La revue Futuribles s'intéresse depuis plus de 35 ans à l'évolution des systèmes de valeurs et à l'étude de leur transformation, faisant régulièrement écho aux enquêtes réalisées tous les 9-10 ans dans le cadre de l' European Values Study . Le dossier ouvert dans ce numéro par Pierre Bréchon porte sur les résultats de la dernière vague (2017-2018) et ce qu'ils nous enseignent concernant les tendances d'évolution des valeurs des Européens sur longue période. Dans ce deuxième article, Gilles Ivaldi s'intéresse à la montée du populisme autoritaire sur le Vieux Continent et à ce que les enquêtes Valeurs nous apprennent sur les facteurs qui l'alimentent au cœur de l'opinion des Européens. Il confronte ici la théorie du cultural backlash développée par Ronald Inglehart et Pippa Norris — selon laquelle ce regain de populisme résulterait d'une contre-révolution culturelle, en réaction à la large diffusion des valeurs libérales — aux évolutions constatées des valeurs des Européens dans les diverses dimensions servant d'indicateurs en la matière (autoritarisme, xénophobie et traditionalisme dans les mœurs). Et comme toujours, la réalité est plus complexe qu'il n'y paraît, entre demande sociale effective d'autorité, recul des valeurs morales traditionnelles, évolution de la xénophobie très différente selon les pays (l'Europe occidentale étant nettement et durablement plus tolérante que l'Europe de l'Est)… Il pointe aussi le processus progressif d'alignement des générations sur une demande accrue de respect de l'autorité. En somme, il convient, lorsqu'on examine la montée des populismes actuellement à l'œuvre, de faire preuve de nuance, en distinguant les aires géographiques, les valeurs concernées (sphère privée vs . sphère publique, par exemple), et en relativisant la dynamique générationnelle. Sans oublier l'impact des facteurs économiques, qui influencent aussi beaucoup les opinions et dont l'auteur souligne, en fin d'article, qu'il pourrait croître dans le contexte actuel de crise — ce que l'enquête Valeurs de 2017 ne peut ici prendre en compte… S.D.
Si les acteurs populistes semblent globalement éprouver des difficultés à faire entendre leur voix dans la crise sanitaire actuelle, l'hypothèse d'un recul durable de ces partis doit être envisagée avec la plus grande prudence. Les enjeux et anxiétés qui président au vote populiste continuent de travailler en profondeur les opinions publiques en Europe. La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février dernier en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni atteste de la présence d'attitudes populistes diffuses dans les quatre pays, qui constituent un potentiel de mobilisation pour les acteurs populistes car ancrées dans la défiance politico-institutionnelle et fortement corrélées avec les inquiétudes économiques produites par la crise de Covid-19.
Les croyances aux théories du complot sont très souvent associées au populisme. S'il a pu être amplement mis en lumière chez les acteurs de la droite populiste, à l'image d'un Donald Trump aux États-Unis par exemple, un tel lien reste en revanche à démontrer s'agissant des attitudes des citoyens. La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février 2021 en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni permet d'explorer les relations entre adhésion aux théories du complot et attitudes populistes. Les données montrent que le populisme attitudinal n'exerce en réalité qu'un effet relativement limité sur les croyances conspirationnistes, dans chacun des quatre pays de l'enquête, et que cet effet varie par ailleurs selon le type de complot envisagé ; l'adhésion aux théories du complot est d'abord et avant tout articulée à la confiance politico-institutionnelle, et, dans une moindre mesure, à la confiance interpersonnelle et à la confiance apportée à la science ou à ses représentants.
Si les acteurs populistes semblent globalement éprouver des difficultés à faire entendre leur voix dans la crise sanitaire actuelle, l'hypothèse d'un recul durable de ces partis doit être envisagée avec la plus grande prudence. Les enjeux et anxiétés qui président au vote populiste continuent de travailler en profondeur les opinions publiques en Europe. La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février dernier en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni atteste de la présence d'attitudes populistes diffuses dans les quatre pays, qui constituent un potentiel de mobilisation pour les acteurs populistes car ancrées dans la défiance politico-institutionnelle et fortement corrélées avec les inquiétudes économiques produites par la crise de Covid-19.
