Cette contribution s'intéresse à l'évolution institutionnelle de l'évaluation au sein de la coopération belge au développement et plus spécifiquement à notre cas d'étude : le Service de l'Evaluation Spéciale de la coopération belge au développement (SES). Nous présenterons dans ce document les raisons de la création de ce service au début des années 2000. En effet, le SES, avec d'autres acteurs, est le résultat d'une grande réforme de la coopération issue d'une lourde crise. Nous reviendrons sur son mandat, sur ses spécificités organisationnelles (ressources financières et humaines) ainsi que son cadre de référence normatif. La question de la culture évaluative sera questionnée, ainsi que son lien avec l'émergence du New Public Management dans la politique de coopération au développement. Enfin, nous questionnerons la légitimité d'une structure telle que le SES au regard d'un cadrage théorique mixte (Scott, 1995 ; Suchmann, 1995) et de la théorie des parties prenantes. ; Peer reviewed
Reconnu comme culte en Belgique en 1974, le culte islamique a été le premier organisé sur une base provinciale et non plus locale. Une autre de ses particularités réside dans le fait que de nombreuses mosquées ne sont pas reconnues, soit parce qu'elles ne le souhaitent pas, soit parce que la démarche de reconnaissance n'a pas encore abouti. Cela n'est pas sans conséquence sur les relations avec les autorités locales d'une part, sur le fonctionnement global du culte islamique d'autre part. Enfin, la résurgence des questions d'ordre public et de sécurité amène de nouvelles questions en matière de régulation, tant dans le champ administratif que sécuritaire. Plus de quarante ans après la reconnaissance du culte islamique, quelles conclusions peut-on en tirer quant à l'efficacité de la régulation publique – locale, provinciale, régionale et fédérale ; à l'équité de son traitement en regard des autres cultes et organisations philosophiques reconnus ; au modèle « belge » de « vivre ensemble ». ; Peer reviewed
Désormais Docteur en histoire contemporaine et actuellement chercheur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et enseignant à Sciences Po Paris, Sébastien Ledoux a consacré sa recherche doctorale à l'étude de l'expression « devoir de mémoire » en France. La publication de sa thèse sous le titre « Le devoir de mémoire – Une formule et son histoire » donne de la visibilité à une recherche dont les résultats chamboulent certaines certitudes bien établies1. L'auteur retrace ainsi la naissance de l'expression, les usages qui en sont faits, les sens variés que peuvent lui donner les acteurs s'en emparant successivement ainsi que sa mutation en « formule »2. Les recherches de Sébastien Ledoux se basent principalement sur les archives de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) analysées au moyen du logiciel de logométrie « Hyperbase », mais aussi sur des entretiens réalisés avec des scientifiques, des journalistes et des hommes politiques liés au devoir de mémoire, par l'étude ou l'usage qu'ils en firent.
L'objet de cette thèse vise à analyser d'un point de vue comparé, les liens étroits qui existent entre le phénomène de l'immigration (clandestine), les processus d'intégration régionale actuellement en cours dans l'espace EuroMed et les Amériques et la sécurité (nationale/humaine). Et parallèlement, l'impact de ces considérations sur les droits fondamentaux des migrants en transit ou en situation irrégulière dans ces espaces ; ainsi que sur le rôle et les responsabilités traditionnellement reconnus à l'État. L'accent ici étant mis sur l'UE et les Etats-Unis en tant que pays d'accueil ; le Mexique et le Maroc, simultanément en tant que pays d'émigration, d'immigration et de transit.
