La littérature académique comme institutionnelle en matière de risques urbains a connu de substantiels développements au cours des dernières décennies, avec un changement progressif du regard porté sur la question des catastrophes « naturelles », notamment à la lumière du changement climatique. Ce phénomène simultanément planétaire, irréversible, et anthropogénique, qui multipliera et accentuera très vraisemblablement les événements catastrophiques d'origine météorologique tout autour de la planète, bouleverse profondément « l'archipel du danger » : après un stade de prise de conscience au tournant des 1990, marqué par le lancement de la Décennie Internationale de prévention des catastrophes naturelles (DIPCN) et du Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (GIEC), un autre seuil a été franchi au tournant de ce siècle, caractérisé par le développement de risques systémiques d'une ampleur inégalée accompagnant la mondialisation des problèmes écologiques, sociaux, et économiques qui menacent gravement les posssibilités de développement durable. Du fait de ce bouleversement de perspectives, les travaux sur la question des risques naturels et climatiques, longtemps aléa-centrés, et par conséquent focalisés sur la question de l'atténuation des phénomènes eux-mêmes, se concentrentaujourd'hui davantage sur la question de l'atténuation des impacts et des vulnérabilités qu'ils révèlent. Beaucoup de travaux mettent alors l'accent sur les conditions biophysiques et socioéconomiques pouvant conduire à des situations de catastrophes et proposent donc le développement d'outils de diagnostic des vulnérabilités. Très peu, cependant, adoptent une approche territorialisée, centrée sur la ville, tentant de lier le fonctionnement et le développement urbain avec les vulnérabilités au changement climatique et les moyens de les réduire grâce à des stratégies d'adaptation adéquates.Face aux formes accentuées de risques que les sociétés urbaines contribuent à renforcer voire à créer en lien avec le changement climatique et ses impacts, c'est précisément ce manque d'attention accordé au couple vulnérabilité/adaptation que cette recherche s'est attachée à combler avec un triple objectif. En premier lieu, cette recherche revêt une dimension de théorisation et de conceptualisation visant à mieux définir et caractériser des notions fortement interdisciplinaires et transversales sur lesquelles les points d'achoppement scientifiques et les débats sont nombreux (vulnérabilité, résilience, adaptation, développement urbain durable…). En deuxième lieu, cette recherche vise à progresser dans la compréhension des impacts du changement climatique sur les systèmes anthropisés (vulnérabilité) et dans l'identification des facteurs qui déterminent la capacité de réponse des sociétés urbaines(résilience) face à ce méta-risque local qui redéfinit et redessine les autres risques et aléas. Enfin, en lien avec les objectifs écologiques, économiques et sociaux d'un développement urbain durable, cette recherche tente de formuler des pistes et propositions en vue de contribuer à l'émergence de stratégies d'adaptation et d'atténuation renouvelées, destinées à accroître la résilience urbaine face au changement climatique, en particulier des sociétés etdes territoires les plus vulnérables. L'enjeu est de participer à la construction des éléments qui composeront la ville durable de demain en proposant des éléments de réponse aux questions suivantes : A quelles conditions l'apparition ou l'exacerbation de vulnérabilités territoriales par le changement climatique peut-elle opérer comme un levier pour la prise en compte d'enjeux globaux dans l'action locale ? Comment penser les indispensables articulations, miseen cohérence, et coordination entre les actions d'atténuation et les actions d'adaptation dans une stratégie cohérente et intégrée aux préoccupations de développement urbain durable ? Comment adapter les dynamiques urbaines (formes, mobilité, planification, etc.) pour rendre les villes moins vulnérables aux évolutions climatiques et moins génératrices d'émissions de gaz à effet de serre (GES) ?Pour répondre à ces questions de recherche, les principales hypothèses formulées sont les suivantes :1) La question de l'articulation des différentes échelles spatio-temporelles (local/global, court terme/long terme) est une question particulièrement saillante dans l'étude des effets du changement climatique pour les territoires urbains et leur vulnérabilité (ou leur résilience) à ces impacts ;2) La perception des risques, leur acceptabilité sociale, la part des responsabilités globales (pressions anthropiques indirectes) et des responsabilités locales (pressions anthropiques directes) à des problèmes rencontrés sur les territoires, le gradient et la pertinence des réponses sont très variables suivant les interlocuteurs, les intérêts représentés, l'échelon territorial où l'on se situe ;3) L'amélioration de la résilience urbaine face aux évolutions climatiques passe par une meilleure compréhension de phénomènes complexes et interdépendants fondée sur une nouvelle approche, systémique et interdisciplinaire, de la ville et de la dialectique vulnérabilité/adaptation qui permette l'identification non seulement de l'ensemble des facteurs de vulnérabilité intrinsèques des systèmes urbains mais aussi de leurs interrelations en tenant compte notamment des effets de dominos, de seuils, et de rétroactions.Compte tenu des objectifs visés, la démarche adoptée dans cette recherche nous a conduits, en lien avec les enjeux de développement urbain durable, à envisager les concepts d'impacts du changement climatique et d'adaptation dans le cadre d'une analyse globale des vulnérabilités urbaines plus apte à comprendre la complexité des processus en question. Dans ce dessein, nous proposons une nouvelle vision des interactions entre les facteurs climatiqueset l'évolution des sociétés urbaines, fondée sur une approche interdisciplinaire en termes de vulnérabilité et de résilience/adaptation (capacités dynamiques de récupérer et de s'adapter face à un changement défavorable) et une représentation systémique afin d'éclairer les interdépendances complexes des systèmes sociaux, économiques et environnementaux et de mieux comprendre les différentes dynamiques qui participent à la fragilisation croissante dessociétés humaines. Cette recherche a ainsi été l'occasion d'explorer la façon dont les effets localisés du changement climatique se combinent sur les territoires aux autres dysfonctionnements, tensions et dégradations… et aux processus sociopolitiques pour donner aux politiques urbaines un caractère plus ou moins effectif, et en faire ou non un facteur d'accentuation de la vulnérabilité urbaine face aux risques climatiques. Car il ne suffit pas dedéfinir ou de constater la vulnérabilité urbaine pour en comprendre les ressorts. La vulnérabilité urbaine, qui est simultanément multidimensionnelle, multidisciplinaire et dynamique, n'est pas un concept simple à appréhender, surtout dans un contexte de changement climatique : d'une part, les impacts attendus des évolutions climatiques (et donc l'exposition future) sont marqués par une forte incertitude, surtout à l'échelle locale (évolution du climat moyen et/ou modification de la fréquence et de l'ampleur des événements extrêmes) ; d'autre part, il n'y a actuellement pas de consensus sur les déterminants de la résilience ou plus précisément de la capacité d'adaptation qui en est une des composantes, sachant que résilience et capacité d'adaptation sont largement contextuelles, ce qui freine les velléités de comparaison à grande échelle ; enfin, il n'y a pas davantage consensus sur la vulnérabilité elle-même et son lien à l'adaptation. Des limites des approches disciplinaires traditionnelles de représentation du couple vulnérabilité/adaptation fondées sur des relations de causalité linéaire, il nous est apparu indispensable de développer une approche interdisciplinaire et systémique pour réinterroger ce couple vulnérabilité/adaptation. On analyse ainsi comment le passage de la vulnérabilité urbaine au changement climatique aux réponses locales induit une chaîne de causalité complexe et non linéaire. Après avoir élaboré un schéma systémique du couple vulnérabilité/adaptation mettant en évidence des causalités circulaires et des boucles de rétroactions, nous montrons en quoi ce couple se situe d'emblée entre coévolution et incertitude. Ces questions théoriques ont des conséquences pratiques ou opérationnelles puisque les responsables locaux doivent composer avec les vulnérabilités de leur territoire au risque climatique, qui est devenu un nouvel enjeu pour la sécurité des biens et des personnes comme pour le devenir même des villes, et en tenir compte dans leurs politiques d'aménagement. La représentation du couple vulnérabilité/adaptation qu'ont en tête les responsables locaux n'esten effet pas sans incidence sur leur manière d'envisager leurs politiques locales de réponse au changement climatique. Il en est ressorti qu'une approche systémique était plus à même de contribuer à améliorer la résilience urbaine au travers de la formulation de stratégies d'adaptation et d'atténuation locales plus étroitement reliées et, qui plus est, intégrées à des politiques structurantes de développement urbain durable. Il apparaît toutefois, au vu des faits,que si le mot d'ordre de l'adaptation au changement climatique est de plus en plus intégré dans les discours des collectivités, il n'est encore que peu mobilisé dans les référentiels et stratégies d'actions. Bien que certaines incidences du changement climatique se manifestent déjà, la prise de conscience de la nécessité d'agir par les acteurs locaux commence à peine à s'opérer et les politiques en la matière n'en sont qu'à leurs balbutiements. C'est pourquoicette recherche, bien que volontairement focalisée sur la dimension d'« adaptation » au changement climatique, impliquait cependant de resituer les pratiques et stratégies d'adaptation dans le cadre d'une – éventuelle – « politique climat locale » et plus largement de développement urbain durable.
Las modificaciones que en el campo de la administración municipal se están sucediendo, gracias a las relativamente nuevas democracias instaladas en los modelos de gobierno de un considerable número de países en el mundo entero, es un fenómeno que se torna interesante para el análisis académico e institucional. Este nuevo fenómeno, unido a la imperiosa necesidad de los grandes centros urbanos de mejorar la calidad de vida de sus habitantes, como se hizo evidente en la Cumbre de Río 92, y a la vez ocupar una posición estratégica en el implacable juego económico de la globalización son los principales detonantes para motivar hoy, a las administraciones de las megaciudades, a trabajar en el logro de la utópica "Ciudad Sostenible". La intención de esta investigación fue generar, como producto final, una batería de indicadores que permitiera al gobierno local y a la sociedad civil evaluar el grado de gestión de las políticas públicas de sostenibilidad urbana, implementadas por parte de la administración municipal, para ello se propusieron como casos de estudio las megaciudades de Bogotá, Madrid, México D.F. y Sao Paulo. Dada la complejidad de los sistemas urbanos se hizo necesario recurrir a la Ciencia Posnormal como marco conceptual general para el análisis situacional de las diferentes ciudades, por ello, la estrategia metodológica seleccionada para este estudio fue el análisis comparativo tanto a nivel regional (norte –sur), como a nivel local (entre las ciudades objeto de este estudio). La sucesiva comparación de las diferentes dimensiones en las que se estudiaron las ciudades permitió obtener un diagnostico actualizado de las mismas, realizar inferencias sobre el grado de evolución conceptual de las políticas públicas que en el campo ambiental han alcanzado las megaciudades seleccionadas, insumos estos que, respaldados en la exhaustiva revisión bibliográfica y en el trabajo de campo llevado a cabo, condujeron a la investigadora a proponer, desde la percepción social, una batería de indicadores (INGEPSU) que permita a la comunidad entender y evaluar el grado de gestión que de las Políticas Públicas de Sostenibilidad Urbana han alcanzado sus gobernantes en el contexto local. Este estudio se realizó a la luz de los neoparadigmas de la globalización, la sostenibilidad, y el buen gobierno, teniendo siempre como referente la Gestión Ambiental. ; Les modifications qui se succèdent dans le domaine de l'administration municipale, grâce aux démocraties « relativement nouvelles » installées dans les modèles de gouvernement d'un nombre considérable de pays du monde entier, sont un phénomène qui devient intéressant pour l'analyse académique et institutionnelle. Ce nouveau phénomène, joint à l'impérieuse nécessité des grands centres urbains d'améliorer la qualité de vie de leurs habitants (comme cela est devenu évident lors du Sommet de Rio 92), et en même temps d'occuper une position stratégique dans l'implacable jeu économique de la globalisation sont les principaux détonants pour motiver aujourd'hui les administrations des méga-villes, afin qu'elles travaillent à la réussite de l'utopique « Ville Durable ». Le but de cette enquête a été de créer, en tant que produit final, une série d'indicateurs qui permettent au gouvernement local et à la société civile d'évaluer le degré de gestion des politiques publiques de durabilité urbaine, mises en place par l'administration municipale, et pour cela les méga-villes de Bogota, Madrid, Mexico et Sao Paulo ont été proposées comme cas d'étude. Étant donnée la complexité des systèmes urbains, le fait d'avoir recours à la Science Post-normale en tant que cadre conceptuel général pour l'analyse situationnelle des différentes villes est devenu nécessaire, et dans ce sens, la stratégie méthodologique choisie pour cette étude a été l'analyse comparative tant au niveau régional (nord-sud) qu'au niveau local (parmi les villes qui font l'objet de cette étude). La comparaison successive des différentes dimensions dans lesquelles ont été étudiées les villes a permis d'obtenir un diagnostic actualisé de celles-ci, de réaliser des inférences sur le degré d'évolution conceptuelle des politiques publiques qu'ont atteint les méga-villes choisies dans le domaine environnemental, des contribution qui, soutenus par la vérification bibliographique exhaustive et le travail de terrain mené à bien, ont poussé la chercheuse à proposer, depuis la perception sociale, une série d'indicateurs (INGEPSU) qui permette à la communauté de comprendre et d'évaluer le degré de gestion que les responsables des Politiques Publiques de Durabilité Urbaine ont atteint dans le contexte local. Cette étude a été réalisée à la lumière des néo paradigmes de la globalisation, de la durabilité, et du bon gouvernement, en prenant toujours comme modèle la Gestion Environnementale. ; Les modificacions que estan succeint en el camp de l'administració municipal, gràcies a les relativament noves democràcies instal•lades als models de govern de molts països d'arreu del món, és un fenomen que esdevé interessant per l'anàlisi acadèmica i institucional. Aquest nou fenomen, sumat a la imperiosa necessitat dels grans centres urbans de millorar la qualitat de vida dels seus habitants, tal com es va fer evident a la Cumbre de Río 92, i al mateix temps ocupar-hi un lloc estratègic en l'implacable joc econòmic de la globalització, són els principals detonants que motiven a les administracions de les megaciutats a treballar fins aconseguir la utòpica "ciutat sostenible". L'objectiu d'aquesta recerca ha sigut produir un conjunt d'indicadors que permetin als governs locals i a la societat civil avaluar el grau de gestió de les polítiques públiques de sostenibilitat urbana que apliquen les administracions municipals. Per això s'ha proposat fer casos d'estudi a las megaciutats de Bogotá, Madrid, México D.F. i São Paulo. Davant la complexitat dels sistemes urbans ha calgut recórrer a la Ciència Postnormal com el marc conceptual per a l'anàlisi de les diferents ciutats, per això, l'estratègia metodològica seleccionada ha sigut l'anàlisi comparativa tant regional (nord - sud), com local (entre les ciutats que són objecte d'estudi). La successiva comparació de les diferents dimensions en les quals s'han estudiat les ciutats n'ha permès obtenir una diagnosi actualitzada i poder fer inferències sobre l'evolució conceptual de les polítiques públiques que han aconseguit les megaciutats seleccionades al terreny ambiental. S'han generat una sèrie d'inputs que sota l'exhaustiva revisió bibliogràfica i l'experiència del treball de camp han permès a la investigadora proposar un conjunt d'indicadors (INGESPU), els quals s'han dissenyat des de la percepció social i que permetin entendre i avaluar quin grau de gestió de les polítiques públiques de sostenibilitat urbana han aconseguit els seus governants en el context local. Aquest estudi s'emmarca en els neoparadigmes de la globalització, la sostenibilitat i el bon govern, tenint sempre com a referent la Gestió Ambiental. ; The modifications that in the field of municipal administration have been occurring, because of the relatively new democracies settled within the government models of a quite high number of countries worldwide, are a phenomenon becoming interesting for the academic and institutional analysis. This new phenomenon, together with the urban centers' need to improve life quality of their inhabitants as it was evident during the Earth Summit Rio 92, as well as the need to take up a strategic position in the relentless economic globalization game, are the main triggers for, nowadays, encouraging the administration of mega-cities to work towards achieving the utopian "Sustainable City". The intention of this research was to generate, as a final product, a battery of indicators that would allow the local government and the civil society, to evaluate the level of public policies management regarding urban sustainability, implemented by the municipal administration. With this purpose, the megacities of Bogotá, Madrid, Mexico D.F., and Sao Paulo were proposed as study cases. It was necessary to make the most of the Post-normal Science as a general conceptual framework, bearing in mind the complexity of the urban systems, in order to make a situational analysis of different cities. Therefore, the methodological strategy chosen for this study was the comparative analysis not only at a regional level (north – south), but also at a local level (between the cities under study). The continued comparison of different dimensions from which the cities were studied, allowed obtaining an updated diagnosis about them. It also allowed carrying out inferences on the level of conceptual evolution of the public policies that on the environmental field have reached the selected megacities. These issues, supported on the exhaustive bibliographic revision and on the fieldwork carried out, led the researcher to propose from the social perception, a battery of indicators (INGEPSU) that may allow the community understanding and evaluating the level of management of the Public Policies of Urban Sustainability that its governors have reached in the local context. This study was developed in light of the neo-paradigms of globalization, sustainability and good government, having the Environmental Management as a referent. ; Postprint (published version)