Les croyances aux théories du complot sont très souvent associées au populisme. S'il a pu être amplement mis en lumière chez les acteurs de la droite populiste, à l'image d'un Donald Trump aux États-Unis par exemple, un tel lien reste en revanche à démontrer s'agissant des attitudes des citoyens. La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février 2021 en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni permet d'explorer les relations entre adhésion aux théories du complot et attitudes populistes. Les données montrent que le populisme attitudinal n'exerce en réalité qu'un effet relativement limité sur les croyances conspirationnistes, dans chacun des quatre pays de l'enquête, et que cet effet varie par ailleurs selon le type de complot envisagé ; l'adhésion aux théories du complot est d'abord et avant tout articulée à la confiance politico-institutionnelle, et, dans une moindre mesure, à la confiance interpersonnelle et à la confiance apportée à la science ou à ses représentants.
In: Totalitarismus und Demokratie: Zeitschrift für internationale Diktatur- und Freiheitsforschung = Totalitarianism and democracy, Volume 17, Issue 1, p. 67-96
In: Totalitarismus und Demokratie: Zeitschrift für internationale Diktatur- und Freiheitsforschung = Totalitarianism and democracy, Volume 17, Issue 1, p. 67-96
Le succès des partis et entrepreneurs « populistes » représente un des phénomènes politiques les plus remarquables et sans nul doute parmi les plus étudiés de ces deux dernières décennies. Dans sa version contemporaine, le populisme se donne à voir sous de multiples occurrences distribuées sur l'ensemble du spectre politique et couvrant une pluralité d'aires géographiques. Le développement de ce populisme multiforme et « global » pose un ensemble de questions quant à la définition du phénomène, la délimitation de son périmètre partisan et sociétal, et les dynamiques économiques, culturelles et politiques de son succès.Au-delà de la diversité des manifestations du phénomène populiste, la littérature comparative internationale propose d'identifier des traits communs à l'ensemble de ces acteurs, formant un noyau « idéationnel » autour de l'opposition manichéenne du peuple aux élites et de la revendication d'une souveraineté populaire « absolue », repérable à la fois chez les acteurs partisans mais également dans les électorats sous la forme d'attitudes cohérentes et normatives. Le populisme est ainsi appréhendé en tant qu'idéologie « fine », peu substantielle et malléable, qui vient s'adosser à des corpus d'idées plus « épais » qui lui fournissent le contenu et les principales orientations de son programme politique.En ce sens, le populisme n'agit jamais de manière isolée et opère sur les grandes lignes de conflits qui traversent les démocraties occidentales contemporaines. Pour l'essentiel, ce populisme a pu être typifié autour de deux grandes catégories de « gauche » et de « droite », définies, pour la première, autour des enjeux économiques et, pour la seconde, plus particulièrement par la position de ces acteurs sur l'axe culturel de compétition. Parallèlement à cette conceptualisation en deux grands types principaux, la recherche souligne l'articulation du populisme avec les transformations socio-économiques et culturelles des sociétés post-industrielles, autour des multiples lignes de fracture formées par la ...
International audience ; Der Beitrag analysiert die Wahlergebnisse der populistischen Parteien bei den Europa-wahlen 2019 und geht der Frage nach den Hauptfaktoren der populistischen Stimmabgabe nach. Zum einen zeigt sich, dass die populistischen Wähler nicht durchgängig dem Modell der "Globalisierungsverlierer" entsprechen. Zweitens erscheint die populistische Wahl in ein breiteres Gefüge politisch-sozialer Konflikte und Identitäten eingebettet, das bei verschiedenen Trägern des Populismus stark variiert. Opposition gegen die europäische Integration, eine kritische Betrachtung der EU-Demokratie und eine geringe Unterstützung für demokratische Institutionen sind nichtsdestoweniger Gemeinsamkeiten der populistischen Wahl-motivation, unabhängig von der jeweiligen parteipolitischen Verortung. ; This paper looks at the electoral performances of populist parties of the left, right and centre in the 2019 European elections. Using survey data, it examines the main drivers of the populist vote. The paper finds that populist voters do not all fit the so-called 'globalization losers' profile, yet they tend to see themselves as economically disadvantaged and to support economic redistribution. Ideologically, populist voting is embedded in broader sets of socio-political conflicts and identities, which strongly differentiate between different instances of populism. Finally, opposition to European integration, critical views of EU democracy and the lack of support for democratic government are common features of populist voting across the spectrum.
