International audience ; Par deux fois en moins d'un siècle, en 1792 et en 1860, le Duché de Savoie est rattaché à la Grande Nation française à l'issue d'une consultation populaire. Pourtant, au-delà des apparences le contexte comme la signification de chacun de ces évènements diffère sensiblement même si, à l'évidence, ces deux annexions successives de la Savoie à la France se révèlent intimement liées en dépit de leurs soixante-dix ans de distance. Comment en effet comprendre 1860 en faisant artificiellement abstraction du précédent de 1792 ? Tant la référence ambiguë à l'idéologie révolutionnaire contemporaine de la Convention joue, au cours du second épisode, le rôle d'argument de poids en faveur ou à l'encontre du thème de la nécessaire fusion de la petite patrie alpine dans le creuset de la Grande Nation. Peu importe en l'occurrence et très paradoxalement, le retournement soudain de sensibilité politique des militants en faveur de l'option française lors de ces deux événements majeurs de l'histoire alpine occidentale. Puisqu'en toute logique les plus ardents promoteurs de l'Annexion, en 1860, conservateurs cléricaux bon teint, ne devraient pas se prévaloir contre nature d'une référence à ce point connotée à l'Invasion révolutionnaire de la Savoie pour en réclamer ultérieurement les bienfaits. Mais l'histoire des Etats de Savoie et a fortiori celle, en leur sein, des provinces savoyardes proprement dites, s'avère si complexe que les confusions en tout genre se perpétuent avec une désolante constance depuis des lustres, malgré le patient travail de vulgarisation entrepris de longue date par plusieurs générations d'historiens.C'est donc dans un cadre politique résultant d'enjeux doctrinaux de prime abord assez étrangers à l'histoire savoyarde qu'il convient ainsi de replacer l'analyse des deux annexions consécutives de la Savoie à la France, puis celle de leur légitimation, voire de leur amalgame définitif dans la plupart des mémoires locales au gré des cérémonies officielles, dans la construction de récits ...
La question du redéploiement économique de la Wallonie est lancinante depuis des décennies. Alors que les niveaux de développement des territoires qui la composent sont très inégaux, cette problématique est généralement abordée sur la base d'une division de la Belgique en trois régions et traitée via des moyennes globales et des tendances générales. Dans une recherche présentée par le Courier hebdomadaire du CRISP, une équipe de chercheurs du Service de géographie économique et du Lepur de l'Université de Liège a tenté de dépasser cette lecture en analysant la situation économique de la Wallonie à travers des analyses géo-économiques multi-échelles. Ces analyses ont pris en compte de l'économie productive, via la capacité des firmes à générer de la valeur ajoutée et à exporter des biens et des services, mais aussi l'économie présentielle. La notion d'économie présentielle renvoie à l'impact sur l'économie locale de revenus générés ailleurs, grâce à des migrations pendulaires de travail, grâce à des pensions de retraite, grâce à des prestations sociales mais aussi grâce aux personnes qui dépensent sur un territoire sans y être domiciliées (les touristes, mais également les navetteurs et les étudiants non-résidents). La différenciation entre économie productive et économie présentielle vise à intégrer la disjonction spatiale croissante entre les lieux de production où les revenus sont générés et les lieux de consommation où les revenus sont dépensés. Le travail des chercheurs de l'Université de Liège a mis en exergue des cercles, tantôt vertueux tantôt vicieux, qui conduisent à renforcer des disparités sous-régionales déjà très contrastées. En termes d'économie productive, cela les a notamment conduit à distinguer sept grands ensembles territoriaux. Ces ensembles aux superpositions partielles et aux limites floues sont les suivants : le Triangle wallon, la conurbation du Hainaut de tradition industrielle, la région liégeoise, la Wallonie picarde, l'Entre-Vesdre-et-Meuse, la Wallonie des faibles densités et le Sud-Luxembourg. Du point de vue de l'économie productive, le Triangle wallon est de loin l'ensemble territorial le plus dynamique, avec en son cœur le Brabant wallon. Grâce à son intégration dans la zone métropolitaine de Bruxelles, dont il s'autonomise de plus en plus, ce territoire bénéficie de puissantes économies d'agglomération qui, conjuguées à son attractivité résidentielle, en font un lieu où économie productive et économie résidentielle se renforcent mutuellement dans une logique de cercle vertueux. À l'instar de la périurbanisation bruxelloise, le dynamisme productif du Brabant wallon tend aujourd'hui à se diffuser, tant vers le Hainaut que vers la province de Namur, où de petites villes comme Soignies, Seneffe ou Gembloux assurent un rôle de relais. Ce mouvement s'accompagne d'une croissance du développement d'activités indépendantes diverses et de la création de nombreuses PME, souvent de très petite taille. À plus longue distance de Bruxelles, ce dynamisme trouve un relais mais aussi une limite au niveau de Namur. La grande hétérogénéité qui marque le développement territorial en Wallonie pose question vis-à-vis d'une gouvernance généralement mise en œuvre de manière homogène à l'échelle régionale. Cela pousse à s'interroger sur l'opportunité d'une spatialisation et spécialisation plus détaillée de ces politiques, en les ajustant plus finement aux forces et faiblesses des ensembles territoriaux identifiés. Par exemple, vu la faiblesse des économies d'agglomération qui caractérise la Wallonie des faibles densités, il ne semble pas opportun de mobiliser des moyens publics importants afin d'y initier des projets de type métropolitain. Tout indique que les résultats attendus ne seront pas au rendez-vous, comme l'illustrent divers projets de centres de congrès ou de parcs d'activités dédiés à la logistique ou à des entreprises à forte composante technologique. Plutôt que de chercher à imiter les logiques métropolitaines, ces territoires ont donc intérêt à identifier des avantages différenciatifs qui permettraient de soutenir des domaines susceptibles de bénéficier d'une « innovation décentralisée » tels que les productions liées au terroir (pratiques agricoles), à la production énergétique ou aux ressources locales (pierre, terre, bois, services présentiels). La Wallonie des faibles densités ne correspond toutefois en rien à une « Wallonie du vide » et il faut continuer à miser sur son économie présentielle basée sur le tourisme. En parallèle, afin d'amplifier leur potentiel structurant à l'échelle locale, ses polarités les plus dynamiques mériteraient d'être accompagnées en termes d'aménagement, de mobilité et d'offres de services. Des politiques mieux individualisées mériteraient également d'être menées pour redéployer les bassins de tradition industrielle avec, en premier lieu, la conurbation du Hainaut de tradition industrielle. Cet espace s'étend du Borinage jusqu'à l'est de l'agglomération carolorégienne, sur une cinquantaine de kilomètres de long et sur une vingtaine de kilomètres de large. Son peuplement est estimé à plus de 700 000 habitants, soit près de 20 % de la population wallonne. Les faibles niveaux de revenus qui caractérisent la conurbation du Hainaut de tradition industrielle sont indissociables d'indicateurs défavorables pour la part de diplômés de l'enseignement supérieur, pour l'intensité de l'entreprenariat et pour le décrochage scolaire. Au regard des structures sociales héritées des déclins industriels, il semble peu réaliste d'espérer un redressement à court terme (une génération) de cet ensemble. Un redressement sur le moyen-long terme (plusieurs générations) est envisageable, mais à la condition d'y briser les cercles vicieux du déficit d'attractivité et d'y atténuer les effets de lieu responsables de la reproduction intergénérationnelle de la précarité. Dans cette perspective, la stratégie du soutien à l'économie résidentielle apparaît sans doute prioritaire à la stratégie du soutien à l'économie productive. Dans la conurbation du Hainaut de tradition industrielle, la sélectivité spatiale justifie de miser sur les deux grands pôles de Mons et de Charleroi. Vu les volumes de population qu'ils concentrent, l'on peut penser que leurs économies d'agglomération permettent d'y assurer le développement de l'économie productive. Dans le champ de l'économie productive, centraliser les moyens sur les lieux qui concentrent les populations et les activités conduit à renforcer les effets de levier, c'est-à-dire à optimaliser l'efficacité des politiques publiques. En région liégeoise, les communes paupérisées anciennement industrialisées semblent devoir être aidées sur le même modèle que dans le Hainaut de tradition industrielle, afin d'y renforcer l'attractivité et afin d'y réduire les effets de lieu. Par ailleurs, après le Brabant wallon, Liège est la deuxième zone de Wallonie en termes d'économies d'agglomération, comme l'illustrent notamment les développements dans l'aéronautique et dans les biotechnologies. Pour Liège, les économies d'agglomération tiennent à la taille du bassin d'emplois, aux niveaux de formation des populations et également aux aménités urbaines. En conséquence, l'économie productive doit également y être soutenue, dans la perspective de renforcer la métropolisation émergente qui caractérise la ville centrale et certaines de ses périphéries. Bien que situés à deux extrémités géographiques de la Wallonie, le quatrième et le cinquième ensemble présentent des similitudes. Il s'agit de la Wallonie picarde et de l'Entre-Vesdre-et-Meuse (y compris le nord de la Communauté germanophone). Ces deux zones sont spécialisées dans les secteurs de l'agro-alimentaire et de la distribution-logistique. Vis-à-vis des territoires voisins, les deux ensembles se caractérisent par une population à la culture entrepreneuriale plus développée. Même si les économies d'agglomération y sont moins prégnantes qu'en Brabant wallon ou qu'en région liégeoise, il en résulte des bases productives étoffées. Il s'agit là d'une observation encourageante qui montre que, en Wallonie comme ailleurs, de bonnes performances économiques demeurent possibles en dehors des métropoles. Pour les deux ensembles de la Wallonie picarde et de l'Entre-Vesdre-et-Meuse, l'intérêt des pôles de compétitivité Wagralim et Logistics in Wallonia est à souligner. En effet, les appels à projets successifs initiés depuis le premier Plan Marshall semblent avoir contribué à renforcer l'intégration de ces deux régions au reste de l'économie wallonne. Il est utile de poursuivre dans cette voie, afin que la culture entrepreneuriale qui les caractérise puisse être soutenue par les institutions en R&D du Triangle wallon et de la région liégeoise. À l'inverse de la Wallonie picarde et de l'Entre-Vesdre-et-Meuse, l'économie productive apparaît amorphe dans le Sud-Luxembourg. Cette déficience de l'entreprenariat est vraisemblablement induite par l'attractivité des avantages fiscaux que le Grand-Duché voisin propose aux entreprises et aux travailleurs, avec un véritable effet « aspirateur » à la création d'activités. Il en résulte une configuration singulière avec, d'un côté, une économie productive aux caractéristiques similaires aux parties les moins dynamiques du Hainaut et, d'un autre côté, des niveaux de revenus médians et de diplomation de l'enseignement supérieur proches du Brabant wallon. Pour l'ensemble territorial du Sud-Luxembourg, une amélioration significative de la situation doit venir d'une réflexion collaborative menée à l'échelle de la zone métropolitaine luxembourgeoise. ; Peer reviewed
The Silesian-born urban-planning architect Lotte Stam-Beese became famous not only in the Netherlands, but also in CIAM (Congrès Internationaux d'Architecture Moderne) circles, for her designs for modern post-war housing districts in the Dutch city of Rotterdam. The path she travelled to get there was a fascinating one, and shows how the course of her life was determined by her training, work, love affairs and relationships during the 1920s and 1930s. This article takes a closer look at her career, with special emphasis on her work at Bohuslav Fuchs's architectural firm in Brno from 1930 to 1932 and her other activities in Czechoslovakia. It will attempt to show how this period and these circumstances helped shape her personal development and the choices she made in her life. This paper is based on various sources consulted in archives in the Czech Republic, Germany, Ukraine, the United States and the Netherlands, as well as literature research. Lotte Beese – her maiden name – grew up in the countryside near what was then the German city of Breslau (now Wrocław in Poland) in a lower-middle-class Protestant family. In those days few girls from such a background received a secondary education. After doing several minor jobs, she persuaded her