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After conquering land and power over the colonial domination, the new political elites in the independant Maghreb had to conquer historical depth, in other words, time itself. For that purpose, they had to develop « political narratives of the past » meant to justify the existence of a Nation. More than "why », this paper will consider "how ", which is to say, the different ways to forge these narratives. From this point of view, the comparison between Tunisia and Algeria is revealing. Close geographically, culturally, politically, both countries are faced with this need to reclaim history and time in order to forge a sense of national belonging. Yet, the analysis reveals major variations in the way each one « tells the past », with differences in form and content. This text proposes some hypotheses concerning the historical constraints, social and political factors that are causing these variations. ; Au lendemain des indépendances, après avoir conquis la terre et le pouvoir, il restait aux nouvelles élites politiques du Maghreb à reconquérir le temps, à se réapproprier la profondeur historique afin de justifier l'existence au présent d'une Nation. Pour ce faire, il leur fallait élaborer des récits politiques du passé. Plus qu'au « pourquoi », on s'intéressera ici au « comment », c'est-à-dire aux différentes façons possibles de formuler ces récits. La comparaison entre la Tunisie et l'Algérie est, de ce point de vue, révélatrice. Proches géographiquement, culturellement, politiquement, les deux pays sont pareillement confrontés à cette nécessité de se réapproprier l'histoire et le temps afin de forger un sentiment d'appartenance national. Et pourtant, l'analyse comparative de la façon dont chacun s'y prend fait apparaître des variations considérables quant aux modes d'énonciation de ces récits, tant dans la forme que dans le contenu. Ce texte propose quelques hypothèses sur les contraintes historiques, sociales et politiques spécifiques qui sont à l'origine de ces variations.

After conquering land and power over the colonial domination, the new political elites in the independant Maghreb had to conquer historical depth, in other words, time itself. For that purpose, they had to develop « political narratives of the past » meant to justify the existence of a Nation. More than "why », this paper will consider "how ", which is to say, the different ways to forge these narratives. From this point of view, the comparison between Tunisia and Algeria is revealing. Close geographically, culturally, politically, both countries are faced with this need to reclaim history and time in order to forge a sense of national belonging. Yet, the analysis reveals major variations in the way each one « tells the past », with differences in form and content. This text proposes some hypotheses concerning the historical constraints, social and political factors that are causing these variations. ; Au lendemain des indépendances, après avoir conquis la terre et le pouvoir, il restait aux nouvelles élites politiques du Maghreb à reconquérir le temps, à se réapproprier la profondeur historique afin de justifier l'existence au présent d'une Nation. Pour ce faire, il leur fallait élaborer des récits politiques du passé. Plus qu'au « pourquoi », on s'intéressera ici au « comment », c'est-à-dire aux différentes façons possibles de formuler ces récits. La comparaison entre la Tunisie et l'Algérie est, de ce point de vue, révélatrice. Proches géographiquement, culturellement, politiquement, les deux pays sont pareillement confrontés à cette nécessité de se réapproprier l'histoire et le temps afin de forger un sentiment d'appartenance national. Et pourtant, l'analyse comparative de la façon dont chacun s'y prend fait apparaître des variations considérables quant aux modes d'énonciation de ces récits, tant dans la forme que dans le contenu. Ce texte propose quelques hypothèses sur les contraintes historiques, sociales et politiques spécifiques qui sont à l'origine de ces variations.

After conquering land and power over the colonial domination, the new political elites in the independant Maghreb had to conquer historical depth, in other words, time itself. For that purpose, they had to develop « political narratives of the past » meant to justify the existence of a Nation. More than "why », this paper will consider "how ", which is to say, the different ways to forge these narratives. From this point of view, the comparison between Tunisia and Algeria is revealing. Close geographically, culturally, politically, both countries are faced with this need to reclaim history and time in order to forge a sense of national belonging. Yet, the analysis reveals major variations in the way each one « tells the past », with differences in form and content. This text proposes some hypotheses concerning the historical constraints, social and political factors that are causing these variations. ; Au lendemain des indépendances, après avoir conquis la terre et le pouvoir, il restait aux nouvelles élites politiques du Maghreb à reconquérir le temps, à se réapproprier la profondeur historique afin de justifier l'existence au présent d'une Nation. Pour ce faire, il leur fallait élaborer des récits politiques du passé. Plus qu'au « pourquoi », on s'intéressera ici au « comment », c'est-à-dire aux différentes façons possibles de formuler ces récits. La comparaison entre la Tunisie et l'Algérie est, de ce point de vue, révélatrice. Proches géographiquement, culturellement, politiquement, les deux pays sont pareillement confrontés à cette nécessité de se réapproprier l'histoire et le temps afin de forger un sentiment d'appartenance national. Et pourtant, l'analyse comparative de la façon dont chacun s'y prend fait apparaître des variations considérables quant aux modes d'énonciation de ces récits, tant dans la forme que dans le contenu. Ce texte propose quelques hypothèses sur les contraintes historiques, sociales et politiques spécifiques qui sont à l'origine de ces variations.

