International audience ; Cet article se propose d'étudier le rôle de la musique (et du son) dans des conditions de détention politique. Il prend pour cadre la dictature des Colonels grecs (1967-1974), qu'il étend historiquement vers la guerre civile qui a précédé et, géographiquement, vers la dictature de Pinochet au Chili. Il évoque d'abord les usages néfastes de la musique et du son, qui visent à une désubjectivation des détenus ; il analyse la musique sur commande, qui utilise négativement l'énergie de la musique en tant que musique, ainsi que les pratiques de torture sonore, qui se servent de la musique (ou du son) comme énergie acoustique. Puis, il s'intéresse aux rôles positifs de la musique, lors de son développement « libre » par les détenus, rôles où la musique peut consoler, aider à créer une communauté et à résister, divertir… Pour finir, il présente les 16 Chansons d'exil, un document encore peu connu, contenant des chansons composées et enregistrées (clandestinement) en détention sous la dictature des Colonels.
National audience ; Débordant le contexte festivalier et les grands défilés si populaires auprès du public de la Biennale de Lyon, la danse investit le cœur des villes au fil des saisons et des jours. Ce nouvel engouement n'est pas seulement la résultante du développement des arts dans l'espace public. Il vaut mieux imputer ce phénomène au renouveau du bal, « lifté » par le Bal moderne ou érotisé sauce milonga, comme à la recrudescence des pratiques amateurs. De l'extrême diversité des danses urbaines, qui du krump au passinho ont été rendues virales grâce aux tutoriels diffusés sur YouTube, aux grands spectacles participatifs, la danse comme art et comme activité semble à la portée de chacun, si on veut bien entrer dans la ronde. Il suffit parfois d'un geste emblématique, comme celui de Nadia Vadori-Gauthier (Une minute de danse par jour), pour s'adresser à toute une communauté. Elle n'est pas la seule à descendre dans la rue afin d'y laisser son empreinte. Si elle réagit aux blessures du temps avec sa danse pour seule arme, d'autres chorégraphes tentent également d'opposer des corps vibrants au démantèlement du corps social. Et le corps, dans l'espace urbain, se place à l'endroit du politique.
International audience ; Par essence, la pratique musicale amateur est censée procurer du plaisir, autant à celle, celui ou ceux qui s'y adonnent, qu'au public qui l'écoute : étymologiquement, le mot amateur signifie « celui qui aime » et le musicien amateur ne joue donc que pour sa satisfaction et celle des autres, et non pour gagner de l'argent. C'est pour cela qu'il était nettement mieux considéré que le musicien professionnel dans l'optique de la philosophie platonicienne et aristotélicienne. Que ce soit dans la pratique domestique individuelle ou collective ou au sein d'une association, à partir du début du XIX e siècle, faire de la musique en amateur a toujours été, au delà du plaisir partagé, un moyen de contribuer à la diffusion du répertoire, comme en témoignent les multiples transcriptions présentes dans les différents catalogues d'éditeurs ce qui, par voie de conséquence, génère aussi tout une économie… Il en est de même pour l'activité musicale s'exerçant au sein des associations constituant ce que l'on a appelé au XIX e siècle le « mouvement orphéonique » ou « Orphéon » : le terme, rappelant le mythe d'Orphée, donc intimement lié au plaisir, définit une pratique populaire amateur qui s'inscrit dans l'émergence d'une culture musicale de masse et se développe au sein de chorales dès les années 1820, puis de musiques d'harmonies et de fanfares à partir du Second Empire auxquelles s'ajoutent, à la veille de la Grande Guerre, les sociétés de trompes de chasse, de préparation militaire, et les orchestres à plectre (« estudiantinas »). Quant aux orchestres symphoniques amateurs, il ne concernent pas vraiment les milieux populaires, sauf peut-être à l'extrême fin de la période… Sans nous étendre trop sur l'origine de ce mouvement, il faut cependant préciser qu'il est né de la volonté politique des philanthropes de la Restauration d'éduquer le peuple par la musique afin d'éviter de voir revenir les troubles révolutionnaires, notamment la Terreur, qui avait fortement traumatisé l'élite intellectuelle et ...