Dans l'évolution de la situation politique, sécuritaire ou économique des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Kosovo, Macédoine, Monténégro, Serbie) des acteurs extérieurs, comme la Turquie, ont joué un rôle important ces vingt-cinq dernières années. Les États de cette région ont vécu, durant une période longue sous la domination de l'Empire ottoman dont le successeur direct a été la Turquie moderne, à l'exception de la Croatie qui a été sous influence de l'Empire austro-hongrois. Suite à la fin de la guerre froide, à la chute du communisme en Albanie et aux guerres des années 1990 en ex-Yougoslavie, la Turquie a renouvelé son intérêt pour la région. Toutefois, c'est à partir de 2002, avec l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP), que l'État turc – inspiré par la doctrine de « profondeur stratégique » du Premier ministre actuel Ahmet Davutoğlu – est devenu un important acteur régional. D'ailleurs, depuis la fondation de la République turque en 1923, ses relations avec les Balkans occidentaux n'ont jamais été aussi intenses. En effet, la crise financière et économique que connaît l'Union européenne (UE) depuis 2008 a affecté sévèrement les économies des Balkans occidentaux, particulièrement dans les domaines des investissements directs étrangers (IDE), des financements privés et des transferts de fonds de la diaspora. Par conséquent, l'influence de la Turquie mais également de la Russie, de la Chine, et de certains pays arabes du Moyen-Orient a augmenté dans la région. Cependant, en dépit de la crise européenne et de ses répercussions sur les pays balkaniques, l'adhésion à l'UE reste une priorité tant pour ces derniers que pour la Turquie. Dans cette contribution, nous nous pencherons sur la question centrale des défis que représente la pénétration turque dans les Balkans occidentaux pour le déploiement de l'UE dans cette région. Cette question se déclinera en plusieurs sous-questions : quels sont les intérêts de la Turquie dans les Balkans occidentaux ? La présence assertive turque dans cette région présente-t-elle des défis pour le régionalisme européen ? Les stratégies de la Turquie et de l'UE vis-à-vis des Balkans occidentaux sont-elles compétitrices ou complémentaires ? Pour ce faire, la première partie, divisée en trois sections, sera consacrée notamment à la première étape de la pénétration turque dans la région, à savoir celle des années 1990. Enfin, dans la deuxième, elle-même scindée en trois sections, l'analyse portera sur la période post-2000 traitant le processus d'élargissement de l'UE vers la région et la projection assertive de la Turquie. ; Peer reviewed
Dès son arrivée au pouvoir, Obama a pris le soin de tenir un discours de rupture avec son prédécesseur dont l'action interventionniste et belliqueuse avait terni l'image des ÉU dans le monde. Il a sous-entendu qu'il ne se laisserait pas enfermer dans des cadres idéologiques et qu'il privilégierait une approche « pragmatique » et « souple », et fait savoir qu'il n'engagerait plus les ÉU dans des opérations militaires de grande envergure. Ce discours d'une approche au cas par cas combiné à la politique du retrait militaire d'Irak et d'Afghanistan, et au fait que Obama a parfois été amené à adopter une attitude réactive pour répondre aux soubresauts de l'actualité internationale ont alimenté la perception dominante selon laquelle cette administration se désintéressait et se désengageait du monde, et déployait une politique étrangère marquée par l'indécision, l'improvisation et l'absence de vision à long terme. On ne peut omettre que cette administration a parfois du adapter et ajuster sa politique en fonction des événements internationaux. Faut-il pour autant conclure que sous Obama la première puissance mondiale a navigué à vue sur la scène internationale ? ; Peer reviewed
This paper aims to determine the effects of EU sanctions on the Russian economic crisis and the motives behind the issuance of the sanctions in the first place. This paper shows that Russia's economy witnessed a short recession from the end of 2014 onwards. The analysis of its economic performances indicates that the oil prices crisis hit Russia far more than what would have been expected, decreasing its economic growth, exports and imports, and triggered a sharp depreciation of the ruble. The reason behind it is that Western sanctions prevented banks and businesses to use Western financial markets to refund their debts and counterbalance the economic shock of the oil price crisis.
In the wake of the Lisbon Treaty, much of the academic debate on national parliaments in the EU has focused on the new powers of national parliaments and the potential for the politicisation and parliamentarisation of the EU. In the process, the role of administrators in the parliamentary control of EU affairs has been neglected. This article addresses that gap by comparing parliamentary administrations to a set of ideal types on the basis of in-depth interviews and a comparative survey of parliamentary staff. This leads to the observation that the roles of parliamentary administrators have been further expanded after Lisbon to a range of tasks that go beyond technical support and include elements of agenda-setting.
signed the New Deal, aimed at reinforcing the coherence of the Brussels employment policy through partnerships between the stakeholders concerned, both private and public. The evaluation of this public policy is a first in the Brussels-Capital Region. This article takes a reflective look at its results, obtained from case studies and focus groups. It provides an operational overview of the coordination mechanisms which have been implemented, according to the point of view of stakeholders involved in the New Deal: do these new methods of cooperation reveal the emergence of a new public governance in the Brussels Region? It shows that the transformations targeted by the New Deal in the area of governance between stakeholders in Brussels are characterised by the will for the transversality of public intervention, but in the end remain limited by the institutional division which it claims to transcend. The method of coordination, which is too informal and dependent on the stakeholders present – and even on people – and their means, would benefit from reinforcement, to guarantee the continuity of the approach and ensure that coordination is not reduced to a juxtaposition of stakeholders. ; Peer reviewed
This article analyses the positions of Germany, France and the EU institutions with regard to the negotiations on two of the most important elements agreed: the Single Supervisory Mechanism (SSM) and the Single Resolution Mechanism (SRM). This article highlights the different approaches and lines of conflict on the centralisation of competences, legal basis, and, in case of the SRM, the sources of funding.
