The aim of this paper rests on three aspects. The first is to assess the organization of the policies of support of performing arts in France. We shall examine strategies of 4 levels of government. The State historically plays a central role in cultural public support. Cities are also key actors for it. Departments occupy a peculiar and variable place. Regions are new poles, still minor, of the governmental support of performing arts. For all these actors, we shall analyse their mode of intervention, their level of financing, and the main choices they do according to areas (dance, theatre, music) and types of action.The second objective is to examine the kind of relationship between the main levels of public action. We shall show that the public action, in show, is mainly marked by multilevel partnerships. If the State is not predominant any more in terms of financial support, it remains crucial within the process of artistic recognition.The third objective is to analyse the two main changes that affect this different public policies today. The emergence of new territorial institutions, the Metropolitan Communities, affects the financial and space conditions of cultural democratization. The new practices of festivals allow to go beyond the traditional debate about the pertinence of such events in terms of innovation, employment, social and spatial access and territorial attractivity.
International audience ; Il faut se souvenir que le fait de confier à la puissance publique des responsabilités en matière de culture ne tombe pas sous le sens. Cette idée est le fruit d'un long travail politique, qui remonte au début du XX ème siècle en France, mais qui n'est partagée ni dans les mêmes termes ni selon les mêmes formes dans d'autres pays, occidentaux ou non. Cette idée est installée au point qu'aucun discours officiel ne se donne pour objectif de faire reculer les dépenses de culture, comme on l'entrevoit ici ou là pour la défense ou la santé, par exemple. Paradoxalement, la culture bénéficie aussi d'une légitimité limitée, de deux points de vue. Du point de vue sectoriel, la justification de la dépense culturelle publique s'appuie, depuis Keynes,sur l'incapacité de l'initiative privée à rendre un service ou faire naître des biens culturels dans des conditions satisfaisantes d'équité et de qualité. C'est donc une légitimité «par défaut». Du point de vue territorial, la pertinence à agir repose sur la volonté des représentants, plus que sur une sorte de quadrillage de services publics, à l'instar de l'Éducation nationale par exemple. Il en ressort que la culture -qui a beau être un domaine au périmètre mouvant –n'est que très partiellement une affaire publique. Sur la totalité de la production culturelle de référence telle qu'elle est recensée par le Département des études, de la prospective et des Statistiques du ministère de la Culture1, on estime à 18% la part de la production non-marchande (c'est à dire dont le prix représente moins de 50% du coût de production par un important niveau de financement public) et à 82% celle de la production marchande2. Mais si le secteur non marchand pèse d'un poids relativement limité, il occupe une place considérablement plus importante en termes d'orientation globale du domaine culturel.
Vademecum ; La coopération a longtemps été considérée comme une voie privilégiée de mise en œuvre des politiques culturelles en France. Depuis plus d'une décennie, elle fait à la fois l'objet de formalisations juridiques-‐ dont les EPCC sont un exemple – et de remises en question politiques qui touchent au portage, à la responsabilité et à l'évaluation des projets que cette coopération recouvre. La coopération culturelle politique (CCP) renvoie pour nous à l'intrication nécessaire des trois notions : la coopération politique renvoie une culture d'action publique ; la politique culturelle implique une réflexion et une pratique de la coopération ; la coopération culturelle est intrinsèquement politique. Nous commençons par balayer les objections qui se dressent contre l'association des trois termes. Nous envisageons ensuite ses justifications et implications. Nous proposons enfin ce qui en découle au plan des principes.
Le rôle des idées dans les politiques publiques a surtout fait l'objet de débats et développement dans l'analyse de politiques sectorielles. Le niveau national de leurs agenda et mise en œuvre a été privilégié comme angle d'attaque et comme base de comparaison. Les politiques transversales ont été moins souvent mobilisées, même si elles ont démontré que l'articulation entre idées et action publique y était également pertinente, tout en soulevant les débats mentionnés en introduction. Les politiques territoriales, qu'il s'agisse de la territorialisation des politiques publiques ou de la mise en œuvre de politiques visant expressément le champ d'intervention et de pouvoir territoriaux, n'ont pas bénéficié d'un éclairage équivalent. Pourtant, on peut penser que les mérites analytiques de cette articulation y sont de plus en plus sensibles.
