Les modalités des discussions politiques, de leurs contenus, et de leurs arbitrages, dans les relations interpersonnelles sont peu connues dans la sociologie électorale française. Qui parle de politique et avec qui ? Quels sont les sujets qui fâchent ? Dit-on pour qui l'on vote ? Cette étude de la parole politique dans l'espace privé de la vie de famille, du couple, et de l'amitié, éclaire certains mécanismes de politisation des individus dans et par l'intime, ainsi que des phénomènes révélateurs de la dimension affective de toute existence politique. Elle s'appuie sur un matériau empirique élaboré à partir d'enquêtes quantitatives menées auprès d'échantillons représentatifs de la population française, et notamment sur une enquête inédite conduite au Cevipof dédiée à l'exploration des liens entre politique, affectivité et intimité.
Political science and electoral studies in France have not focused much on the different ways in which political topics and electoral choices are debated at home. Who talks about politics and with whom ? Are individuals happy to say who they vote for ? What topics are most likely to cause conflict ? Exploring family ties, couple relationships and friendship, the empirical results from quantitative and specific surveys conducted in France at the Cevipof show how much individuals are related to politics also affectively. They underline the importance of what might be called "an intimate politicization". This "intimate politicization" plays a role alongside political and social factors, explaining how people interact with politics and can be just as decisive and perhaps even more so. ; Cet article s'inscrit dans le cadre des approches contextuelles des phénomènes de politisation des individus, en montrant le rôle et la place de la conversation politique dans le cercle des proches. Les modalités des discussions politiques, de leurs contenus, et de leurs arbitrages, dans l'espace des relations interpersonnelles et privées sont peu et mal connues dans la sociologie électorale française. Parle-t-on de son vote et à qui en parle-t-on ? Quels sont les sujets politiques qui fâchent ? Comment interpréter les usages du secret du vote au sein de la famille, en couple ou entre amis ? Cette étude de la parole politique dans l'espace privé de la vie de famille, du couple, et de l'amitié, éclaire certains mécanismes de politisation des individus dans et par l'intime, ainsi que des phénomènes révélateurs de la dimension affective de toute existence politique. Elle s'appuie sur un matériau empirique élaboré à partir d'enquêtes quantitatives permettant d'identifier les ressorts sociaux, politiques, et psycho-affectifs dans la socialisation politique des individus dont les groupes primaire et l'entourage proche sont les vecteurs.
Political science and electoral studies in France have not focused much on the different ways in which political topics and electoral choices are debated at home. Who talks about politics and with whom ? Are individuals happy to say who they vote for ? What topics are most likely to cause conflict ? Exploring family ties, couple relationships and friendship, the empirical results from quantitative and specific surveys conducted in France at the Cevipof show how much individuals are related to politics also affectively. They underline the importance of what might be called "an intimate politicization". This "intimate politicization" plays a role alongside political and social factors, explaining how people interact with politics and can be just as decisive and perhaps even more so. ; Cet article s'inscrit dans le cadre des approches contextuelles des phénomènes de politisation des individus, en montrant le rôle et la place de la conversation politique dans le cercle des proches. Les modalités des discussions politiques, de leurs contenus, et de leurs arbitrages, dans l'espace des relations interpersonnelles et privées sont peu et mal connues dans la sociologie électorale française. Parle-t-on de son vote et à qui en parle-t-on ? Quels sont les sujets politiques qui fâchent ? Comment interpréter les usages du secret du vote au sein de la famille, en couple ou entre amis ? Cette étude de la parole politique dans l'espace privé de la vie de famille, du couple, et de l'amitié, éclaire certains mécanismes de politisation des individus dans et par l'intime, ainsi que des phénomènes révélateurs de la dimension affective de toute existence politique. Elle s'appuie sur un matériau empirique élaboré à partir d'enquêtes quantitatives permettant d'identifier les ressorts sociaux, politiques, et psycho-affectifs dans la socialisation politique des individus dont les groupes primaire et l'entourage proche sont les vecteurs.