International audience ; La vidéo réalisée pour promouvoir la chanson de Pharrell Williams « Happy » (2013) est pour le moins inhabituelle : elle dure 24 heures et donne à voir, de façon ininterrompue, 400 personnes différentes qui l'une après l'autre dansent et chantent sur la chanson, tout en s'efforçant par leurs attitudes corporelles et leurs expressions faciales, de démontrer qu'elles sont « heureuses ». Cet article se propose d'examiner les stratégies choisies par les danseurs pour exprimer un tel sentiment. Plusieurs questions sont soulevées : Existe-t-il des modalités spécifiquement étatsuniennes d'exprimer un sentiment grâce au langage corporel ? Ces modalités ont-elles évolué dans le temps ? Ont-elles eu un impact sur les stratégies expressives dans d'autres parties du monde ? Contribuent-elles au conformisme que la culture populaire étatsunienne est souvent accusée d'engendrer ? Que faut-il déduire de l'importance actuellement accordée à l'expression du bonheur dans la culture populaire comme dans les politiques publiques ?
Rencontres organisées dans le cadre du Printemps des comédiens 2017. Gérard Lieber intervieweur. Contient trois documentaires : Eric Lacascade, l'équipe artistique des "Bas-fonds" et Carole Guidicelli; Ariane Mnouchkine pour "Une chambre en Indes"; Romeo Catellucci autour de "Democracy in America". ; Autres productions ; International audience
International audience ; La vidéo réalisée pour promouvoir la chanson de Pharrell Williams « Happy » (2013) est pour le moins inhabituelle : elle dure 24 heures et donne à voir, de façon ininterrompue, 400 personnes différentes qui l'une après l'autre dansent et chantent sur la chanson, tout en s'efforçant par leurs attitudes corporelles et leurs expressions faciales, de démontrer qu'elles sont « heureuses ». Cet article se propose d'examiner les stratégies choisies par les danseurs pour exprimer un tel sentiment. Plusieurs questions sont soulevées : Existe-t-il des modalités spécifiquement étatsuniennes d'exprimer un sentiment grâce au langage corporel ? Ces modalités ont-elles évolué dans le temps ? Ont-elles eu un impact sur les stratégies expressives dans d'autres parties du monde ? Contribuent-elles au conformisme que la culture populaire étatsunienne est souvent accusée d'engendrer ? Que faut-il déduire de l'importance actuellement accordée à l'expression du bonheur dans la culture populaire comme dans les politiques publiques ?
Rencontres organisées dans le cadre du Printemps des comédiens 2017. Gérard Lieber intervieweur. Contient trois documentaires : Eric Lacascade, l'équipe artistique des "Bas-fonds" et Carole Guidicelli; Ariane Mnouchkine pour "Une chambre en Indes"; Romeo Catellucci autour de "Democracy in America". ; Autres productions ; International audience
National audience ; Débordant le contexte festivalier et les grands défilés si populaires auprès du public de la Biennale de Lyon, la danse investit le cœur des villes au fil des saisons et des jours. Ce nouvel engouement n'est pas seulement la résultante du développement des arts dans l'espace public. Il vaut mieux imputer ce phénomène au renouveau du bal, « lifté » par le Bal moderne ou érotisé sauce milonga, comme à la recrudescence des pratiques amateurs. De l'extrême diversité des danses urbaines, qui du krump au passinho ont été rendues virales grâce aux tutoriels diffusés sur YouTube, aux grands spectacles participatifs, la danse comme art et comme activité semble à la portée de chacun, si on veut bien entrer dans la ronde. Il suffit parfois d'un geste emblématique, comme celui de Nadia Vadori-Gauthier (Une minute de danse par jour), pour s'adresser à toute une communauté. Elle n'est pas la seule à descendre dans la rue afin d'y laisser son empreinte. Si elle réagit aux blessures du temps avec sa danse pour seule arme, d'autres chorégraphes tentent également d'opposer des corps vibrants au démantèlement du corps social. Et le corps, dans l'espace urbain, se place à l'endroit du politique.
