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L'auteur souligne, d'entrée de jeu, que si beaucoup de réflexions contemporaines sur les rapports entre la société et l'État se terminent par des points d'interrogation, c'est parce que nous ne savons pas de quelle société nous sommes en train de parler. La conscience de cette limite devient ainsi un instrument méthodologique indispensable pour interroger l'actuelle société qui déplace ses investissements sur les dimensions symboliques de l'action humaine. Par la suite, l'auteur examine l'incidence sur cette société du fait que l'information soit devenue la ressource centrale dans la production de la reproduction. Il poursuit en se penchant sur la transformation de la logique de domination et l'obligation qu'elle entraîne de dégager de nouveaux instruments d'analyse et la nécessité de faire faire un saut qualitatif aux concepts sociologiques pour aborder avec pertinence les nouvelles questions que ce social nouveau impose. C'est là que se pose la problématique de l'information, comme ressource centrale, et de son rapport à l'individualisation socialisée. L'auteur conclut que cette nouvelle individualisation, caractérisée par la capacité d'apprendre à apprendre, met en jeu une certaine idée du sujet collectif. Alors, le problème pour l'analyste est de repérer le champ de dilemmes, de conflits, et les conditions d'apparition des acteurs, des mouvements sociaux. En conclusion, l'auteur souligne que l'interrogation scientifique sur le champ est elle-même un élément du champ, et donc que les chercheurs, analystes et théoriciens sont autant construits par l'action sociale qu'ils contribuent à la construction de cette dernière. Ce qui l'amène à terminer en précisant qu'en avoir conscience constitue pour le « scientifique » son seul avantage et sa seule responsabilité.

Cet article pose la question du nouveau statut de l'expérience du temps dans une société complexe à dimension planétaire. Le temps n'est plus seulement linéaire mais multiple, et pour les individus, la question se pose de savoir, d'une part, comment reconduire cette multiplicité à l'unité et, d'autre part, comment contenir ses décalages dans un parcours intégré. En particulier, la coupure entre temps internes et temps sociaux se fait plus aiguë et le temps du corps, des rythmes biologiques et émotionnels, ne s'intègre plus facilement aux cadences d'une société accélérée et fondée sur la raison instrumentale.

Dans cet article, l'auteur présente trois nouveaux mouvements sociaux qui ont vu le jour dans les sociétés complexes. Ces mouvements répondent à des besoins d'identification, de reconnaissance et d'appartenance, en même temps qu'ils s'attaquent à la redéfinition de la culture et des codes symboliques. L'auteur identifie d'abord le mouvement ethno-national, soit le mouvement de collectivités qui veulent jouer un rôle politique qui leur a été enlevé au cours de la formation des États-nations. Ensuite, il présente le mouvement des femmes qui réclame le droit à la différence. Enfin, il prétend que le mouvement écologique dépasse de loin la lutte contre la pollution.

À partir des nouveaux conflits de classe propres aux sociétés industrielles avancées, l'auteur s'interroge sur les mouvements sociaux originaux qui les caractérisent aussi. Une description des principales dimensions de ces mouvements amène à y voir deux contenus privilégiés : la centralita du corps et une utopie régressive à contenu religieux. Le rôle essentiel de la sociologie face à ces phénomènes est finalement esquissé.

Au départ, l'auteur examine les mouvements sociaux en tant que réseaux de groupes, de points de rencontres et de solidarité, réseaux dont les liens sont plus étroits lors d'une action collective et plus lâches en situation normale. Mais l'action collective, étant inséparable des démarches et des besoins des individus, est toujours menacée d'éclatement et, pour vraiment atteindre sa pleine expression, ne peut se passer de la politique. C'est pourquoi le quotidien est le terrain privilégié où prennent naissance les mouvements sociaux et c'est dans l'action volontaire que les individus se groupent pour résoudre ce qui les préoccupe. L'action volontaire fournit un objectif commun ; elle est une réponse aux dichotomies qui séparent la réalité sociale. Elle est aussi une réaction aux actions de l'État, elle défie le pouvoir en place, propose des alternatives de sens et offre une forme de contrôle social. L'auteur croit enfin que l'action volontaire élargit les espaces politiques.