International audience ; For over a decade, research networks have become one of the most visible form of international scientific cooperation. Between Northern and Southern shores of the Mediterranean, networks have superseded traditional forms of cooperation based on flows of people. One of the largest network, the Ramses Network of excellence in human and social sciences was created in 2006 with European funding support. Through this experience of scientific cooperation, this article analyses the role of researchers for inscribing such a network onto the European agenda.The article further attempts to assess the extent to which such cooperation may herald the development of an autonomous Mediterranean scientific space vis-a-vis the national and european political authorities. ; Depuis plus d'une dizaine d'années, les réseaux de chercheurs sont devenus l'une des formes les plus visibles de la coopération scientifique internationale. Entre les rives Nord et Sud de la Méditerrannée, ils ont succédé, ils ont succédé à des modes de coopération basés sur des flux massifs de personnes. L'un des plus importants de ces réseaux (le Réseau d'excellence Ramses en sciences humaines et sociales) a commencé à fonctionner en 2006 sur financements européens. A travers cette expérience singulière de coopération scientifique, l'article propose d'analyser le rôle des chercheurs dans l'inscription à l'agenda européen d'un tel réseau et tente d'apprécier dans quelle mesure celui-ci peut préfigurer la mise en place d'un espace scientifique méditerranéen doté d'une certaine autonomie notamment vis-à-vis des intances politiques, nationales d'une part, européennes de l'autre.

International audience ; For over a decade, research networks have become one of the most visible form of international scientific cooperation. Between Northern and Southern shores of the Mediterranean, networks have superseded traditional forms of cooperation based on flows of people. One of the largest network, the Ramses Network of excellence in human and social sciences was created in 2006 with European funding support. Through this experience of scientific cooperation, this article analyses the role of researchers for inscribing such a network onto the European agenda.The article further attempts to assess the extent to which such cooperation may herald the development of an autonomous Mediterranean scientific space vis-a-vis the national and european political authorities. ; Depuis plus d'une dizaine d'années, les réseaux de chercheurs sont devenus l'une des formes les plus visibles de la coopération scientifique internationale. Entre les rives Nord et Sud de la Méditerrannée, ils ont succédé, ils ont succédé à des modes de coopération basés sur des flux massifs de personnes. L'un des plus importants de ces réseaux (le Réseau d'excellence Ramses en sciences humaines et sociales) a commencé à fonctionner en 2006 sur financements européens. A travers cette expérience singulière de coopération scientifique, l'article propose d'analyser le rôle des chercheurs dans l'inscription à l'agenda européen d'un tel réseau et tente d'apprécier dans quelle mesure celui-ci peut préfigurer la mise en place d'un espace scientifique méditerranéen doté d'une certaine autonomie notamment vis-à-vis des intances politiques, nationales d'une part, européennes de l'autre.

International audience ; For over a decade, research networks have become one of the most visible form of international scientific cooperation. Between Northern and Southern shores of the Mediterranean, networks have superseded traditional forms of cooperation based on flows of people. One of the largest network, the Ramses Network of excellence in human and social sciences was created in 2006 with European funding support. Through this experience of scientific cooperation, this article analyses the role of researchers for inscribing such a network onto the European agenda.The article further attempts to assess the extent to which such cooperation may herald the development of an autonomous Mediterranean scientific space vis-a-vis the national and european political authorities. ; Depuis plus d'une dizaine d'années, les réseaux de chercheurs sont devenus l'une des formes les plus visibles de la coopération scientifique internationale. Entre les rives Nord et Sud de la Méditerrannée, ils ont succédé, ils ont succédé à des modes de coopération basés sur des flux massifs de personnes. L'un des plus importants de ces réseaux (le Réseau d'excellence Ramses en sciences humaines et sociales) a commencé à fonctionner en 2006 sur financements européens. A travers cette expérience singulière de coopération scientifique, l'article propose d'analyser le rôle des chercheurs dans l'inscription à l'agenda européen d'un tel réseau et tente d'apprécier dans quelle mesure celui-ci peut préfigurer la mise en place d'un espace scientifique méditerranéen doté d'une certaine autonomie notamment vis-à-vis des intances politiques, nationales d'une part, européennes de l'autre.