Le succès des partis et entrepreneurs « populistes » représente un des phénomènes politiques les plus remarquables et sans nul doute parmi les plus étudiés de ces deux dernières décennies. Dans sa version contemporaine, le populisme se donne à voir sous de multiples occurrences distribuées sur l'ensemble du spectre politique et couvrant une pluralité d'aires géographiques. Le développement de ce populisme multiforme et « global » pose un ensemble de questions quant à la définition du phénomène, la délimitation de son périmètre partisan et sociétal, et les dynamiques économiques, culturelles et politiques de son succès.Au-delà de la diversité des manifestations du phénomène populiste, la littérature comparative internationale propose d'identifier des traits communs à l'ensemble de ces acteurs, formant un noyau « idéationnel » autour de l'opposition manichéenne du peuple aux élites et de la revendication d'une souveraineté populaire « absolue », repérable à la fois chez les acteurs partisans mais également dans les électorats sous la forme d'attitudes cohérentes et normatives. Le populisme est ainsi appréhendé en tant qu'idéologie « fine », peu substantielle et malléable, qui vient s'adosser à des corpus d'idées plus « épais » qui lui fournissent le contenu et les principales orientations de son programme politique.En ce sens, le populisme n'agit jamais de manière isolée et opère sur les grandes lignes de conflits qui traversent les démocraties occidentales contemporaines. Pour l'essentiel, ce populisme a pu être typifié autour de deux grandes catégories de « gauche » et de « droite », définies, pour la première, autour des enjeux économiques et, pour la seconde, plus particulièrement par la position de ces acteurs sur l'axe culturel de compétition. Parallèlement à cette conceptualisation en deux grands types principaux, la recherche souligne l'articulation du populisme avec les transformations socio-économiques et culturelles des sociétés post-industrielles, autour des multiples lignes de fracture formées par la globalisation. De nombreux travaux insistent sur la relation entre l'essor du populisme, d'une part, et la cristallisation, dans l'espace de la compétition politico-électorale, d'un conflit transnational, d'autre part.La question de l'alignement du populisme contemporain sur les enjeux et conflits relatifs à l'internationalisation des sociétés post-industrielles est au cœur de la réflexion proposée dans ce mémoire d'habilitation. Les enjeux produits par le processus de « dénationalisation » invitent à repenser les modèles traditionnels d'identification, de mobilisation et de décision électorale. Le caractère multidimensionnel de la globalisation et la diversité des effets qu'elle peut être à même de produire sur les systèmes politiques méritent d'être considérés non pas séparément mais à la lumière des diverses interactions et médiations des dimensions économiques, culturelles et politiques, des contraintes que ces dernières posent aux partis traditionnels et des diverses opportunités de mobilisation qu'elles offrent en retour aux entrepreneurs populistes.On réfléchira en particulier aux facteurs qui président à l'émergence et à la consolidation de ces acteurs. Leur succès s'inscrit dans un ensemble de transformations profondes des sociétés contemporaines, en réponse aux changements politiques, économiques et culturels qui ont affecté les régimes démocratiques depuis plusieurs décennies. Les multiples inquiétudes culturelles et économiques qui continuent de s'exprimer dans de vastes secteurs des électorats occidentaux alimentent la crise de représentation des partis traditionnels de gouvernement, accélérant les processus de désalignement entamés de longue date.A cet égard, ce mémoire propose d'examiner les modalités de l'articulation du populisme avec les grands axes de conflits et identités politiques qui continuent d'organiser le champ de la compétition politico-électorale dans la plupart des démocraties occidentales. Le phénomène populiste interroge directement les reconfigurations des clivages structurels des sociétés contemporaines. L'hypothèse, notamment, d'un nouveau conflit autour des enjeux de l'internationalisation ouvre sur deux grands ordres d'interrogation, concernant, d'une part, les recompositions à l'œuvre sur les principales dimensions de compétition économique et culturelle du fait de l'émergence de ce clivage transnational, et, en second lieu, les divers modèles d'alignement du populisme sur ces