International audience ; Par essence, la pratique musicale amateur est censée procurer du plaisir, autant à celle, celui ou ceux qui s'y adonnent, qu'au public qui l'écoute : étymologiquement, le mot amateur signifie « celui qui aime » et le musicien amateur ne joue donc que pour sa satisfaction et celle des autres, et non pour gagner de l'argent. C'est pour cela qu'il était nettement mieux considéré que le musicien professionnel dans l'optique de la philosophie platonicienne et aristotélicienne. Que ce soit dans la pratique domestique individuelle ou collective ou au sein d'une association, à partir du début du XIX e siècle, faire de la musique en amateur a toujours été, au delà du plaisir partagé, un moyen de contribuer à la diffusion du répertoire, comme en témoignent les multiples transcriptions présentes dans les différents catalogues d'éditeurs ce qui, par voie de conséquence, génère aussi tout une économie… Il en est de même pour l'activité musicale s'exerçant au sein des associations constituant ce que l'on a appelé au XIX e siècle le « mouvement orphéonique » ou « Orphéon » : le terme, rappelant le mythe d'Orphée, donc intimement lié au plaisir, définit une pratique populaire amateur qui s'inscrit dans l'émergence d'une culture musicale de masse et se développe au sein de chorales dès les années 1820, puis de musiques d'harmonies et de fanfares à partir du Second Empire auxquelles s'ajoutent, à la veille de la Grande Guerre, les sociétés de trompes de chasse, de préparation militaire, et les orchestres à plectre (« estudiantinas »). Quant aux orchestres symphoniques amateurs, il ne concernent pas vraiment les milieux populaires, sauf peut-être à l'extrême fin de la période… Sans nous étendre trop sur l'origine de ce mouvement, il faut cependant préciser qu'il est né de la volonté politique des philanthropes de la Restauration d'éduquer le peuple par la musique afin d'éviter de voir revenir les troubles révolutionnaires, notamment la Terreur, qui avait fortement traumatisé l'élite intellectuelle et sociale. Ainsi, les amateurs réunis au sein de l'Orphéon et qui adhèrent à ce projet ne sont pas des « prolétaires » au sens marxiste du terme, puisqu'ils pratiquent et diffusent le répertoire imposé par la classe dominante : on les désigne communément sous le nom de « soleils », soit une élite d'ouvriers sachant lire et écrire, condition imposée pour faire partie d'une association musicale. Si le plaisir se trouve donc fortement orienté et canalisé, il n'en reste pas moins bien réel au point que ce mouvement va s'étendre sur l'ensemble du territoire français très rapidement et que, jusqu'en 1914, les hommes et leurs enfants pratiquaient la musique comme on pratique le sport de nos jours ! Dans cette optique, on peut donc analyser le plaisir éprouvé selon trois axes : le celui de la pratique, de la convivialité dans et en dehors de cette dernière, et de la satisfaction de plaisirs théoriquement interdits…
Actes à paraître ; International audience ; Au cours de la seconde moitié des années 1960, de nouveaux groupes de rock apparaissent sur la côte Ouest des États-Unis. Ce mouvement musical est très lié aux différentes facettes de la contre-culture, depuis ses manifestations politiques jusqu'à son prosélytisme en faveur du LSD. Les sons que ces musiciens élaborent, les paroles de leurs chansons, leur attitude sur scène et hors scène contribuent à construire un monde alternatif, dénoncé en creux par l'émergence à New York et à Détroit d'un proto-punk rugueux et désabusé. Pourtant,si le regard porté sur le rock californien a pu se teinter d'ironie, son jeu avec les structures de l'imaginaire n'est-il pas la marque même d'une utopie aboutie, conçue comme un ici et maintenant expérimental plutôt que comme un idéal déterritorialisé inatteignable ? L'année 1968 nous sert de repère pour cette réflexion.
Actes à paraître ; International audience ; Au cours de la seconde moitié des années 1960, de nouveaux groupes de rock apparaissent sur la côte Ouest des États-Unis. Ce mouvement musical est très lié aux différentes facettes de la contre-culture, depuis ses manifestations politiques jusqu'à son prosélytisme en faveur du LSD. Les sons que ces musiciens élaborent, les paroles de leurs chansons, leur attitude sur scène et hors scène contribuent à construire un monde alternatif, dénoncé en creux par l'émergence à New York et à Détroit d'un proto-punk rugueux et désabusé. Pourtant,si le regard porté sur le rock californien a pu se teinter d'ironie, son jeu avec les structures de l'imaginaire n'est-il pas la marque même d'une utopie aboutie, conçue comme un ici et maintenant expérimental plutôt que comme un idéal déterritorialisé inatteignable ? L'année 1968 nous sert de repère pour cette réflexion.