The aim of this paper rests on three aspects. The first is to assess the organization of the policies of support of performing arts in France. We shall examine strategies of 4 levels of government. The State historically plays a central role in cultural public support. Cities are also key actors for it. Departments occupy a peculiar and variable place. Regions are new poles, still minor, of the governmental support of performing arts. For all these actors, we shall analyse their mode of intervention, their level of financing, and the main choices they do according to areas (dance, theatre, music) and types of action.The second objective is to examine the kind of relationship between the main levels of public action. We shall show that the public action, in show, is mainly marked by multilevel partnerships. If the State is not predominant any more in terms of financial support, it remains crucial within the process of artistic recognition.The third objective is to analyse the two main changes that affect this different public policies today. The emergence of new territorial institutions, the Metropolitan Communities, affects the financial and space conditions of cultural democratization. The new practices of festivals allow to go beyond the traditional debate about the pertinence of such events in terms of innovation, employment, social and spatial access and territorial attractivity.
La politique culturelle française est souvent considérée comme l'expression, planifiée et rationnelle, d'un modèle d'État centralisé puisant ses racines dans une histoire singulière. Cette représentation a pour conséquence de donner à cette politique des racines historiques très linéaires, et de lui accorder, pour le présent, une cohérence centralisatrice qu'elle n'a sans doute plus aujourd'hui. L'histoire de la politique culturelle française puise certes ses origines dans la Révolution française, lorsqu'un abbé du Tiers Etats, l'abbé Grégoire, eut l'idée de confier à l'État la charge, au nom de la Nation, de protéger et de conserver le patrimoine jadis propriété monarchique et aristocratique, et d'en ouvrir l'accès au plus grand nombre, plutôt que d'en organiser la destruction. Le transfert à un État séculier de la charge d'un patrimoine « privé » est sans doute l'un des tous premiers geste de la puissance publique en matière de culture, même si le mot n'est pas utilisé à cette époque. C'est à l'issue de la période révolutionnaire que se créent les Archives nationales, la Bibliothèque nationale et le Muséum central des Arts (Monnier 1995). Cette logique est, dans son principe, à l'opposé des pratiques royales de soutien personnel aux arts, bien que les dernières étapes de la monarchie avaient consacré le passage d'une logique purement individuelle (mécénale) à un encadrement du champ artistique, notamment par la surintendance générale des Bâtiments du roi, Arts et Manufactures, et par le rôle des académies. Le XIX ème siècle connaîtra, dans la continuité de ce premier pilier de politique culturelle, la première formation d'une administration des Monuments Historiques, puis d'une administration des Beaux-arts, qui sera rattachée, le plus souvent, au ministère de l'Intérieur, puis, lors de l'établissement de la République (1870) au ministère de l'Instruction publique (éducation nationale).
International audience ; Le cycle de réforme territoriale entamé en 2009 et qui s'achèvera (provisoirement) en 2015 a oscillé, sur les questions culturelles, entre respect et relégation. Respect quand il s'est agi de rappeler la singularité du domaine, et en faire un objet de compétence partagée, de commission spécifique, d'exception renouvelée. Relégation quand on observe l'écart entre l'intensité des débats (sur la refondation des politiques culturelles, sur la compétence obligatoire, sur le rôle de l'État, sur les droits culturels, etc.) et la modestie de l'article … 28 de la loi NOTRe, qui se contente d'affirmer le partage de cette compétence et l'existence d'une Conférence Territoriale de l'Action Publique pour en définir les contours pratiques dans chaque région. L'impression d'incohérence structurelle de la réforme territoriale doit d'abord être expliquée, en ne remontant qu'à 2007. Au fond, cette incohérence n'est qu'une apparence, ou plutôt la conséquence d'un projet très cohérent, lui. En matière de culture, le cadre territorial dont il est question mérite d'être apprécié dans son bilan, dans ses perspectives désormais critiques. C'est sur la base de celles-ci que nous proposons enfin une réflexion un peu décalée sur la régionalisation. Dans ce papier, nous traiterons peu de la compétence culturelle stricto sensu, car il nous semble plus opportun de parler à ce sujet de responsabilité politique et de moyens. Une incohérence délibérée ? À un niveau très général, on ne peut être que frappé par l'incohérence des différentes étapes franchies sur la question territoriale en France, lorsqu'on se penche sur les textes de loi successifs qui ont entendu la refonder. La loi de réforme des collectivités territoriales du 16 janvier 2010 était le fruit d'une annonce présidentielle de 2008. Ayant supprimé la clause de compétence générale pour les régions et départements, mais échoué à appliquer cette restriction à