nouveaux conflits et enjeux.Dans ce mémoire, ces diverses questions sont envisagées autour du triptyque de la « redistribution », de la « reconnaissance » et de la « représentation », qui pourraient ainsi constituer en quelque sorte les trois 'R' du populisme global.Sous l'angle économique, la question de l'internationalisation, de son impact, et des liens que le populisme entretient avec elle, est abordée au travers des effets des processus d'accroissement des inégalités et de développement des insécurités et griefs socio-économiques au sein des sociétés post-industrielles, et des attentes que ces transformations peuvent générer en termes de redistribution. L'effet des variables économiques ne s'exerce pas de manière directe mais demeure, le plus souvent, médiatisé par les revendications culturelles. Griefs économiques et culturels se confondent dans une même revendication de reconnaissance liée au statut : les effets des transformations économiques et culturelles opèreraient ainsi par hypothèse au travers d'un sentiment de marginalisation sociale des individus et des groupes qui y sont les plus fortement exposés, face à ce que ces derniers perçoivent comme une remise en question de leur statut, de leur culture et de leurs valeurs au sein de la société. Culturellement, le populisme, tel qu'il se situe notamment à droite de l'échiquier politique, peut être analysé comme le produit d'une réaction aux transformations des systèmes de valeurs dominants et au multiculturalisme. En termes politiques, enfin, le mémoire propose de s'interroger sur les contraintes qui pèsent sur les acteurs partisans traditionnels et leur capacité de continuer d'assurer leurs fonctions de représentation et d'agrégation des intérêts et groupes sociaux, et plus encore leur aptitude à apporter des réponses effectives –ou en tout état de cause perçues comme telles– aux demandes émanant de ces groupes.Ces réflexions sont accompagnées par deux études de cas empiriques dans la seconde partie du mémoire. La première étude nous offre l'opportunité de poser la question des populismes « pluriels » et d'explorer les éléments de convergence dans les profils sociologiques, politiques et attitudinaux des électorats populistes tels qu'ils se distribuent aujourd'hui sur l'ensemble du spectre politique européen. La seconde étude de cas propose quant à elle d'explorer la notion de « populisme économique », son intérêt analytique et son opérationnalisation au travers d'une analyse croisée de l'offre et de la demande populistes en France et aux États-Unis. D'un point de vue théorique, cette seconde étude pose en outre la question d'un possible enrichissement du cœur idéationnel du populisme tel que communément défini, et du glissement d'éléments de l'environnement idéationnel périphérique du populisme vers son noyau central, qui serait de nature à en modifier plus substantiellement la morphologie.Plusieurs lignes de force se dégagent de ces analyses, qui pourront constituer de nouvelles pistes de réflexion pour les recherches à venir. Un premier aspect concerne l'appréhension du phénomène populiste à la fois dans sa diversité mais, plus fondamentalement aussi dans ce qui peut en constituer l'unité, au-delà des composantes de son cœur « idéationnel ». Nos résultats attestent de l'intérêt d'examiner plus précisément les modes d'articulation du populisme contemporain avec les grands axes de conflits et les identités politiques ainsi qu'avec les transformations à l'œuvre à l'intérieur même de ces espaces d'oppositions. En résonance par ailleurs avec l'ensemble des questions que continue de poser l'examen des soutiens électoraux des formations populistes, et ce qui semble, au fil du temps, spécifier le populisme comme symptôme politique d'un malaise grandissant au sein des classes moyennes.Revenant, enfin, aux enjeux du transnational, le mémoire conclut à l'importance d'explorer les interactions du populisme et des multiples formes de revendication de souveraineté, dans les domaines économiques, culturels ou politiques. L'analyse des liens entre populisme et souverainisme permet d'éclairer une intersection majeure, au confluent des souverainetés populaire et nationale, en lien avec les enjeux relatifs à l'internationalisation dont tout laisse à penser qu'ils continueront de dominer la politique populiste dans les années à venir, avec, désormais, de nouvelles interrogations relatives à l'épidémie de coronavirus et ses multiples répercussions économiques, sociales et culturelles.
