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Les débats actuels relatifs au droit français de la filiation se concentrent sur deux hypothèses : d'une part, l'homoparenté c'est-à-dire le rattachement d'un enfant à deux parents de même sexe ; d'autre part, la gestation pour autrui qui, si elle est sollicitée par des hommes ou des couples d'hommes homosexuels, l'est aussi par des couples de personnes de sexe différent. Les deux ont en commun d'interroger très directement sur la place à accorder à la volonté en matière de filiation. Suffit-il de vouloir être parent pour l'être ou la volonté est-elle nécessairement bridée par des faits – et en particulier des données biologiques ? Construire la filiation sur la volonté et elle seule, ce serait détacher la filiation des corps, et par conséquent s'autoriser à s'abstraire du rôle des uns ou des autres dans la procréation de l'enfant. La volonté s'avère le fondement idéal pour construire un droit de la filiation neutre en termes de genre, « les volontés étant asexuées 1 ». S'interroger sur ce qui serait souhaitable, ou ce qui serait possible, exige toutefois d'identifier avant toute chose ce qui est, c'est-à-dire l'état du droit.

La construction identitaire du sujet est encore intimement liée à sa filiation, filiation dans sa réalité, bien sûr, mais également dans ses dimensions imaginaires, fantasmatiques et symboliques. L'évolution sociétale actuelle qui assiste « le désir d'enfant » par l'avancée rapide des techniques de procréation, qui tend progressivement à faire prévaloir le droit du sang, c'est-à-dire « la vérité biologique » sur les autres modes de filiation ne risque-t-elle pas, dans certains cas, de brouiller la donne de la construction identitaire ? Le psychanalyste peut s'en sentir déboussolé, contraint de devoir inverser son mode de fonctionnement naturel (le passé éclairant le présent), lorsqu'il est invité à envisager d'hypothétiques conséquences des nouvelles pratiques du présent, à partir d'un passé dont « les invariants » sont réinterrogés. Enfin, sont repris, pour faire mémoire et exemples, en hommage à Jean Guyotat, quelques circonstances dans lesquelles les ruptures de filiation dans leurs figurations traumatiques conduisent à la psychopathologie.

Abstract
The social malaise produced by thousands of children born out of wedlock and abandoned is widely understood in the Maghreb. It has opened a breach in traditional Islamic legal discourses as well as social practices regarding the establishment of filiation in Tunisia, Morocco, and Algeria. Analysis of Islamic jurisprudence and opinions, court decisions, and state laws since 1999 shows that the crisis of abandoned children combined with the biological truth revealed by DNA testing have helped produce a paradigm shift. Islamic legal opinions now argue for the need to grant paternal filiation and rights for children born out of wedlock in Morocco, Algeria, and Tunisia. Majority juristic opinions do not always determine state legal practices, and contemporary Islamic legal positions are neither monolithic nor static.

Du point de vue d'une histoire des idées, qui le plus souvent consiste en l'étude de l'influence d'un auteur (qui est antérieur) sur un autre auteur (qui lui est postérieur), c'est là une question qui en cache deux : quelle est l'influence de Durkheim sur son neveu Marcel ? Quelle est l'influence de Mauss sur Bourdieu ? En d'autres mots, Mauss est-il durkheimien ? Bourdieu est-il maussien ? Toute filiation est faite de nuances, d'inflexions, parfois même de distanciations.

Le « travail allemand » : origines et filiations Le TA (Travail allemand) est une organisation mise en place en 1941 par la MOI (Main-d'œuvre immigrée, structure liée au Parti communiste français pour intégrer les militants d'origine étrangère). Son objectif était de pénétrer l'appareil militaire allemand pour renseigner la Résistance et tenter d'organiser les antinazis se trouvant parmi les hommes de troupe. Au départ, il fut animé essentiellement par des militants germanophones – souvent juifs – originaires des pays d'Europe de l'Est et par des Autrichiens. Les militants allemands présents sur le sol français ne le rejoignirent massivement qu'à partir de la fin de 1942, c'est-à-dire après l'entrée des troupes d'occupation en zone sud.

Résumé Selon des analyses récentes, on assisterait actuellement en Occident à une « naturalisation » de la filiation. À partir des analyses anthropologiques et historiques des parentés « parallèles » anciennes et des nouvelles formes de configurations familiales, cet article conteste cette hypothèse. Il rappelle l'ancienneté de la référence à la nature dans les représentations et usages de la parenté et l'existence d'un univers métaphorique et symbolique caractérisé, aujourd'hui comme hier, par la pluralité des significations données aux relations entre parents.