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Résumé Le monde social est imprégné d'images qui fécondent la socialité et impactent notre expérience où l'on constate une véritable esthétisation de la vie quotidienne. Cette esthétisation est le signe d'une épiphanie du réel avec la centralité de l'iconophilie qu'il faut entendre comme l'émergence de signes comme le frivole, l'apparence, l'émotionnel, qui façonnent l'imaginaire social et structurent un hédonisme du quotidien fondé sur les communions émotionnelles.

Nous vivons une crise sociétale qui sous-tend un changement de paradigme. Gilets jaunes et confinement covidien illustrent un accroissement de méfiance, de colère qui déstabilise les systèmes de pouvoir conventionnels, qu'ils soient politiques, médiatiques, syndicaux ou autres. Dans ce contexte d'interrogations existentielles s'impose à nous une multiplication de soulèvements populaires qui témoignent d'une mutation de fond de notre société, dans laquelle le « peuple » ne se sent plus incarné par les institutions étatiques auxquelles il donne pouvoir.

Sanitary Crisis, Civilizational Crisis is the translation of Michel Maffesoli's Crise sanitaire, crise civilisationnelle. This paper can be taken as his pronouncement on the civilizational crisis that the COVID-19 pandemic acutely reveals. Maffesoli's text urges one to see beyond secondary causes or dramatic representations of the pandemic as a sanitary crisis, and to consider the primary, and tragic, causes of this event, understood as a crisis that marks the exhaustion of the logic of modernity. Following from a longstanding critique of the decadence of modernity and, by extension, of an "official society" ordered and controlled by an out-of-touch and morbid elite, Maffesoli makes unequivocally clear that this global pandemic is a direct consequence of a globalized progressivist, economicist, and utilitarian civilizational paradigm. The paper takes up the task of reflecting on how relationality, being-together, and being-with, can be thought in our current moment of civilizational crisis.

Dans la lignée de penseurs trop délaissés, tels Goerges Bataille, Georg Simmel, l'auteur tente de montrer comment il y a un « hédonisme du quotidien » qui sous-tend toute vie en société. Non plus une attente, une tension vers l'avenir, mais un présentéisme. On voit resurgir ce que Bataille nommait la « part maudite », cet aspect chtonien, nocturne de l'imaginaire. Le lien social devient émotionnel. Ce que l'auteur nomme « une éthique de l'esthétique ».

"Existe en nuestras sociedades, una exageración en relación con el tema de la violencia urbana. Ese temor es propio de nuestras burguesías, de las clases profesionales, de las políticas. Creo que, contrariamente a la que se afirma, las personas comunes y corrientes no experimentan ese sentimiento de inseguridad del que se habla tanto. Ellas saben hacer la distinción, reconocer la exageración que hay detrás de los mensajes difundidos por los medios. Incluso yo diría que no viven con miedo…"

Notre époque montre un retour en force d'un intérêt pour le mystère, l'inconnu, ce qui était refoulé dans la pensée moderne. Dans l'esprit du temps, il est possible de mettre l'accent sur un « sacral » postmoderne : une forme du sacré qui contamine l'ensemble da la société et dévoile une richesse du Réel où l'on assiste à une force de l'être-ensemble qui repose sur des valeurs immatérielles.

Une des caractéristiques de la postmodernité est certainement la loi du secret. Cette thématique du secret constitue une manière privilégiée de comprendre le jeu social qui se donne à voir, notamment, dans l'éclosion des petites tribus actuelles. Partant de cette loi du secret qui cimente le groupe et permet la résistance vis-à-vis des pouvoirs extérieurs, l'auteur cherche à montrer la fécondité de cette hypothèse d'une centralité souterraine pour la compréhension de phénomènes sociaux actuels.

L'importance de La question de la technique de Heidegger réside dans l'affirmation que la technique n'est pas seulement une activité de l'homme, ni un pur et simple outil d'une telle activité. Elle n'est pas seulement un instrument mais une manière de dévoilement qui en représente son essence ; une essence qui s'assimile au destin de l'être. La relecture et l'interprétation de cette « question » nous indique une rupture avec une conception paranoïaque du monde et un retour de la puissance destinale que l'on retrouve dans les racines de notre présent.

Ce texte porte sur la naturalisation du social. Ce phénomène, constant durant la modernité, a une visibilité qui tend à s'accroître durant la période postmoderne. Il s'apparente au processus d'écologisation du monde social, par lequel la nature n'est plus considérée comme objet à exploiter mais plutôt comme partenaire du processus global d'existence. Cette sensibilité particulière se traduit par une sorte de communion avec la nature et avec les autres, par la mise en commun d'expériences et d'émotions collectives et quelque peu grégaires. La naturalisation du social se diffuse dans l'ensemble du social, touchant toutes les sphères des manières de vivre : nourriture, pratiques de santé (médecines douces), sexualité, vêtement. Il s'agit bien d'une nouvelle sensibilité, qui éclipse entièrement la dichotomie classique nature-culture, objectif-subjectif, et qui invite à une perspective holiste du rapport social contemporain.

En s'appuyant sur l'exemple de G. Simmel, qui fut l'inspirateur d'une « sociologie des sens », on veut faire ressortir d'une part l'importance de la jouissance dans la vie sociale, ce qui d'autre part induit un mode d'analyse sociologique qui sache intégrer la dimension esthétique de l'existence. Le devenir communicationnel de nos sociétés devrait nous inciter à être attentif à ce que l'on peut appeler la rhétorique sociale et à l'intersubjectivité qui en est la conséquence directe. Le paradigme esthétique n'est cependant pas synonyme d'une abdication de la pensée d'où l'élaboration d'un « formisme » sociologique.Palavras chave : Esthétique. Connaissance. Formisme. Socialité. Intersubjectivité.The aesthetic paradigm: sociology as artAbstract On the basis of G. Simmels's example, who was the inspiration for a « sociology of the senses », we wish, on the one hand, to emphasize the importance of pleasure in social life, which has the effect, on the other hand, of bringing about a type of sociological analysis with the capacity of integrating the aesthetic dimension of existence. The evolution in communications in our societies should encourage us to be attentive to what might be called social rhetoric and to intersubjectivity which is its direct consequence. The aesthetic paradigm is, however, not synonomous with an abdication of thought, the result of this being the development of a sociological « formism ».Key words: Aesthetics. Knowledge. Formism. Sociality. Intersubjectivity.

Marc Riglet a rendu compte dans Humanisme n°303 de l'un des dernier livres de Michel Maffesoli et Hélène Strohl, Les nouveaux bienpensants (Éditions du Moment) . L'un des deux co-auteurs a souhaité répondre.