L'analyse de la nature de l'appropriation des biens (biens publics, privés, communs) appliquée aux ressources naturelles renouvelables en Afrique et la notion de coût de transaction, permettent de mieux comprendre le fonctionnement des institutions et règles de gestion traditionnelles des forêts, eaux de pêche, eaux d'irrigation, pâturages, sols agricoles, etc. L'accroissement de la densité de la populationrurale et de la pression d'utilisation des écosystèmes implique des changements de techniques de production et l'adaptation des institutions. Le texte explore quelques-unes des questions posées par cette évolution et conclut sur la nécessité de décentraliser l'Etat et de prendre en compte les concepts de l'économie institutionnelle pour l'évaluation des projets d'environnement
Ce travail résulte des travaux du séminaire sur la prospective des déséquilibres mondiaux, qui s'est tenu en 1989. Tenter une prospective de la filière agroalimentaire et agro-industrielle mondiale nécessite un cadrage des problèmes que l'on doit aborder pour traiter cette importante question. Plusieurs éclairages ont été choisis. Tout d'abord, le domaine de la production agricole a été analysé. Le résultat principal de cette analyse est le constat de l'accroissement des inégalités dans la productivité. Il s'agit là de l'un des mécanismes majeurs de création de pauvreté. L'analyse a été précisée, par continents. Il en ressort que l'Afrique devra procéder à une mutation d'une ampleur et d'une rapidité probablement encore jamais vues dans l'histoire agraire du monde. L'analyse a ensuite été reprise par grandes familles de produits. Les grandes tendances de la production et de la consommation situent les principaux enjeux quant aux courants d'échange internationaux. La conclusion principale est que les produits tropicaux seront, pour beaucoup d'entre eux, de plus en plus concurrencés par des produits des pays tempérés. Le rôle des grandes firmes internationales, comme celui des Etats, sera semble-t-il de plus en plus important dans l'évolution de la géographie de la production. Enfin, quelques éléments de prospective technologique permettent de montrer que les filières agricoles vont être très profondément transformées : la production agricole aura des usages multiples, la consommation alimentaire va se diversifier, et la restauration s'industrialiser
Ce document reprend deux textes significatifs des orientations de l'économie rurale au sein du CIRAD. Le premier est une note d'orientation sur l'économie opérationnelle au CIRAD : éléments de réflexion et besoins en appuis scientifiques en collaboration avec d'autres institutions. Le second fait le point sur les principales limites de l'ajustement structurel dans le domaine agricole en Afrique
Ce rapport rédigé dans le cadre du programme d'études 1999 de la direction du développement et de la coopération technique (DDCT), a pour objet d'analyser les processus de changement social résultant du développement des filières agro-alimentaires en Afrique subsaharienne. Il permet d'interpréter la diversité des formes actuelles d'organisation des filières et d'identifier les méthodes d'analyse et d'aide à la décision les plus appropriées pour chaque type de filière. L'expérience récente, en Afrique comme ailleurs, montre que l'application sans nuance du corpus néo-classique ne conduit pas nécessairement à des formes de marché plus efficaces. L'étude fait l'hypothèse qu'un ensemble de théories, de méthodes et de concepts peut, par une utilisation judicieuse, permettre de mieux comprendre les économies africaines. Cinq études de cas ont été réalisées en laissant le soin aux auteurs de faire les choix méthodologiques qui leur semblaient les plus efficaces. Ces études de cas ont été complétées par les nombreuses autres études de filières conduites au cours de ces 25 dernières années par les écoles françaises de recherche. Si l'orientation qui consiste à aider les producteurs à s'organiser et à former des inter-professions apparaît juste, il faut cependant porter la proposition à un autre ordre de généralité. Il y a en effet de multiples formes possibles d'organisation destinées à réduire les incertitudes et les risques et à établir des rapports de force plus équitables. L'étude renforce l'idée d'un nécessaire éclectisme méthodologique pour appréhender les modes d'organisation au sein des filières agricoles. L'utilisation combinée et efficace de cet ensemble de méthodes, concepts et théories doit être confrontée à la pratique pour décrire les modes de coordination les plus efficaces dans leur milieu de référence. Les travaux récents sur le fonctionnement des économies de marché montrent qu'il est nécessaire, pour trouver les formes acceptables d'organisation, de créer des institutions de médiation. Ces institutions - dites aussi institutions quaternaires de marché - sont destinées à faciliter les négociations, conclure des accords et favoriser les convergences stratégiques.
The Green Revolution has tried to fight against poverty and food shortages by selecting varieties and improved production systems, by the massive use of fertilizers and pesticides. Its impact was very important but only in countries with high production capacity, water surpluses and high population density. The aim of the Doubly-Green Revolution consists of changing the agricultural development rationale based on the control of the environment to another based on the harmony with the ecosystems : working with and not against the variability of systems and making agriculture profit from the knowledge acquired by the ecological sciences. It aims to increase production without depleating the environment nor affecting the bio-diversity for future generations. It also seeks to alleviate poverty and decrease food insecurity guaranting economic viability and social equity. Thus, Doubly-Green Revolution requires an interdisciplinary, intersectorial and spatial approach which was dis-cussed in the seminar. Organized by CIRAD and the Innovation et Prospective Foundation at Poitiers (France) with scientists and decision makers from developed and developing countries, it allowed a better understanding of the challenges related to food security and renewable resource management in the world.