parents that a course at the Bauhaus in Dessau was the right choice for her. When she began studying there in the 1926-1927 academic year she was already 23, making her one of the older students. In 1928 the Swiss architect Hannes Meyer had been asked to set up an architecture course at the Bauhaus, entitled die neue baulehre ('the new way of building'). Inspired by Functionalist design and Marxist thinking, Meyer saw architecture and building as an elementary process, in which people's biological, mental and physical needs were crucial to the design of housing, and hence of living. Lotte Beese was keen to take the new architecture course. Meyer, who not only set up the course but a year later also succeeded Gropius as director of the Bauhaus, was less prejudiced than his predecessor about the idea of women studying subjects previously reserved for men. Lotte Beese was allowed to take the die neue baulehre course, thus becoming its first female student. Meyer considered her a good student; but he was less encouraging about her future prospects. She could become an architect – provided she married a male architect and worked for his firm. His advice was soon followed almost to the letter – for the two fell in love. Although the Bauhaus was known for its free-thinking attitudes, a conspicuous affair between a female student and the director, who was not only fourteen years older but also married with two children, was simply not acceptable. When their relationship became public knowledge, Meyer told her to quit the course. He found architectural jobs for her, first at his firm in Berlin, later on at architect Hugo Häring's firm in Berlin and finally in Czechoslovakia, where she began work in 1930 as an Entwurfsarchitektin ('design architect') at Bohuslav Fuchs's firm in Brno – the very bastion of Czechoslovakian Modernism with Bohuslav Fuchs as a leading architect. Here she would continue to work for almost two years. A surviving certificate that Lotte Beese received from Bohuslav Fuchs shows that she had worked on six projects during 1930: completion of the Vesna industrial school for girls in Brno, the savings banks in Třebíč and Tišnov, the Moravian Bank in Brno, the Morava sanatorium in Tatranská Lomnica, and drawings for steel structures in low-rise dwellings in Italy. In summer 1930 Hannes Meyer was suddenly dismissed from the Bauhaus, for he was considered awkward and too 'political'. He moved to Moscow where he was appointed professor at the State College of Building and Architecture and chief architect at the Institute for the Construction of Higher and Technical Schools, both based in Moscow. He asked Lotte Beese to live and work with him there. She gladly agreed, and left for the USSR. But their life together was not a success, and after a few months she returned to Brno where she was able to resume work at Fuchs's firm. By now Lotte Beese was pregnant, and she gave birth to a son whose father was Hannes Meyer. Although Fuchs had granted her three months' maternity leave, correspondence with a lawyer reveals that he refused to pay the necessary allowance. Beese took him to court, and appears to have won the case. This did not improve relations between them, and she could no longer return to her job at his firm. Indeed, as an unmarried mother, she was no longer able to find any kind of work in Brno, especially at a time of deepening economic crisis. Now unemployed, she had more time to take part in Brno's left-wing political and cultural life. She was a member of the Czechoslovakian communist party KSČ (Komunistická Strana Československa) and the cultural organisation Levá Fronta. She attended Levá Fronta meetings and she went to discussion evenings on modern literature and lectures by left-wing writers and thinkers. As a member of the KSČ, Lotte Beese helped to organise 'proletarian evenings' and campaigns. By now the city council had banned KSČ assemblies, demonstrations and public meetings. On 30 October 1931, to mark the fourteenth anniversary of the USSR, the party organised a pro-Russian demonstration followed by a public meeting at the Workers' House in a district of Brno called Tuřany. Beese gave a speech at the meeting, and was reported to the police. No longer feeling safe in Brno, she told Meyer she wanted to join him with their child; but he was no longer interested. Now Lotte Beese needed an alternative. With the rise of national socialism in Germany, returning there was hardly an option. Working and living in Russia seemed a better idea. In April 1932, probably with help from her friends in Prague, the left-wing architecture critic, publicist and graphic designer Karel Teige and the Modernist architect Jaromír Krejcar, she set off for the Ukrainian city of Kharkov to work as an architect. She left her son Peter with Krejcar and his then wife, the journalist Milena Jesenská. Lotte Beese worked in Kharkov for Giprograd, the Ukrainian section of the State Institute of Town Planning, and made ground-plan drawings for the sotsgorod ('socialist town') KhTZ – a large, linear housing district on a railway line ten kilometres from the city centre of Kharkov. Built from the late 1920s onwards, the district was intended for employees of the nearby, newly-built Kharkov Tractor Factory. In September 1932 she went to collect her son from Prague and take him to Kharkov. The relationship with Hannes Meyer gradually came to an end. In spring 1933 Lotte Beese ran into her former Bauhaus teacher, the Dutch Functionalist architect Mart Stam. Stam had a responsible position in the 'May Brigade' (led by Frankfurt's former city architect Ernst May), as project manager for the construction of the industrial city of Magnitogorsk in the Urals. Their encounter turned into a love affair. Lotte Beese joined Mart Stam and worked on various urban planning projects, including the renovation of the town of Orsk. Following Mart Stam's refusal on principle to build a new city in an inhospitable area near Lake Balkash that was polluted with copper ore, they had to quit the USSR. After marrying in Moscow, they left for the Netherlands, where they lived and worked in Amsterdam. But their marriage eventually broke down. By then, aged 37, Lotte Stam-Beese – she kept the name 'Stam' after her divorce – was taking a course in advanced and higher architectural teaching in Amsterdam, and she graduated in 1945. She realised that as a qualified architect she had more chance of finding a job in