Abstract:This paper develops an account of the normative basis of priority setting in health care as combining the values which a given society holds for the common good of its members, with the universal provided by a principle of common humanity. We discuss national differences in health basket in Europe and argue that health care decision-making in complex social and moral frameworks is best thought of as anchored in such a principle by drawing on the philosophy of need. We show that health care needs are ethically 'thick' needs whose psychological and social construction can best be understood in terms of David Wiggins's notion of vital need: a person's need is vital when failure to meet it leads to their harm and suffering. The moral dimension of priority setting which operates across different societies' health care systems is located in the demands both of and on any society to avoid harm to its members.
Le développement de la couverture complémentaire des frais de santé en France s'accompagne d'un mouvement de grande ampleur qui consiste à promouvoir au sein de l'ensemble du champ de l'assurance maladie complémentaire des missions et des valeurs traditionnellement caractéristiques des services publics. Nous proposons de nommer « marché éduqué » cet ensemble de dispositifs juridiques qui configurent le marché de l'assurance santé, pour l'imprégner de valeurs sociales et « l'élever » à une autre forme de mutualisation plus solidaire. Ce texte repose sur une analyse bi-disciplinaire droit et économie. Il analyse la façon dont se construit ce marché éduqué et renouvelle l'intervention publique en matière de couverture santé. À partir d'une comparaison avec les États-Unis, nous montrons que le « marché éduqué » constitue une forme moderne de résolution des contradictions entre la priorité donnée au développement du marché et la tentative de préservation de la mission sociale de la couverture des frais de santé.
Dans cet article nous interrogeons une difficulté profonde de la littérature économique portant sur les questions du conflit et de révolution. Le conflit en général et la révolution en particulier ne sont pas nécessairement négatifs ou le « côté obscur de l'intérêt personnel » ou de mauvaises choses. Ils peuvent être la source d'efficacité politique et économique en fonction de leur incidence sur le changement institutionnel. La révolution échappe à la dichotomie d'Hirschman sur les mécanismes correctifs, prise de parole ( voice ) versus défection ( exit ). Nous considérons la révolution comme un cri ou hurlement ( scream ) qui conduit à rejeter les règles du jeu existantes et à proposer de nouvelles règles du jeu. Notre cadre théorique suggère que les révolutions sont une source d'innovation institutionnelle caractérisée par un processus de dé-institutionnalisation et de ré-institutionnalisation. La sélection adaptative, au sens de Veblen, fondée sur la différenciation, l'héritage et la sélection via une lutte pour la survie, fournit une explication endogène à ces processus. Nous explorons alors l'impact de la révolution sur le changement institutionnel en nous intéressant à deux types de révolutions, les révolutions d'élite et les révolutions de masse. Les premières sont dirigées par une fraction des anciennes élites, tandis que les secondes sont guidées par des groupes sociaux et des classes sociales qui étaient auparavant non dominantes. La Glorieuse révolution britannique de 1688 et la Révolution française de 1789 sont des figures emblématiques de ces deux types de révolutions. La séparation entre la propriété et la souveraineté a été accomplie par ces deux révolutions mais par différentes voies d'innovations institutionnelles. Nos références sur la Révolution britannique sont exclusivement limitées aux anciens et aux néo-institutionnalistes afin de discuter leur cadre théorique et une conception du conflit centrée sur la négociation. Notre analyse de la Révolution française s'appuie sur notre propre cadre théorique et sur les éléments de preuve empiriques disponibles dans littérature historique.
The French health system has been structurally in crisis since the early 1980s. This crisis is reflected in the loss of legitimacy of the conventional Fordist vision of national solidarity, which is characterized by a "crisis of legitimacy." The Fordist convention has the particularity of corresponding to a harmonious representation of social justice between the different orders (economic, political, and domestic) of social protection. Contemporary criticism of the health care system uses what was once the basis of institutionalized compromise between orders. The result is a new role for supplementary health insurance. This new role overturns the concept of solidarity that characterizes health policies. A new conventional vision is emerging: the liberal convention. This analysis focuses on the French case where complementary insurance has historically fulfilled solidarity missions. The new status of supplementary protection is accompanied by an unequal drift, which cannot be seen as the expression of a natural antagonism between economic efficiency and social justice. In France, expenditure has remained high while inequalities have increased. These limits have led the legislator to modify its policy by exempting certain patients from contributing to the financing of their own health expenditure. These sensitive adjustments are costly when the initial objective is to reduce expenditure and tend to generate new inequalities.
The French health system has been structurally in crisis since the early 1980s. This crisis is reflected in the loss of legitimacy of the conventional Fordist vision of national solidarity, which is characterized by a "crisis of legitimacy." The Fordist convention has the particularity of corresponding to a harmonious representation of social justice between the different orders (economic, political, and domestic) of social protection. Contemporary criticism of the health care system uses what was once the basis of institutionalized compromise between orders. The result is a new role for supplementary health insurance. This new role overturns the concept of solidarity that characterizes health policies. A new conventional vision is emerging: the liberal convention. This analysis focuses on the French case where complementary insurance has historically fulfilled solidarity missions. The new status of supplementary protection is accompanied by an unequal drift, which cannot be seen as the expression of a natural antagonism between economic efficiency and social justice. In France, expenditure has remained high while inequalities have increased. These limits have led the legislator to modify its policy by exempting certain patients from contributing to the financing of their own health expenditure. These sensitive adjustments are costly when the initial objective is to reduce expenditure and tend to generate new inequalities.