Las modificaciones que en el campo de la administración municipal se están sucediendo, gracias a las relativamente nuevas democracias instaladas en los modelos de gobierno de un considerable número de países en el mundo entero, es un fenómeno que se torna interesante para el análisis académico e institucional. Este nuevo fenómeno, unido a la imperiosa necesidad de los grandes centros urbanos de mejorar la calidad de vida de sus habitantes, como se hizo evidente en la Cumbre de Río 92, y a la vez ocupar una posición estratégica en el implacable juego económico de la globalización son los principales detonantes para motivar hoy, a las administraciones de las megaciudades, a trabajar en el logro de la utópica "Ciudad Sostenible". La intención de esta investigación fue generar, como producto final, una batería de indicadores que permitiera al gobierno local y a la sociedad civil evaluar el grado de gestión de las políticas públicas de sostenibilidad urbana, implementadas por parte de la administración municipal, para ello se propusieron como casos de estudio las megaciudades de Bogotá, Madrid, México D.F. y Sao Paulo. Dada la complejidad de los sistemas urbanos se hizo necesario recurrir a la Ciencia Posnormal como marco conceptual general para el análisis situacional de las diferentes ciudades, por ello, la estrategia metodológica seleccionada para este estudio fue el análisis comparativo tanto a nivel regional (norte –sur), como a nivel local (entre las ciudades objeto de este estudio). La sucesiva comparación de las diferentes dimensiones en las que se estudiaron las ciudades permitió obtener un diagnostico actualizado de las mismas, realizar inferencias sobre el grado de evolución conceptual de las políticas públicas que en el campo ambiental han alcanzado las megaciudades seleccionadas, insumos estos que, respaldados en la exhaustiva revisión bibliográfica y en el trabajo de campo llevado a cabo, condujeron a la investigadora a proponer, desde la percepción social, una batería de indicadores (INGEPSU) que permita a la comunidad entender y evaluar el grado de gestión que de las Políticas Públicas de Sostenibilidad Urbana han alcanzado sus gobernantes en el contexto local. Este estudio se realizó a la luz de los neoparadigmas de la globalización, la sostenibilidad, y el buen gobierno, teniendo siempre como referente la Gestión Ambiental. ; Les modifications qui se succèdent dans le domaine de l'administration municipale, grâce aux démocraties « relativement nouvelles » installées dans les modèles de gouvernement d'un nombre considérable de pays du monde entier, sont un phénomène qui devient intéressant pour l'analyse académique et institutionnelle. Ce nouveau phénomène, joint à l'impérieuse nécessité des grands centres urbains d'améliorer la qualité de vie de leurs habitants (comme cela est devenu évident lors du Sommet de Rio 92), et en même temps d'occuper une position stratégique dans l'implacable jeu économique de la globalisation sont les principaux détonants pour motiver aujourd'hui les administrations des méga-villes, afin qu'elles travaillent à la réussite de l'utopique « Ville Durable ». Le but de cette enquête a été de créer, en tant que produit final, une série d'indicateurs qui permettent au gouvernement local et à la société civile d'évaluer le degré de gestion des politiques publiques de durabilité urbaine, mises en place par l'administration municipale, et pour cela les méga-villes de Bogota, Madrid, Mexico et Sao Paulo ont été proposées comme cas d'étude. Étant donnée la complexité des systèmes urbains, le fait d'avoir recours à la Science Post-normale en tant que cadre conceptuel général pour l'analyse situationnelle des différentes villes est devenu nécessaire, et dans ce sens, la stratégie méthodologique choisie pour cette étude a été l'analyse comparative tant au niveau régional (nord-sud) qu'au niveau local (parmi les villes qui font l'objet de cette étude). La comparaison successive des différentes dimensions dans lesquelles ont été étudiées les villes a permis d'obtenir un diagnostic actualisé de celles-ci, de réaliser des inférences sur le degré d'évolution conceptuelle des politiques publiques qu'ont atteint les méga-villes choisies dans le domaine environnemental, des contribution qui, soutenus par la vérification bibliographique exhaustive et le travail de terrain mené à bien, ont poussé la chercheuse à proposer, depuis la perception sociale, une série d'indicateurs (INGEPSU) qui permette à la communauté de comprendre et d'évaluer le degré de gestion que les responsables des Politiques Publiques de Durabilité Urbaine ont atteint dans le contexte local. Cette étude a été réalisée à la lumière des néo paradigmes de la globalisation, de la durabilité, et du bon gouvernement, en prenant toujours comme modèle la Gestion Environnementale. ; Les modificacions que estan succeint en el camp de l'administració municipal, gràcies a les relativament noves democràcies instal•lades als models de govern de molts països d'arreu del món, és un fenomen que esdevé interessant per l'anàlisi acadèmica i institucional. Aquest nou fenomen, sumat a la imperiosa necessitat dels grans centres urbans de millorar la qualitat de vida dels seus habitants, tal com es va fer evident a la Cumbre de Río 92, i al mateix temps ocupar-hi un lloc estratègic en l'implacable joc econòmic de la globalització, són els principals detonants que motiven a les administracions de les megaciutats a treballar fins aconseguir la utòpica "ciutat sostenible". L'objectiu d'aquesta recerca ha sigut produir un conjunt d'indicadors que permetin als governs locals i a la societat civil avaluar el grau de gestió de les polítiques públiques de sostenibilitat urbana que apliquen les administracions municipals. Per això s'ha proposat fer casos d'estudi a las megaciutats de Bogotá, Madrid, México D.F. i São Paulo. Davant la complexitat dels sistemes urbans ha calgut recórrer a la Ciència Postnormal com el marc conceptual per a l'anàlisi de les diferents ciutats, per això, l'estratègia metodològica seleccionada ha sigut l'anàlisi comparativa tant regional (nord - sud), com local (entre les ciutats que són objecte d'estudi). La successiva comparació de les diferents dimensions en les quals s'han estudiat les ciutats n'ha permès obtenir una diagnosi actualitzada i poder fer inferències sobre l'evolució conceptual de les polítiques públiques que han aconseguit les megaciutats seleccionades al terreny ambiental. S'han generat una sèrie d'inputs que sota l'exhaustiva revisió bibliogràfica i l'experiència del treball de camp han permès a la investigadora proposar un conjunt d'indicadors (INGESPU), els quals s'han dissenyat des de la percepció social i que permetin entendre i avaluar quin grau de gestió de les polítiques públiques de sostenibilitat urbana han aconseguit els seus governants en el context local. Aquest estudi s'emmarca en els neoparadigmes de la globalització, la sostenibilitat i el bon govern, tenint sempre com a referent la Gestió Ambiental. ; The modifications that in the field of municipal administration have been occurring, because of the relatively new democracies settled within the government models of a quite high number of countries worldwide, are a phenomenon becoming interesting for the academic and institutional analysis. This new phenomenon, together with the urban centers' need to improve life quality of their inhabitants as it was evident during the Earth Summit Rio 92, as well as the need to take up a strategic position in the relentless economic globalization game, are the main triggers for, nowadays, encouraging the administration of mega-cities to work towards achieving the utopian "Sustainable City". The intention of this research was to generate, as a final product, a battery of indicators that would allow the local government and the civil society, to evaluate the level of public policies management regarding urban sustainability, implemented by the municipal administration. With this purpose, the megacities of Bogotá, Madrid, Mexico D.F., and Sao Paulo were proposed as study cases. It was necessary to make the most of the Post-normal Science as a general conceptual framework, bearing in mind the complexity of the urban systems, in order to make a situational analysis of different cities. Therefore, the methodological strategy chosen for this study was the comparative analysis not only at a regional level (north – south), but also at a local level (between the cities under study). The continued comparison of different dimensions from which the cities were studied, allowed obtaining an updated diagnosis about them. It also allowed carrying out inferences on the level of conceptual evolution of the public policies that on the environmental field have reached the selected megacities. These issues, supported on the exhaustive bibliographic revision and on the fieldwork carried out, led the researcher to propose from the social perception, a battery of indicators (INGEPSU) that may allow the community understanding and evaluating the level of management of the Public Policies of Urban Sustainability that its governors have reached in the local context. This study was developed in light of the neo-paradigms of globalization, sustainability and good government, having the Environmental Management as a referent. ; Postprint (published version)
Durant la dernière décennie, plusieurs états des lieux et, en particulier, laconférence nationale de santé de 1997 ont attiré l'attention des pouvoirspublics sur la santé des enfants et des adolescents. Prenant acte de cettepriorité, la Caisse nationale d'assurance maladie des professions indépendantes(Canam) a défini avec l'Inserm un programme d'expertises collectivesciblé sur les pathologies de l'enfant qui sont en augmentation (obésité, troublesmentaux, asthme{). À l'issue d'une analyse exhaustive des données de lalittérature au niveau international, les experts ont défini des recommandationspour améliorer le dépistage et la prévention de ces pathologies.La Canam a également sollicité l'Inserm pour un bilan des connaissances surles méthodes en matière d'éducation pour la santé utilisées auprès des jeunesdans le contexte national et international.Tirant profit de l'ensemble de ces travaux et de ceux menés à la demande de laMission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt),de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts)et de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) surles risques liés à la consommation d'alcool chez les jeunes, l'Inserm a récemmentproposé à la Canam un approfondissement des recommandations élaboréespar les groupes d'experts concernant la prévention de l'obésité, destroubles mentaux ainsi que du risque alcool chez les jeunes dans le but deproposer quelques actions bien définies de prévention et d'éducation pour lasanté.Sous l'égide de l'Inserm, un groupe de travail a été constitué, rassemblantplusieurs scientifiques des expertises citées ainsi que des acteurs des administrationset organismes ayant en charge l'élaboration des politiques publiques.Les troubles pris en considération par le groupe de travail représentent unepréoccupation de santé publique en raison d'une prévalence élevée qui tendencore à augmenter. Ainsi, une proportion non négligeable d'enfants etd'adolescents (environ 12 % en France) souffrent de troubles mentaux, c'està-dire de troubles qui interfèrent avec leur développement, freinent leursapprentissages scolaires et compromettent leur devenir par une répercussionsur la qualité de vie au quotidien. La prévalence de l'obésité est également de10-12 % chez les enfants de 5 à 12 ans. L'augmentation du nombre d'enfantstouchés est très rapide, et pose en termes de santé publique le problème descomplications susceptibles de compromettre leur santé à long terme. Concernantles conduites d'alcoolisation, environ 10 %des jeunes âgés de 15 à 19 ansauraient une consommation régulière d'alcool (c'est-à-dire qu'ils ontconsommé au moins dix fois une boisson alcoolique au cours des trente derniers jours) et 5 % connaissent des ivresses régulières (c'est-à-dire qu'ilsont été îvres au moins trois fois au cours des trente derniers jours)1.Des facteurs de risque comportementaux et environnementaux sont en jeudans les problématiques étudiées. Un certain nombre de ces facteurs sontaccessibles à une prévention. Cependant, l'étude des déterminants psychosociaux,la compréhension des aspects environnementaux et surtout la connaissancedes mesures de prévention efficaces restent lacunaires. La collectesystématique de données concernant les attitudes, savoirs, comportements etpréoccupations de santé est très récente en France.La distinction classique entre prévention primaire, secondaire et tertiaire estactuellement remplacée par les notions de prévention généralisée ou universelle,sélective et indiquée. Les interventions dites généralisées sont destinéesà la population générale ou tout du moins à des groupes qui n'ont pas étésélectionnés sur la base d'un risque défini. Les campagnes de vaccination et laprévention en milieu scolaire en sont des exemples. La prévention sélectivevise un sous-groupe d'individus ayant un risque significativement plus élevéque la moyenne de développer un trouble. La prévention indiquée s'adresseaux sujets qui ont des signes d'appel, en restant en deçà des critères diagnostiques.Si la notion de prévention est claire pour tous malgré des nuances apportéespar différents corps professionnels (la « prévention médicalisée » du médecin,la « prévention répressive » du gendarme), le concept d'éducation pour lasanté et plus largement celui de promotion de la santé font souvent l'objetd'interprétations diverses. Le caractère pluridisciplinaire et pluriprofessionnelde ces domaines fait que chacun y projette sa vision de la santé.L'éducation pour la santé recouvre un ensemble de pratiques pouvant contribuerà la prévention des maladies et des accidents et à la promotion de lasanté. Traditionnellement, l'éducation pour la santé consistait en des interventionséducatives qui visaient à apporter des informations et à inciter lesindividus à adopter des attitudes et des comportements favorables à leur santédans un objectif de prévention. Actuellement, l'éducation pour la santé estplus souvent considérée comme un processus créant avec les personnes et lesgroupes les conditions du développement de leurs capacités, valorisant leurautonomie et leur responsabilité, ceci dans un but de promotion de la santé.Le concept de promotion de la santé formalisé en 1986 dans la charted'Ottawa, qui reste la référence mondiale, a élargi la démarche éducative enmettant en avant la responsabilité collective. Il ne s'agit plus seulementd'éduquer les individus, mais aussi de favoriser les mobilisations et les changementscollectifs en prenant en compte les déterminants psychosociaux etsociétaux à l'origine des comportements et des attitudes défavorables à la santé. La promotion de la santé inclut l'éducation pour la santé, qui en resteune composante essentielle. Les principes évoqués pour la promotion de lasanté font appel à la notion de milieu et de cadre de vie. Les interventionsreposent sur une approche intersectorielle prenant en compte la multicausalitédes déterminants de santé. L'approche se veut accompagnatrice du développement,le but étant l'augmentation de la capacité des individus às'autogérer (notion d'empowerment).Concernant l'éducation pour la santé, l'école est reconnue comme le lieud'intervention privilégié. En effet, l'école permet d'atteindre la très grandemajorité d'une classe d'âge. Les jeunes y représentent une population captivefacile à informer dans le cadre des programmes d'enseignement. Mais surtout,de par sa mission éducative, l'école participe à la construction des individus.Cependant, le cercle familial conserve un rôle de premier plan et la participationdes parents dans les programmes d'éducation pour la santé est capitalepour le bon déroulement de ceux-ci. L'éducation pour la santé doit pouvoir sepoursuivre tout au long de la scolarité des élèves de la maternelle jusqu'ausecondaire. Les programmes doivent être mis en œuvre de manière progressiveen tenant compte des préocupations liées à l'âge. La cohérence et la continuitédes interventions, instaurées tout au long du cursus scolaire avec l'école,la famille et tous ceux qui interviennent auprès des jeunes est un gage deréussite. Des modes d'interventions diversifiés, adaptés aux publics et auxthèmes abordés, doivent permettre une participation active des jeunes etfavoriser le développement des compétences psychosociales.Les propositions d'actions réunies dans ce document se situent dans le registrede la prévention universelle, c'est-à-dire qu'elles s'adressent à tous les enfantset adolescents. Si l'éducation pour la santé sous-tend la plupart de ces actions,certaines se situent plus dans le champs de la création d'environnementsfavorables ou dans celui de la prévention des risques. L'objectif de ce travail estd'offrir aux décideurs, en fonction de leur rayon d'action (ministère, municipalité,établissement scolaire, classe{), quelques pistes d'actions bien ciblées2.En effet, ces propositions représentent des actions qui méritent d'être :• généralisées et développées : éducation nutritionnelle, activités physiques,prévention du risque alcool ;• réactivées : loi Évin, programme d'éducation physique ;• clarifiées : offre alimentaire en milieu scolaire ;• expérimentées et évaluées : programmes de gestion du stress et développementdes compétences psychosociales.Les conditions de mise en œuvre de ces projets sont fondamentales. Ainsi,l'enjeu majeur que représente la santé actuelle et future des jeunes nécessiteque ces projets soient conduits par des personnes formées. Les modes d'interventiondoivent avoir été validés et doivent reposer sur la reconnaissance des multiples facteurs individuels et collectifs qui déterminent les conditions dumaintien de la santé. L'examen de la littérature a conduit à constater la raretédes travaux français et des équipes universitaires françaises impliquées dans laconception et l'évaluation scientifique d'interventions éducatives de santé.C'est pourquoi le groupe de travail insiste sur la nécessité de développer larecherche et la formation en éducation pour la santé.Si le milieu scolaire est fortement sollicité pour la mise en œuvre d'actions, ilne faut pas oublier que les jeunes évoluent aussi dans d'autres milieux(familles, groupes de pairs, quartiers). Les actions de santé doivent tenircompte de la complexité et de l'intrication des déterminants des comportementset des modes de vie ; normes sociales, culturelles et familiales, constructionidentitaire des jeunes, contradictions entre incitations publicitaires etmessages sanitaires.Enfin, l'accès à la prévention et à l'éducation pour la santé pose encore enFrance des problèmes d'inégalités territoriales et sociales. À l'heure où larépartition des compétences en matière de santé publique et d'éducation esten réorganisation, cela peut être l'occasion de développer l'éducation pour lasanté autour de principes tels que l'équité géographique (accessibilité,schémas territorialisés), la pérennité et la continuité (actions continues plutôtque projets ponctuels) et la qualité (formation des intervenants, développementde la recherche).Ce document, qui porte sur des aspects fondamentaux de la santé physique etmentale des enfants et des adolescents, représente une nouvelle étape dans lamise à disposition des acquis de la recherche auprès des décideurs politiques etinstitutionnels.