This article revisits the debate about the place of Europe on the international stage. Faced with the growing power of emerging countries, what place can the European Union (EU) hope to occupy? In other words, is the world in the process of developing outside Europe, or is Europe positioning itself as one of the principal centres of the international order? In attempting to answer this vast and complex question, the article will examine three points.The first will look at the distribution of global power through the rise of emerging powers. Second, it will examine Europe in the light of changes affecting the international order. There are opposing interpretations.The vision of a Europe in decline is contrasted with arguments that present the Union of twenty-eight Member States as one of the leading poles of the new, emerging international order.The exaggerated nature of these visions persuaded us to favour a third way – that of a European player with relative influence, but 'under construction'. ; Peer reviewed
La contribution se propose d'étudier les nouvelles obligations qui découlent du « pacte budgétaire » contenu dans le « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'union économique et monétaire ». Il s'agit d'un traité intergouvernemental signé par vingt-cinq États membres de l'Union européenne (à l'exclusion du Royaume-Uni et de la République Tchèque) dont le contenu est appelé à être intégré dans le cadre juridique de l'Union avant le 1er janvier 2018. Dans le contexte d'une double dynamique que connaissent actuellement les finances publiques des États membres de la zone euro – d'un côté, la construction de l'Union économique et monétaire européenne et de l'autre côté, dans certains pays, des phénomènes de décentralisation fiscale – le resserrement de la discipline budgétaire européenne semble traduire une tendance vers l'émergence de nouveaux principes constitutionnels de type financier. En Belgique, les modalités concrètes de transposition de ces nouvelles obligations – à savoir, l'incorporation en droit belge d'une règle d'équilibre budgétaire définie en termes structurels, l'instauration d'un « mécanisme de correction interne » et la mise en place d'une autorité de contrôle budgétaire indépendante, passent par la signature d'un accord de coopération et de nouvelles missions confiées à la section « Besoins de financement des pouvoirs publics » du Conseil supérieur des finances. ; Peer reviewed
Abstract: Since coming to power of the Justice and Development Party (Adalet ve Kalkinma Partisi, AKP) in 2002, Turkey, like other emerging powers, does not hesitate to pursue a policy based on diversification of its external relations in order to play a greater role on the international scene. The Turkish government has adopted a foreign policy so called "zero problems" with neighboring countries including the Western Balkans. Through such a policy, the Turkish authorities are making efforts to regain influence in this area, which for five centuries was part of the Ottoman Empire. However, current circumstances in the Balkans are totally different compared to those of a century ago. Therefore, proactive ambitions of Turkish foreign policy for a classic domination of the region appear to be inconsistent with the time.
Un article consacré aux conséquences sociales de la triple catastrophe (tremblement de terre, tsunami et accident nucléaire) qui a touché le Japon le 11 mars 2011. Cette étude menée dans le cadre du projet DEVAST (Disaster Evacuation and Risk Perceptions in Democracies) et fondée sur un travail d'enquête sur place un an après la catastrophe, analyse la réponse des autorités japonaises et les processus d'évacuation – et de retour – des populations. L'étude montre ainsi des différences notables dans la gestion du volet naturel de la catastrophe et celle de l'accident nucléaire ; cette dernière a d'une part remis en cause la gestion du risque et d'autre part créé un désastre social en divisant les communautés affectées.
L'article se penche sur la nature de l'ordre international actuel et sur le rôle joué par les puissances émergentes sur la scène mondiale. L'article s'interroge sur les implications des émergents dans la diffusion du pouvoir mondial mais aussi sur les limites de la puissance des émergents. La question centrale est de savoir si l'ordre mondiale est passé de l'unipolarité à la multipolarité ou si le phénomène transnational et la mondialisation ne créent pas plutôt un ordre apolaire. ; Peer reviewed