La Révolution Verte a tenté de lutter contre la pauvreté et la pénurie alimentaire par l'amélioration des variétés et la transformation des systèmes de production notamment par l'utilisation massive d'engrais et de pesticides. Ses résultats furent considérables, mais limités à des pays à fort potentiel de production et de ressources en eau et dotés de fortes densités de population. L'objectif de la Révolution Doublement Verte est de passer d'une logique de développement agricole fondée sur la maîtrise des milieux à une autre, fondée sur la connivence avec les écosystèmes, sur la prise en compte de la variabilité des systèmes et de mettre en pratique dans l'agriculture les connaissances accumulées par l'écologie scientifique. Cela exige une approche pluridisciplinaire, intersectorielle et spatialisée dont ce séminaire se fait l'écho
La Révolution Verte s'est déroulée dans un contexte de politique agricole très favorable au changement technique. Dans beaucoup de pays, la crise budgétaire des états et les politiques d'ajustement structurel ont aboli cette politique. En même temps apparaissaient des effets environnementaux pervers mettant en cause la soutenabilité des systèmes intensifs. La Révolution Doublement Verte tente à la fois de résoudre les problèmes environnementaux et de proposer les bases de nouvelles politiques agricoles destinées à lutter contre la pauvreté et stimuler la production dans les agriculture familiales des pays en développement. Elles sont basées sur un meilleur accès des producteurs aux moyens de production, une intensification de la connaissance, la sécurisation des revenus, la diversification des moyens d'existence, la décentralisation des décisions publiques, et le financement du démarrage et de la transition vers le nouveau système.
Les auteurs exposent les aspects économiques et institutionnels de la Révolution Doublement Verte. Elle consiste à passer d'une logique de développement agricole fondée sur la maîtrise des milieux à une autre, fondée sur la connivence avec les écosystèmes. Il s'agit de prendre en compte la variabilité des systèmes et de mettre en pratique dans l'agriculture la connaissance accumulée par l'écologie scientifique. Elle exige une approche interdisciplinaire, intersectorielle et spatialisée. La priorité est accordée à une résilience économique, écologique et sociale locale en reconsidérant les relations actuelles entre pouvoir central et institutions locales. Elle ajoute aux objectifs de la Révolution Verte ceux du maintien de la diversité biologique et de la résilience des écosystèmes
La Révolution Doublement Verte appelle d'importants changements économiques et institutionnels pour faire face aux risques futurs associés à la croissance de l'agriculture et des secteurs liés. Après avoir rappelé les limites de la Révolution Verte et les bases conceptuelles de la Révolution Doublement Verte (production, respect de l'environnement, justice sociale, équité, viabilité), les auteurs en exposent les conditions institutionnelles : incitations de l'Etat sur le fonctionnement des marchés, privatisation de certaines activités agricoles, décentralisation de la propriété et de la gestion des ressources naturelles, équité dans l'accès aux ressources, prise en compte des savoirs locaux. Les conditions économiques définissent un type de politique agricole à plusieurs facettes dont il convient d'assurer la cohérence : passage à une croissance intensive, mise en place d'un système alimentaire à coûts réduits, prise en compte de la demande nationale et régionale dans la croissance agricole, assurer des importations non concurrentes d'une prodution nationale et des exportations comme moteur subsidiaire de la croissance. Une information transparente sur les comportements et une concertation permanente des acteurs du marché assortie d'une stabilité des prix devraient permettre la mise en place d'une politique des prix incitative où l'Etat décentralisé est le régulateur des mécanismes de libéralisation des marchés
Dans cet article, les auteurs exposent les grands axes du concept de "Révolution Doublement Verte" qui consiste à passer d'une logique de développement agricole fondée sur la maîtrise des milieux à une autre, fondée sur la connivence avec les écosystèmes. Ce concept exige une approche interdisciplinaire, intersectorielle et spatialisée. La priorité doit être accordée à une résilience écologique, économique et sociale locale en reconsidérant les relations actuelles entre pouvoir central et institutions locales et en privilégiant une approche "bottom-up" des choix publics et de la fiscalité. La "Révolution Doublement Verte" a pour ambition d'accroître les productions sans diminuer le potentiel des milieux et la biodiversité pour les générations futures. Elle ajoute aux objectifs de la "Révolution verte" ceux du maintien de la diversité biologique et de la résilence des écosystèmes
Resumé Le développement n'est pas un simple produit d'importation, ni le fruit de l'ajustement à une régulation internationale. La production d'un bien public international suppose l'existence d'un bien public à l'échelle locale.