Les années 1990 constituent un tournant décisif dans la gestion de la migration dans l'espace européen et ceci pour plusieurs facteurs. En effet, au moment où une régionalisation ou une communautarisation se mettait en place progressivement en Europe (Schengen 1985 et Convention d'application de 1990), des ressortissants de certains pays tiers tentaient de rejoindre le continent européen dans le but d'améliorer leurs conditions de travail et de vie, de trouver une protection internationale, de fuir les guerres, les conflits et des conditions climatiques peu propices au respect de leurs fondamentaux. Elles coïncident avec la réduction des possibilités de migrer également vers l'Europe, la fermeture et le contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne (UE), l'organisation internationale qui regroupe 27 pays membres ayant pour mission de créer une communauté économique et politique et qui a mis en place une politique de lutte contre l'immigration irrégulière. La lutte européenne contre l'immigration vise principalement à stopper l'arrivée de migrants irréguliers et à renvoyer des étrangers irréguliers présents sur le sol européen vers des pays tiers. Désormais, l'accès à l'Europe forteresse devient presque impossible pour des ressortissants provenant de certaines régions notamment d'Afrique subsaharienne qui ont orienté leur choix vers l'immigration irrégulière. De pays d'émigration, le Sénégal et le Maroc deviennent aussi des pays de transit pour les candidats à l'émigration irrégulière vers l'Europe. Cet état de fait explique amplement les choix opérés par l'UE de renforcer sa coopération avec ces pays tiers en vue de mieux lutter contre l'immigration irrégulière. Il s'agit pour l'UE de transférer des obligations et des responsabilités aux pays d'origine ou de transit dans la gestion des flux migratoires et le contrôle des frontières extérieures de l'UE. C'est l'externalisation de la lutte européenne contre l'immigration irrégulière. Cette externalisation se réalise au travers de l'adoption d'accords internationaux qui peuvent mener à l'introduction de clause migratoire également dans des accords généraux conclus entre l'UE et les pays tiers, notamment dans l'accord de Cotonou, conclu entre l'UE et les pays ACP. En outre, l'adoption de déclarations politiques entre l'UE et les pays tiers afin de transférer à ces derniers la responsabilité de limiter les départs et d'accepter de réadmettre leurs ressortissants ou des étrangers ayant transité sur leur sol, qui sont présents irrégulièrement en Europe, est un instrument de mesure de l'externalisation. L'externalisation se réalise aussi dans les pays tiers qui criminalisent la sortie de leurs ressortissants et des étrangers y résidant légalement ou non, dans le but de se rendre en Europe. Par ailleurs, les cadres législatifs adoptés par les autorités marocaines et sénégalaises criminalisent l'immigration et l'émigration irrégulières et la migration clandestine. Le but de la recherche est de démontrer que l'externalisation de la lutte contre les migrations irrégulières de l'UE porte atteinte aux droits des migrants dans les pays d'origine ou de transit, et il paraît essentiel de définir un cadre conceptuel et une méthodologie. Pour ce faire, reposant sur une méthodologie positiviste suivant une approche critique (herméneutique), la recherche analyse les cadres juridiques de l'UE et de pays tiers (Sénégal et Maroc). Ainsi, l'examen de la jurisprudence des juridictions marocaines et sénégalaises relative au contentieux du droit des étrangers montre que les pays tiers contribuent clairement à la lutte européenne contre l'immigration irrégulière, à travers la poursuite et les sanctions appliquées aux ressortissants marocains, sénégalais et étrangers résidant également ou non dans ces pays, pour leur volonté présumée de partir vers le continent européen de façon irrégulière et lors de leur retour dans leur pays d'origine ou de transit. En outre, l'étude de ces deux pays démontre un autre aspect important dans cette externalisation : la difficulté d'établir les responsabilités des États comme de l'UE dans les différentes violations des droits de l'homme des migrants dans ce contexte d'externalisation. Nonobstant la complexité de définir les responsabilités des acteurs dans cette externalisation, la documentation de l'UE et de ses institutions, ainsi que le rôle des agences et particulièrement de Frontex, peuvent apporter un éclairage essentiel à nos interrogations sur la responsabilité des États et de l'UE dans les différentes violations des droits de l'homme constatées lors du renvoi des migrants et de leur blocage dans les pays tiers. Dès lors, il est pertinent d'étudier les positions des juridictions internationales afin d'établir cette responsabilité des États et de l'UE, mais les décisions rendues à ce jour ne permettent pas d'arriver à cette conclusion. Ce faisant, il est plus qu'indispensable de poser de nouvelles orientations si l'on souhaite mettre fin à cette externalisation et à ses conséquences néfastes sur les droits de l'homme des migrants irréguliers même dans les pays tiers, car l'adoption des deux pactes (pacte mondial sur la migration et pacte mondial sur les réfugiés) ne semblent pas apporter des solutions judiciaires et une meilleure protection des droits des migrants ; The 1990s were a decisive turning point in the management of migration in the European area, for several factors. Indeed, at the time when regionalization or communitarization was gradually taking place in Europe (Schengen 1985 and 1990 Implementation Convention), nationals of certain third countries were trying to join the European continent in order to improve their conditions of work and life, of finding international protection, of fleeing wars, conflicts and unfavorable climatic conditions for the respect of their fundamentals. They coincide with the reduction in the possibilities of migrating also to Europe, the closure and control of the external borders of the European Union (EU), the international organization which brings together 27 member countries whose mission is to create an economic and policy and which has implemented a policy to combat irregular immigration. The main objective of the European fight against immigration is to stop the arrival of irregular migrants and to return irregular foreigners present on European soil to third countries. From now on, access to fortress Europe is becoming almost impossible for nationals coming from certain regions, notably from sub-Saharan Africa, who have turned their choice towards irregular immigration. From emigration countries, Senegal and Morocco also become transit countries for applicants for irregular emigration to Europe. This fact amply explains the choices made by the EU to reinforce its cooperation with these third countries with a view to better combating illegal immigration. It is a question for the EU of transferring obligations and responsibilities to the countries of origin or transit in the management of migratory flows and the control of the external borders of the EU. It is the outsourcing of the European fight against irregular immigration. This outsourcing is achieved through the adoption of international agreements which can lead to the introduction of a migration clause also in general agreements concluded between the EU and third countries, in particular in the Cotonou Agreement, concluded between the EU and ACP countries. In addition, the adoption of political declarations between the EU and third countries in order to transfer to the latter the responsibility for limiting departures and agreeing to readmit their nationals or foreigners having transited on their soil, who are present irregularly in Europe, is an instrument for measuring outsourcing. Outsourcing is also carried out in third countries which criminalize the exit of their nationals and foreigners legally or illegally resident there, with the aim of traveling to Europe. In addition, the legislative frameworks adopted by the Moroccan and Senegalese authorities criminalize irregular immigration and emigration and illegal migration The aim of the research is to demonstrate that the outsourcing of the fight against irregular migration from the EU infringes the rights of migrants in the countries of origin or transit, and it seems essential to define a conceptual framework and a methodology. To do this, based on a positivist methodology following a critical (hermeneutical) approach, the research analyzes the legal frameworks of the EU and third countries (Senegal and Morocco). Thus, the examination of the jurisprudence of the Moroccan and Senegalese jurisdictions relating to the litigation of the right of the foreigners shows that the third countries clearly contribute to the European fight against the irregular immigration, through the prosecution and the sanctions applied to the Moroccan nationals, Senegalese and foreigners residing or not also in these countries, for their presumed will to leave towards the European continent in an irregular way and at the time of their return in their country of origin or transit. In addition, the study of these two countries demonstrates another important aspect in this outsourcing: the difficulty of establishing the responsibilities of States and of the EU in the various violations of the human rights of migrants in this context of outsourcing. Notwithstanding the complexity of defining the responsibilities of the actors in this outsourcing, the documentation of the EU and its institutions, as well as the role of the agencies and particularly of Frontex, can shed essential light on our questions about the responsibility of States and the EU in the various human rights violations observed during the return of migrants and their blockage in third countries. Therefore, it is relevant to study the positions of international courts in order to establish this responsibility for States and the EU, but the decisions delivered to date do not allow this conclusion to be reached. In doing so, it is more than essential to set new directions if we want to put an end to this outsourcing and its harmful consequences for the human rights of irregular migrants even in third countries, because the adoption of two pacts (global pact on migration and global pact on refugees) do not seem to provide legal solutions and better protection of the rights of migrants.
"gender studies";"violence";"migration";"body" ''embodiement'';''gender technologies'';"life narratives";"Algeria";"France" ; My research stems from a strong interest for experiences and explorations able to blur the lines of division between genders. As an anthropologist, I endeavored to seize this trouble through an inquiry allowing to bring to light the modes of embodiment of gender assignments and the possibles created by those who, in a moment of their life, have rejected them. First of all, I have observed beside Algerian feminists established in Paris the wording of a specific enunciation. On the one side, it passed on the news about the feminist movement which in Algeria publicly denounced violences against women. On the other side, it revealed an attempt to condemn the violences to which women who took refuge in France have been subjected to while avoiding to play into the hands of Islamophobia. Then I looked to meet with women who ran away from home because of punches, insults, humiliations they endured within it. I went to see associations based in France and Algeria where previous encounters sent me. Finally I got away from these frameworks to follow women in their infinite movement to configure again their lives. Drawing upon their accounts, I showed how, in a context of migration, the logics of an embodiment of gender assignments are disrupted by the refusal of masculine authority and brutality. To comprehend this refusal in all its complexity, it is important to consider it as a process. For a long time, escape and refusal seemed to become mixed up in my understanding. It is only as our relationships were forged that they told me about the series of go back and forth that had preceded a non-reversible departure. For all that, to return has never meant to agree to. It has required unremitting measures being aimed at anticipating blows and insults. And for the escape to be performed they had to annihilate the anticipation regime specific to fear. What made them run away has, thus, exceeded the repetition of bullyings, insults and humiliations. If they put an end to an everyday life of which they accommodated themselves to until then, it is because some desires continued to motivate them - to live a blooming sexuality, to bear witness in order to encourage women from the next generations not to repeat what they have done (to remain at home thinking that the situation would get better).The escape has also required a place where to stay in order to foresee an another meaning to give to their lives. It is where collective and individual histories met. Each taking decision is only the completion of a succession of choices that falls within a given historical situation. In the 90s, Algerian militant women took over the state rhetoric of denunciation of violences committed by armed groups to propose another enunciation: every kind of violence and not only the armed one is intolerable. They also created the places where women could take refuge. Since then, women passing through these places could find there a shelter, a condition to make the refusal effective. Therefore the power contained in the initial refusal could have been released creating a new possible: to formulate a multitude of other refusals, which can only be understood in relation with the ordeals these women have been confronted to. Indeed, breaking away from a masculine figure of authority exposed them to the stigma of the rupture, they have forced to live another kind of isolation and exclusion. Caught by the institutions to whom they asked protection the meaning of their escape has been put into the pre-existent category of victims of a retrograde gendered order. These mechanisms of fixation invisibilized the political dimension contained in the refusal. Besides they have been relegated to the domestic sphere for survival. In other words, the reconfiguration of their lives found itself again trapped by the redeployment, in France like in Algeria, of gender assignments. To refuse to get married to obtain legal documents or to do housework to provide for ones needs, are as many refusals that thus have taken shape and meaning within the play of distance and becoming closer that women have established with the rest of the societies that marginalized them. And within the very conditions of survival, they have been obliged to modify the modalities of their displacements in the public space overcoming their fears. Within the distanciation with the gendered order has then occurred a displacement in the perception and qualification of themselves as subjects. Objects of masculine will of appropriation, they became subjects of desires and of projections in the future. Through the many twists and turns taken by lives irreparably transformed by the rejection of masculine authority and brutality, my research has then proposed an exploration of the memory of bodies that bear in themselves the residue of gender assignments. ; Ma thèse découle d'un vif intérêt pour les expériences et les explorations à même de brouiller les lignes de partage entre les sexes. Anthropologue, je me suis attachée à saisir ce trouble via une enquête permettant de mettre à jour les modalités de l'incorporation des assignations de l'ordre sexué et les possibles créés par celles qui, à un moment donné de leur vie, les ont rejetées. J'ai tout d'abord observé, aux côtés de féministes algériennes installées à Paris, la formulation d'une énonciation particulière. Tout en relayant l'actualité du mouvement féministe qui, en Algérie, dénonçait publiquement les violences faites aux femmes, elle dévoilait une tentative de dénoncer les violences subies par des femmes se réfugiant en France sans pour autant faire le jeu de l'islamophobie. J'ai ensuite cherché à rencontrer des femmes ayant fui leur domicile en raison des coups, des insultes et des humiliations qu'elles y subissaient. Je me suis alors rendue, en France et en Algérie, dans les associations vers lesquelles m'orientaient mes précédentes rencontres. Enfin, je me suis éloignée de ces cadres pour suivre des femmes dans leur mouvement infini pour reconfigurer leurs vies. Me saisissant de leurs témoignages, j'ai montré comment, dans un contexte de migration, les logiques de l'incorporation des assignations de l'ordre sexué sont troublées par le refus de la brutalité et de l'autorité masculines. Pour appréhender ce refus dans toute sa complexité, il importe de le considérer comme processus. Longtemps, fuite et refus ont semblé se superposer. Ce n'est qu'à mesure que nos relations se tissaient qu'elles m'ont livré la série d'allers-retours ayant précédé un départ irréversible. Revenir n'a pour autant jamais signifier consentir. Cela a nécessité des mesures incessantes visant à anticiper coups et injures. Et pour que la fuite opère, il leur a fallu anéantir ce régime d'anticipation propre à la peur. Ce qui les a poussées à fuir a ainsi excédé la répétition des brimades, des insultes et des humiliations. Si elles ont mis un terme à un quotidien dont elles s'étaient jusque-là accommodées, c'est que des désirs continuaient de les animer - vivre une sexualité épanouie, témoigner pour inciter les femmes des générations suivantes à ne pas reproduire ce qu'elles-mêmes avaient fait (rester en pensant que la situation allait s'arranger). La fuite a également nécessité un lieu où s'arrêter pour entrevoir un autre sens à donner à leur vie. C'est là qu'histoires individuelle et collective se sont croisées. Toute prise de décision n'est que l'aboutissement d'une série de choix qui s'inscrit dans une conjoncture historique donnée. Dans les années 1990, des militantes algériennes se sont réapproprié la rhétorique étatique de dénonciation des violences commises par des groupes armés pour proposer une autre énonciation : toute forme de violence, et non la seule armée, est intolérable. Elles ont également créé les lieux dans lesquels des femmes ont pu se réfugier. Depuis, des femmes transitant par ces lieux ont pu y trouver un abri, condition d'effectuation du refus. Dès lors, la puissance contenue dans ce refus initial a pu être libérée, créant un nouveau possible : énoncer une multitude d'autres refus, ce qui ne peut se comprendre qu'au regard des épreuves auxquelles ces femmes ont été confrontées. En effet, en se détachant d'une figure d'autorité masculine, elles ont été exposées au stigmate de la rupture, contraintes à vivre une autre forme d'isolement et d'exclusion. Capté par les institutions auxquelles elles demandaient protection, le sens de leur fuite a été inséré dans la catégorie préexistante des victimes d'un ordre sexué rétrograde. Ces mécanismes de captation ont invisibilisé la part du politique contenue dans le refus. De plus, elles ont été reléguées dans la sphère de la domesticité pour survivre. En d'autres termes, la reconfiguration de leurs vies s'est retrouvée piégée par le redéploiement, en France comme en Algérie, des assignations de l'ordre sexué. Refuser de se marier pour obtenir des papiers ou de faire des ménages pour subvenir à ses besoins sont autant de refus qui ont ainsi pris forme et sens dans ce jeu de distance et de rapprochement qu'elles ont instauré avec le reste des sociétés les marginalisant. Et dans les conditions même de la survie, elles ont dû modifier les modalités de leurs déplacements dans la sphère publique, en dépassant leurs peurs. Dans cette distanciation d'avec l'ordre sexué s'est alors opéré un déplacement dans la perception et la qualification d'elles-mêmes comme sujets. Objets de volontés masculines d'appropriation, elles sont devenues sujets de désirs et de projections dans l'avenir. À partir des multiples bifurcations empruntées par des vies irrémédiablement transformées par le rejet de l'autorité et de la brutalité masculines, ma thèse a ainsi proposé une exploration de la mémoire de corps qui portent en eux le résidu des assignations de l'ordre sexué.