Temps et Histoire occupent une place majeure dans l'expression de la pensée politique bourguibienne. Au coeur du projet de l'Etat tunisien indépendant, il y a en effet l'affirmation d'une rupture définitive avec le passé et de l'avènement d'une nouvelle histoire désormais soumise à la raison et à la volonté humaine. A travers les discours et les écrits de Bourguiba, il s'agira d'analyser comment cette sorte de "prophétie profane" - qui n'est pas sans rappeler les textes utopiques du XVIIIème siècle occidental - entend effacer une conception cyclique du temps politique (ascension, grandeur, décadence) et lui substituer une vision nouvelle, celle de l'histoire linéaire, ascendante et infinie dont la substance est un temps cumulatif, quantifiable et donc planifiable. Au centre de ce bouleversement, le leader destourien se pose comme la figure du "grand législateur", dont l'acte fondateur fait se confondre le destin personnel avec celui du pays tout entier.

Temps et Histoire occupent une place majeure dans l'expression de la pensée politique bourguibienne. Au coeur du projet de l'Etat tunisien indépendant, il y a en effet l'affirmation d'une rupture définitive avec le passé et de l'avènement d'une nouvelle histoire désormais soumise à la raison et à la volonté humaine. A travers les discours et les écrits de Bourguiba, il s'agira d'analyser comment cette sorte de "prophétie profane" - qui n'est pas sans rappeler les textes utopiques du XVIIIème siècle occidental - entend effacer une conception cyclique du temps politique (ascension, grandeur, décadence) et lui substituer une vision nouvelle, celle de l'histoire linéaire, ascendante et infinie dont la substance est un temps cumulatif, quantifiable et donc planifiable. Au centre de ce bouleversement, le leader destourien se pose comme la figure du "grand législateur", dont l'acte fondateur fait se confondre le destin personnel avec celui du pays tout entier.

Temps et Histoire occupent une place majeure dans l'expression de la pensée politique bourguibienne. Au coeur du projet de l'Etat tunisien indépendant, il y a en effet l'affirmation d'une rupture définitive avec le passé et de l'avènement d'une nouvelle histoire désormais soumise à la raison et à la volonté humaine. A travers les discours et les écrits de Bourguiba, il s'agira d'analyser comment cette sorte de "prophétie profane" - qui n'est pas sans rappeler les textes utopiques du XVIIIème siècle occidental - entend effacer une conception cyclique du temps politique (ascension, grandeur, décadence) et lui substituer une vision nouvelle, celle de l'histoire linéaire, ascendante et infinie dont la substance est un temps cumulatif, quantifiable et donc planifiable. Au centre de ce bouleversement, le leader destourien se pose comme la figure du "grand législateur", dont l'acte fondateur fait se confondre le destin personnel avec celui du pays tout entier.

International audience ; In the first years following independence of Tunisia, the National University was placed in a special position, both in the heart of the political project and in some kind of space apart in which the rules leading the rest of the society did not apply. This status of extra-sociality first placed the university "upstream" of the whole society, with the mission to build the frames of the Nation itself. Gradually, the academic field also assumed the role of an alternative political space where political currents that were banned or heavily controlled outside the area of the campus, could express their opposition. From the 1990s, however, this exceptional status has progressively disappeared, the Tunisian University has been "trivialized" and it now seems subject to trends at work in the rest of the society: acceleration of the transition to a market economy on the one hand, increasing political control of the other, leading to a depoliticization of the society. ; Dans les premières années qui ont suivi l'indépendance de la Tunisie, l'Université s'est trouvée dans une position particulière, à la fois au cœur du projet politique et dans une sorte d'espace à part, ne paraissant pas obéir exactement aux mêmes règles que celles s'appliquant au reste du tissu social tunisien. Ce statut d'extra-socialité lui a dans un premier temps valu d'être placée « en amont » de la société toute entière, avec la mission de créer les cadres de la Nation. Progressivement, elle a également assumé le rôle d'espace politique de substitution permettant l'expression et la confrontation de courants et de sensibilités politiques interdits ou très fortement contrôlés en dehors de l'espace des campus. A partir des années 1990, cependant, ce statut d'exception s'est peu à peu transformé, l'université tunisienne s'est effectivement « banalisée » par rapport au reste de la société et elle semble aujourd'hui soumise aux grandes tendances actuellement à l'œuvre dans la société tunisienne : l'accélération de la transition vers ...

