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Mentre si celebra il centenario dell'accordo Sykes-Picot, la disintegrazione attuale degli Stati siriano e iracheno resta frequentemente attribuita al supposto carattere «artificiale» che avrebbero loro conferito le frontiere coloniali fissate arbitrariamente. Qui viene messa in causa l'eterogeneità etnico-confessionale delle entità create dagli imperialismi francese e britannico, aventi come corollario l'idea che qui si sarebbe di fronte a Stati che avrebbero fatto fallimento per l'assenza di identità nazionale. Qui per la Siria si porterà l'argomento inverso, affermando che la persistenza dei legami primordiali etnici e confessionali, in quanto vettori di mobilitazione politica, non risulta dalla debolezza dell'idea nazionale, ma piuttosto da quella di istituzioni statali, le quali, essendo di recente costruzione, si sono mostrate permeabili a queste solidarietà primordiali e le hanno anzi rafforzate. ; Alors que l'on célèbre le centenaire de l'accord Sykes-Picot, la désintégration actuelle des États syrien et irakien demeure fréquemment attribuée au caractère supposément «artificiel» que leur aurait conféré l'arbitraire des frontières coloniales. Est ici mise en cause l'hétérogénéité ethno-confessionnelle des entités créées par les impérialismes français et britannique, avec pour corollaire l'idée que l'on serait ici face à des États qui auraient échoué du fait de l'absence d'identité nationale. On fera ici, pour la Syrie, l'argument inverse en affirmant que la persistance des liens primordiaux ethniques et confessionnels en tant que vecteurs de mobilisation politique ne résulte pas de la faiblesse de l'idée nationale mais plutôt de celle d'institutions étatiques qui, parce que de construction récente, se sont montrées perméables à ces solidarités primordiales et les ont renforcées en retour.

Principale faction rebelle syrienne, Ahrar al-Sham est fondé début 2012 par des militants jihadistes libérés l'année précédente de la prison de Seydnaya. D'emblée, le mouvement engage une dynamique de déradicalisation qui le différencie d'al-Qaeda et de l'État Islamique d'Irak dans sa relation au reste de l'opposition, aux États régionaux, et aux objectifs du soulèvement de 2011. Cette déradicalisation ne s'est pas opérée en dépit de la guerre civile mais, à l'inverse, à cause de cette dernière. Confrontés au phénomène inédit d'une large mobilisation populaire armée, les fondateurs d'Ahrar al-Sham opèrent une révision critique de l'avant-gardisme jihadiste et se rallient à une lutte définie comme une révolution syrienne plutôt que comme une simple étape du jihad global. Combinée à un partenariat étroit avec la Turquie et le Qatar, cette mise à distance de l'internationale jihadiste, confortera la dynamique de déradicalisation du mouvement.

Le projet d'unir au sein d'une « Armée Syrienne Libre » (ASL) l'essentiel des unités combattant le régime de Bachar al-Assad a largement échoué. Toutefois, les structures de l'insurrection syrienne se sont graduellement consolidées du fait de regroupements de taille plus modeste, mais dotés d'une cohésion et d'une cohérence supérieures à celles de l'ASL.