Little is known of the role played by private interpersonal relationships in politicization and the expression of political choices. This article aims to improve our understanding of "private citizens" and "personal politicization" through a study of ideological similarities and divergences within family and friendship circles. The analysis, based on findings from an unprecedented quantitative representative French population survey by the CEVIPOF (Center for the study of French political life) entitled "Famille, amour et politique" [Family, love and politics], examines filiation, conjugality and friendship, showing the interactions and transactions that take place between the system of norms and the system of individual feelings. Families appear more heterogamous politically, while couples and friendship circles are more homogamous. However, individuals' level of politicization is ultimately the most determinant factor. Having a strong political affiliation, particularly on the left of the political spectrum, and a strong interest in politics always strengthens intra-circle political homogamy in terms of both principles and actions. At a more general level, the article reflects on the sphere of private life as a field for the development of conditions of democratic pluralism. ; L'espace des relations interpersonnelles et privées, en tant qu'espace de politisation et d'expression des choix politiques, est peu connu. C'est à une meilleure connaissance du « citoyen privé » et de la « politisation intime » que cet article veut contribuer, en étudiant les ressemblances et les divergences idéologiques au sein du cercle des proches. Présentant les résultats d'une enquête quantitative et représentative de la population française inédite, « Famille, amour et politique », réalisée par le CEVIPOF, il examine la filiation, la conjugalité, et l'amitié et montre les interactions et les transactions qui opèrent entre le système des normes et le système des affects des individus. La famille apparaît plus hétérogame ...
Little is known of the role played by private interpersonal relationships in politicization and the expression of political choices. This article aims to improve our understanding of "private citizens" and "personal politicization" through a study of ideological similarities and divergences within family and friendship circles. The analysis, based on findings from an unprecedented quantitative representative French population survey by the CEVIPOF (Center for the study of French political life) entitled "Famille, amour et politique" [Family, love and politics], examines filiation, conjugality and friendship, showing the interactions and transactions that take place between the system of norms and the system of individual feelings. Families appear more heterogamous politically, while couples and friendship circles are more homogamous. However, individuals' level of politicization is ultimately the most determinant factor. Having a strong political affiliation, particularly on the left of the political spectrum, and a strong interest in politics always strengthens intra-circle political homogamy in terms of both principles and actions. At a more general level, the article reflects on the sphere of private life as a field for the development of conditions of democratic pluralism. ; L'espace des relations interpersonnelles et privées, en tant qu'espace de politisation et d'expression des choix politiques, est peu connu. C'est à une meilleure connaissance du « citoyen privé » et de la « politisation intime » que cet article veut contribuer, en étudiant les ressemblances et les divergences idéologiques au sein du cercle des proches. Présentant les résultats d'une enquête quantitative et représentative de la population française inédite, « Famille, amour et politique », réalisée par le CEVIPOF, il examine la filiation, la conjugalité, et l'amitié et montre les interactions et les transactions qui opèrent entre le système des normes et le système des affects des individus. La famille apparaît plus hétérogame politiquement tandis que le couple et le cercle des amis sont plus homogames. Toutefois, c'est le niveau de politisation des individus qui est en dernière instance le plus déterminant. Une affiliation politique affirmée, et tout particulièrement à gauche, ainsi qu'un intérêt marqué pour la politique, renforcent toujours l'homogamie politique au sein du cercle des proches, dans les principes comme dans les faits. Plus largement, l'article ouvre une réflexion sur l'espace de la vie privée en tant que terrain d'expérience des conditions de la pluralité démocratique.
Le constat d'un déficit de votants à ces huitièmes élections européennes étaitprévisible et attendu. En l'espace de trente-cinq années, la participation auxélections européennes n'a cessé de reculer. Mobilisant plus de six électeurs surdix (61,9 %) en 1979, année de leur coup d'envoi, lorsque l'Union comptaitneuf pays, elle n'en compte plus que quatre sur dix en 2014 (43,1 %), dansl'Europe à vingt-huit, enregistrant un recul de 18,8 points. Une fois de plus, cemême constat s'impose et s'énonce comme une antienne depuis la fin desannées 90. D'élection en élection, un même scénario semble se répéter.L'Europe est en manque d'électeurs. Cette atonie de la participation électoralene concerne pas seulement ces élections en charge d'organiser la représentationpolitique au niveau supranational du Parlement européen. Elle est unphénomène maintenant bien installé dans de nombreuses démocratieseuropéennes et s'inscrit dans un mouvement général marqué par destransformations profondes du comportement électoral comme des usages de lacitoyenneté dans les sociétés contemporaines¹. Toutefois, lors des électionseuropéennes, l'abstention revêt une acuité singulière, faisant parler d'elle autravers d'un déficit de votants inégalé lors d'autres types de scrutin. Par sonampleur même, elle interroge la possibilité d'une Europe politique investie parses ressortissants et citoyens. ¹Voir CAUTRÈS (Bruno) et MUXEL (Anne) (dir.),Comment les électeurs font-ils leur choix?: le panel électoralfrançais 2007, Paris, Presses de Sciences Po, Académique, 2009, 392p. [ISBN 978-2-7246-1107-6] Et plusspécifiquement le chapitre 2 consacré au processus de la décision électorale.http://www.cairn.info/comment-les-electeurs-font-ils-leur-choix--9782724611076.htm On peut aussi consulter l'ouvrage issu de l'enquête Présidoscopie du CEVIPOF, PERRINEAU (Pascal) (dir.),La Décision électorale en 2012, Paris, Armand Colin, Recherches, 2013, 256p. [ISBN 978-2-200-28624-8]
Once again, the silence of the ballot boxes became clear. These tenths of municipal electionsorganised under the Fifth Republic record a record of abstentions, both in the first and the second round. It has been part of a general decline in electoral turnout in Francefor some 30 years. With the exception of the presidential election, which always mobilises voters, all other elections, and in particular local and European elections, face a deficit of voters. ; Une nouvelle fois, le silence des urnes s'est imposé. Ces dixièmes électionsmunicipales organisées sous la Ve République enregistrent un recordd'abstentions, au premier comme au second tour. Celui-ci s'inscrit dans unmouvement général de recul de la participation électorale en Francedepuis une trentaine d'années. À l'exception de l'élection présidentiellequi mobilise toujours les électeurs, tous les autres scrutins, etparticulièrement les scrutins locaux et européens, doivent faire face à undéficit de votants.