Mit den in Österreich 1990 beschlossenen und in vergleichbaren Ländern zur Beschlußfassung anstehenden Gesetzen wird Psychotherapie als eigenständige Profession im Gesundheitssystem anerkannt. Um eine optimale und effiziente Versorgung sicherzustellen, gibt es immer wieder Forderungen und Vorschläge zur Verbesserung der Zusammenarbeit zwischen den im Gesundheitsbereich tätigen Berufsgruppen. Vor dem Hintergrund dieser Entwicklung interessierte uns, welche Aspekte professioneller Kooperation für Psychotherapeuten bedeutsam sind und welche Einstellungen sie dazu haben. Sieben Psychotherapeuten mit langer Berufserfahrung wurden dazu ausführlich interviewt. Auf Grundlage dieser Interviews wurde ein Fragebogen mit 78 Items entwickelt und an 79 Psychotherapeuten erprobt. Die Items des Fragebogens werden zu Themenbereichen zusammengefaßt und interpretiert. Die Analyse der Antworten führte zu einer vorläufigen Typologie von Therapeuten hinsichtlich ihrer Einstellung zu professioneller Kooperation.Schlüsselwörter: Psychotherapeutische Kooperation, Einstellungen, Professionalisierung. ; With the law for psychotherapeutic practice in 1990 psychotherapy entered the health-care system as a new profession. To provide a better and more efficient service politicians and professionals again and again made proposals for an enhancement of co-operation between the different professional groups in this system. On this background the present pilot study examines the opinions of psychotherapists towards cooperation with other professionals outside institutional settings. The study consists of two parts. In a first step seven experienced psychotherapists were interviewed about cooperation and the importance of this topic for their professional work. In a second step a 78-item questionnaire informed by the result of the interviews was administered to 79 psychotherapists in Austria. The result supports a multi-faceted concept of co-operation. The items are grouped according to certain domains and interpreted. An explorative factor analysis of the questionnaire indicates a provisional typology of therapists in regard to their attitudes towards professional co-operation.Keywords: Psychotherapeutic co-operation, attitudes, professionalization. ; La psychothérapie est en passe de devenir profession indépendante au sein du système de santé: des lois ont été approuvées en Autriche en 1990 et sont prêt de l'être dans d'autres pays. Ceci fait que les praticiens de ce métier appartiennent désormais à un domaine professionnel dans lequel se manifeste constamment un besoin d'améliorer la coordination des prestations et la coopération entre leurs fournisseurs.La réforme de la psychiatrie a permis de satisfaire - au moins au niveau régional - l'exigence d'une offre ambulatoire tenant compte de toute la complexité des troubles psycho-sociaux et du fait qu'ils sont indissociables de différents domaines du quotidien des patients; ce but est atteint grâce à une offre de traitements intégrés et multidisciplinaires. Hans Strotzka a proposé que l'on utilise ce même modèle de traitement au niveau de l'offre en psychothérapie: dans le cas idéal, cette dernière ne doit être pratiquée que dans le contexte de groupes interdisciplinaires appliquant une pluralité de méthodes; en effet, ce n'est qu'en procédant ainsi qu'on peut travailler dans des conditions adaptées aux patients et superviser le travail. Le législateur a satisfait jusque dans certaines limites à l'exigence d'une collaboration entre professionnels. Compte tenu des exigences venues soit du sein de la profession, soit de l'extérieur (à savoir surtout des milieux politiques) et demandant que les spécialistes coopèrent en fonction de chaque cas, nous avons voulu savoir quels sont les facteurs que les psychothérapeutes eux-mêmes considèrent comme importants par rapport à cette démarche. L'étude devait être menée en deux étapes: (1) examen préliminaire de l'objet et (2) observation de la collaboration pratique. Notre objectif scientifique était pragmatique: nous voulions savoir quant la collaboration professionnelle est indiquée et quand elle est plus efficace que des méthodes moins exigeantes en rapport avec la coordination des prestations (ex.: adresser le patient à d'autres). Dans la partie de l'étude qui est actuellement terminée (attitudes des psychothérapeutes envers la coopération entre professionnels) nous nous sommes concentrés sur un type de collaboration volontaire pratiquée hors des équipes et institutions existantes; il s'agit là d'un aspect qui a été peu étudié. Des démarches de coopération se trouvent dans tous les domaines du quotidien. Nous coopérons, par exemple, au niveau de la coordination de la vie familiale et du ménage; la forme dominante dans ces domaines est une simple répartition des tâches en fonction du sexe et de l'âge des participants et elle est organisée par le biais d'une démarche ouverte et continue de communication. D'autres types de coopération se trouvent dans les jardins d'enfants, les écoles, etc., bref, collaborer est un élément central du quotidien, qui n'est pas toujours enregistré consciemment et que l'on ne thématise qu'à partir du moment où il ne fonctionne pas. Se référant aux théories du jeu et de l'échange, les spécialistes de la psychologie sociale ont largement étudié la coopération en tant que forme d'interaction humaine. Une des questions centrales de leurs travaux fut: quand faut-il qu'en cours d'interaction une personne coopère avec d'autres, et quand est-il préférable qu'elle se comporte de manière égocentrique ? Un modèle du type de situation correspondant à ce problème a été utilisé dans de nombreuses expériences: celui du "dilemme itératif du prisonnier". Dans ce type de relations sociales une collaboration est élaborée sur des bases rationnelles mais aussi en fonction d'un aspect émotionnel. Les travaux de Winfried Bion présentent une description détaillée de ces phénomènes. L'auteur entend par coopération la formation d'équipes dont l'efficacité dépend de facteurs relevant de la dynamique des groupes. Selon sa thèse centrale, tout groupe social va se subdiviser toujours en deux - un "groupe actif" et un "groupe affectif" - et être influencé par cette division. Ces mêmes phénomènes de dynamique des groupes sont présents lorsque les participants ne se rencontrent pas concrètement; ils se trouvent donc même dans des "groupes virtuels". En fonction des objectifs que nous avions fixés à notre étude, nous avons élaboré une stratégie de recherche en deux étapes. Dans le but de cerner les manières subjectives dont la coopération est considérée, nous avons d'abord mené des interviews semi-structurées avec sept thérapeutes disposant d'une longue pratique professionnelle, considérés comme "coopératifs" et exerçant leur métier dans différents contextes. Les renseignements acquis par le biais de ces interviews, complétés d'informations tirées de la littérature, ont servi à construire un questionnaire comportant 78 items en rapport avec l'attitude des sujets. En tout 79 psychothérapeutes ont rempli ce questionnaire. Les résultats de l'étude montrent que les psychothérapeutes manifestent une attitude positive envers une coopération volontaire pratiquée en fonction de chaque cas et la considèrent comme avantageuse. Ceci fait qu'il y a de bonnes chances pour qu'ils répondent de manière "ouverte" à une offre dans ce sens et qu'un processus de coopération soit mis en marche. Si l'on passe du niveau d'une adhésion globale — que nous avons appelée "représentation idéologique" du concept de coopération - à celui d'attitudes plus étroitement liées à des comportements concrets, il devient utile de différencier plus avant. Une proportion considérable des réponses présente un large degré de variance, ce qui implique qu'il faut accepter que le consensus entre psychothérapeutes n'est pas très marqué. Un grand nombre de personnes interrogées considèrent qu'une coopération entre professionnels permet d'éviter des dommages éventuels. Ceci s'applique autant au préjudice que pourraient souffrir les clients en conséquence de stratégies thérapeutiques qui se bloqueraient mutuellement qu'aux problèmes posés au travail thérapeutique par des clients qui cherchent à mettre en conflit leurs différents thérapeutes. Seule un peu moins de la moitié des personnes interrogées ont une attitude positive envers l'application en psychothérapie du "modèle du case management" pratiqué avec succès dans d'autres domaines du système de santé pour organiser les démarches de coopération. Les attitudes varient également par rapport à une éventuelle collaboration entre spécialistes, telle qu'elle est pratiquée de manière routinière en médecine. Une majorité considère que les coûts indirects occasionnés par le fait que d'autres thérapeutes sont difficilement atteignables ne nuit pas forcément à la collaboration. Pourtant les coûts directs résultant du fait que le travail de coopération n'est pas rémunéré sont perçus par la moitié des thérapeutes interrogés comme un obstacle à la démarche. Alors que nous avions formulé l'hypothèse contraire, une grande majorité ne pense pas que la réussite de cette dernière dépende du sexe des spécialistes concernés. Selon une première classification des psychothérapeutes en fonction de leur attitude envers la collaboration entre professionnels, ceux-ci se répartissent en trois types présumés: (1) le thérapeute est ouvert à une coopération à différents niveaux; (2) le thérapeute a une attitude généralement positive, mais ne collabore que de manière très sélective; (3) le thérapeute ne s'intéresse pas à une coopération ou même rejette cette possibilité. A notre avis les résultats de l'étude permettent de conclure que lorsqu'il s'agit de coopérer, les psychothérapeutes ne disposent pas de routines établies et élaborent leurs propres stratégies en cours de carrière. Cet aspect s'est manifesté clairement dans les interviews menées dès le début du projet; il se confirme en outre par le fait qu'on n'enregistre pas de différences statistiques entre les trois indices lorsqu'on subdivise l'échantillon en fonction de la profession d'origine des thérapeutes, de leur situation professionnelle, de leur orientation thérapeutique et de la durée de leur activité professionnelle. Nous n'acceptons toutefois pas l'idée qu'en ce qui concerne la collaboration entre psychothérapeutes, des solutions simples existent, qui seraient applicables à tous les cas. L'un des objectifs de notre étude était de cerner une "atmosphère", au-delà de la manière subjective dont l'individu perçoit la situation. Il s'agira de compléter les résultats présentés ici - et concernant des attitudes - d'une étude de la pratique "vécue" de la collaboration entre professionnels. Ceci devrait permettre de répondre aux questions suivantes: Dans quelles conditions et avec quelle fréquence une collaboration est-elle vraiment pratiquée ? Quelles sont les alternatives à cette forme très complexe d'interaction sociale ? Quels sont les rapports entre "attitude envers la coopération" et "comportement coopératif" ? Ce n'est qu'une fois qu'une étude auprès d'un échantillon représentatif de psychothérapeutes aura été menée et aura fourni des réponses à ces questions qu'on pourra, par exemple, exiger des responsables qu'ils intègrent à la formation (continue) un apprentissage de la coopération en tant que "skill" professionnel. ; unknown ; publishedVersion
Mit den in Österreich 1990 beschlossenen und in vergleichbaren Ländern zur Beschlußfassung anstehenden Gesetzen wird Psychotherapie als eigenständige Profession im Gesundheitssystem anerkannt. Um eine optimale und effiziente Versorgung sicherzustellen, gibt es immer wieder Forderungen und Vorschläge zur Verbesserung der Zusammenarbeit zwischen den im Gesundheitsbereich tätigen Berufsgruppen. Vor dem Hintergrund dieser Entwicklung interessierte uns, welche Aspekte professioneller Kooperation für Psychotherapeuten bedeutsam sind und welche Einstellungen sie dazu haben. Sieben Psychotherapeuten mit langer Berufserfahrung wurden dazu ausführlich interviewt. Auf Grundlage dieser Interviews wurde ein Fragebogen mit 78 Items entwickelt und an 79 Psychotherapeuten erprobt. Die Items des Fragebogens werden zu Themenbereichen zusammengefaßt und interpretiert. Die Analyse der Antworten führte zu einer vorläufigen Typologie von Therapeuten hinsichtlich ihrer Einstellung zu professioneller Kooperation.Schlüsselwörter: Psychotherapeutische Kooperation, Einstellungen, Professionalisierung. ; With the law for psychotherapeutic practice in 1990 psychotherapy entered the health-care system as a new profession. To provide a better and more efficient service politicians and professionals again and again made proposals for an enhancement of co-operation between the different professional groups in this system. On this background the present pilot study examines the opinions of psychotherapists towards cooperation with other professionals outside institutional settings. The study consists of two parts. In a first step seven experienced psychotherapists were interviewed about cooperation and the importance of this topic for their professional work. In a second step a 78-item questionnaire informed by the result of the interviews was administered to 79 psychotherapists in Austria. The result supports a multi-faceted concept of co-operation. The items are grouped according to certain domains and interpreted. An explorative factor analysis of the questionnaire indicates a provisional typology of therapists in regard to their attitudes towards professional co-operation.Keywords: Psychotherapeutic co-operation, attitudes, professionalization. ; La psychothérapie est en passe de devenir profession indépendante au sein du système de santé: des lois ont été approuvées en Autriche en 1990 et sont prêt de l'être dans d'autres pays. Ceci fait que les praticiens de ce métier appartiennent désormais à un domaine professionnel dans lequel se manifeste constamment un besoin d'améliorer la coordination des prestations et la coopération entre leurs fournisseurs.La réforme de la psychiatrie a permis de satisfaire - au moins au niveau régional - l'exigence d'une offre ambulatoire tenant compte de toute la complexité des troubles psycho-sociaux et du fait qu'ils sont indissociables de différents domaines du quotidien des patients; ce but est atteint grâce à une offre de traitements intégrés et multidisciplinaires. Hans Strotzka a proposé que l'on utilise ce même modèle de traitement au niveau de l'offre en psychothérapie: dans le cas idéal, cette dernière ne doit être pratiquée que dans le contexte de groupes interdisciplinaires appliquant une pluralité de méthodes; en effet, ce n'est qu'en procédant ainsi qu'on peut travailler dans des conditions adaptées aux patients et superviser le travail. Le législateur a satisfait jusque dans certaines limites à l'exigence d'une collaboration entre professionnels. Compte tenu des exigences venues soit du sein de la profession, soit de l'extérieur (à savoir surtout des milieux politiques) et demandant que les spécialistes coopèrent en fonction de chaque cas, nous avons voulu savoir quels sont les facteurs que les psychothérapeutes eux-mêmes considèrent comme importants par rapport à cette démarche. L'étude devait être menée en deux étapes: (1) examen préliminaire de l'objet et (2) observation de la collaboration pratique. Notre objectif scientifique était pragmatique: nous voulions savoir quant la collaboration professionnelle est indiquée et quand elle est plus efficace que des méthodes moins exigeantes en rapport avec la coordination des prestations (ex.: adresser le patient à d'autres). Dans la partie de l'étude qui est actuellement terminée (attitudes des psychothérapeutes envers la coopération entre professionnels) nous nous sommes concentrés sur un type de collaboration volontaire pratiquée hors des équipes et institutions existantes; il s'agit là d'un aspect qui a été peu étudié. Des démarches de coopération se trouvent dans tous les domaines du quotidien. Nous coopérons, par exemple, au niveau de la coordination de la vie familiale et du ménage; la forme dominante dans ces domaines est une simple répartition des tâches en fonction du sexe et de l'âge des participants et elle est organisée par le biais d'une démarche ouverte et continue de communication. D'autres types de coopération se trouvent dans les jardins d'enfants, les écoles, etc., bref, collaborer est un élément central du quotidien, qui n'est pas toujours enregistré consciemment et que l'on ne thématise qu'à partir du moment où il ne fonctionne pas. Se référant aux théories du jeu et de l'échange, les spécialistes de la psychologie sociale ont largement étudié la coopération en tant que forme d'interaction humaine. Une des questions centrales de leurs travaux fut: quand faut-il qu'en cours d'interaction une personne coopère avec d'autres, et quand est-il préférable qu'elle se comporte de manière égocentrique ? Un modèle du type de situation correspondant à ce problème a été utilisé dans de nombreuses expériences: celui du "dilemme itératif du prisonnier". Dans ce type de relations sociales une collaboration est élaborée sur des bases rationnelles mais aussi en fonction d'un aspect émotionnel. Les travaux de Winfried Bion présentent une description détaillée de ces phénomènes. L'auteur entend par coopération la formation d'équipes dont l'efficacité dépend de facteurs relevant de la dynamique des groupes. Selon sa thèse centrale, tout groupe social va se subdiviser toujours en deux - un "groupe actif" et un "groupe affectif" - et être influencé par cette division. Ces mêmes phénomènes de dynamique des groupes sont présents lorsque les participants ne se rencontrent pas concrètement; ils se trouvent donc même dans des "groupes virtuels". En fonction des objectifs que nous avions fixés à notre étude, nous avons élaboré une stratégie de recherche en deux étapes. Dans le but de cerner les manières subjectives dont la coopération est considérée, nous avons d'abord mené des interviews semi-structurées avec sept thérapeutes disposant d'une longue pratique professionnelle, considérés comme "coopératifs" et exerçant leur métier dans différents contextes. Les renseignements acquis par le biais de ces interviews, complétés d'informations tirées de la littérature, ont servi à construire un questionnaire comportant 78 items en rapport avec l'attitude des sujets. En tout 79 psychothérapeutes ont rempli ce questionnaire. Les résultats de l'étude montrent que les psychothérapeutes manifestent une attitude positive envers une coopération volontaire pratiquée en fonction de chaque cas et la considèrent comme avantageuse. Ceci fait qu'il y a de bonnes chances pour qu'ils répondent de manière "ouverte" à une offre dans ce sens et qu'un processus de coopération soit mis en marche. Si l'on passe du niveau d'une adhésion globale — que nous avons appelée "représentation idéologique" du concept de coopération - à celui d'attitudes plus étroitement liées à des comportements concrets, il devient utile de différencier plus avant. Une proportion considérable des réponses présente un large degré de variance, ce qui implique qu'il faut accepter que le consensus entre psychothérapeutes n'est pas très marqué. Un grand nombre de personnes interrogées considèrent qu'une coopération entre professionnels permet d'éviter des dommages éventuels. Ceci s'applique autant au préjudice que pourraient souffrir les clients en conséquence de stratégies thérapeutiques qui se bloqueraient mutuellement qu'aux problèmes posés au travail thérapeutique par des clients qui cherchent à mettre en conflit leurs différents thérapeutes. Seule un peu moins de la moitié des personnes interrogées ont une attitude positive envers l'application en psychothérapie du "modèle du case management" pratiqué avec succès dans d'autres domaines du système de santé pour organiser les démarches de coopération. Les attitudes varient également par rapport à une éventuelle collaboration entre spécialistes, telle qu'elle est pratiquée de manière routinière en médecine. Une majorité considère que les coûts indirects occasionnés par le fait que d'autres thérapeutes sont difficilement atteignables ne nuit pas forcément à la collaboration. Pourtant les coûts directs résultant du fait que le travail de coopération n'est pas rémunéré sont perçus par la moitié des thérapeutes interrogés comme un obstacle à la démarche. Alors que nous avions formulé l'hypothèse contraire, une grande majorité ne pense pas que la réussite de cette dernière dépende du sexe des spécialistes concernés. Selon une première classification des psychothérapeutes en fonction de leur attitude envers la collaboration entre professionnels, ceux-ci se répartissent en trois types présumés: (1) le thérapeute est ouvert à une coopération à différents niveaux; (2) le thérapeute a une attitude généralement positive, mais ne collabore que de manière très sélective; (3) le thérapeute ne s'intéresse pas à une coopération ou même rejette cette possibilité. A notre avis les résultats de l'étude permettent de conclure que lorsqu'il s'agit de coopérer, les psychothérapeutes ne disposent pas de routines établies et élaborent leurs propres stratégies en cours de carrière. Cet aspect s'est manifesté clairement dans les interviews menées dès le début du projet; il se confirme en outre par le fait qu'on n'enregistre pas de différences statistiques entre les trois indices lorsqu'on subdivise l'échantillon en fonction de la profession d'origine des thérapeutes, de leur situation professionnelle, de leur orientation thérapeutique et de la durée de leur activité professionnelle. Nous n'acceptons toutefois pas l'idée qu'en ce qui concerne la collaboration entre psychothérapeutes, des solutions simples existent, qui seraient applicables à tous les cas. L'un des objectifs de notre étude était de cerner une "atmosphère", au-delà de la manière subjective dont l'individu perçoit la situation. Il s'agira de compléter les résultats présentés ici - et concernant des attitudes - d'une étude de la pratique "vécue" de la collaboration entre professionnels. Ceci devrait permettre de répondre aux questions suivantes: Dans quelles conditions et avec quelle fréquence une collaboration est-elle vraiment pratiquée ? Quelles sont les alternatives à cette forme très complexe d'interaction sociale ? Quels sont les rapports entre "attitude envers la coopération" et "comportement coopératif" ? Ce n'est qu'une fois qu'une étude auprès d'un échantillon représentatif de psychothérapeutes aura été menée et aura fourni des réponses à ces questions qu'on pourra, par exemple, exiger des responsables qu'ils intègrent à la formation (continue) un apprentissage de la coopération en tant que "skill" professionnel.