her favourite profession – and she succeeded. In 1946 she was appointed as an urban-planning architect in Rotterdam, which had been devastated in a German bombing raid on 14 May 1940. In 1955 she was promoted to chief architect, and was given the assignment of designing new, modern housing for the whole city. Her designs included three large housing districts developed in a Functionalist style. While working at Bohuslav Fuchs's architectural firm in Brno, Lotte Beese became well acquainted with Modernist architecture. There she also met like-minded people, made friends and was politically active. All this encouraged her to go and work in the new Soviet state and it sharpened her political consciousness. It was not the architecture of individual buildings – the main focus of her work in Czechoslovakia – but social housing in an urban environment that truly appealed to her and would become her specialist field. She designed large estates in green surroundings, where she hoped people would assist and cooperate with their neighbours. In her lectures she regularly used the following quote about Antoine de Saint-Exupéry's posthumous book Citadelle: 'car je suis d'abord celui qui habite', which she interpreted as 'you can only be a human being if you truly have a home.'
The Silesian-born urban-planning architect Lotte Stam-Beese became famous not only in the Netherlands, but also in CIAM (Congrès Internationaux d'Architecture Moderne) circles, for her designs for modern post-war housing districts in the Dutch city of Rotterdam. The path she travelled to get there was a fascinating one, and shows how the course of her life was determined by her training, work, love affairs and relationships during the 1920s and 1930s. This article takes a closer look at her career, with special emphasis on her work at Bohuslav Fuchs's architectural firm in Brno from 1930 to 1932 and her other activities in Czechoslovakia. It will attempt to show how this period and these circumstances helped shape her personal development and the choices she made in her life. This paper is based on various sources consulted in archives in the Czech Republic, Germany, Ukraine, the United States and the Netherlands, as well as literature research. Lotte Beese – her maiden name – grew up in the countryside near what was then the German city of Breslau (now Wrocław in Poland) in a lower-middle-class Protestant family. In those days few girls from such a background received a secondary education. After doing several minor jobs, she persuaded her parents that a course at the Bauhaus in Dessau was the right choice for her. When she began studying there in the 1926-1927 academic year she was already 23, making her one of the older students. In 1928 the Swiss architect Hannes Meyer had been asked to set up an architecture course at the Bauhaus, entitled die neue baulehre ('the new way of building'). Inspired by Functionalist design and Marxist thinking, Meyer saw architecture and building as an elementary process, in which people's biological, mental and physical needs were crucial to the design of housing, and hence of living. Lotte Beese was keen to take the new architecture course. Meyer, who not only set up the course but a year later also succeeded Gropius as director of the Bauhaus, was less prejudiced than his predecessor about the idea of women studying subjects previously reserved for men. Lotte Beese was allowed to take the die neue baulehre course, thus becoming its first female student. Meyer considered her a good student; but he was less encouraging about her future prospects. She could become an architect – provided she married a male architect and worked for his firm. His advice was soon followed almost to the letter – for the two fell in love. Although the Bauhaus was known for its free-thinking attitudes, a conspicuous affair between a female student and the director, who was not only fourteen years older but also married with two children, was simply not acceptable. When their relationship became public knowledge, Meyer told her to quit the course. He found architectural jobs for her, first at his firm in Berlin, later on at architect Hugo Häring's firm in Berlin and finally in Czechoslovakia, where she began work in 1930 as an Entwurfsarchitektin ('design architect') at Bohuslav Fuchs's firm in Brno – the very bastion of Czechoslovakian Modernism with Bohuslav Fuchs as a leading architect. Here she would continue to work for almost two years. A surviving certificate that Lotte Beese received from Bohuslav Fuchs shows that she had worked on six projects during 1930: completion of the Vesna industrial school for girls in Brno, the savings banks in Třebíč and Tišnov, the Moravian Bank in Brno, the Morava sanatorium in Tatranská Lomnica, and drawings for steel structures in low-rise dwellings in Italy. In summer 1930 Hannes Meyer was suddenly dismissed from the Bauhaus, for he was considered awkward and too 'political'. He moved to Moscow where he was appointed professor at the State College of Building and Architecture and chief architect at the Institute for the Construction of Higher and Technical Schools, both based in Moscow. He asked Lotte Beese to live and work with him there. She gladly agreed, and left for the USSR. But their life together was not a success, and after a few months she returned to Brno where she was able to resume work at Fuchs's firm. By now Lotte Beese was pregnant, and she gave birth to a son whose father was Hannes Meyer. Although Fuchs had granted her three months' maternity leave, correspondence with a lawyer reveals that he refused to pay the necessary allowance. Beese took him to court, and appears to have won the case. This did not improve relations between them, and she could no longer return to her job at his firm. Indeed, as an unmarried mother, she was no longer able to find any kind of work in Brno, especially at a time of deepening economic crisis. Now unemployed, she had more time to take part in Brno's left-wing political and cultural life. She was a member of the Czechoslovakian communist party KSČ (Komunistická Strana Československa) and the cultural organisation Levá Fronta. She attended Levá Fronta meetings and she went to discussion evenings on modern literature and lectures by left-wing writers and thinkers. As a member of the KSČ, Lotte Beese helped to organise 'proletarian evenings' and campaigns. By now the city council had banned KSČ assemblies, demonstrations