la Culture, celle-ci demeurait avec le sport et le tourisme une exception. Les collectivités territoriales pouvaient donc toutes développer leur intérêt à agir dans ce champ, sans autre entrave que leurs moyens et volontés souveraines. Elles étaient dotées d'une représentation mutualisée sous la forme du conseiller territorial, à la fois circonscription d'action départementale et régionale. Le retour de la gauche au pouvoir conduisit le président nouveau à annoncer, pareillement, une réforme où les collectivités retrouvaient l'exercice de cette compétence générale, où les conseillers territoriaux disparaissaient au profit de binômes paritaires et cantonaux, où les métropoles étaient affirmées comme le nouveau pivot d'un territoire moderne. Dans la douleur, cette réforme accouchait d'un texte peu lisible le 27 janvier 2014, où les métropoles, en nombre réduit, se révélaient être de grosses communautés urbaines, tout au plus. Dans les mois qui suivirent, la majorité opéra un revirement sous la double forme d'une fusion entre régions et d'une suppression annoncée des départements. Les spécialistes des questions territoriales savent en France que les deux niveaux dont l'onction démocratique remonte à la III ème République (la commune et le département) sont les phénix de la réforme : toujours
International audience ; Le cycle de réforme territoriale entamé en 2009 et qui s'achèvera (provisoirement) en 2015 a oscillé, sur les questions culturelles, entre respect et relégation. Respect quand il s'est agi de rappeler la singularité du domaine, et en faire un objet de compétence partagée, de commission spécifique, d'exception renouvelée. Relégation quand on observe l'écart entre l'intensité des débats (sur la refondation des politiques culturelles, sur la compétence obligatoire, sur le rôle de l'État, sur les droits culturels, etc.) et la modestie de l'article … 28 de la loi NOTRe, qui se contente d'affirmer le partage de cette compétence et l'existence d'une Conférence Territoriale de l'Action Publique pour en définir les contours pratiques dans chaque région. L'impression d'incohérence structurelle de la réforme territoriale doit d'abord être expliquée, en ne remontant qu'à 2007. Au fond, cette incohérence n'est qu'une apparence, ou plutôt la conséquence d'un projet très cohérent, lui. En matière de culture, le cadre territorial dont il est question mérite d'être apprécié dans son bilan, dans ses perspectives désormais critiques. C'est sur la base de celles-ci que nous proposons enfin une réflexion un peu décalée sur la régionalisation. Dans ce papier, nous traiterons peu de la compétence culturelle stricto sensu, car il nous semble plus opportun de parler à ce sujet de responsabilité politique et de moyens. Une incohérence délibérée ? À un niveau très général, on ne peut être que frappé par l'incohérence des différentes étapes franchies sur la question territoriale en France, lorsqu'on se penche sur les textes de loi successifs qui ont entendu la refonder. La loi de réforme des collectivités territoriales du 16 janvier 2010 était le fruit d'une annonce présidentielle de 2008. Ayant supprimé la clause de compétence générale pour les régions et départements, mais échoué à appliquer cette restriction à la Culture, celle-ci demeurait avec le sport et le tourisme une exception. Les collectivités ...
La politique culturelle française est souvent considérée comme l'expression, planifiée et rationnelle, d'un modèle d'État centralisé puisant ses racines dans une histoire singulière. Cette représentation a pour conséquence de donner à cette politique des racines historiques très linéaires, et de lui accorder, pour le présent, une cohérence centralisatrice qu'elle n'a sans doute plus aujourd'hui. L'histoire de la politique culturelle française puise certes ses origines dans la Révolution française, lorsqu'un abbé du Tiers Etats, l'abbé Grégoire, eut l'idée de confier à l'État la charge, au nom de la Nation, de protéger et de conserver le patrimoine jadis propriété monarchique et aristocratique, et d'en ouvrir l'accès au plus grand nombre, plutôt que d'en organiser la destruction. Le transfert à un État séculier de la charge d'un patrimoine « privé » est sans doute l'un des tous premiers geste de la puissance publique en matière de culture, même si le mot n'est pas utilisé à cette époque. C'est à l'issue de la période révolutionnaire que se créent les Archives nationales, la Bibliothèque nationale et le Muséum central des Arts (Monnier 1995). Cette logique est, dans son principe, à l'opposé des pratiques royales de soutien personnel aux arts, bien que les dernières étapes de la monarchie avaient consacré le passage d'une logique purement individuelle (mécénale) à un encadrement du champ artistique, notamment par la surintendance générale des Bâtiments du roi, Arts et Manufactures, et par le rôle des académies. Le XIX ème siècle connaîtra, dans la continuité de ce premier pilier de politique culturelle, la première formation d'une administration des Monuments Historiques, puis d'une administration des Beaux-arts, qui sera rattachée, le plus souvent, au ministère de l'Intérieur, puis, lors de l'établissement de la République (1870) au ministère de l'Instruction publique (éducation nationale).