From July 1915 onwards, leave granted to the front fighters allowed them to spend a few days in the rear. From 6 days in 1915, these leaves increased to 7 days in 1916, then to 10 days in October 1917. Approached from a global perspective, this research seeks to link the social and cultural history of war through the methods of cultural anthropology of social facts, without neglecting the political or military dimensions. The plan followed articulates three levels of analysis, the real, the symbolic and the imaginary, using a very varied corpus of sources. The research is based in particular on the analysis of 200 directories of police station reports in Paris (known as "mains courantes"), which have made it possible to build up a database of some 6,000 pass-holders and 6,000 deserters. Analyses of the social and cultural phenomena linked to permission in the capital use the quantitative study of this abundant source, which provides information on many aspects of the lives of individuals and Parisian neighbourhoods, and is not limited to delinquency. This source thus makes it possible to place the reflection in the perspective of social changes over time. The database has also made it possible to map certain phenomena, such as prostitution, desertion or the relations of soldiers on leave with civilians, women or allied soldiers. Finally, the police reports, which are often consistent, give flesh to an individualised social micro-history.The first part retraces the military, political and administrative construction of the permissions, as well as the logistical stakes of their transport by train, which is also studied from an anthropological perspective. It uses mainly classical military and political sources, but integrates testimonies and representations. The permissions regime set up in 1915 in France was marked throughout the war by permanent improvisation, but evolved and underwent a major reform in October 1916 when the French HQG made permissions a statutory allowance of seven days granted three times a year. Although decisions on permissions were the responsibility of the High Command, citizens and politicians played an important role in successive reforms by putting pressure on the government to grant fairer and longer permissions to men. The ideological stakes of permissions are evident in committees or in debates in the Assembly, in which left-wing MPs give a speech on the rights of republican citizens and the social stakes of recreational leave, which reinforces F. Bock's conclusions on the involvement of parliamentarians in the conduct of the war. At the individual level, the combatants have become involved through demands which show that for them there is a close relationship between the rights and duties of soldiers, and that their sacrifice is not without retribution, if only symbolic. In the context of a dehumanizing industrial war, leave had a great role to play in sustaining combatant morale over the long term. The calamitous management of the permissions in 1915 and 1916 explains the place taken by the permissions in the claims of the mutinees during Spring 1917, whereas they were now more regular and distributed with equity: it is especially as a symbol of the condition of the citizen-soldier and of his rights and duties that they are brandished by some combatants, confirming the study of L.V. Smith on the Vth ID. In this respect, leave is part of the evolution of the relations between the Army, the Republic and the citizens.It should be pointed out here that the theoretical weight of discipline is constantly called into question by the transgressive practices of furloughers, which are particularly evident during train journeys: defying authority, ridiculing employees, travelling first class in disregard of regulations, or seeking to illegally extend their leave.In the long term of the war, furloughs also provided a waiting horizon for a long overdue peace, and played a decisive role in men's ability to endure the war. The cycle of anticipation, experience and recollection of leave thus feeds into family letters or conversations between soldiers, and allows individuals to develop plans, even if the leaves arouse very ambivalent feelings. The second part focuses on the experience of being on leave in the capital, where Parisians rediscover a familiar world, while uprooted and isolated combatants from invaded regions, colonies or allied countries discover a mythical city as tourists. Paris was thus the main centre for furloughs in France, and probably of all the countries at war, receiving about 100,000 men per month, for a cumulative total of about 4 million furloughs between 1915 and 1918. The study conducted is based primarily on a statistical analysis of the directories of the minutes of the Paris police stations. The combatants' stay in the capital reveals the entrenchment of the combatant identity, confirming what is known about the importance of a specific culture born of shared experience, but it also combines with the signs of a lingering civilian identity. While political or working communities have not been studied, the strength of family ties, domestic habits, work gestures or neighbourhood sociability indicate that men are resettling into a familiar daily routine, despite the upheavals caused by the war in Paris. The subject lends itself to an analysis of gender identities through the reunion of couples and the confrontation of male and female communities. Relations between men and women have remained good, mainly thanks to the women in the family, but those of the couples are more tense, due to the suspicion that hangs over the companions. Generally speaking, male-female relations are part of banal practices whose cyclical dimension is mainly reflected in the symbolism surrounding certain gestures or words. The study of leave has also shown that female emancipation is limited, as indicated by women's resistance to the sexual solicitations of those on leave. Finally, the demographic stakes of furloughs can be seen in their impact on nuptiality, but their effects are more modest on the birth rate, which they do not compensate for. The relations of the soldiers on leave with the various components of Parisian society during the war (women, foreigners, allied soldiers) testify to the great credit enjoyed by the soldiers at the rear, even if the importance of theatricalization in Parisian space led them to sometimes violent transgressions of the social order, particularly towards police officers, underlining the redefinition of moral standards while invalidating the thesis of widespread "brutalization", since these practices were part of long-term conscriptive and popular Parisian traditions.The soldiers' stay was also an opportunity to identify the social and cultural circulation between the front and the rear, which contributed to the renewal of the distended links between civilians and combatants between 1914 and 1915. The expression of a need for recognition by the soldiers is coupled with a desire to forget the war, which underlines the complexity of individual reactions to the tension of war. Soldiers on leave sought to become exhilarated and to enjoy the pleasures of Parisian life such as the cinema, café-concert and prostitution, behaviours that contrasted with the puritanical norms of wartime. Permissions take their place here in the movement for the democratisation of leisure and holidays that has been underway since the end of the 19th century and confirm the relevance of drawing a parallel between the world of work and the war from the point of view of combatant mobilization factors. This question was explored in depth through the role of furlough in the mobilization of civilians and combatants. The stay of combatants in the rear presented risks from the point of view of controlling public opinion and the movements of soldiers. However, the complexity of the political and military stakes, particularly in 1917, the conditions for carrying out surveys on the state of mind of the Parisian population, and the weight of rumours during the war, made the study of public opinion delicate. On the other hand, permissions do appear to be one of the ways of desertion during the war, even if police sources do not allow for an exhaustive study of this subject, which is still poorly documented in France. The motivations put forward by the suspects indicate the wide variety of conditions in which men became deserters and it is difficult to say what effect the fear of punishment had on their actions. Police sources also make it possible to trace the modalities of the desertion experience, as well as the social profile of late deserters. The third part is devoted to the representations of furlough and furlough-holders that it confronts with the realities described above, based on the study of the press from the rear and the "newspapers from the front", postcards, novels, plays or songs, and with an emphasis on distinguishing the effects of transmitter and medium on the images produced. The stereotype of the combatant perceptible through the images of permission thus contributes to structuring the gap between civilians and combatants in a Parisian setting that crystallizes ambivalent representations. Indeed, soldiers on leave played an important role in the evolution of the wartime system of social representations by embodying the relationship between the combatant community and the civilian community. The figure of the permissionnaire illustrates the fundamental role of ethics in the identity processes of the First World War and in the construction of a social and cultural field specific to "combatants". The logics of civilian guilt on the one hand, and the need for recognition of combatants on the other, are articulated to give substance to combatant stereotypes. In many cases, the relationship of representation is perverted when the values for which combatants are recognized at the rear differ from those to which they aspire. Numerous, highly stereotypical and enduring, civilian representations carry the myths of heroism and virility attributed to warriors. Those constructed by the combatants are more intermittent and deferred, but their persuasive force is usually greater, due to the weight of the testimony between 1914 and 1918, which is perpetuated after the war, carried by the veterans' speeches. Several systems of representation thus coexist, become contaminated and evolve over the course of the war. In all cases, there is a great contrast between combatant myths and the social practices of the furloughers, particularly in their relations with women. ; A partir de juillet 1915, des permissions accordées aux combattants du front leur permettent de passer quelques jours à l'arrière. D'une durée de 6 jours en 1915, ces congés passent à 7 jours en 1916, puis à 10 jours en octobre 1917. Abordé dans une perspective globale, ce travail cherche à relier l'histoire sociale et l'histoire culturelle de la guerre grâce aux méthodes de l'anthropologie culturelle des faits sociaux, sans négliger les dimensions politiques ou militaires. Le plan suivi articule trois niveaux d'analyse, le réel, le symbolique et l'imaginaire, en utilisant un corpus de sources très varié. Celui-ci s'appuie en particulier sur l'analyse de 200 répertoires de procès-verbaux des commissariats parisiens (connus sous le nom de "mains courantes"), qui ont permis la constitution d'une base de données d'environ 6 000 permissionnaires et 6 000 déserteurs. Les analyses des phénomènes sociaux et culturels liés à la permission dans la capitale utilisent l'étude quantitative de cette source foisonnante, qui renseigne sur de nombreux aspects de la vie des individus et des quartiers parisiens, et ne se limite pas à la délinquance. Cette source permet ainsi d'inscrire la réflexion dans la perspective du temps long des évolutions sociales. La base de données a aussi permis la cartographie de certains phénomènes, comme la prostitution, la désertion ou les relations des permissionnaires avec les civils, les femmes ou les soldats alliés. Enfin, les comptes-rendus de la police, souvent consistants, donnent chair à une micro-histoire sociale individualisée.La première partie retrace la construction militaire, politique et administrative des permissions, ainsi que les enjeux logistiques de leur transport en train, qui est aussi étudié dans une perspective anthropologique. Elle utilise principalement des sources militaires et politiques classiques, mais intègre témoignages et représentations. Le régime des permissions mis en place en 1915 est marqué pendant toute la guerre par une improvisation permanente, mais évolue et connaît une réforme majeure en octobre 1916 lorsque le GQG fait des permissions une allocation réglementaire de sept jours accordée trois fois par an. Bien que les décisions en matière de permissions relèvent du Haut Commandement, les citoyens et les politiques ont joué un rôle important dans les réformes successives en faisant pression sur le gouvernement pour accorder des permissions plus équitables et plus longues aux hommes. Les enjeux idéologiques des permissions sont évidents dans les commissions ou lors des débats à l'Assemblée, au sein desquels les députés de gauche portent un discours sur les droits des citoyens républicains et les enjeux sociaux des congés de détente, qui conforte les conclusions de F. Bock sur la participation des parlementaires à la conduite de la guerre. A l'échelle individuelle, les combattants se sont impliqués par des revendications qui témoignent qu'il y a pour eux une relation étroite entre les droits et les devoirs des soldats, et que leur sacrifice ne va pas sans rétributions, ne seraient-elles que symboliques. Dans le contexte d'une guerre industrielle déshumanisante, les permissions avaient un grand rôle à jouer pour soutenir le moral combattant dans la durée. La gestion calamiteuse des permissions en 1915 et 1916 explique la place prise par les permissions dans les revendications des révoltés du printemps 1917, alors même qu'elles étaient désormais plus régulières et distribuées avec équité : c'est surtout comme symbole de la condition du soldat-citoyen et des droits et des devoirs de celui-ci qu'elles sont brandies par certains combattants, confirmant l'étude de L.V. Smith sur la Vème DI. A ce titre, les permissions s'inscrivent dans l'évolution des relations entre l'Armée, la République et les citoyens.Il faut souligner ici que le poids théorique de la discipline est constamment remis en cause par les pratiques transgressives des permissionnaires, qui sont particulièrement manifestes pendant les trajets en train : défiant l'autorité, tournant en ridicule les employés, voyageant en première classe au mépris des règlements, ou cherchant à prolonger illégalement leur permission.Dans le long terme de la guerre, les permissions ont aussi constitué un horizon d'attente qui s'est substitué à celui d'une paix qui se faisait attendre, et ont joué un rôle décisif dans la capacité des hommes à "tenir". Le cycle de l'anticipation, de l'expérience et de la remémoration des permissions alimente ainsi les lettres familiales ou les conversations entre soldats, et permet aux individus d'élaborer des projets, même si les permissions suscitent des sentiments très ambivalents. La seconde partie s'attache à l'expérience de la permission dans la capitale, où les Parisiens retrouvent un univers familier, tandis que les combattants déracinés et isolés, originaires des régions envahies, des colonies ou des pays alliés, découvrent en touristes une ville mythique. Paris est ainsi le principal centre de permissionnaires en France, et vraisemblablement de tous les pays en guerre, accueillant environ 100 000 hommes par mois, soit un total cumulé d'environ 4 millions de permissionnaires entre 1915 et 1918. L'étude s'appuie ici principalement sur l'analyse statistique des répertoires des procès-verbaux des commissariats parisiens. Le séjour des combattants dans la capitale révèle l'enracinement de l'identité combattante, confirmant ce que l'on sait de l'importance d'une culture spécifique née d'une expérience partagée, mais celle-ci se combine aussi aux signes d'une identité civile rémanente. Si les communautés politiques ou de travail n'ont pas été étudiées, la force des liens familiaux, les habitudes domestiques, les gestes du travail ou la sociabilité de voisinage, indiquent que les hommes se réinstallent dans un quotidien familier, malgré les bouleversements occasionnés par la guerre à Paris. Le sujet se prête à une analyse des identités de genre à travers les retrouvailles des couples et la confrontation des communautés masculines et féminines. Les relations entre hommes et femmes sont restées bonnes, principalement grâce aux femmes de la famille, mais celles des couples sont plus tendues, en raison du soupçon qui pèse sur les compagnes. D'une manière générale, les relations hommes – femmes s'inscrivent dans des pratiques banales dont la dimension conjoncturelle se traduit surtout par la symbolique qui entoure certains gestes ou paroles. L'étude des permissions a aussi permis de montrer que l'émancipation féminine est limitée, comme l'indiquent les résistances des femmes aux sollicitations sexuelles des permissionnaires. Enfin, les enjeux démographiques des permissions se manifestent dans l'incidence de celles-ci sur la nuptialité, mais leurs effets sont plus modestes sur la natalité, dont elles ne permettent pas de compenser la chute. Les relations des permissionnaires avec les différentes composantes de la société parisienne du temps de guerre (femmes, étrangers, militaires alliés) témoignent du grand crédit dont bénéficient les soldats à l'arrière, même si l'importance de la théâtralisation dans l'espace parisien les conduit à des transgressions parfois violentes de l'ordre social, notamment envers les agents de police, soulignant la redéfinition des normes morales tout en infirmant la thèse d'une "brutalisation" généralisée, puisque ces pratiques s'inscrivent dans des traditions conscriptives et des traditions populaires parisiennes de long terme. Le séjour des soldats est aussi l'occasion de repérer les circulations sociales et culturelles entre le front et l'arrière, qui contribuent à renouer entre civils et combattants des liens distendus entre 1914 et 1915. L'expression d'un besoin de reconnaissance par les soldats se double d'une volonté d'oublier la guerre qui souligne la complexité des réactions individuelles à la tension de la guerre. Les permissionnaires cherchent à se griser et à profiter des plaisirs de la vie parisienne comme le cinéma, le café-concert ou la prostitution, des comportements qui contrastent avec les normes puritaines du temps de guerre. Les permissions prennent ici place dans le mouvement de démocratisation des loisirs et des vacances engagé depuis la fin du XIXème siècle et confirment la pertinence d'une mise en parallèle du monde du travail et de la guerre du point de vue des ressorts de la mobilisation combattante. Cette question a été approfondie à travers le rôle de la permission dans la mobilisation des civils et des combattants. Le séjour de combattants à l'arrière présentait des risques du point de vue du contrôle de l'opinion publique et des mouvements des soldats. La complexité des enjeux politiques et militaires, notamment en 1917, les conditions de réalisation des enquêtes sur l'état d'esprit de la population parisienne ou encore le poids des rumeurs pendant la guerre, rendent toutefois l'étude des opinions publiques délicates. En revanche, les permissions apparaissent bien comme une des voies de la désertion pendant la guerre, même si les sources policières ne permettent pas une étude exhaustive de ce sujet, encore peu documenté dans le cas français. Les motivations avancées par les suspects indiquent la grande diversité des conditions dans lesquelles les hommes deviennent déserteurs et il est difficile de se prononcer sur l'effet de la peur de la sanction sur leurs actes. Les sources policières permettent aussi de retracer les modalités de l'expérience de la désertion, ainsi que le profil social des permissionnaires en retard. La troisième partie est consacrée aux représentations de la permission et des permissionnaires qu'elle confronte aux réalités précédemment décrites en se fondant sur l'étude de la presse de l'arrière et des "journaux du front", des cartes postales, des romans, des pièces de théâtre ou des chansons et en s'attachant à distinguer les effets d'émetteur et de support sur les images produites. Le stéréotype du combattant perceptible à travers les images de la permission contribue ainsi à structurer le fossé entre civils et combattants dans un cadre parisien qui cristallise des représentations ambivalentes. En effet, les permissionnaires jouent un rôle important dans l'évolution du système de représentations sociales du temps de guerre en incarnant les relations de la communauté combattante à la communauté civile. La figure du permissionnaire illustre le rôle fondamental de l'éthique dans les processus identitaires de la Première Guerre mondiale et dans la construction d'un champ social et culturel propre aux "combattants". Les logiques de la culpabilité des civils d'une part, et du besoin reconnaissance des combattants, d'autre part, s'articulent pour donner corps aux stéréotypes combattants. Dans bien des cas, la relation de représentation est pervertie quand les valeurs pour lesquelles les combattants sont reconnus à l'arrière diffèrent de celles auxquelles ils aspirent. Nombreuses, très stéréotypées et durables, les représentations civiles drainent avec elles tout le poids des mythes de l'héroïsme et de la virilité attribués aux guerriers. Celles construites par les combattants sont davantage intermittentes et différées, mais leur force de persuasion est a priori plus grande, en raison du poids du témoignage entre 1914 et 1918, qui se perpétue après guerre, porté par les discours anciens combattants. Plusieurs systèmes de représentations coexistent donc, se contaminent et évoluent au fil de la guerre. Dans tous les cas, on relève un grand contraste entre les mythes combattants et les pratiques sociales des permissionnaires, en particulier dans leurs relations avec les femmes.
« L'EVALUATION DE L'EDUCATION ET L'ENJEU DES SAVOIRS » La note de synthèse qui accompagne mon dossier de candidature à l'habilitation à diriger des recherches retrace, comme il se doit, une trajectoire de recherche. Celle-ci, pour le dire brièvement, connaît un renversement lorsque, au début des années 1990, je passe d'une posture d'enseignante du second degré conduisant des recherches sur l'enseignement de sa discipline, les sciences économiques et sociales, à un positionnement de chercheuse en économie qui fait porter ses recherches sur l'évaluation de l'éducation. Cependant, dans ces deux sortes de recherches, j'adopte une même conception de l'éducation, l'entendant comme développement culturel de la personne, à portée émancipatrice. L'intentionnalité démocratique de l'éducation est présente dans cette finalité, ce qui conduit à interroger les contenus donnés à l'enseignement et les façons d'opérer la transmission. L'enjeu des savoirs est donc central dans ma conception de l'évaluation en éducation. Il est présent dans la conception qualitative de l'évaluation que je défends. La note de synthèse comporte quatre chapitres. Le premier et le deuxième retracent mes recherches empiriques en distinguant celles qui concernent l'enseignement en classe de celles qui portent sur l'évaluation. Le troisième expose les options théoriques et méthodologiques de mes travaux et le quatrième mes projets. La chapitre 1 porte sur l'enseignement scolaire et l'activité qu'y mène l'enseignant pour faire apprendre aux élèves des savoirs valides ; j'ai exclusivement travaillé sur le second degré et presque uniquement au niveau lycée. Comme bien d'autres chercheurs, j'attribue à ce qui se passe en classe un rôle majeur dans les effets de l'éducation scolaire. Inspirée des travaux en didactiques des disciplines et de ceux de pédagogie générale, je vois à l'activité enseignante une double dimension : gérer la relation aux élèves et gérer la relation des élèves aux contenus de savoir qu'il leur faut apprendre. La spécificité de mon travail a consisté à allier ces deux dimensions dans l'observation de l'enseignement effectif, notamment en SES. L'enjeu de ces recherches consistait à caractériser les significations effectivement enseignées aux élèves puis celles qu'ils ont acquises. Je soutiens et démontre que les significations effectivement enseignées ne sont pas réductibles à la lecture des programmes, ni, tout-à-fait, à celle des manuels. Je soutiens et démontre également que la façon dont le cours se passe, donc les significations qui y sont effectivement exprimées, dépend en partie de la réception par les élèves. J'essaye de caractériser une diversité de modes de déroulement de ces actions, qui, initiées par les professeurs, ont pour enjeu d'associer les élèves, je dis donc que l'action éducative est « relayée ». J'ai participé et mené plusieurs recherches qui se donnaient pour objectif de caractériser ces divers déroulements. J'y pointe leur incertitude, qui est constitutive de la rencontre enseignant-élèves et de la confrontation de ceux–ci aux savoirs qu'on veut leur faire comprendre et assimiler. Ces recherches ont supposé le recueil de matériaux d'un volume toujours considérable : enregistrement de cours, recueil de cahiers et copies d'élèves, entretiens avec les professeurs et les élèves, analyse de manuels etc. J'ai donc élaboré une méthode pour rendre compte de cette diversité des modes d'action éducative. En accord avec bien des travaux contemporains dans les sciences sociales qui tendent de rendre compte de la complexité des figures de l'action et la pluralité des « grandeurs » ou des « raisons » impliquées dans l'action, je modélise l'action des professeurs comme empruntant divers scénarii possibles selon les circonstances et les situations. Ces scénarii sont nommés « mondes d'éducation », ils se distinguent les uns des autres par la conception du savoir et de celui qui apprend qui y dominent ; il en résulte diverses façons de traiter l'incertitude de l'action éducative ; or ces divers modes de canalisation de l'incertitude n'ont pas les mêmes effets en matière d'accès des élèves aux significations attendues, ils ne produisent pas la même chose. Ils n'ont peut-être pas la même valeur en terme d'émancipation de la personne. Le chapitre 2 prend appui sur cette caractérisation de l'action éducative pour engager une critique du mode d'évaluation de l'économie standard et proposer une méthode alternative d'évaluation, qui n'exige pas la mesurabilité du « produit éducatif ». L'économie de l'éducation, comme l'économie en général, se fondant sur une conception instrumentale de l'action voit le problème de l'efficacité comme celui d'un choix entre des moyens alternatifs pour atteindre un but prédéfini. A cela s'oppose l'idée que l'action éducative n'est pas de l'ordre d'un choix, comme la description ci-dessus le laisse voir, et que le produit éducatif n'est pas un bien homogène. Les caractéristiques qualitatives des résultats de l'éducation varient, il paraît difficile d'en rendre compte par la métaphore d'un bien, ou d'une « valeur ajoutée » éducative qui serait mesurable. Le chapitre 2 se propose trois objectifs. D'abord il critique l'approche standard en économie de l'éducation qui postule l'homogénéité et la mesurabilité d'un produit éducatif. Cette critique est conduite sur le double plan logique et empirique. Je montre, notamment par mon travail sur les notes au baccalauréat, qu'il est assez aisé d'ordonner les travaux des élèves selon la valeur de leur performance, mais rarement possible de les mesurer. Les notes sont des chiffres qui ne traduisent pas une mesure mais opèrent plutôt un classement ordinal. Ensuite je réfléchis sur les effets transformateurs induits par la volonté politique de développer dans l'école en France une évaluation fondée sur la mesure quantitative des résultats scolaires des élèves. Je pointe ses effets possibles et, pour certains, déjà effectifs, sur les contenus d'enseignement prévus. La mesure généralisée des connaissances des élèves conduit à modifier les formes d'épreuves en usage dans les écoles et, par voie de conséquence, les prescriptions relatives aux contenus à enseigner de façon à les mettre en cohérence avec ces évaluations. Enfin, je propose une autre approche de l'évaluation. Je la dis « compréhensive », entendant par là que je considère comme impératif de respecter les caractéristiques spécifiques des cours d'action à évaluer si on espère que l'évaluation éclaire leur conduite. Cela impose de comprendre les « raisons » de ceux qui les mènent. Une évaluation au service des enseignants profiterait par exemple du résultat suivant. Dans de nombreux travaux, les miens et d'autres, sont mises en évidence quelques caractéristiques robustes des résultats scolaires des élèves. On remarque ainsi, grâce à des analyses en composantes principales de résultats en classe et au baccalauréat ou même des scores aux épreuves internationales de PISA, qu'un groupe, malheureusement minoritaire, d'élèves sont dans la réussite de façon très stable, quelles que soient les matières, les épreuves, les circonstances ; à ce groupe s'oppose deux autres, un groupe, lui aussi assez stable, d'élèves installés dans l'échec et un groupe important d'élèves aux résultats plus instables. La réussite ressemble à un basculement beaucoup plus qu'à une progression linéaire. Je rends compte aussi, dans ce chapitre, d'une recherche dans laquelle j'utilise cette méthode « compréhensive » pour procéder à une évaluation externe de l'éducation. Il s'agit de l'évaluation de baccalauréats technologiques et professionnels tertiaires, jugés du point de vue de la réussite de leurs détenteurs dans l'exercice de l'activité professionnelle. La différence de résultat entre ces deux sortes de bacheliers invite, entre autres facteurs susceptibles de l'expliquer, à s'intéresser aux orientations curriculaires de ces deux filières. Le chapitre 3 expose les soubassements théoriques de la démarche d'évaluation présente dans mes travaux empiriques. Il fallait en effet tirer, pour l'économie de l'éducation, les conséquences de la rupture avec une conception instrumentale de l'action. Celle-ci renouvelle la façon de penser l'incertitude. La réflexion sur l'incertitude, menée notamment dans l'économie des conventions, oppose au « risque » probabilisable, l'incertitude qui ne l'est pas. J'explique dans ce chapitre comment les travaux de ce courant m'ont aidé à construire une alternative hétérodoxe en économie de l'éducation. Il a été néanmoins nécessaire d'introduire dans la théorie les spécificités de l'acte éducatif, dans sa dimension éducative, le développement de la personne, et culturelle. Cela m'a conduit à préciser d'une part le genre d'action « relayée » dont il s'agit et, de l'autre, la conception sociologique de l'institution que j'adopte. Elle n'est pas strictement identique à celle qui est en usage dans les écrits conventionnalistes. Ainsi je me dis économiste de l'éducation, tout en revendiquant de substituer à la notion d'efficacité, qui suppose un produit éducatif bien délimité et une idée de causalité (éventuellement probabiliste), qui dicte des choix ex ante, celle d'évaluation, nécessairement ex post. La méthode d'évaluation que je préconise est directement inspirée de l'enquête sociale décrite par le philosophe pragmatiste John Dewey dans sa Logique. Cette approche reconnaît le caractère non causal des dispositifs institutionnels, ce qui oblige à prendre en considération l'incertitude de l'action et de ses conséquences. L'évaluation se veut un élément de la conduite démocratique de l'action publique, action publique signifiant une action au service du public invité à connaître et discuter les évaluations du chercheur. Le chapitre 4 enfin, expose mes projets. Je souhaite d'une part poursuivre des travaux anciens sur l'évolution des curricula, d'autre part poursuivre des travaux engagés sur l'évaluation externe de formations professionnelles. Dans mes travaux j'ai eu continûment la préoccupation des contenus transmis par l'enseignement. Ces savoirs sont délimités, mis en mot, catégorisés dans les dispositifs prévoyant l'enseignement et la certification de l'éducation et de la formation. Or cette mise en forme n'est pas arbitraire, il faut que ces catégories soient socialement jugées pertinentes et qu'elles permettent ces activités. Elle n'est pas non plus indifférente puisque ces mises en forme influencent les contenus culturels transmis. Dans ce domaine le champ ouvert à l'évaluation est vaste. Concernant la formation à visée professionnelle la question de la dynamique de l'apprentissage et du rôle de l'expérience dans l'accès à la connaissance m'intéressent tout particulièrement. Elles sont a relier à de nouveaux réquisits de gestion de la main d'œuvre et « d'employabilité » ; elles se traduisent par de nouveaux dispositifs organisationnels comme l'alternance et institutionnels comme la certification des acquis de l'expérience. Je me propose d'étudier spécialement les options sur la mise en forme des savoirs qui découlent de l'écriture de ces dispositifs de l'enseignement et la formation professionnels et leurs répercussions culturelles.