Le constat d'un déficit de votants à ces huitièmes élections européennes étaitprévisible et attendu. En l'espace de trente-cinq années, la participation auxélections européennes n'a cessé de reculer. Mobilisant plus de six électeurs surdix (61,9 %) en 1979, année de leur coup d'envoi, lorsque l'Union comptaitneuf pays, elle n'en compte plus que quatre sur dix en 2014 (43,1 %), dansl'Europe à vingt-huit, enregistrant un recul de 18,8 points. Une fois de plus, cemême constat s'impose et s'énonce comme une antienne depuis la fin desannées 90. D'élection en élection, un même scénario semble se répéter.L'Europe est en manque d'électeurs. Cette atonie de la participation électoralene concerne pas seulement ces élections en charge d'organiser la représentationpolitique au niveau supranational du Parlement européen. Elle est unphénomène maintenant bien installé dans de nombreuses démocratieseuropéennes et s'inscrit dans un mouvement général marqué par destransformations profondes du comportement électoral comme des usages de lacitoyenneté dans les sociétés contemporaines¹. Toutefois, lors des électionseuropéennes, l'abstention revêt une acuité singulière, faisant parler d'elle autravers d'un déficit de votants inégalé lors d'autres types de scrutin. Par sonampleur même, elle interroge la possibilité d'une Europe politique investie parses ressortissants et citoyens. ¹Voir CAUTRÈS (Bruno) et MUXEL (Anne) (dir.),Comment les électeurs font-ils leur choix?: le panel électoralfrançais 2007, Paris, Presses de Sciences Po, Académique, 2009, 392p. [ISBN 978-2-7246-1107-6] Et plusspécifiquement le chapitre 2 consacré au processus de la décision électorale.http://www.cairn.info/comment-les-electeurs-font-ils-leur-choix--9782724611076.htm On peut aussi consulter l'ouvrage issu de l'enquête Présidoscopie du CEVIPOF, PERRINEAU (Pascal) (dir.),La Décision électorale en 2012, Paris, Armand Colin, Recherches, 2013, 256p. [ISBN 978-2-200-28624-8]
L'électeur français n'est plus un électeur systématique et sa participation est devenue intermittente. Seule l'élection présidentielle continue de mobiliser massivement. En 2012, le niveau de participation rompt avec le cycle abstentionniste du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Néanmoins, comparée à la mobilisation des Français en 2007, elle connaît des reculs significatifs dans presque tous les segments de la société. Cet article s'appuie sur les données des enquêtes électorales du Cevipof et examine les évolutions de la participation selon les caractéristiques sociologiques et politiques des différents électorats. En comparant les trois dernières élections présidentielles (2002, 2007 et 2012), il évalue les parts respectives de l'abstentionnisme sociologique et de l'abstentionnisme politique, et revisite les ressorts explicatifs de la participation électorale.
The French can no longer be described as systematic voters. Intermittent voting has become the order of the day with the presidential election being the only one that continues to have broad appeal. In the 2012 presidential election, the strong level of turnout broke with the cycle of abstention that had characterized all mid-term elections during Nicolas Sarkozy's presidency. Nevertheless, compared to the 2007 presidential election, turnout decreased among all sections of the population. This article draws on recent electoral surveys conducted by the Cevipof to examine changes in electoral turnout according to the sociological and political characteristics of the different electorates. Comparing the last three presidential elections (2002, 2007 and 2012), it evaluates the proportions of sociological and political abstention. More broadly, this article reconsiders the principle explanations for turnout models in an attempt to elucidate the diverse motives for voting versus non-voting.