Titre du chapitre : "Difusión y recepción de un espectáculo político subversivo: la gira francesa y española de La imaginacion del futuro de la compañía chilena La Re-Sentida" ; International audience
Titre du chapitre : "Difusión y recepción de un espectáculo político subversivo: la gira francesa y española de La imaginacion del futuro de la compañía chilena La Re-Sentida" ; International audience
International audience ; Archiver renvoie au geste de transférer dans un lieu adapté à la protection contre les effets destructeurs des hommes et du temps un objet, créé à une date donnée dans un lieu donné pour un dessein donné, que « l'archiveur » (ici, celui qui archive) entend mettre à la disposition parfois de lui-même mais le plus souvent d'une ou plusieurs tierces personnes, identifiées ou non, pendant une durée parfois courte mais souvent longue voire très longue, dans le même état que le jour de sa création. Historiquement, la racine « archiv-» est réservée aux traces de l'activité politique et économique : contrats, décisions, constats, statistiques, c'est-à-dire à des écrits qui supportent une relation engageante entre deux personnes ou une relation d'administration ; dans ce cas, l'objet (l'écrit) n'est pas une fin en soi et mais sert à prouver une transaction ou une opération. L'archivage s'accompagne de formalités d'enregistrement et de description du contexte de manière à inspirer confiance à l'utilisateur. Archives s'est longtemps opposé à livre ou oeuvre de l'esprit qui sont leurs propres finalités, au travers de la diffusion et de la publication, et que les promoteurs de la connaissance s'efforçaient de conserver depuis leur première diffusion. Depuis deux siècles environ, le mot archives a pris de l'ampleur pour finir par s'appliquer aussi à tout ce qui relève d'une conservation patrimoniale. Il est vrai que l'opposition entre trace datée d'une action (document d'archives) et oeuvre de l'esprit (livre) est moins nette qu'autrefois : une oeuvre, dans son édition originale, constitue aussi une trace à laquelle s'attachent des droits. Le numérique, qui ramène à un même outil d'écriture le texte, l'image, le son, la capture du monde réel et les signaux, contribue grandement à l'élargissement et à la redistribution des catégories d'écrit. L'AUTEUR, SON MESSAGE ET LE SUPPORT DU MESSAGE
International audience ; Archiver renvoie au geste de transférer dans un lieu adapté à la protection contre les effets destructeurs des hommes et du temps un objet, créé à une date donnée dans un lieu donné pour un dessein donné, que « l'archiveur » (ici, celui qui archive) entend mettre à la disposition parfois de lui-même mais le plus souvent d'une ou plusieurs tierces personnes, identifiées ou non, pendant une durée parfois courte mais souvent longue voire très longue, dans le même état que le jour de sa création. Historiquement, la racine « archiv-» est réservée aux traces de l'activité politique et économique : contrats, décisions, constats, statistiques, c'est-à-dire à des écrits qui supportent une relation engageante entre deux personnes ou une relation d'administration ; dans ce cas, l'objet (l'écrit) n'est pas une fin en soi et mais sert à prouver une transaction ou une opération. L'archivage s'accompagne de formalités d'enregistrement et de description du contexte de manière à inspirer confiance à l'utilisateur. Archives s'est longtemps opposé à livre ou oeuvre de l'esprit qui sont leurs propres finalités, au travers de la diffusion et de la publication, et que les promoteurs de la connaissance s'efforçaient de conserver depuis leur première diffusion. Depuis deux siècles environ, le mot archives a pris de l'ampleur pour finir par s'appliquer aussi à tout ce qui relève d'une conservation patrimoniale. Il est vrai que l'opposition entre trace datée d'une action (document d'archives) et oeuvre de l'esprit (livre) est moins nette qu'autrefois : une oeuvre, dans son édition originale, constitue aussi une trace à laquelle s'attachent des droits. Le numérique, qui ramène à un même outil d'écriture le texte, l'image, le son, la capture du monde réel et les signaux, contribue grandement à l'élargissement et à la redistribution des catégories d'écrit. L'AUTEUR, SON MESSAGE ET LE SUPPORT DU MESSAGE