National audience ; L'essor des partis et entrepreneurs populistes constitue un phénomène politique majeur au sein des nations occidentales . Les résultats des élections nationales récentes en Italie, en Allemagne, en Espagne, en France, en Autriche ou aux Pays-Bas ont témoigné de la dynamique électorale de mouvements populistes distribués sur l'ensemble de l'axe gauche-droite. Au regard des succès nationaux des partis populistes, les élections européennes de mai 2019 constituaient un test grandeur nature de la mesure de l'influence de ces mouvements au sein des pays de l'Union européenne.Les résultats du scrutin européen se lisent, nous allons le voir, à l'aune de la diversité du phénomène populiste tel qu'il se développe aujourd'hui sur l'ensemble du continent. Ces résultats ont témoigné d'un fort recul des forces populistes de gauche en France, en Espagne ou en Grèce, notamment, là même où ces formations avaient enregistré une poussée significative, nourrie par la crise économique et financière de 2008. À l'est de l'Europe, le scrutin a confirmé l'audience à la baisse de partis populistes centristes « réformistes ». À droite, enfin, les mouvements populistes ont, à quelques exceptions près, essentiellement consolidé des positions acquises, pour beaucoup d'entre eux, dans le sillage de la crise des réfugiés de 2015.Globalement, l'Europe paraît donc avoir échappé à la « vague » populiste annoncée , quand bien même les résultats du scrutin en Italie, en France, en Hongrie, en Slovaquie ou en Pologne, notamment, ont témoigné de l'impact de ces formations, dessinant au final un paysage européen plus fragmenté et plus polarisé. Avec, en filigrane, un ensemble d'interrogations quant à l'impact des forces populistes sur les grandes orientations et les choix politiques de l'Union européenne dans les années à venir et les différentes opportunités politiques et électorales offertes à ce type d'acteurs.
International audience ; Der Beitrag analysiert die Wahlergebnisse der populistischen Parteien bei den Europa-wahlen 2019 und geht der Frage nach den Hauptfaktoren der populistischen Stimmabgabe nach. Zum einen zeigt sich, dass die populistischen Wähler nicht durchgängig dem Modell der "Globalisierungsverlierer" entsprechen. Zweitens erscheint die populistische Wahl in ein breiteres Gefüge politisch-sozialer Konflikte und Identitäten eingebettet, das bei verschiedenen Trägern des Populismus stark variiert. Opposition gegen die europäische Integration, eine kritische Betrachtung der EU-Demokratie und eine geringe Unterstützung für demokratische Institutionen sind nichtsdestoweniger Gemeinsamkeiten der populistischen Wahl-motivation, unabhängig von der jeweiligen parteipolitischen Verortung. ; This paper looks at the electoral performances of populist parties of the left, right and centre in the 2019 European elections. Using survey data, it examines the main drivers of the populist vote. The paper finds that populist voters do not all fit the so-called 'globalization losers' profile, yet they tend to see themselves as economically disadvantaged and to support economic redistribution. Ideologically, populist voting is embedded in broader sets of socio-political conflicts and identities, which strongly differentiate between different instances of populism. Finally, opposition to European integration, critical views of EU democracy and the lack of support for democratic government are common features of populist voting across the spectrum.
International audience ; Der Beitrag analysiert die Wahlergebnisse der populistischen Parteien bei den Europa-wahlen 2019 und geht der Frage nach den Hauptfaktoren der populistischen Stimmabgabe nach. Zum einen zeigt sich, dass die populistischen Wähler nicht durchgängig dem Modell der "Globalisierungsverlierer" entsprechen. Zweitens erscheint die populistische Wahl in ein breiteres Gefüge politisch-sozialer Konflikte und Identitäten eingebettet, das bei verschiedenen Trägern des Populismus stark variiert. Opposition gegen die europäische Integration, eine kritische Betrachtung der EU-Demokratie und eine geringe Unterstützung für demokratische Institutionen sind nichtsdestoweniger Gemeinsamkeiten der populistischen Wahl-motivation, unabhängig von der jeweiligen parteipolitischen Verortung. ; This paper looks at the electoral performances of populist parties of the left, right and centre in the 2019 European elections. Using survey data, it examines the main drivers of the populist vote. The paper finds that populist voters do not all fit the so-called 'globalization losers' profile, yet they tend to see themselves as economically disadvantaged and to support economic redistribution. Ideologically, populist voting is embedded in broader sets of socio-political conflicts and identities, which strongly differentiate between different instances of populism. Finally, opposition to European integration, critical views of EU democracy and the lack of support for democratic government are common features of populist voting across the spectrum.
