La tentative avortee de la prise de Malte par les Francais en mars 1798 : ordres, contrordres et ambiguites de la politique mediterraneenne du Directoire ; Mediterranean seascapes : proceedings of an International Conference held in Malta in conjunction with Euromed Heritage II, Navigation du Savoir...
Le 9 juin 1798, la flotte de Bonaparte en route pour l'Egypte s'empara de Malte, mettant fin à près de trois siècles de domination de l'archipel par les Chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Si l'Histoire a retenu cette date, elle a généralement oublié que cette conquête avait été envisagée depuis plusieurs mois par le général en chef et qu'elle aurait dû avoir lieu en mars de la même année. Le présent article se propose, à travers une étude chronologique des nombreuses correspondances échangées à l'époque entre les protagonistes de l'affaire, de reconstituer l'origine, la préparation, puis l'échec de cette première tentative des Français pour s'emparer de Malte. Mais, avant d'entrer dans le vif du sujet, remontons quelques années en arrière : la toute première menace d'un projet d'intervention militaire française date de novembre 1792. Elle émanait de l'abbé Grégoire qui menaçait Malte d'une expédition par l'escadre de l'Amiral Truguet, si la Convention n'obtenait pas une « réparation éclatante » des insultes faites, par des chevaliers, à des capitaines français qui avaient arboré la cocarde tricolore. Entre cette affaire et l'événement dont il est question ici, les deux puissances maintinrent un statu quo qui leur était profitable, surtout à la France qui trouvait dans l'île un utile relais à son commerce du Levant. Des crises survinrent, mais jamais aucune des parties n'en vint à la rupture. Malheureusement pour l'ordre de Saint-Jean, l'évolution de la Première République française, et, surtout, les succès militaires qu'elle remporta, scellèrent son sort. ; peer-reviewed