International audience ; Patrick Williams, dans ses travaux anthropologiques sur les manouches, a établi la façon dont, pour à la fois vivre le deuil d'un proche et souder la communauté, on n'évoquait plus jamais celui-ci une fois trépassé, après avoir détruit ses biens 1. À leur manière, Rémy Le Saout et Sébastien Vignon sont les anthropologues de la déférence muette inverse : celle qui touche au naissant, c'est à dire au pouvoir intercommunal. Leur question de recherche est en effet, pour la troisième fois, celle-ci : comment se fait-il que l'intercommunalité ne soit pas plus présente dans la campagne pour les élections municipales, alors qu'elle s'est généralisée sur l'ensemble du territoire ? Cette élection, politisée comme scrutin intermédiaire (deux ans après l'élection présidentielle) pour la première fois depuis longtemps contre la gauche au pouvoir ; qui a connu en quelques endroits la dramatisation de victoires possibles du Front National ; qui a plus que perturbé les structures héréditaires de l'éligibilité en rabaissant le seuil des scrutins de liste à 1000 habitants ; cette élection se paierait le luxe de négliger l'apport majeur pour la démocratisation du bloc local : l'affirmation de l'intercommunalité ? On sent bien qu'il y a là comme un problème dans le questionnement.
La perspective de réaliser un état des lieux des arts visuels en France a fait l'objet de plusieurs séries de discussions avec les différents membres du CIPAC ainsi qu'avec des représentants du ministère de la Culture, et notamment de la Direction Générale à la Création Artistique. Le présent rapport constitue une première ébauche de ce que pourrait apporter un tel état des lieux en abordant quatre grands registres :a) les données économiques et financières, en nous intéressant aux postes de recettes (subventions, fonds privés, ressources propres); de dépenses (artistiques, administratives, techniques, communication)b) les données sociales et humaines, en analysant l'emploi de ces institutionsc) les données culturelles, en analysant les activités de ces structures, intra-muroset hors les murs, en direction de publics spécifiques, etc.d) les données artistiques qui, outre les dépenses spécialement repérées, setraduisent par une série d'actions spécifiquement tournées vers les artistes : résidences, acquisitions, exposition, etc.
International audience ; Patrick Williams, dans ses travaux anthropologiques sur les manouches, a établi la façon dont, pour à la fois vivre le deuil d'un proche et souder la communauté, on n'évoquait plus jamais celui-ci une fois trépassé, après avoir détruit ses biens 1. À leur manière, Rémy Le Saout et Sébastien Vignon sont les anthropologues de la déférence muette inverse : celle qui touche au naissant, c'est à dire au pouvoir intercommunal. Leur question de recherche est en effet, pour la troisième fois, celle-ci : comment se fait-il que l'intercommunalité ne soit pas plus présente dans la campagne pour les élections municipales, alors qu'elle s'est généralisée sur l'ensemble du territoire ? Cette élection, politisée comme scrutin intermédiaire (deux ans après l'élection présidentielle) pour la première fois depuis longtemps contre la gauche au pouvoir ; qui a connu en quelques endroits la dramatisation de victoires possibles du Front National ; qui a plus que perturbé les structures héréditaires de l'éligibilité en rabaissant le seuil des scrutins de liste à 1000 habitants ; cette élection se paierait le luxe de négliger l'apport majeur pour la démocratisation du bloc local : l'affirmation de l'intercommunalité ? On sent bien qu'il y a là comme un problème dans le questionnement.
La perspective de réaliser un état des lieux des arts visuels en France a fait l'objet de plusieurs séries de discussions avec les différents membres du CIPAC ainsi qu'avec des représentants du ministère de la Culture, et notamment de la Direction Générale à la Création Artistique. Le présent rapport constitue une première ébauche de ce que pourrait apporter un tel état des lieux en abordant quatre grands registres :a) les données économiques et financières, en nous intéressant aux postes de recettes (subventions, fonds privés, ressources propres); de dépenses (artistiques, administratives, techniques, communication)b) les données sociales et humaines, en analysant l'emploi de ces institutionsc) les données culturelles, en analysant les activités de ces structures, intra-muroset hors les murs, en direction de publics spécifiques, etc.d) les données artistiques qui, outre les dépenses spécialement repérées, setraduisent par une série d'actions spécifiquement tournées vers les artistes : résidences, acquisitions, exposition, etc.