« L'EVALUATION DE L'EDUCATION ET L'ENJEU DES SAVOIRS » La note de synthèse qui accompagne mon dossier de candidature à l'habilitation à diriger des recherches retrace, comme il se doit, une trajectoire de recherche. Celle-ci, pour le dire brièvement, connaît un renversement lorsque, au début des années 1990, je passe d'une posture d'enseignante du second degré conduisant des recherches sur l'enseignement de sa discipline, les sciences économiques et sociales, à un positionnement de chercheuse en économie qui fait porter ses recherches sur l'évaluation de l'éducation. Cependant, dans ces deux sortes de recherches, j'adopte une même conception de l'éducation, l'entendant comme développement culturel de la personne, à portée émancipatrice. L'intentionnalité démocratique de l'éducation est présente dans cette finalité, ce qui conduit à interroger les contenus donnés à l'enseignement et les façons d'opérer la transmission. L'enjeu des savoirs est donc central dans ma conception de l'évaluation en éducation. Il est présent dans la conception qualitative de l'évaluation que je défends. La note de synthèse comporte quatre chapitres. Le premier et le deuxième retracent mes recherches empiriques en distinguant celles qui concernent l'enseignement en classe de celles qui portent sur l'évaluation. Le troisième expose les options théoriques et méthodologiques de mes travaux et le quatrième mes projets. La chapitre 1 porte sur l'enseignement scolaire et l'activité qu'y mène l'enseignant pour faire apprendre aux élèves des savoirs valides ; j'ai exclusivement travaillé sur le second degré et presque uniquement au niveau lycée. Comme bien d'autres chercheurs, j'attribue à ce qui se passe en classe un rôle majeur dans les effets de l'éducation scolaire. Inspirée des travaux en didactiques des disciplines et de ceux de pédagogie générale, je vois à l'activité enseignante une double dimension : gérer la relation aux élèves et gérer la relation des élèves aux contenus de savoir qu'il leur faut apprendre. La spécificité de mon travail a consisté à allier ces deux dimensions dans l'observation de l'enseignement effectif, notamment en SES. L'enjeu de ces recherches consistait à caractériser les significations effectivement enseignées aux élèves puis celles qu'ils ont acquises. Je soutiens et démontre que les significations effectivement enseignées ne sont pas réductibles à la lecture des programmes, ni, tout-à-fait, à celle des manuels. Je soutiens et démontre également que la façon dont le cours se passe, donc les significations qui y sont effectivement exprimées, dépend en partie de la réception par les élèves. J'essaye de caractériser une diversité de modes de déroulement de ces actions, qui, initiées par les professeurs, ont pour enjeu d'associer les élèves, je dis donc que l'action éducative est « relayée ». J'ai participé et mené plusieurs recherches qui se donnaient pour objectif de caractériser ces divers déroulements. J'y pointe leur incertitude, qui est constitutive de la rencontre enseignant-élèves et de la confrontation de ceux–ci aux savoirs qu'on veut leur faire comprendre et assimiler. Ces recherches ont supposé le recueil de matériaux d'un volume toujours considérable : enregistrement de cours, recueil de cahiers et copies d'élèves, entretiens avec les professeurs et les élèves, analyse de manuels etc. J'ai donc élaboré une méthode pour rendre compte de cette diversité des modes d'action éducative. En accord avec bien des travaux contemporains dans les sciences sociales qui tendent de rendre compte de la complexité des figures de l'action et la pluralité des « grandeurs » ou des « raisons » impliquées dans l'action, je modélise l'action des professeurs comme empruntant divers scénarii possibles selon les circonstances et les situations. Ces scénarii sont nommés « mondes d'éducation », ils se distinguent les uns des autres par la conception du savoir et de celui qui apprend qui y dominent ; il en résulte diverses façons de traiter l'incertitude de l'action éducative ; or ces divers modes de canalisation de l'incertitude n'ont pas les mêmes effets en matière d'accès des élèves aux significations attendues, ils ne produisent pas la même chose. Ils n'ont peut-être pas la même valeur en terme d'émancipation de la personne. Le chapitre 2 prend appui sur cette caractérisation de l'action éducative pour engager une critique du mode d'évaluation de l'économie standard et proposer une méthode alternative d'évaluation, qui n'exige pas la mesurabilité du « produit éducatif ». L'économie de l'éducation, comme l'économie en général, se fondant sur une conception instrumentale de l'action voit le problème de l'efficacité comme celui d'un choix entre des moyens alternatifs pour atteindre un but prédéfini. A cela s'oppose l'idée que l'action éducative n'est pas de l'ordre d'un choix, comme la description ci-dessus le laisse voir, et que le produit éducatif n'est pas un bien homogène. Les caractéristiques qualitatives des résultats de l'éducation varient, il paraît difficile d'en rendre compte par la métaphore d'un bien, ou d'une « valeur ajoutée » éducative qui serait mesurable. Le chapitre 2 se propose trois objectifs. D'abord il critique l'approche standard en économie de l'éducation qui postule l'homogénéité et la mesurabilité d'un produit éducatif. Cette critique est conduite sur le double plan logique et empirique. Je montre, notamment par mon travail sur les notes au baccalauréat, qu'il est assez aisé d'ordonner les travaux des élèves selon la valeur de leur performance, mais rarement possible de les mesurer. Les notes sont des chiffres qui ne traduisent pas une mesure mais opèrent plutôt un classement ordinal. Ensuite je réfléchis sur les effets transformateurs induits par la volonté politique de développer dans l'école en France une évaluation fondée sur la mesure quantitative des résultats scolaires des élèves. Je pointe ses effets possibles et, pour certains, déjà effectifs, sur les contenus d'enseignement prévus. La mesure généralisée des connaissances des élèves conduit à modifier les formes d'épreuves en usage dans les écoles et, par voie de conséquence, les prescriptions relatives aux contenus à enseigner de façon à les mettre en cohérence avec ces évaluations. Enfin, je propose une autre approche de l'évaluation. Je la dis « compréhensive », entendant par là que je considère comme impératif de respecter les caractéristiques spécifiques des cours d'action à évaluer si on espère que l'évaluation éclaire leur conduite. Cela impose de comprendre les « raisons » de ceux qui les mènent. Une évaluation au service des enseignants profiterait par exemple du résultat suivant. Dans de nombreux travaux, les miens et d'autres, sont mises en évidence quelques caractéristiques robustes des résultats scolaires des élèves. On remarque ainsi, grâce à des analyses en composantes principales de résultats en classe et au baccalauréat ou même des scores aux épreuves internationales de PISA, qu'un groupe, malheureusement minoritaire, d'élèves sont dans la réussite de façon très stable, quelles que soient les matières, les épreuves, les circonstances ; à ce groupe s'oppose deux autres, un groupe, lui aussi assez stable, d'élèves installés dans l'échec et un groupe important d'élèves aux résultats plus instables. La réussite ressemble à un basculement beaucoup plus qu'à une progression linéaire. Je rends compte aussi, dans ce chapitre, d'une recherche dans laquelle j'utilise cette méthode « compréhensive » pour procéder à une évaluation externe de l'éducation. Il s'agit de l'évaluation de baccalauréats technologiques et professionnels tertiaires, jugés du point de vue de la réussite de leurs détenteurs dans l'exercice de l'activité professionnelle. La différence de résultat entre ces deux sortes de bacheliers invite, entre autres facteurs susceptibles de l'expliquer, à s'intéresser aux orientations curriculaires de ces deux filières. Le chapitre 3 expose les soubassements théoriques de la démarche d'évaluation présente dans mes travaux empiriques. Il fallait en effet tirer, pour l'économie de l'éducation, les conséquences de la rupture avec une conception instrumentale de l'action. Celle-ci renouvelle la façon de penser l'incertitude. La réflexion sur l'incertitude, menée notamment dans l'économie des conventions, oppose au « risque » probabilisable, l'incertitude qui ne l'est pas. J'explique dans ce chapitre comment les travaux de ce courant m'ont aidé à construire une alternative hétérodoxe en économie de l'éducation. Il a été néanmoins nécessaire d'introduire dans la théorie les spécificités de l'acte éducatif, dans sa dimension éducative, le développement de la personne, et culturelle. Cela m'a conduit à préciser d'une part le genre d'action « relayée » dont il s'agit et, de l'autre, la conception sociologique de l'institution que j'adopte. Elle n'est pas strictement identique à celle qui est en usage dans les écrits conventionnalistes. Ainsi je me dis économiste de l'éducation, tout en revendiquant de substituer à la notion d'efficacité, qui suppose un produit éducatif bien délimité et une idée de causalité (éventuellement probabiliste), qui dicte des choix ex ante, celle d'évaluation, nécessairement ex post. La méthode d'évaluation que je préconise est directement inspirée de l'enquête sociale décrite par le philosophe pragmatiste John Dewey dans sa Logique. Cette approche reconnaît le caractère non causal des dispositifs institutionnels, ce qui oblige à prendre en considération l'incertitude de l'action et de ses conséquences. L'évaluation se veut un élément de la conduite démocratique de l'action publique, action publique signifiant une action au service du public invité à connaître et discuter les évaluations du chercheur. Le chapitre 4 enfin, expose mes projets. Je souhaite d'une part poursuivre des travaux anciens sur l'évolution des curricula, d'autre part poursuivre des travaux engagés sur l'évaluation externe de formations professionnelles. Dans mes travaux j'ai eu continûment la préoccupation des contenus transmis par l'enseignement. Ces savoirs sont délimités, mis en mot, catégorisés dans les dispositifs prévoyant l'enseignement et la certification de l'éducation et de la formation. Or cette mise en forme n'est pas arbitraire, il faut que ces catégories soient socialement jugées pertinentes et qu'elles permettent ces activités. Elle n'est pas non plus indifférente puisque ces mises en forme influencent les contenus culturels transmis. Dans ce domaine le champ ouvert à l'évaluation est vaste. Concernant la formation à visée professionnelle la question de la dynamique de l'apprentissage et du rôle de l'expérience dans l'accès à la connaissance m'intéressent tout particulièrement. Elles sont a relier à de nouveaux réquisits de gestion de la main d'œuvre et « d'employabilité » ; elles se traduisent par de nouveaux dispositifs organisationnels comme l'alternance et institutionnels comme la certification des acquis de l'expérience. Je me propose d'étudier spécialement les options sur la mise en forme des savoirs qui découlent de l'écriture de ces dispositifs de l'enseignement et la formation professionnels et leurs répercussions culturelles.