International audience ; In the first years following independence of Tunisia, the National University was placed in a special position, both in the heart of the political project and in some kind of space apart in which the rules leading the rest of the society did not apply. This status of extra-sociality first placed the university "upstream" of the whole society, with the mission to build the frames of the Nation itself. Gradually, the academic field also assumed the role of an alternative political space where political currents that were banned or heavily controlled outside the area of the campus, could express their opposition. From the 1990s, however, this exceptional status has progressively disappeared, the Tunisian University has been "trivialized" and it now seems subject to trends at work in the rest of the society: acceleration of the transition to a market economy on the one hand, increasing political control of the other, leading to a depoliticization of the society. ; Dans les premières années qui ont suivi l'indépendance de la Tunisie, l'Université s'est trouvée dans une position particulière, à la fois au cœur du projet politique et dans une sorte d'espace à part, ne paraissant pas obéir exactement aux mêmes règles que celles s'appliquant au reste du tissu social tunisien. Ce statut d'extra-socialité lui a dans un premier temps valu d'être placée « en amont » de la société toute entière, avec la mission de créer les cadres de la Nation. Progressivement, elle a également assumé le rôle d'espace politique de substitution permettant l'expression et la confrontation de courants et de sensibilités politiques interdits ou très fortement contrôlés en dehors de l'espace des campus. A partir des années 1990, cependant, ce statut d'exception s'est peu à peu transformé, l'université tunisienne s'est effectivement « banalisée » par rapport au reste de la société et elle semble aujourd'hui soumise aux grandes tendances actuellement à l'œuvre dans la société tunisienne : l'accélération de la transition vers ...

In the first years following Tunisia's independence, the University was in a special position, both at the heart of the political project and in a sort of space, which did not seem to follow exactly the same rules as those applying to the rest of Tunisia's social fabric. His status as an extra-sociality was initially placed 'upstream' of society as a whole, with the task of creating the Nation's executives. Gradually, it has also assumed the role of alternative political space allowing the expression and confrontation of political currents and sensitivities that are banned or very heavily controlled outside campus space. Since the 1990s, however, this status as an exception has gradually changed, the Tunisian university has in fact become 'banalised' in relation to the rest of society and today appears to be subject to the major trends currently taking place in Tunisian society: accelerating the transition to a liberal economy on the one hand, and increasing political control on the other, leading to a depoliticisation of society. ; International audience In the first years following independence of Tunisia, the National University was placed in a special position, both in the heart of the political project and in some kind of space apart in which the rules leading the rest of the society did not apply. This status of extra-sociality first placed the university "upstream" of the whole society, with the mission to build the frames of the Nation itself. Gradually, the academic field also assumed the role of an alternative political space where political currents that were banned or heavily controlled outside the area of the campus, could express their opposition. From the 1990s, however, this exceptional status has progressively disappeared, the Tunisian University has been "trivialized" and it now seems subject to trends at work in the rest of the society: acceleration of the transition to a market economy on the one hand, increasing political control of the other, leading to a depoliticization of the society. ...

International audience ; In the first years following independence of Tunisia, the National University was placed in a special position, both in the heart of the political project and in some kind of space apart in which the rules leading the rest of the society did not apply. This status of extra-sociality first placed the university "upstream" of the whole society, with the mission to build the frames of the Nation itself. Gradually, the academic field also assumed the role of an alternative political space where political currents that were banned or heavily controlled outside the area of the campus, could express their opposition. From the 1990s, however, this exceptional status has progressively disappeared, the Tunisian University has been "trivialized" and it now seems subject to trends at work in the rest of the society: acceleration of the transition to a market economy on the one hand, increasing political control of the other, leading to a depoliticization of the society. ; Dans les premières années qui ont suivi l'indépendance de la Tunisie, l'Université s'est trouvée dans une position particulière, à la fois au cœur du projet politique et dans une sorte d'espace à part, ne paraissant pas obéir exactement aux mêmes règles que celles s'appliquant au reste du tissu social tunisien. Ce statut d'extra-socialité lui a dans un premier temps valu d'être placée « en amont » de la société toute entière, avec la mission de créer les cadres de la Nation. Progressivement, elle a également assumé le rôle d'espace politique de substitution permettant l'expression et la confrontation de courants et de sensibilités politiques interdits ou très fortement contrôlés en dehors de l'espace des campus. A partir des années 1990, cependant, ce statut d'exception s'est peu à peu transformé, l'université tunisienne s'est effectivement « banalisée » par rapport au reste de la société et elle semble aujourd'hui soumise aux grandes tendances actuellement à l'œuvre dans la société tunisienne : l'accélération de la transition vers ...

Tunisia's scientific system can be seen as the contradictory confluence of a state discourse prescribing the constitution of a national science to serve socio-economic development and the successful transplantation of the most academic elements of the French system of the 1960s and 1970s. These streams of influences provide a ground of both strengths and weaknesses. Strengths lie in the fact that this process has generated representations held by the researchers constructed around certain values imbued from public sector research, inter national collaboration and excellence. The scientific community in Tunisia in a large measure sees itself as being invested with a mission: the reliable production and transmission of knowledge, whose continuity in the long term must be ensured. These representations have no doubt helped Tunisian research overcome the many trials and tribulations of its short history. However, on the other hand, the state policies from the mid-1990s have set to reorganise the research system to make it more responsive to the economic and practical demands of the society. The combination of these influences which have historically shaped Tunisian science, will be explored in this paper.