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Les archives du Rhône conservent, en neuf liasses, une correspondance et des registres d'affaires, rédigés en français et en espagnol, dont la lecture ouvre d'intéressants aperçus sur le commerce des Français, et particulièrement des Lyonnais, à Cadix dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.Documents de premier ordre, non encore dépouillés, dont l'intérêt m'était apparu lors d'un sondage fait au cours de l'été 1952, alors que j'allais en Italie sur les traces des négociants en étamines du Mans, dont quelquesuns avaient eu des relations avec leur confrère de Lyon installé pendant vingt ans à Cadix. Il s'agit des papiers du négociant et commissionnaire en soieries Antoine Granjean.

On croit savoir quelque chose sur le protestantisme français. On ouvre le beau livre d'ÉMILE-G. LÉONARD et l'on s'aperçoit qu'on ne sait rien du tout. L'aventure n'est pas unique, mais elle est rare.Je dis : « le protestantisme français ». En fait le livre s'intitule : Le Protestant français, ce qui n'est pas la même chose ; je ne puis feindre de l'ignorer puisqu'Émile-G. Léonard veut bien rappeler que je suis pour quelque chose dans la genèse de cet ouvrage. En fait, j'aurais bien voulu le publier dans l'une de nos collections Annales, mais, en ces temps de pénurie généralisée, le sentiment dispose plus vite que la raison n'exécute. L'apparition de ce beau travail ne fait qu'accroître mes regrets ; mais après tout, l'essentiel est qu'il ait vu le jour.

Cette Italie romantique, où Stendhal cherchait des esprits libres et des âmes passionnées, offrait à une intelligence curieuse d'art, de lettres et de musique, mais plus encore de politique et d'un gouvernement libéral des peuples modernes, un spectacle étonnamment divers et riche d'émotion. Sans doute, c'était au théâtre milanais de la Scala, dans la loge de Ludovico di Breme, qu'Henri Beyle entretenait son culte de Cimarosa et se plaisait à causer avec Vincenzo Monti, Silvio Pellico, Pietro Borsieri, Melchiorre Gioia, Ermete Visconti, Federico Confalonieri, Giovanni Berchet, des dernières nouveautés de France et d'Italie. Mais de telles nouveautés engageaient le présent et l'avenir de deux grands pays. Stendhal n'aimait pas les Bourbons ; ses amis lombards rêvaient aux destinées historiques de l'Italie.

En inscrivant sur la liste des livres utiles à l'historien celui que GEORGES GUSDORF publie sous ce titre Mythe et métaphysique: Introduction à la philosophie, je ne pense certes pas à faire admirer l'étendue de mes lectures philosophiques, mais dès la première page de ce livre alerte je lis ces lignes qui ne peuvent pas échapper à mon attention d'historien : « La pensée philosophique … justifie chacune de ses affirmations selon les normes de l'intelligibilité logique. Toute doctrine se présente ainsi comme un corps de vérités abstraites, valables en dehors de l'espace et du temps. » Il y a là une sorte de paradoxe. Car, poursuit notre auteur, « la réflexion philosophique, bien qu'elle se veuille indépendante de l'histoire ou maîtresse, le cas échéant, d'un secret qui donne la clef de l'histoire, comme il arrive chez Hegel ou chez Marx, apparaît pourtant dans le mouvement de l'histoire. La pensée la plus novatrice a des antécédents … ». Vérité dont, ici, nous sommes tous pénétrés.