and public meetings. On 30 October 1931, to mark the fourteenth anniversary of the USSR, the party organised a pro-Russian demonstration followed by a public meeting at the Workers' House in a district of Brno called Tuřany. Beese gave a speech at the meeting, and was reported to the police. No longer feeling safe in Brno, she told Meyer she wanted to join him with their child; but he was no longer interested. Now Lotte Beese needed an alternative. With the rise of national socialism in Germany, returning there was hardly an option. Working and living in Russia seemed a better idea. In April 1932, probably with help from her friends in Prague, the left-wing architecture critic, publicist and graphic designer Karel Teige and the Modernist architect Jaromír Krejcar, she set off for the Ukrainian city of Kharkov to work as an architect. She left her son Peter with Krejcar and his then wife, the journalist Milena Jesenská. Lotte Beese worked in Kharkov for Giprograd, the Ukrainian section of the State Institute of Town Planning, and made ground-plan drawings for the sotsgorod ('socialist town') KhTZ – a large, linear housing district on a railway line ten kilometres from the city centre of Kharkov. Built from the late 1920s onwards, the district was intended for employees of the nearby, newly-built Kharkov Tractor Factory. In September 1932 she went to collect her son from Prague and take him to Kharkov. The relationship with Hannes Meyer gradually came to an end. In spring 1933 Lotte Beese ran into her former Bauhaus teacher, the Dutch Functionalist architect Mart Stam. Stam had a responsible position in the 'May Brigade' (led by Frankfurt's former city architect Ernst May), as project manager for the construction of the industrial city of Magnitogorsk in the Urals. Their encounter turned into a love affair. Lotte Beese joined Mart Stam and worked on various urban planning projects, including the renovation of the town of Orsk. Following Mart Stam's refusal on principle to build a new city in an inhospitable area near Lake Balkash that was polluted with copper ore, they had to quit the USSR. After marrying in Moscow, they left for the Netherlands, where they lived and worked in Amsterdam. But their marriage eventually broke down. By then, aged 37, Lotte Stam-Beese – she kept the name 'Stam' after her divorce – was taking a course in advanced and higher architectural teaching in Amsterdam, and she graduated in 1945. She realised that as a qualified architect she had more chance of finding a job in her favourite profession – and she succeeded. In 1946 she was appointed as an urban-planning architect in Rotterdam, which had been devastated in a German bombing raid on 14 May 1940. In 1955 she was promoted to chief architect, and was given the assignment of designing new, modern housing for the whole city. Her designs included three large housing districts developed in a Functionalist style. While working at Bohuslav Fuchs's architectural firm in Brno, Lotte Beese became well acquainted with Modernist architecture. There she also met like-minded people, made friends and was politically active. All this encouraged her to go and work in the new Soviet state and it sharpened her political consciousness. It was not the architecture of individual buildings – the main focus of her work in Czechoslovakia – but social housing in an urban environment that truly appealed to her and would become her specialist field. She designed large estates in green surroundings, where she hoped people would assist and cooperate with their neighbours. In her lectures she regularly used the following quote about Antoine de Saint-Exupéry's posthumous book Citadelle: 'car je suis d'abord celui qui habite', which she interpreted as 'you can only be a human being if you truly have a home.'
After the Second World War, the effervescence which characterized Africa was partly due to men and women trained in western education and called intellectuals. Indeed, they advocated for significant changes within the colonial empires. Talking about African intellectuals at that time, is to refer to those who used their knowledge as a weapon against any kind of structural domination as well as the concepts and ideas related to that. It is in this wake that Alioune Diop (1910-1980) is situated. He is, may be, one of the less known but one of the most important African intellectuals of the 20th century, due to his commitment that still has impact on Africa today.The initiatives of Alioune Diop as African intellectual aimed to promote the African cultural renascence by valorizing the African identity and legacy, and by considering some positive aspects of the encounter between Africa and the West. In order to achieve this goal, he brought together intellectuals from Africa and African Diaspora, and provided them with an important tool in producing and disseminating knowledge, in a context which was a particular difficult one. Indeed, he founded Présence Africaine as an intellectual review in 1947, also as the first francophone publishing house in 1949, and then as an intellectual movement. He also initiated dialogue between African intellectuals and western intellectuals mainly regrouped within the European Society of Culture (SEC). In the wake of the African cultural renascence, Alioune Diop committed himself in reconciling the 'African identity' namely what African peoples possessed and expressed in their way of life and 'Christianity'. The dissertation particularly considers Catholicism, as a westernized expression of Christianity imported from Europe and presented as incompatible with the African way of life, from the very beginning of the Christian mission of the 19th century in Africa. For this Christian mission, it was impossible to be Christian and African rooted in his cultural identity at the same time. So, many African Christians got westernized and rejected their values, as inconsistent to Christianity. The PhD dissertation which encompasses intellectual history, religious history, political history and art history, by focusing on Alioune Diop, emphasizes the importance of the intellectual biography ("biographie intellectuelle"), as a method of approach and investigation in African history. In the particular context of the 20th century in Africa which witnessed an important development of knowledge as resulting from the commitment of the African intellectuals, this method is relevant in studying African