Der Autor bezieht sich auf die Diskussion der vergangenen Jahre in der Forschung zu sozialen Bewegungen, um einen kritischen Beitrag zu jener Gestalt zu geben, die soziale Bewegungen in den letzten drei Jahrzehnten gewonnen haben. Weiterhin werden jene Probleme thematisiert, die die politischen Systeme in Europa mit den spezifischen Inhalten und Formen dieser Bewegungen haben. Bei dem Überblick zeigt sich ein neues konzeptionelles Universum, in dem die Soziologie sozialer Bewegungen mit fortschreitender Geschwindigkeit vorankommt. Die europäische Perspektive hat substantielle Beiträge zu einem Wendepunkt in der Bewegungsforschung geliefert, und der Autor versucht, die Konsequenzen dieses "Vermächtnisse" in Form einiger grundlegender Fragen zusammenzufassen. (pre)

This article discusses how inner rhythms and social roles can be kept together and how to pass from one to another without breaking the unity and continuity of one's identity. The author first outlines some of the paradoxes that a complex society based on information creates in the experience of time. He then analyses how the opposition of inner rhythms and social rhythms in everyday life leads to new pressures on personal identity and social organization, and considers how to cope with the fragmentation and multiplication of times. The ability to change in the present by preserving the continuity and the boundaries of one's existence is the challenge faced by contemporary individuals, but this new situation makes time a locus of social conflicts, where individual experience transforms itself into a social energy for change.

Interviewee Melucci describes the personal route that determined the trajectory of his work & the theoretical influences on that work. Melucci's interest in issues of power & subordination is traced to his working-class Catholic background, & to the fact that he was raised in a country with a strong communist tradition. Melucci's relationship to the Marxist tradition of social criticism is discussed, as well as his debt to & differences from recent social theorists such as Jurgen Habermas & Michel Foucault. It is stressed by Melucci that relationships of power must be conceived as always ambivalent & as never constituting the total context of any given relationship. Melucci suggests that some of the ambiguity in his own work may be traced to the fact that the world is undergoing a conceptual change, in which old terms & concepts of modern ways of thinking are the only available way for analyzing new problems. Melucci's approach to social movements is briefly distinguished from those of others in the field, drawing on recent examples. It is suggested by Melucci that, in the near future, more social movements will act as media for the expression of political grievances, & groups not formally classifiable as social movements will nonetheless adopt elements of movements. D. M. Smith

This paper examines the main features of the emerging global information society and tries to understand the place of the individual within it. The issue of identity is addressed in its deep, ambivalent dimensions and the question of whether present-day society can still be analysed within the conceptual legacy of modernity is discussed. While new forms of power and domination emerge, the nature of conflicts is changing as well. In this framework social knowledge plays a central role and social scientists are asked to take on new responsibilities.

Presents a processual approach to collective identity that emphasizes the process through which an action system is constructed. On this view, collective identity involves cognitive definitions concerning: the ends, means, & field of action; a network of active relationships between actors; & a degree of emotional investment that allows individuals to feel part of a larger collective whole. It is argued that this understanding of collective identity opens a field view of collective action that situates these processes in the social field in which they are conducted. Further, it is asserted that this view of collective identity contributes to an understanding of collective action in highly differentiated cultural systems & helps scholars move past a global & metaphysical conception of collective actors as heroes or villains. Specific research methods appropriate for analyzing collective identity through this prism are discussed & illustrated in a brief review of literature tracking the formation of collective identity in the women's movement of the 1970s. Finally, it is contended that studying collective identity in this fashion means closing the distance between observer & observed to recognize that researchers are also participating in the uncertain construction of this process. D. M. Smith

Discusses the contributions of new social movements to the transformation of the biological, emotional, & cognitive structures on which individuals construct their experience & relationships. It is suggested that the emergence of a transnational dimension in issues & social agents has produced the possibility of creating a unified, global cultural space. Social movements function in this context as signals by addressing individuals as individuals & by confronting them with key social dilemmas. Included in these dilemmas are autonomy vs control, irreversibility of information vs reversible choices, & inclusion vs exclusion. For the first time in human history, individuals experience these dilemmas not as part of a homegeneous class group, but as individual choicemakers. By modeling ways in which individuals can take care of both the external political & social world & the internal world of emotions & meaning, new social movements offer hope that individuals can collectively choose to contribute to a more democratic, just, & compassionate society on a world scale. D. M. Smith