National audience ; L'essor des partis et entrepreneurs populistes constitue un phénomène politique majeur au sein des nations occidentales . Les résultats des élections nationales récentes en Italie, en Allemagne, en Espagne, en France, en Autriche ou aux Pays-Bas ont témoigné de la dynamique électorale de mouvements populistes distribués sur l'ensemble de l'axe gauche-droite. Au regard des succès nationaux des partis populistes, les élections européennes de mai 2019 constituaient un test grandeur nature de la mesure de l'influence de ces mouvements au sein des pays de l'Union européenne.Les résultats du scrutin européen se lisent, nous allons le voir, à l'aune de la diversité du phénomène populiste tel qu'il se développe aujourd'hui sur l'ensemble du continent. Ces résultats ont témoigné d'un fort recul des forces populistes de gauche en France, en Espagne ou en Grèce, notamment, là même où ces formations avaient enregistré une poussée significative, nourrie par la crise économique et financière de 2008. À l'est de l'Europe, le scrutin a confirmé l'audience à la baisse de partis populistes centristes « réformistes ». À droite, enfin, les mouvements populistes ont, à quelques exceptions près, essentiellement consolidé des positions acquises, pour beaucoup d'entre eux, dans le sillage de la crise des réfugiés de 2015.Globalement, l'Europe paraît donc avoir échappé à la « vague » populiste annoncée , quand bien même les résultats du scrutin en Italie, en France, en Hongrie, en Slovaquie ou en Pologne, notamment, ont témoigné de l'impact de ces formations, dessinant au final un paysage européen plus fragmenté et plus polarisé. Avec, en filigrane, un ensemble d'interrogations quant à l'impact des forces populistes sur les grandes orientations et les choix politiques de l'Union européenne dans les années à venir et les différentes opportunités politiques et électorales offertes à ce type d'acteurs.
National audience ; L'essor des partis et entrepreneurs populistes constitue un phénomène politique majeur au sein des nations occidentales . Les résultats des élections nationales récentes en Italie, en Allemagne, en Espagne, en France, en Autriche ou aux Pays-Bas ont témoigné de la dynamique électorale de mouvements populistes distribués sur l'ensemble de l'axe gauche-droite. Au regard des succès nationaux des partis populistes, les élections européennes de mai 2019 constituaient un test grandeur nature de la mesure de l'influence de ces mouvements au sein des pays de l'Union européenne.Les résultats du scrutin européen se lisent, nous allons le voir, à l'aune de la diversité du phénomène populiste tel qu'il se développe aujourd'hui sur l'ensemble du continent. Ces résultats ont témoigné d'un fort recul des forces populistes de gauche en France, en Espagne ou en Grèce, notamment, là même où ces formations avaient enregistré une poussée significative, nourrie par la crise économique et financière de 2008. À l'est de l'Europe, le scrutin a confirmé l'audience à la baisse de partis populistes centristes « réformistes ». À droite, enfin, les mouvements populistes ont, à quelques exceptions près, essentiellement consolidé des positions acquises, pour beaucoup d'entre eux, dans le sillage de la crise des réfugiés de 2015.Globalement, l'Europe paraît donc avoir échappé à la « vague » populiste annoncée , quand bien même les résultats du scrutin en Italie, en France, en Hongrie, en Slovaquie ou en Pologne, notamment, ont témoigné de l'impact de ces formations, dessinant au final un paysage européen plus fragmenté et plus polarisé. Avec, en filigrane, un ensemble d'interrogations quant à l'impact des forces populistes sur les grandes orientations et les choix politiques de l'Union européenne dans les années à venir et les différentes opportunités politiques et électorales offertes à ce type d'acteurs.