personalities. The intellectual biography of Alioune Diop not only shows his contribution, but also the influence of his intellectual journey in contemporary Africa. In order to demonstrate the importance of the intellectual biography of Alioune Diop in understanding the way the conflicting concepts and realities "African identity" and "Catholicism" needed to be reconciled, the dissertation has dealt with many archives. One of its originality has been the archives of "Présence Africaine" exploited for the first time. The dissertation suggests that there is another side of the commitment of Alioune Diop, less known but which is however a key of comprehension of his initiatives: Christian religion. Indeed, he was also interested in religions, especially Christianity he considered as able to contribute in overcoming the challenges posed to Africa especially after the Second World War as well as in restoring the African dignity. Therefore, a particular attention was paid to Christianity in the events he initiated and organized. Besides, his own experience was marked by religion, for he was firstly Muslim and then became Catholic Christian. For Alioune Diop, it was necessary that Africans overcome the conflict introduced between this religion and Africa by European missionaries.With regard to Catholicism in particular, as a part of the western identity and whose sense means universal, it was important for it to meet the requirements of dialogue not only because the universal is not conceivable without dialogue, but also because the political context of Africa at that time called for that. Indeed, the fight for freedom and independence following the Second World War would have precluded the development of Catholicism if remained opposed to African identity. Therefore, Alioune Diop acted in order to create the possibility of dialogue and reconciliation between African identity and Catholicism, through congresses, conferences, workshops, and many other reflections he initiated. Thus, "African identity and Catholicism", in the intellectual journey of Alioune Diop underlines the necessity to bring together the African reality and the positive aspects of the western legacy, in order to build a real independent Africa which needed both contributions. This also implies the deconstruction of all the categories related to domination, complex of superiority, or rejection of the features of being African, within Catholicism. The dissertation also emphasizes the different transformations of the Catholicism in Africa, as resulting from the initiatives of Alioune Diop, in which many other African intellectuals took part. The current movement of "africanization" of Christianity and particularly Catholicism is mainly a part of the intellectual legacy of Alioune Diop who proposed another way to be Christian in Africa, by being African Christian without the necessity to change the paradigm of being oneself. The dissertation points out the fact that the intellectual initiatives of Alioune Diop in this particular domain need to be continued, since even today the problem of identity remains very important in Africa. Therefore, Africans have to rethink constantly the categories which could entangle the necessity of a permanent dialogue between Africa and its legacy. ; Le XIXe siècle en Afrique noire était non seulement marqué par la l'initiative de la colonisation occidentale, mais aussi par la mission de christianisation. A partir de ce moment jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'identité africaine signifiée par un mode de vie particulier était définie en opposition aux valeurs chrétiennes. Il était donc impossible d'être chrétien et Africain en même temps. C'est ainsi que beaucoup d'Africains chrétiens s'occidentalisèrent et rejetèrent leurs coutumes considérées comme les œuvres du démon. Dans le contexte colonial, ceci était considéré comme normal.Après la Deuxième Guerre Mondiale, les intellectuels africains initièrent beaucoup de mouvements pour affirmer l'identité africaine: ce fut le commencement de l'émancipation culturelle et politique. Un de ces mouvements fut la Société Africaine de Culture, un mouvement intellectuel fondé par Alioune Diop et se situant dans le prolongement de Présence Africaine qui avait déjà rassemblé des intellectuels africains, antillais et européens. Alioune Diop devint alors le leader de l'émancipation culturelle de l'Afrique.En se consacrant à la figure d'Alioune Diop, la thèse souligne l'importance de la biographie intellectuelle, comme méthode de réflexion en histoire africaine. Elle y est présentée comme une approche qui permet de saisir des aspects qui peuvent échapper à l'intérêt accordé aux événements. Une autre caractéristique de cette réflexion est la place accordée à des archives non organisées et aux interviews dans un travail scientifique. La thèse soutient donc qu'il y a une dimension de l'engagement d'Alioune Diop qui, bien que moins connue, constitue une clé de compréhension de sa vie et de son œuvre. Cet intellectuel africain était en effet attentif à la religion et tout particulièrement au christianisme. Il considérait cette religion comme une réalité qui en Afrique pouvait soutenir le changement de nombreuses situations, pour permettre à ses peuples de trouver leur place dans le monde moderne. Ainsi, dans tous les événements qu'il organisa, la religion chrétienne eut une place particulière. Comme le combat d'Alioune Diop consistait à restaurer la dignité africaine au moyen de la culture, le catholicisme, en tant qu'une expression du christianisme alors portée par la culture occidentale essentiellement, avait une place importante dans ses réflexions. La thèse soutient que l'émancipation de l'identité africaine était aussi une émancipation du christianisme en contexte africain, et donc du catholicisme. Elle démontre que le catholicisme dans sa situation actuelle, comme religion africaine, est largement tributaire de l'engagement d'Alioune Diop et des intellectuels qu'il était parvenu à rassembler autour de lui. Cependant, dans le but de comprendre ceci, certaines questions apparaissent importantes: quel est l'exacte contribution d'Alioune Diop dans la correction des dérives de la rencontre entre identité africaine et catholicisme? Comment s'exprime cette rencontre dans un contexte postcolonial? Quels éléments donnent une signification à l'africanisation du catholicisme au XXe siècle? Toutes ces questions structurent l'orientation de ce travail et ouvrent à de nombreux aspects de l'identité africaine à travers d'importants événements comme les deux congrès des écrivains et artistes noirs (Paris et Rome), les deux festivals mondiaux des arts nègres (Dakar et Lagos), les colloques organisés par Alioune Diop avec d'autres intellectuels africains. Il y a aussi une mise en exergue de certaines questions en rapport avec la religion chrétienne: parmi elles, les plus importantes sont: l'œcuménisme, le dialogue entre les religions de l'Afrique en rapport avec la personnalité africaine et l'héritage colonial et postcolonial.