The French can no longer be described as systematic voters. Intermittent voting has become the order of the day with the presidential election being the only one that continues to have broad appeal. In the 2012 presidential election, the strong level of turnout broke with the cycle of abstention that had characterized all mid-term elections during Nicolas Sarkozy's presidency. Nevertheless, compared to the 2007 presidential election, turnout decreased among all sections of the population. This article draws on recent electoral surveys conducted by the Cevipof to examine changes in electoral turnout according to the sociological and political characteristics of the different electorates. Comparing the last three presidential elections (2002, 2007 and 2012), it evaluates the proportions of sociological and political abstention. More broadly, this article reconsiders the principle explanations for turnout models in an attempt to elucidate the diverse motives for voting versus non-voting. ; L'électeur français n'est plus un électeur systématique et sa participation est devenue intermittente. Seule l'élection présidentielle continue de mobiliser massivement. En 2012, le niveau de participation rompt avec le cycle abstentionniste du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Néanmoins, comparée à la mobilisation des Français en 2007, elle connaît des reculs significatifs dans presque tous les segments de la société. Cet article s'appuie sur les données des enquêtes électorales du Cevipof et examine les évolutions de la participation selon les caractéristiques sociologiques et politiques des différents électorats. En comparant les trois dernières élections présidentielles (2002, 2007 et 2012), il évalue les parts respectives de l'abstentionnisme sociologique et de l'abstentionnisme politique, et revisite les ressorts explicatifs de la participation électorale.
The French can no longer be described as systematic voters. Intermittent voting has become the order of the day with the presidential election being the only one that continues to have broad appeal. In the 2012 presidential election, the strong level of turnout broke with the cycle of abstention that had characterized all mid-term elections during Nicolas Sarkozy's presidency. Nevertheless, compared to the 2007 presidential election, turnout decreased among all sections of the population. This article draws on recent electoral surveys conducted by the Cevipof to examine changes in electoral turnout according to the sociological and political characteristics of the different electorates. Comparing the last three presidential elections (2002, 2007 and 2012), it evaluates the proportions of sociological and political abstention. More broadly, this article reconsiders the principle explanations for turnout models in an attempt to elucidate the diverse motives for voting versus non-voting.
The French can no longer be described as systematic voters. Intermittent voting has become the order of the day with the presidential election being the only one that continues to have broad appeal. In the 2012 presidential election, the strong level of turnout broke with the cycle of abstention that had characterized all mid-term elections during Nicolas Sarkozy's presidency. Nevertheless, compared to the 2007 presidential election, turnout decreased among all sections of the population. This article draws on recent electoral surveys conducted by the Cevipof to examine changes in electoral turnout according to the sociological and political characteristics of the different electorates. Comparing the last three presidential elections (2002, 2007 and 2012), it evaluates the share of sociological and the share of political abstention. More broadly, this article reconsiders the principle explanations for turnout models, attempting to make the diverse motives for voting versus non-voting understandable. Adapted from the source document.
The French can no longer be described as systematic voters. Intermittent voting has become the order of the day with the presidential election being the only one that continues to have broad appeal. In the 2012 presidential election, the strong level of turnout broke with the cycle of abstention that had characterized all mid-term elections during Nicolas Sarkozy's presidency. Nevertheless, compared to the 2007 presidential election, turnout decreased among all sections of the population. This article draws on recent electoral surveys conducted by the Cevipof to examine changes in electoral turnout according to the sociological and political characteristics of the different electorates. Comparing the last three presidential elections (2002, 2007 and 2012), it evaluates the proportions of sociological and political abstention. More broadly, this article reconsiders the principle explanations for turnout models in an attempt to elucidate the diverse motives for voting versus non-voting. ; L'électeur français n'est plus un électeur systématique et sa participation est devenue intermittente. Seule l'élection présidentielle continue de mobiliser massivement. En 2012, le niveau de participation rompt avec le cycle abstentionniste du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Néanmoins, comparée à la mobilisation des Français en 2007, elle connaît des reculs significatifs dans presque tous les segments de la société. Cet article s'appuie sur les données des enquêtes électorales du Cevipof et examine les évolutions de la participation selon les caractéristiques sociologiques et politiques des différents électorats. En comparant les trois dernières élections présidentielles (2002, 2007 et 2012), il évalue les parts respectives de l'abstentionnisme sociologique et de l'abstentionnisme politique, et revisite les ressorts explicatifs de la participation électorale.