DES VILLES INVISIBLES : L'URBANITE DANS L'HISTOIRE COREENNE
International audience ; Passé le temps des célébrations olympiques et de leur capitale universelle d'un mois, expédiées les images ressassées d'une actualité sans histoire, Séoul est retournée après 1988 à sa coutumière discrétion. Sur la scène des mégapoles du XXe s., les gaz lacrymogènes paraissent suffire à son image. Qu'est-ce donc qui institue et constitue la ville coréenne ? Malgré ses onze millions d'habitants et les dix-huit de son agglomération, la locomotive et vitrine de la mutation coréenne, n'a pas généré de discours sur la ville et sur les divers attributs de l'urbanité qu'à nos yeux produit pareille concentration humaine. Il y va ici de trente années plus dévouées à l'urgence de la croissance, à la performance chiffrée qu'attentives à leur inscription dans l'espace sous forme de villes démesurées : l'amélioration spectaculaire des conditions élémentaires de vie a, un temps, occulté la réflexion sur la qualité de la vie et sur ses dimensions proprement urbaines. Il y va peut-être aussi d'attitudes plus profondément ancrées dans une culture où la morphologie sociale qui oppose ville et campagne s'impose moins immédiatement à la pensée des territoires humains que la morphologie politique qui met en Corée l'accent sur le prestige de la fonction administrative, non sur la ville en soi. Ces villes invisibles de l'histoire coréenne alimentent ainsi le débat ancien sur les villes asiatiques -miroirs aussi où se cherchentdes villes d'occident en crise et une pensée de la ville elle-même bousculée.