« L'EVALUATION DE L'EDUCATION ET L'ENJEU DES SAVOIRS » La note de synthèse qui accompagne mon dossier de candidature à l'habilitation à diriger des recherches retrace, comme il se doit, une trajectoire de recherche. Celle-ci, pour le dire brièvement, connaît un renversement lorsque, au début des années 1990, je passe d'une posture d'enseignante du second degré conduisant des recherches sur l'enseignement de sa discipline, les sciences économiques et sociales, à un positionnement de chercheuse en économie qui fait porter ses recherches sur l'évaluation de l'éducation. Cependant, dans ces deux sortes de recherches, j'adopte une même conception de l'éducation, l'entendant comme développement culturel de la personne, à portée émancipatrice. L'intentionnalité démocratique de l'éducation est présente dans cette finalité, ce qui conduit à interroger les contenus donnés à l'enseignement et les façons d'opérer la transmission. L'enjeu des savoirs est donc central dans ma conception de l'évaluation en éducation. Il est présent dans la conception qualitative de l'évaluation que je défends. La note de synthèse comporte quatre chapitres. Le premier et le deuxième retracent mes recherches empiriques en distinguant celles qui concernent l'enseignement en classe de celles qui portent sur l'évaluation. Le troisième expose les options théoriques et méthodologiques de mes travaux et le quatrième mes projets. La chapitre 1 porte sur l'enseignement scolaire et l'activité qu'y mène l'enseignant pour faire apprendre aux élèves des savoirs valides ; j'ai exclusivement travaillé sur le second degré et presque uniquement au niveau lycée. Comme bien d'autres chercheurs, j'attribue à ce qui se passe en classe un rôle majeur dans les effets de l'éducation scolaire. Inspirée des travaux en didactiques des disciplines et de ceux de pédagogie générale, je vois à l'activité enseignante une double dimension : gérer la relation aux élèves et gérer la relation des élèves aux contenus de savoir qu'il leur faut apprendre. La spécificité de mon travail a consisté à allier ces deux dimensions dans l'observation de l'enseignement effectif, notamment en SES. L'enjeu de ces recherches consistait à caractériser les significations effectivement enseignées aux élèves puis celles qu'ils ont acquises. Je soutiens et démontre que les significations effectivement enseignées ne sont pas réductibles à la lecture des programmes, ni, tout-à-fait, à celle des manuels. Je soutiens et démontre également que la façon dont le cours se passe, donc les significations qui y sont effectivement exprimées, dépend en partie de la réception par les élèves. J'essaye de caractériser une diversité de modes de déroulement de ces actions, qui, initiées par les professeurs, ont pour enjeu d'associer les élèves, je dis donc que l'action éducative est « relayée ». J'ai participé et mené plusieurs recherches qui se donnaient pour objectif de caractériser ces divers déroulements. J'y pointe leur incertitude, qui est constitutive de la rencontre enseignant-élèves et de la confrontation de ceux–ci aux savoirs qu'on veut leur faire comprendre et assimiler. Ces recherches ont supposé le recueil de matériaux d'un volume toujours considérable : enregistrement de cours, recueil de cahiers et copies d'élèves, entretiens avec les professeurs et les élèves, analyse de manuels etc. J'ai donc élaboré une méthode pour rendre compte de cette diversité des modes d'action éducative. En accord avec bien des travaux contemporains dans les sciences sociales qui tendent de rendre compte de la complexité des figures de l'action et la pluralité des « grandeurs » ou des « raisons » impliquées dans l'action, je modélise l'action des professeurs comme empruntant divers scénarii possibles selon les circonstances et les situations. Ces scénarii sont nommés « mondes d'éducation », ils se distinguent les uns des autres par la conception du savoir et de celui qui apprend qui y dominent ; il en résulte diverses façons de traiter l'incertitude de l'action éducative ; or ces divers modes de canalisation de l'incertitude n'ont pas les mêmes effets en matière d'accès des élèves aux significations attendues, ils ne produisent pas la même chose. Ils n'ont peut-être pas la même valeur en terme d'émancipation de la personne. Le chapitre 2 prend appui sur cette caractérisation de l'action éducative pour engager une critique du mode d'évaluation de l'économie standard et proposer une méthode alternative d'évaluation, qui n'exige pas la mesurabilité du « produit éducatif ». L'économie de l'éducation, comme l'économie en général, se fondant sur une conception instrumentale de l'action voit le problème de l'efficacité comme celui d'un choix entre des moyens alternatifs pour atteindre un but prédéfini. A cela s'oppose l'idée que l'action éducative n'est pas de l'ordre d'un choix, comme la description ci-dessus le laisse voir, et que le produit éducatif n'est pas un bien homogène. Les caractéristiques qualitatives des résultats de l'éducation varient, il paraît difficile d'en rendre compte par la métaphore d'un bien, ou d'une « valeur ajoutée » éducative qui serait mesurable. Le chapitre 2 se propose trois objectifs. D'abord il critique l'approche standard en économie de l'éducation qui postule l'homogénéité et la mesurabilité d'un produit éducatif. Cette critique est conduite sur le double plan logique et empirique. Je montre, notamment par mon travail sur les notes au baccalauréat, qu'il est assez aisé d'ordonner les travaux des élèves selon la valeur de leur performance, mais rarement possible de les mesurer. Les notes sont des chiffres qui ne traduisent pas une mesure mais opèrent plutôt un classement ordinal. Ensuite je réfléchis sur les effets transformateurs induits par la volonté politique de développer dans l'école en France une évaluation fondée sur la mesure quantitative des résultats scolaires des élèves. Je pointe ses effets possibles et, pour certains, déjà effectifs, sur les contenus d'enseignement prévus. La mesure généralisée des connaissances des élèves conduit à modifier les formes d'épreuves en usage dans les écoles et, par voie de conséquence, les prescriptions relatives aux contenus à enseigner de façon à les mettre en cohérence avec ces évaluations. Enfin, je propose une autre approche de l'évaluation. Je la dis « compréhensive », entendant par là que je considère comme impératif de respecter les caractéristiques spécifiques des cours d'action à évaluer si on espère que l'évaluation éclaire leur conduite. Cela impose de comprendre les « raisons » de ceux qui les mènent. Une évaluation au service des enseignants profiterait par exemple du résultat suivant. Dans de nombreux travaux, les miens et d'autres, sont mises en évidence quelques caractéristiques robustes des résultats scolaires des élèves. On remarque ainsi, grâce à des analyses en composantes principales de résultats en classe et au baccalauréat ou même des scores aux épreuves internationales de PISA, qu'un groupe, malheureusement minoritaire, d'élèves sont dans la réussite de façon très stable, quelles que soient les matières, les épreuves, les circonstances ; à ce groupe s'oppose deux autres, un groupe, lui aussi assez stable, d'élèves installés dans l'échec et un groupe important d'élèves aux résultats plus instables. La réussite ressemble à un basculement beaucoup plus qu'à une progression linéaire. Je rends compte aussi, dans ce chapitre, d'une recherche dans laquelle j'utilise cette méthode « compréhensive » pour procéder à une évaluation externe de l'éducation. Il s'agit de l'évaluation de baccalauréats technologiques et professionnels tertiaires, jugés du point de vue de la réussite de leurs détenteurs dans l'exercice de l'activité professionnelle. La différence de résultat entre ces deux sortes de bacheliers invite, entre autres facteurs susceptibles de l'expliquer, à s'intéresser aux orientations curriculaires de ces deux filières. Le chapitre 3 expose les soubassements théoriques de la démarche d'évaluation présente dans mes travaux empiriques. Il fallait en effet tirer, pour l'économie de l'éducation, les conséquences de la rupture avec une conception instrumentale de l'action. Celle-ci renouvelle la façon de penser l'incertitude. La réflexion sur l'incertitude, menée notamment dans l'économie des conventions, oppose au « risque » probabilisable, l'incertitude qui ne l'est pas. J'explique dans ce chapitre comment les travaux de ce courant m'ont aidé à construire une alternative hétérodoxe en économie de l'éducation. Il a été néanmoins nécessaire d'introduire dans la théorie les spécificités de l'acte éducatif, dans sa dimension éducative, le développement de la personne, et culturelle. Cela m'a conduit à préciser d'une part le genre d'action « relayée » dont il s'agit et, de l'autre, la conception sociologique de l'institution que j'adopte. Elle n'est pas strictement identique à celle qui est en usage dans les écrits conventionnalistes. Ainsi je me dis économiste de l'éducation, tout en revendiquant de substituer à la notion d'efficacité, qui suppose un produit éducatif bien délimité et une idée de causalité (éventuellement probabiliste), qui dicte des choix ex ante, celle d'évaluation, nécessairement ex post. La méthode d'évaluation que je préconise est directement inspirée de l'enquête sociale décrite par le philosophe pragmatiste John Dewey dans sa Logique. Cette approche reconnaît le caractère non causal des dispositifs institutionnels, ce qui oblige à prendre en considération l'incertitude de l'action et de ses conséquences. L'évaluation se veut un élément de la conduite démocratique de l'action publique, action publique signifiant une action au service du public invité à connaître et discuter les évaluations du chercheur. Le chapitre 4 enfin, expose mes projets. Je souhaite d'une part poursuivre des travaux anciens sur l'évolution des curricula, d'autre part poursuivre des travaux engagés sur l'évaluation externe de formations professionnelles. Dans mes travaux j'ai eu continûment la préoccupation des contenus transmis par l'enseignement. Ces savoirs sont délimités, mis en mot, catégorisés dans les dispositifs prévoyant l'enseignement et la certification de l'éducation et de la formation. Or cette mise en forme n'est pas arbitraire, il faut que ces catégories soient socialement jugées pertinentes et qu'elles permettent ces activités. Elle n'est pas non plus indifférente puisque ces mises en forme influencent les contenus culturels transmis. Dans ce domaine le champ ouvert à l'évaluation est vaste. Concernant la formation à visée professionnelle la question de la dynamique de l'apprentissage et du rôle de l'expérience dans l'accès à la connaissance m'intéressent tout particulièrement. Elles sont a relier à de nouveaux réquisits de gestion de la main d'œuvre et « d'employabilité » ; elles se traduisent par de nouveaux dispositifs organisationnels comme l'alternance et institutionnels comme la certification des acquis de l'expérience. Je me propose d'étudier spécialement les options sur la mise en forme des savoirs qui découlent de l'écriture de ces dispositifs de l'enseignement et la formation professionnels et leurs répercussions culturelles.
La motivation du départ en échange pour développer les compétences des étudiants en tandem : un parcours d'accompagnement linguistique et interculturel sur Moodle ! Présentation de dispositif d'enseignement-apprentissage LEJOT Eve, MOLOSTOFF Leslie Université du Luxembourg, Unité de recherche IPSE (Identités. Politiques, Sociétés, Espaces) KH Les Centres de Langues des 6 universités de la Grande Région (région territoriale transfrontalière entre la France, la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne) travaillent ensemble à la création d'un parcours pédagogique en ligne d'apprentissage du français et de l'allemand dans le cadre d'un projet Erasmus+ (2017-2019). L'objectif de la mise en place d'un cours en ligne est de guider les étudiants dans la préparation de leur échange universitaire dans l'une des 6 universités et ainsi de les inciter à se poser les bonnes questions en amont de leur départ. Le dispositif permet de développer leurs compétences linguistiques et interculturelles. Le constat d'un manque certain de coopération entre les Centres de Langues de la Grande Région est à l'origine de ce projet transfrontalier. De plus, dans la plupart des universités du consortium, un échange est obligatoire dans le parcours universitaire. Une étude préliminaire a mis au jour le manque de préparation des étudiants à ce semestre passé à l'étranger et également de mise à profit culturelle et linguistique de cet échange. D'autre part, les réponses à des questionnaires de cette étude envoyés aux étudiants ont révélé que ces derniers accordaient un grand intérêt aux cours de langues et s'y engageaient de manière volontaire. L'enjeu du projet, et donc du cours en ligne, via les activités pédagogiques proposées, est de rendre les étudiants plus autonomes et de les confronter, avant même leur départ, aux différences administratives, culturelles ou encore linguistiques qu'ils pourront observer entre leur environnement d'origine et celui d'accueil. Fractionné en cinq étapes thématiques (Préparation avant le départ, Préparation à l'arrivée, Vivre sur place, Les études et Validation des études), le parcours en ligne propose aux étudiants des activités qui leur permettront à la fois de renforcer leurs parcours linguistiques (apprentissage de vocabulaire spécifique, lecture de documents authentiques, visionnage de vidéos, rédaction de textes, etc.), et leurs compétences interculturelles (qu'est-ce qu'un bail ?, comment trouver un logement sur place ?, comment fonctionne l'université d'accueil ?, la notation, la gastronomie 95 locale, etc.). Afin de rendre la progression plus fluide, les étapes sont elles-mêmes divisées en trois parties. Toutes les parties contiennent au minimum un bloc d'activités au sein duquel les étudiants trouveront un document authentique et didactisé, des questions de compréhension de ce document, un exercice d'appropriation des nouvelles informations culturelles et/ou linguistiques et enfin, une tâche à effectuer (écrire un mail au secrétariat de l'université d'accueil, témoigner sur un sujet, etc.). Les informations communiquées via les activités correspondent au plus près aux attentes des étudiants avec six versions du cours proposées : une version par université. D'un point de vue technique, le cours est proposé en ligne, sur la plateforme Moodle. Ainsi, tous les étudiants participant au cours, malgré leur éloignement physique, partagent un même espace de travail en ligne. L'ensemble des activités se réalise individuellement et en autonomie, néanmoins, un espace collaboratif est mis à la disposition des étudiants sur le mode du tandem. L'objectif de notre projet étant de préparer culturellement et linguistiquement les étudiants en futur échange à vivre et étudier dans leur nouvelle ville/université d'accueil, intégrer des échanges réguliers avec un étudiant de la langue cible, voire de l'université d'accueil, apportera un gain en autonomie aux étudiants, une métaréflexion sur leur propre culture sociale et universitaire et des informations cruciales sur leur futur nouvel environnement. La pédagogie tandem en ligne rencontre ces dernières années un vif succès dans le contexte universitaire, comme le montrent, entre autres, le projet eTandem sino-francophone (Wang-Szilas, 2017) et le projet franco-brésilien Télétandem (Santos, 2012). Les résultats des recherches dans le domaine sociocognitif montrent que « l'espace protégé et encourageant du tandem » déclenche de nouveaux réflexes d'apprentissage (Eschenauer, 2013. p. 96). Travailler en tandem permet à deux étudiants de gérer un projet commun, de gagner de l'autonomie par la mise en place de ce projet, de se décentrer, de gagner en empathie et de mener une réflexion sur les moyens méthodologiques de mise en place pour l'organisation du travail (Eschenauer, 2013). Ainsi, les activités de la plateforme ont été conçues dans l'idée que les étudiants s'accompagnent mutuellement dans le développement de leurs compétences linguistiques et interculturelles. Au sein de notre parcours en ligne, le rôle du tandem est, tout d'abord, de permettre à l'étudiant d'avoir un soutien dans sa ville d'accueil, une personne-ressource apte à répondre à la majorité des questions liées à son installation dans la nouvelle ville. L'étudiant ressource devra opérer, comme mentionné plus haut, un travail de décentration dans la mesure où il devra apprendre à prendre du recul sur sa propre culture afin de pouvoir en parler avec son partenaire. Le partenaire, lui, développera son sens de l'empathie dans la mesure où il devra se montrer prêt à recevoir des informations pouvant différer des modèles culturels qui lui sont connus et familiers. Dans une autre mesure, une des stratégies spécifiques au tandem est de « proposer ou faire des corrections » (Lewis et Stickler, 2007, p.14). Cette stratégie de correction entre pairs est notamment applicable dans des activités de production écrite. Grâce à la relecture entre pairs, les étudiants ont plus tendance à retravailler leur production lorsqu'ils reçoivent des retours de pairs (Carifio, Jackson et Dagostino, 2001). Dans le cadre du projet, lorsqu'une tâche de production écrite est demandée, l'étudiant peut faire appel à son partenaire pour une relecture et des feedbacks avant de soumettre son travail en ligne. Ainsi, tous les étudiants ont donc un rôle à la fois de collaborateur et de co-évaluateur. Ils travaillent ensemble dans les trois situations suivantes : 96 relecture de documents : dans le cadre de la réalisation d'une tâche individuelle de production, l'étudiant est fortement encouragé à faire appel à son partenaire pour une relecture de son travail avant soumission de ce dernier pour évaluation. Le partenaire apportera des feedbacks à l'étudiant afin d'améliorer cette production. échange de conseils : comme mentionné plus haut, les étudiants sont, tout au long du travail sur la plateforme, des ressources les uns pour les autres. Chaque étudiant est un soutien, une personne-ressource pour son partenaire, apte à répondre (ou à chercher la réponse) à la majorité des questions liées à son installation dans la nouvelle ville. collaboration : tout au long du scénario, en plus des tâches à réaliser individuellement, il est demandé aux tandems de travailler en étroite collaboration sur des présentations communes à réaliser dans les deux langues et visant à approfondir encore une fois les connaissances linguistiques et culturelles respectives de la paire d'étudiants sur leur ville/université d'accueil. L'enjeu de l'intégration de la fonction tandem dans notre cours en ligne est de tester à la fois le principe de l'eTandem et la réalisation de tâches autour du Français sur Objectif Universitaire. Du fait de la collaboration de 6 universités représentant 4 pays, la relation avec un pair semble la source la plus fiable et précise pour la collecte d'informations et l'autoformation de l'étudiant en futur échange dans une de ces 6 universités. La complexité résulte dans la mise en place de cette fonction tandem et dans l'évaluation des compétences qu'elle permettra aux étudiants de réellement développer. Enfin, sert-elle vraiment l'autonomisation de l'étudiant ? Si on distingue l'autonomie de l'indépendance (l'indépendance comme capacité à gérer des situations tout seul et l'autonomie comme la capacité à faire ses choix, à décider par soi-même de nos besoins de ce qui est bon pour nous), la plateforme permet de développer les deux à la fois pour les étudiants. Les 5 étapes thématiques du Moodle permettent de développer leur indépendance, de les outiller pour qu'ils puissent se débrouiller pendant ce semestre avec la langue, la culture universitaire et nationale du pays d'accueil. Le travail en tandem va permettre à l'étudiant de s'émanciper du programme préconstruit pour choisir par lui-même ce qu'il veut savoir, ce qui l'intéresse, etc. et utiliser son tandem pour trouver les moyens d'accéder aux informations et compétences dont il peut avoir besoin pour rendre effective cette autonomie. La difficulté est de trouver ici un juste guidage du tandem : suffisamment cadrant pour le faire démarrer et lui servir d'étayage, et suffisamment lâche pour laisser le binôme s'en émanciper. L'objectif est d'« outiller » les étudiants au mieux pour acquérir le niveau suivant à leur niveau de langue actuelle (par exemple progresser de B1 à B2). Nous avons ainsi conçu pour notre scénario un ensemble de tâches à réaliser en tandem orientées autour de la vie culturelle et universitaire que les étudiants devront réaliser ensemble à distance, mais également en présentiel lors de deux sessions qui encadrent leur départ (une en amont et l'autre en aval). La mise en place de notre projet suit la logique du schéma d'ingénierie pédagogique ADDIE, utilisé notamment par J. Wang-Szilas (2017) dans le cadre de son projet eTandem sinofrancophone. Ainsi notre projet suit les étapes suivantes : Évaluation (étude préliminaire), Analyse (détermination des besoins des étudiants), Design (détermination du squelette et des principes du cours en ligne), Développement (mise en place des activités du parcours en ligne), Implémentation (phase test/pilote auprès d'étudiants testeurs), Évaluation (collecte de feedbacks 97 de la part des étudiants), Analyse (des feedbacks et réalisation d'un critical report), Design (redesign du cours en ligne en prenant en compte les retours des étudiants testeurs), Développement, Implémentation (phase de lancement). Dans notre communication, nous allons présenter notre dispositif, les tâches à réaliser en tandem et les premiers retours des étudiants sur ces tâches. Nous allons analyser les questionnaires de feedbacks des étudiants. Les questionnaires leur permettront à la fois de mettre en avant ce qu'ils ont apprécié, ce qu'ils ont appris culturellement et linguistiquement, mais également de proposer des pistes d'amélioration pour rendre le parcours plus attractif et surtout le plus adapté possible au public visé. Nous allons également faire un point concret sur la mise en pratique (forum, relecture, workshop etc.) du rôle de co-évaluateur et de collaborateur de réalisation de tâches au sein de notre parcours pédagogique sur Moodle. KH RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Carifio, J., Jackson, I. et Dagostino, L. (2001). Effects of Diagnostic and Prescriptive Comments on the Revising Behaviors of Community College Students. Community College Journal of Research and Practice, 25(2), 109-122. Eschenauer, J. (2013). Apprendre une langue en tandem. Réinterprétation des tandems à la lumière d'une approche sociocognitive. Langages, 192(4), 87-99. doi:10.3917/lang.192.0087 Lewis, T. et Stickler, U. (2007). Les stratégies collaboratives d'apprentissage lors d'un échange en tandem via Internet. Lidil, 36, 163-188. Santos, L. (2012). Projet Télétandem Brésil, trois années d'échanges franco-brésiliens en ligne : le point de vue des étudiants français. Alsic, 15(2). Repéré à http://journals.openedition.org/alsic/2530 Wang-Szilas, J. (2017). Les enjeux de l'intégration de l'eTandem en didactique des langues-cultures étrangères : interactions entre apprenants et dynamique institutionnelle dans un dispositif universitaire sino-francophone. Adjectif.net. Repéré à http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article436