L'ensemble des travaux présentés, réalisés entre 1990 et 2006, trouve sa cohérence dans un parcours qui se propose d'analyser les traitements, la place et le regard réservés par la société valencienne des XVe-XVIIe siècles à deux catégories de marginaux souvent associés dans les mentalités valenciennes d'alors et désignés conjointement sous le nom d'Innocents (Ignoscents dans l'ancien dialecte valencien): les fous et les orphelins. Nous avons analysé les traitements qui leur étaient réservés, tant en ce qui concerne les réalités historiques que les représentations sociales qui en étaient offertes. Enfin, nous nous sommes intéressée aux représentations littéraires du microcosme de l'hôpital des fous.Nos travaux comprennent quatre volets : -attitudes de diverses institutions face à la marginalité ;-représentations sociales des fous et des orphelins ;-représentations de l'hôpital des fous par Lope de Vega Carpio ;-représentations allégoriques sur le même thème.I.L'assistance aux fous et aux orphelins à Valence aux XVe-XVIIe siècles : les attitudes institutionnelles face à la marginalitéA. Les institutions d'assistanceUn premier groupe de travaux a été consacré à l'étude des deux institutions qui assistaient ces marginaux : d'une part, les fous, pris en charge par l'Hôpital des Innocents, fondé en 1409 et devenu en 1512, lors de la fondation de l'Hôpital général, Maisons des fous et des folles de ce dernier ; d'autre part, les orphelins, éduqués par le Collège des orphelins Saint-Vincent-Ferrier, également fondé au début du XVe siècle.Locura y sociedad, notre premier livre, publié à Valence (Espagne) en 1994, est l'adaptation à l'espagnol de notre thèse de doctorat, soutenue à l'Université de la Sorbonne Nouvelle (PARIS III) sous la direction du Professeur Augustin Redondo le 13 février 1993. Il en va de même pour les deux articles ci-dessous mentionnés. L'un est le texte de la communication que nous avons lue au Colloque qui s'est tenu à Valence en mai 1997 en Hommage à l'historien espagnol de la psychiatrie, le Dr. Vicente Peset Llorca. L'autre est le texte publié dans l'ouvrage collectif paru il y a quelques mois à Valence (2007) sur l'histoire de l'Hôpital des fous de cette ville. Conformément aux recommandations pour la constitution du dossier scientifique qui figurent sur le livret du Conseil scientifique de Paris III (Vade-mecum), nous n'avons inclus ni notre thèse, ni ces trois adaptations, qui en découlent très directement, dans la liste des travaux présentés en vue de l'obtention du diplôme d'Habilitation à Diriger des Recherches. Toutefois, les ayant utilisées pour rédiger notre document de synthèse (qui, toujours selon ces mêmes instructions, doit « retracer le parcours de recherche accompli par le candidat en y incluant par conséquent les recherches engagées dans le travail antérieur de doctorat »), nous les mentionnons également ici. Il s'agit de :Travaux réalisés dans le cadre de notre thèse et directement dérivés de cette dernière :1. LIVREHélène TROPÉ, Locura y sociedad en la Valencia de los siglos XV la XVII: los locos del Hospital de los Inocentes (1409-1512) y del Hospital General (1512-1699) [Traduit par l'auteur de : Folie et société à Valence (XVe-XVIIe siècles): les fous de l'Hôpital des Innocents (1410-1512) et de l'Hôpital général (1512-1699) (thèse de doctorat sous la direction du professeur Augustin Redondo), Paris: Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris III, 723 p.], Valencia: Diputación de Valencia, Centre d'Estudis d'História Local, 1994. 433 p.2. ArticleHélène TROPÉ, «Locura y sociedad en la Valencia de los siglos XV al XVII: los locos del Hospital de los Inocentes (1409-1512) y del Hospital General (1512-1699)», en : La locura y sus instituciones (Actas de las II Jornadas de Historia de la Psiquiatría. Homenaje al Dr. Vicente Peset Llorca, Valencia, 9 y 10 de mayo de 1997), Valencia: Diputación de Valencia, 1997, pp. 141-154.3. Participation à un OUVRAGE COLLECTIFHélène TROPÉ, Del Hospital de los Inocentes (1409-1512) a la Casa de los locos del Hospital General (1512-1699), in : Lorenzo Livianos, Conxa Císcar, Ángeles García, Carlos Heimann, Miguel Ángel Luengo, Hélène Tropé, El manicomio de Valencia del siglo XV al XX, Paterna (Valencia) : Ajuntament de Valencia, colección « Científicos valencianos », n° 8, 2006, pp. 13-117.2) Le Collège des orphelinsNous avons consacré un livre et deux articles au Collège des Orphelins Saint-Vincent-Ferrier :LIVRE Hélène TROPÉ, La formation des orphelins à Valence: le cas du Collège Impérial Saint-Vincent-Ferrier de Valence (XVe-XVIIe siècles), Paris: Publications de la Sorbonne, Presses de la Sorbonne Nouvelle, Collection «Textes et documents du Centre de Recherche sur l'Espagne des XVIe et XVIIe siècles (CRES)», vol. VIII, 1998. 416 p.Article«La formation des orphelins au Collège Saint-Vincent-Ferrier de Valence aux XVIe-XVIIe siècles», in: A. REDONDO, [Études réunies et présentées par], La formation de l'enfant dans l'Espagne des XVIe-XVIIe siècles (Actes du Colloque International, Sorbonne-Collège d'Espagne, octobre 1995), Paris: Publications de la Sorbonne Nouvelle, collection «Travaux du Centre de Recherche sur l'Espagne des XVIe et XVIIe siècles» (CRES - Directeur: Augustin REDONDO), vol. XI, 1996, pp. 215-230.Article Hélène TROPÉ, « Le mystère médiéval de saint Christophe, passeur de gué, dans la Fête-Dieu de Valence (Espagne) », in : DELPECH, François [dir.], Imaginaire des espaces aquatiques, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, Collection «Textes et documents du Centre de Recherche sur l'Espagne des XVIe et XVIIe siècles (CRES)» (à paraître).Ce livre, ainsi que le premier des deux articles mentionnés, portent sur la formation des orphelins dans ce Collège. Nous avons commencé par y retracer l'historique de cette institution, exceptionnelle par sa longévité : créée en 