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La richesse de Barcelone en matière d'archives est bien connue des historiens. Il est vrai qu'on songe surtout, quand on s'y réfère, au si beau fonds médiéval « de la Couronne d'Aragon », source de premier ordre pour l'histoire diplomatique, politique et religieuse du moyen âge, et dont d'ailleurs de grandes publications, de Bofarull à Finke ont partiellement diffusé les trésors. L'histoire politique et administrative n'a pas manqué non plus d'utiliser les Archives municipales de Barcelone, à vrai dire surtout dans leur partie la plus accessible et la plus facile à interpréter : les délibérations, décisions, négociations des grands conseils de la ville.

La dette des historiens envers E.-J. Hamilton s'est encore accrue. Nous savions qu'il devait étendre jusqu'aux années 1800 ses recherches déjà célèbres sur les mouvements anciens des prix espagnols. Dans ses travaux antérieurs, il avait poussé jusqu'en 1650. Le complément promis est là avec quelque retard : E.-J. Hamilton groupait encore ses documents lorsque la guerre d'Espagne éclata ; puis ce fut la guerre mondiale, la gêne des communications, les censures. Certaines parties de la documentation — sur les mesures monétaires, sur les aspects de la politique économique suivie à Madrid — durent être recherchées dans les archives américaines de l'ère coloniale. Enfin, la patience de E.-J. Hamilton et le dévouement de ses amis espagnols du corps des Archives sont venus à bout des difficultés.

Lucien Febvre nous a appris à poser le problème de l'incroyance. A ne pas croire tout possible, à tout instant, dans l'esprit humain. Or ce qui vaut pour le temps vaut aussi pour l'espace.Deux sociétés voisines, si l'histoire Jes a séparées, n'émettent ni n'absorbent uniformément, au même moment, les mêmes idées. Voilà ce dont on n'a pas assez tenu compte (et rendu compte encore moins) en confrontant, comme on a souvent fait, l'Espagne et la France du XVIIIe siècle.

« Amérique du Sud », « Latino », « Hispano », « Ibéro-Amérique » : l'auteur emploïe ces mots et ne choisit pas. II. est difficile de croire qu'il se leurre, ayant voyagé, sur l'unité qu'ils recouvrent. C'est devant son sujet qu'il y a unité : devant le grand Etat du Nord qui a réussi, et qui, depuis un siècle, périodiquement, sous des formes diverses, laisse entendre qu'il parle en maître, où le continent non anglo-saxon réagit sourdement, subit un complexe commun. C'est du moins ce qui s'impose à l'esprit quand an lit cette curieuse introduction de soixante-quinze pages que M. ALBERTO SANCHEZ a appelée « prejuicio », soit, au choix, « préjugé » ou « pré jugement ». On y voit, de naïfs élans d'une admiration comme filiale, toujours devant un nom d'homme : Washington, Lincoln, Wilson, Roosevelt. Et de dures réalités, qui, elles, ne meurent pas, et prennent des noms de slogans : « Doctrine de Monroe », « Manifest Destiny », « Dollar diplomacy », " Big Stick », « I took Panama ».

Le gros livre que M. Poblete Thoncoso consacre au problème de la sous-consommation en Amérique du Sud aborde un problème d'intérêt évident. Il ne prouve guère au lecteur, malheureusement, que les difficultés de l'étude. Veut-il citer le pourcentage de la population active dans les pays envisagés? Certains chiffres datent de 1912, de 1919, de 1940 pour les plus récents. Or, de 1940 à 1944, ce pourcentage, aux États-Unis et au Canada, est passé des environs de 40 aux environs de 60 I Que s'est-il passé, pendant ces années, dans cette Amérique du Sud, dont on nous dit, en conclusion, qu'elle s'est « industrialisée à un rythme extraordinaire »? Les enquêtes-utilisées, ni par leurs dates, ni par leurs méthodes, ni par leur valeur (la meilleure est de beaucoup celle sur l'Uru- ,guay, de M. Graña), ne permettent de sûres comparaisons.