes âgées montrent que la possibilité de bénéficier d'aide et de soutien, ainsi que la santé physique et mentale, constituent des déterminants de premier plan. En outre, il apparaît que la qualité de vie est liée à l'existence et au développement de relations et de liens familiaux. Aux côtés des systèmes sociétaux de transferts et de soutien, la famille se présente comme le principal pourvoyeur d'aide et de soutien aux personnes âgées, que l'État-providence verse ou non des prestations. L'importance de la famille varie en fonction des sociétés, mais aussi de leurs régimes de protection sociale et de leurs normes et préférences.
Résumé Cette contribution analyse l'influence profonde qu'exerce le fédéralisme sur la définition et la mise en œuvre des programmes de politique sociale aux États-Unis. Alors que l'on pense communément que le fédéralisme a à lafois freiné le développement des dispositifs de protection sociale et incité les États fédérés à réduire les programmes de redistribution, l'auteur avance que le fédéralisme a permis de développer l'État providence au-delà de ce qui aurait été possible si les programmes sociaux avaient été entièrement nationaux. Les programmes sociaux coopératifs, qui doivent leur existence au contexte historique spécifique des États-Unis, sont désormais enracinés dans le paysage politique du pays. Il n'existe actuellement aucune revendication politique de réforme de la structure sur laquelle reposent ces programmes.Toutefois, l'extension spectaculaire de Medicaid et de dispositifs de couverture maladie similaires pourrait aboutir à l'instauration d'une assurance-maladie publique appliquée sur l'ensemble du territoire.
Résumé Les politiques publiques d'assistance aux mères, adoptées au Canada et en France dans la première moitié du xx e siècle, sont analysées ici à partir de l'étude d'associations de femmes, en particulier le Conseil national des femmes françaises (CNFF) et la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB) qui ont porté cette revendication. L'action des minorités religieuses, protestantes et juives, au sein du CNFF, et aux côtés de l'État républicain amorce la sécularisation des politiques d'aide aux mères en France durant la III e République. Suivant l'exemple des autres provinces canadiennes, qui se sont dotées de lois sur les pensions aux mères, l'action de la FNSJB en faveur d'une loi protégeant les mères et leurs enfants permet à l'État d'intervenir dans la sphère familiale qui relevait exclusivement du contrôle de l'Église catholique au Québec. L'analyse comparée permet de mieux identifier l'intégration du genre dans la formulation des premières politiques sociales et de cerner le paradoxe de la relation des femmes à l'État. Des stratégies maternalistes des années 1930 aux refus contemporains de l'assignation du care au genre féminin, cet article vise à susciter la réflexion sur l'ouverture d'un espace mixte, dans lequel tant les femmes que les hommes peuvent exercer les différentes fonctions de maternage et de care.