Ce travail a pour objet de relire l'histoire de l'Etat providence français à la lumière de la théorie d'un Etat prédateur. On oppose une approche de la protection sociale portée par l'Etat où la protection est un instrument de la prédation à une approche qualifiée de « La sociale » dominée par un « citizen welfare » et axée sur un auto gouvernement des individus. L'Etat providence est l'aboutissement de la guerre de masse moderne et la politique sociale (notamment la politique de population) est orientée vers les besoins de la guerre. Cependant bien qu'elle soit en partie le résultat de la guerre, la protection sociale trouve aussi ses racines en France dans l'affirmation d'un bien être porté par les citoyens eux-mêmes et non par l'Etat. Les origines de cette exception française remontent à la commune de 1871 et se poursuivent par la création du régime général de sécurité sociale en 1945/1946. On montrera que toute l'histoire de l'Etat-providence français consiste à se réapproprier le bien-être citoyen autogéré par un processus de réformes engagées à partir de 1947. Ce mouvement d'étatisation du "citizen welfare", en plus de constituer une dépossession du pouvoir politique d'auto-gouvernement des citoyens, s'est accompagné de la marchandisation des politiques sociales.
Ce travail a pour objet de relire l'histoire de l'Etat providence français à la lumière de la théorie d'un Etat prédateur. On oppose une approche de la protection sociale portée par l'Etat où la protection est un instrument de la prédation à une approche qualifiée de « La sociale » dominée par un « citizen welfare » et axée sur un auto gouvernement des individus. L'Etat providence est l'aboutissement de la guerre de masse moderne et la politique sociale (notamment la politique de population) est orientée vers les besoins de la guerre. Cependant bien qu'elle soit en partie le résultat de la guerre, la protection sociale trouve aussi ses racines en France dans l'affirmation d'un bien être porté par les citoyens eux-mêmes et non par l'Etat. Les origines de cette exception française remontent à la commune de 1871 et se poursuivent par la création du régime général de sécurité sociale en 1945/1946. On montrera que toute l'histoire de l'Etat-providence français consiste à se réapproprier le bien-être citoyen autogéré par un processus de réformes engagées à partir de 1947. Ce mouvement d'étatisation du "citizen welfare", en plus de constituer une dépossession du pouvoir politique d'auto-gouvernement des citoyens, s'est accompagné de la marchandisation des politiques sociales.
Ce travail a pour objet de relire l'histoire de l'Etat providence français à la lumière de la théorie d'un Etat prédateur. On oppose une approche de la protection sociale portée par l'Etat où la protection est un instrument de la prédation à une approche qualifiée de « La sociale » dominée par un « citizen welfare » et axée sur un auto gouvernement des individus. L'Etat providence est l'aboutissement de la guerre de masse moderne et la politique sociale (notamment la politique de population) est orientée vers les besoins de la guerre. Cependant bien qu'elle soit en partie le résultat de la guerre, la protection sociale trouve aussi ses racines en France dans l'affirmation d'un bien être porté par les citoyens eux-mêmes et non par l'Etat. Les origines de cette exception française remontent à la commune de 1871 et se poursuivent par la création du régime général de sécurité sociale en 1945/1946. On montrera que toute l'histoire de l'Etat-providence français consiste à se réapproprier le bien-être citoyen autogéré par un processus de réformes engagées à partir de 1947. Ce mouvement d'étatisation du "citizen welfare", en plus de constituer une dépossession du pouvoir politique d'auto-gouvernement des citoyens, s'est accompagné de la marchandisation des politiques sociales.
International audience ; In this paper, we question a very deep-rooted bias in the economic literature with regard to conflict and revolution. Conflict in general and revolution in particular are not necessarily 'dark side of self-interest' or bad things. They may be sources of political and economic efficiency depending on their incidence on institutional change. Revolution escapes from Hirschman's dichotomous corrective mechanisms of 'voice' versus 'exit'. We consider revolution as scream exiting from existing rules and voicing new rules. Our theoretical framework suggests that revolutions are a source of institutional innovation characterized by a process of deinstitutionalization and re-institutionalization. The Veblenian 'selective adaptation' on the basis of differentiation, inheritance and selection through a survival struggle provides an endogenous explanation of its different stages. We explore the impact of revolutions on institutional change by focusing on two major types of revolutions, namely the elite revolution and the mass revolution. The former is led by a fraction of the old elite group, while the latter is driven by social groups and classes that were previously non-dominant. The 1688 British Glorious Revolution and the 1789 French Revolution are emblematic figures of these two types of revolutions. The great demarcation between property and sovereignty was accomplished by both revolutions traversing through different patterns of institutional innovation. Our references to the British revolution are exclusively limited to old and new institutionalist authors to show the consistency between their theoretical framework and conflict as a means of bargaining. By contrast, our analysis of French revolution tries to test the consistency of our theoretical framework in light of empirical evidence.