By questioning the facts experienced locally, the violence around protected areas in the region of Butembo, the purpose is available quickly in a constantly renewed global issue: the Fear of depletion of natural resources. Today, at least more than ever, the question is necessary and in the debates: Everyone aspires to a better life, but what planet? More than the scarcity of resources, perception, representation which is chaired shortages behaviors adopted. In the center, even the instinct to try to ensure the perpetuation of its species, the question is generally "the conservation of nature would it be novelty in the struggle for survival? " Humanity is looking for his path of sustainability, can be found on its path of life of irreversibility, and they result from bifurcations encountered, not the facts of determinism. On this journey, the conservation of nature has gone through several stages. There were first integrated policies of exploitation and keep the 17th and 18th century, and exclusive policies of intervention and imposition of protected areas that have prevailed in the 19th and 20th century and the current attempts at reconciliation, development conservation. In an effort to understand the local facts, joints between hard keeping systems and social systems in the face, this work exploits the conflicts that arise naturally from the setting facing the two logics: that of operating a survival immediate versus that of conservation for survival of future generations. That is the problem posed by the concept of sustainable development to existing policies. By scanning deployments over time of conservation systems in the region of investigation and redeployment of existing social systems in the field of conservation in this region, the work establishes the boundaries of existing conservation systems. It is the modern side by techno-management of nature or the traditional side by its symbolism and its approach using rituals or cultural. As a result, these limitations become reciprocal opportunities to seize, a potential capital to reconcile points of view. By showing that none of the two systems can no longer rely on either some or a superiority operative efficient real legitimacy, the door is open to finding solutions. The originality in this case would be to find ways to "live together" of two models that take into account the complexity and interconnectedness of environmental phenomena as well as those that govern social systems. In this context, the work explores the potential as natural or physical, socio-cultural (with a bag or a historical trajectory) and structural or institutional specific local context. Are then highlighted: - the great variability in the physical conformation of the environment, causing its spectacular wealth in terms of biodiversity (now certified and recognized landscapes Maiko-Tayna Virunga and Kahuzi-Biega), - the enormous wealth formed local cultural traditional symbolic representations that underlie the relationship between man and nature in the region and finally - the strong human capacity to establish and maintain relationships across borders or even inter-state armed conflicts that occurred in the Great Lakes region of Central Africa in recent decades. In short, the region of Butembo this predisposition in favor of physical and social integration-Conservation Development. The proposed scheme performs a double integration of conservation: - Horizontal integration, or below, proposes to set up conservation areas around the symbols of tradition (especially in masingiro and mahero in Butembo region), which are already met. The aim is not only the acceptance of protected areas but also the appropriation of conservation by local communities. The effect would be to consider the conservation beyond the rigid boundaries of protected areas and stop with the nose up positions on disputed land, currently played, which crystallize the relationship between the formal structures of conservation and the people immersed in the endless conflicts of wear. Incorporating symbols of mahero and masingiro with their respective regulatory systems, conservation and the associate Vakama that are simultaneously their protectors, those in power and land the legitimate representatives of local people. They are those who embody, in this way, the traditional moral and spiritual authority, forming the gateway to the conservation among local communities. - Vertical integration, or top, plans to combine the existing AP to form functional landscape of large more robust in terms of synergy of actions. This is to review the conservation beyond its former executives. Whether cross-border areas or even within the country, the need is to prove the (pre) measures favorable to the synergy of actions from the group consisting of protected areas affiliates. In adopting these reforms for conservation, it is then necessary to choose the concepts of "Green Networking" and "institutional networks management of protected areas." In this case the region of Butembo, the two networks are identified: the landscape Maiko-Tayna-Kahuzi-Biega (located entirely within the national territory) and the Greater Virunga Landscape (composed of cross-border areas between the DR Congo, Rwanda and Uganda). All combine to surpass the rigid boundaries of the old AP, the models set by top-down or bottom-up area where the animals were significantly isolated from the human field. Thus, in the new design here supported, protected areas and areas not in operation form one single community; the "integrated spaces" in order to keep renewing the links between development and conservation are required for "community sustainable living." Remains is the political will to understand these provisions in favor of integration-Conservation Development. Experiments of this scheme would make a step, and then replicate it in other areas, with a view to sustainable development in the region. ; En questionnant des faits concrets vécus localement, des violences autour des aires protégées en région de Butembo, le propos se décline vite en une problématique planétaire perpétuellement renouvelée : la phobie de l'épuisement des ressources naturelles. Aujourd'hui, en tout cas plus qu'hier, la question revient et s'impose dans les débats : tout le monde aspire à des conditions de vie meilleures, mais sur quelle planète ? Plus que la rareté des ressources, sa perception, la représentation qu'on se fait des pénuries préside les comportements adoptés. Au centre, l'instinct-même de chercher à assurer la perpétuation de son espèce, la question se pose globalement : « la conservation de la nature serait-elle la nouveauté dans la lutte pour la survivance ? » L'humanité recherchant son sentier de viabilité, on retrouve sur sa trajectoire de vie des irréversibilités ; elles résultent des bifurcations rencontrées et non des faits de déterminisme. Sur ce cheminement, la conservation de la nature est passée par plusieurs étapes. Il y a eu d'abord des politiques intégrées d'exploitation-conservation du 17e et 18e siècle, puis les politiques d'interventions exclusives et d'imposition des aires protégées qui ont prévalu au 19e et 20e siècle et les actuelles tentatives de conciliation développement-conservation. Dans une démarche de compréhension des faits locaux, des articulations difficiles entre les systèmes de conservation et les systèmes sociaux en face, ce travail exploite ces conflits qui résultent naturellement de la mise aux prises des deux logiques : celle de l'exploitation pour une survie dans l'immédiat versus celle de la conservation pour une survie des générations futures. C'est là toute la problématique que pose la notion de développement durable aux politiques actuelles. En scrutant les déploiements dans le temps des systèmes de conservation dans la région d'investigation et les redéploiements actuels des systèmes sociaux sur le terrain de la conservation dans cette région, le travail établit les limites actuels des systèmes de conservation. Qu'il soit du côté moderne par la gestion technoscientifique de la nature ou du côté traditionnel par son symbolisme et sa démarche utilisant des cérémonies rituelles ou d'ordre culturel. Du coup, ces limites réciproques deviennent des opportunités à saisir, un capital potentiel pour réconcilier les points de vue. En montrant qu'aucun des deux systèmes ne peut plus se prévaloir ni d'une certaine suprématie opérante ni d'une réelle légitimité efficiente, la porte est ouverte à la recherche des solutions. L'originalité pour ce cas serait de trouver des façons de "vivre ensemble" de deux modèles, qui prennent en compte la complexité et l'interconnexion des phénomènes environnementaux ainsi que de ceux qui régissent les systèmes sociaux. Dans ce cadre, le travail explore les potentialités tant naturelles ou physiques, socioculturelles (avec un bagage ou une trajectoire historique) que structurelles ou institutionnelles, spécifiques au contexte local. Sont alors mises en exergue : - la grande variabilité dans la conformation physique du milieu, engendrant sa spectaculaire richesse en termes de biodiversité (attestée aujourd'hui et reconnue aux paysages Virunga et Maïko-Tayna-Kahuzi-Biega), - l'énorme richesse culturelle locale formée des représentations traditionnelles symboliques qui fondent les relations Homme-Nature dans la région et enfin - les fortes capacités humaines à nouer et conserver des relations au-delà des frontières ou même des conflits armés interétatiques qui sont survenus en région des Grands Lacs d'Afrique centrale pendant les dernières décennies. En somme, la région de Butembo présente des prédispositions physiques et sociales favorables à une intégration Développement-Conservation. Le schéma proposé procède à une double intégration de la conservation : - l'intégration horizontale, ou par le bas, propose à la conservation des espaces constitués tout autour des symboles de la tradition (notamment le mahero et le masingiro en région de Butembo), qui sont déjà respectés. La visée est non seulement l'acceptation des aires protégées mais surtout l'appropriation de la conservation par les communautés locales. L'effet serait de considérer la conservation au-delà des frontières rigides des aires protégées et de cesser avec des positions cabrées sur des terres litigieuses, actuellement disputées, qui cristallisent les relations entre les structures officielles de la conservation et les populations plongées dans des interminables conflits d'usure. En incorporant les symboles de mahero et de masingiro, avec leurs systèmes de régulations respectifs, la conservation associera ainsi les vakama qui sont simultanément leurs protecteurs, les détenteurs du pouvoir foncier et les représentants légitimes des populations locales. Ils sont ceux qui incarnent, par ce biais, l'autorité morale et spirituelle traditionnelle, constituant ainsi la porte d'entrée de la conservation au sein des communautés locales. - l'intégration verticale, ou par le haut, envisage d'associer les AP existantes pour constituer de grands ensembles paysagers fonctionnels plus robustes, en termes de synergie d'actions. Il s'agit de revoir la conservation au-delà de ses anciens cadres. Qu'ils soient des espaces transfrontaliers ou même internes au pays, la nécessité est de prouver des (pré)dispositions favorables à la synergie d'actions dans l'ensemble formé des aires protégées affiliées. En adoptant ces réformes pour la conservation, il convient alors d'opter pour les concepts de "mise en réseaux écologiques" et de "réseaux institutionnels de gestion d'espaces protégés". Dans ce cas de la région de Butembo, les deux réseaux identifiés étant : le paysage Maiko-Tayna-Kahuzi-Biega (entièrement situé à l'intérieur du territoire national) et le Grand Landscape Virunga (formé des espaces transfrontaliers entre la RD Congo, le Rwanda et l'Uganda). L'ensemble concourt à surpasser les anciennes frontières rigides des AP, fixées par les modèles top-down ou bottom-up où le domaine des bêtes était nettement isolé du domaine des humains. Ainsi, dans la nouvelle conception ici soutenue, les espaces protégés et les espaces en exploitation ne formeraient plus qu'un seul milieu, des "espaces intégrés" à conserver afin de renouer les liens qui s'imposent entre développement et conservation pour des "milieux de vie durables". Reste alors la volonté politique pour comprendre ces dispositions favorables à l'intégration Développement-Conservation. L'expérimentation de ce schéma ne ferait qu'une étape, pour ensuite le reproduire dans d'autres zones, dans une perspective d'un Développement Durable dans la région. ; (SPED 3) -- UCL, 2011
By questioning the facts experienced locally, the violence around protected areas in the region of Butembo, the purpose is available quickly in a constantly renewed global issue: the Fear of depletion of natural resources. Today, at least more than ever, the question is necessary and in the debates: Everyone aspires to a better life, but what planet? More than the scarcity of resources, perception, representation which is chaired shortages behaviors adopted. In the center, even the instinct to try to ensure the perpetuation of its species, the question is generally "the conservation of nature would it be novelty in the struggle for survival? " Humanity is looking for his path of sustainability, can be found on its path of life of irreversibility, and they result from bifurcations encountered, not the facts of determinism. On this journey, the conservation of nature has gone through several stages. There were first integrated policies of exploitation and keep the 17th and 18th century, and exclusive policies of intervention and imposition of protected areas that have prevailed in the 19th and 20th century and the current attempts at reconciliation, development conservation. In an effort to understand the local facts, joints between hard keeping systems and social systems in the face, this work exploits the conflicts that arise naturally from the setting facing the two logics: that of operating a survival immediate versus that of conservation for survival of future generations. That is the problem posed by the concept of sustainable development to existing policies. By scanning deployments over time of conservation systems in the region of investigation and redeployment of existing social systems in the field of conservation in this region, the work establishes the boundaries of existing conservation systems. It is the modern side by techno-management of nature or the traditional side by its symbolism and its approach using rituals or cultural. As a result, these limitations become reciprocal opportunities to seize, a potential capital to reconcile points of view. By showing that none of the two systems can no longer rely on either some or a superiority operative efficient real legitimacy, the door is open to finding solutions. The originality in this case would be to find ways to "live together" of two models that take into account the complexity and interconnectedness of environmental phenomena as well as those that govern social systems. In this context, the work explores the potential as natural or physical, socio-cultural (with a bag or a historical trajectory) and structural or institutional specific local context. Are then highlighted: - the great variability in the physical conformation of the environment, causing its spectacular wealth in terms of biodiversity (now certified and recognized landscapes Maiko-Tayna Virunga and Kahuzi-Biega), - the enormous wealth formed local cultural traditional symbolic representations that underlie the relationship between man and nature in the region and finally - the strong human capacity to establish and maintain relationships across borders or even inter-state armed conflicts that occurred in the Great Lakes region of Central Africa in recent decades. In short, the region of Butembo this predisposition in favor of physical and social integration-Conservation Development. The proposed scheme performs a double integration of conservation: - Horizontal integration, or below, proposes to set up conservation areas around the symbols of tradition (especially in masingiro and mahero in Butembo region), which are already met. The aim is not only the acceptance of protected areas but also the appropriation of conservation by local communities. The effect would be to consider the conservation beyond the rigid boundaries of protected areas and stop with the nose up positions on disputed land, currently played, which crystallize the relationship between the formal structures of conservation and the people immersed in the endless conflicts of wear. Incorporating symbols of mahero and masingiro with their respective regulatory systems, conservation and the associate Vakama that are simultaneously their protectors, those in power and land the legitimate representatives of local people. They are those who embody, in this way, the traditional moral and spiritual authority, forming the gateway to the conservation among local communities. - Vertical integration, or top, plans to combine the existing AP to form functional landscape of large more robust in terms of synergy of actions. This is to review the conservation beyond its former executives. Whether cross-border areas or even within the country, the need is to prove the (pre) measures favorable to the synergy of actions from the group consisting of protected areas affiliates. In adopting these reforms for conservation, it is then necessary to choose the concepts of "Green Networking" and "institutional networks management of protected areas." In this case the region of Butembo, the two networks are identified: the landscape Maiko-Tayna-Kahuzi-Biega (located entirely within the national territory) and the Greater Virunga Landscape (composed of cross-border areas between the DR Congo, Rwanda and Uganda). All combine to surpass the rigid boundaries of the old AP, the models set by top-down or bottom-up area where the animals were significantly isolated from the human field. Thus, in the new design here supported, protected areas and areas not in operation form one single community; the "integrated spaces" in order to keep renewing the links between development and conservation are required for "community sustainable living." Remains is the political will to understand these provisions in favor of integration-Conservation Development. Experiments of this scheme would make a step, and then replicate it in other areas, with a view to sustainable development in the region. ; En questionnant des faits concrets vécus localement, des violences autour des aires protégées en région de Butembo, le propos se décline vite en une problématique planétaire perpétuellement renouvelée : la phobie de l'épuisement des ressources naturelles. Aujourd'hui, en tout cas plus qu'hier, la question revient et s'impose dans les débats : tout le monde aspire à des conditions de vie meilleures, mais sur quelle planète ? Plus que la rareté des ressources, sa perception, la représentation qu'on se fait des pénuries préside les comportements adoptés. Au centre, l'instinct-même de chercher à assurer la perpétuation de son espèce, la question se pose globalement : « la conservation de la nature serait-elle la nouveauté dans la lutte pour la survivance ? » L'humanité recherchant son sentier de viabilité, on retrouve sur sa trajectoire de vie des irréversibilités ; elles résultent des bifurcations rencontrées et non des faits de déterminisme. Sur ce cheminement, la conservation de la nature est passée par plusieurs étapes. Il y a eu d'abord des politiques intégrées d'exploitation-conservation du 17e et 18e siècle, puis les politiques d'interventions exclusives et d'imposition des aires protégées qui ont prévalu au 19e et 20e siècle et les actuelles tentatives de conciliation développement-conservation. Dans une démarche de compréhension des faits locaux, des articulations difficiles entre les systèmes de conservation et les systèmes sociaux en face, ce travail exploite ces conflits qui résultent naturellement de la mise aux prises des deux logiques : celle de l'exploitation pour une survie dans l'immédiat versus celle de la conservation pour une survie des générations futures. C'est là toute la problématique que pose la notion de développement durable aux politiques actuelles. En scrutant les déploiements dans le temps des systèmes de conservation dans la région d'investigation et les redéploiements actuels des systèmes sociaux sur le terrain de la conservation dans cette région, le travail établit les limites actuels des systèmes de conservation. Qu'il soit du côté moderne par la gestion technoscientifique de la nature ou du côté traditionnel par son symbolisme et sa démarche utilisant des cérémonies rituelles ou d'ordre culturel. Du coup, ces limites réciproques deviennent des opportunités à saisir, un capital potentiel pour réconcilier les points de vue. En montrant qu'aucun des deux systèmes ne peut plus se prévaloir ni d'une certaine suprématie opérante ni d'une réelle légitimité efficiente, la porte est ouverte à la recherche des solutions. L'originalité pour ce cas serait de trouver des façons de "vivre ensemble" de deux modèles, qui prennent en compte la complexité et l'interconnexion des phénomènes environnementaux ainsi que de ceux qui régissent les systèmes sociaux. Dans ce cadre, le travail explore les potentialités tant naturelles ou physiques, socioculturelles (avec un bagage ou une trajectoire historique) que structurelles ou institutionnelles, spécifiques au contexte local. Sont alors mises en exergue : - la grande variabilité dans la conformation physique du milieu, engendrant sa spectaculaire richesse en termes de biodiversité (attestée aujourd'hui et reconnue aux paysages Virunga et Maïko-Tayna-Kahuzi-Biega), - l'énorme richesse culturelle locale formée des représentations traditionnelles symboliques qui fondent les relations Homme-Nature dans la région et enfin - les fortes capacités humaines à nouer et conserver des relations au-delà des frontières ou même des conflits armés interétatiques qui sont survenus en région des Grands Lacs d'Afrique centrale pendant les dernières décennies. En somme, la région de Butembo présente des prédispositions physiques et sociales favorables à une intégration Développement-Conservation. Le schéma proposé procède à une double intégration de la conservation : - l'intégration horizontale, ou par le bas, propose à la conservation des espaces constitués tout autour des symboles de la tradition (notamment le mahero et le masingiro en région de Butembo), qui sont déjà respectés. La visée est non seulement l'acceptation des aires protégées mais surtout l'appropriation de la conservation par les communautés locales. L'effet serait de considérer la conservation au-delà des frontières rigides des aires protégées et de cesser avec des positions cabrées sur des terres litigieuses, actuellement disputées, qui cristallisent les relations entre les structures officielles de la conservation et les populations plongées dans des interminables conflits d'usure. En incorporant les symboles de mahero et de masingiro, avec leurs systèmes de régulations respectifs, la conservation associera ainsi les vakama qui sont simultanément leurs protecteurs, les détenteurs du pouvoir foncier et les représentants légitimes des populations locales. Ils sont ceux qui incarnent, par ce biais, l'autorité morale et spirituelle traditionnelle, constituant ainsi la porte d'entrée de la conservation au sein des communautés locales. - l'intégration verticale, ou par le haut, envisage d'associer les AP existantes pour constituer de grands ensembles paysagers fonctionnels plus robustes, en termes de synergie d'actions. Il s'agit de revoir la conservation au-delà de ses anciens cadres. Qu'ils soient des espaces transfrontaliers ou même internes au pays, la nécessité est de prouver des (pré)dispositions favorables à la synergie d'actions dans l'ensemble formé des aires protégées affiliées. En adoptant ces réformes pour la conservation, il convient alors d'opter pour les concepts de "mise en réseaux écologiques" et de "réseaux institutionnels de gestion d'espaces protégés". Dans ce cas de la région de Butembo, les deux réseaux identifiés étant : le paysage Maiko-Tayna-Kahuzi-Biega (entièrement situé à l'intérieur du territoire national) et le Grand Landscape Virunga (formé des espaces transfrontaliers entre la RD Congo, le Rwanda et l'Uganda). L'ensemble concourt à surpasser les anciennes frontières rigides des AP, fixées par les modèles top-down ou bottom-up où le domaine des bêtes était nettement isolé du domaine des humains. Ainsi, dans la nouvelle conception ici soutenue, les espaces protégés et les espaces en exploitation ne formeraient plus qu'un seul milieu, des "espaces intégrés" à conserver afin de renouer les liens qui s'imposent entre développement et conservation pour des "milieux de vie durables". Reste alors la volonté politique pour comprendre ces dispositions favorables à l'intégration Développement-Conservation. L'expérimentation de ce schéma ne ferait qu'une étape, pour ensuite le reproduire dans d'autres zones, dans une perspective d'un Développement Durable dans la région. ; (SPED 3) -- UCL, 2011