1410, elle existe toujours. Par son histoire et ses finalités, elle est l'homologue d'autres institutions semblables de l'Europe moderne. Fondée par des ecclésiastiques, à partir de 1593, elle devient un établissement contrôlé par trois notables de la cité et passe donc dans les faits sous contrôle de la municipalité. En 1624, elle hérite des locaux du Collège impérial destiné jusqu'en 1609 à l'éducation des enfants morisques de la ville. Après l'expulsion de ces derniers, le Collège reprend, avec les biens de cet établissement, ses armes impériales. Le Collège était destiné aux enfants issus de mariages légitimes dont un ou les deux parents étaient décédés. Par contre, les enfants abandonnés, péjorativement dénommés borts (bâtards), dès lors qu'ils étaient présumés illégitimes, devaient se contenter de l'Hôpital général. Le Collège avait clairement pour mission d'intégrer les orphelins qu'il admettait dans l'espace de la cité tout en les protégeant des milieux délinquants. Il s'agissait donc de les récupérer comme main d'œuvre pour le commerce et l'artisanat, alors en pleine expansion. L'éducation religieuse, notamment l'apprentissage de la doctrine, était le moyen de les former aux valeurs dominantes. Le catéchisme était donc au fondement même de leur apprentissage. Seuls les garçons apprenaient à lire. Les filles, reçues en moins grand nombre que les garçons —sans doute parce qu'elles trouvaient à s'employer comme servantes dès leur plus jeune âge—, apprenaient seulement à prier et à réaliser des travaux ménagers. Une fois éduqués et instruits dans la doctrine, les garçons vers l'âge de 12 ans, étaient mis en apprentissage auprès des marchands et des artisans des corporations afin d'apprendre un métier. Quant aux collégiennes, elles étaient placées comme servantes auprès d'un maître. Vers l'âge de 20 ans, considéré comme adéquat pour le mariage, l'apprentissage prenait fin et le maître d'apprentissage des garçons, ou pour les filles, l'employeur, devaient leur verser un salaire, modeste, en général de 7 livres valenciennes, afin que garçons et filles puissent se faire confectionner un habit.Le second article mentionné porte sur le mystère médiéval valencien de saint Christophe qui le représente en passeur de gué. Ce mystère a été mis en scène à Valence depuis des temps très anciens, conjointement à d'autres mystères, dans le cadre de la fête du Corpus Christi. Nous avons effectué cette recherche car nous avions connaissance de la participation des orphelins du collège, au début du XVIIIe siècle, à sa représentation et nous désirions savoir s'ils y avaient participé antérieurement. Il semble que non. Néanmoins nous avons choisi de publier tout de même nos recherches sur ce mystère, qui constitue une autre manifestation théâtrale valencienne, religieuse cette fois, et offre donc un point de comparaison pour étudier l'univers du théâtre valencien examiné dans le versant littéraire de notre dossier. D'autre part, il a trait à la célébration du Corpus Christi et donc à cet aspect des fêtes célébrées dans la ville, également important dans notre dossier.B. La protection des rois et le contrôle de l'Inquisition1. Les rois d'Aragon accordent des privilèges aux fondateurs de l'Hôpital des InnocentsLe second volet de notre étude des attitudes institutionnelles vis-à-vis de ces marginaux a été consacré à l'examen des textes des privilèges accordés aux fondateurs de l'Hôpital des Innocents par les monarques aragonais. Il s'agit du texte de la communication que nous avons lue en septembre 1993 à Jaca au XVe Congrès d'Histoire de la Couronne d'Aragon.Hélène TROPÉ., «Poder real, locura y sociedad: la concepción de los locos en los privilegios fundacionales otorgados al Hospital de Inocentes de Valencia por los monarcas aragoneses (1409-1427)», in: Actas del XV Congreso de Historia de la Corona de Aragón (Jaca, 20-25 de sept. 1993), Zaragoza: Diputación General de Aragón, Departamento de Educación y Cultura, tomo I y volumen 5°, 1996, p. 307-318.Il ressort de cette étude que la première justification donnée par les monarques à l'assistance hospitalière aux fous a trait à l'affirmation selon laquelle ces derniers sont les pauvres du Christ et qu'il convient de leur porter secours. Les assister permet ainsi au chrétien de gagner la miséricorde divine. En second lieu, leur hospitalisation est envisagée comme une mesure d'ordre public destinée à préserver la cité des troubles et des dommages que ces derniers peuvent causer. En troisième lieu, ils sont comparés aux invalides, incapables de pourvoir à leurs besoins. Le Privilège de 1427 s'élève contre la croyance selon laquelle les « insensés » expieraient leurs fautes ou celles de leurs ancêtres et affirme qu'il n'en est rien : leur folie est une manifestation de la puissance divine. 2) Les inquisiteurs du Tribunal de Valence face à la folie des accusésDans un article pour l'Hommage à Pierre Vilar rendu par l'Association des Catalanistes de France à ce très grand historien, nous avons étudié les stratégies mises en œuvre et les enquêtes diligentées par les inquisiteurs valenciens face à a folie alléguée ou présumée des accusés : Hélène TROPÉ, «Folie et Inquisition à Valence (1580-1699)», in : Hommage à Pierre Vilar / Association Française des Catalanistes, Paris: Éditions Hispaniques - AFC, 1994, p. 171-185.Nous y exposons que lorsque la réalité de la folie de l'accusé au moment des faits délictueux était avérée, elle constituait devant les tribunaux inquisitoriaux une excuse absolutoire. Dans ce cas, le procès était suspendu et il était relâché s'il avait été arrêté. Diverses enquêtes étaient donc diligentées auprès de ses proches et des témoins des faits. La folie avérée au moment du délit était très certainement prise en compte comme circonstance atténuante tout simplement parce que les inquisiteurs étaient alors convaincus que l'accusé était irresponsable et donc, qu'il n'avait pas eu l'intention de porter atteinte à la foi. En le discréditant aux yeux des tiers, la folie « annulait » aussi la dangereuse portée des propos hérétiques qu'il avait tenus. L'affaire était dès lors classée : on l'absolvait et on le renvoyait à sa famille ou, lorsqu'il n'en avait pas, on l'adressait à l'hôpital des fous. Lorsque la folie de l'accusé n'était ni évidente ni notoire et qu'il était établi qu'il avait même joui d'un certain crédit auprès de la population, une peine pouvait tout de même être appliquée dans le but de le punir et de le discréditer. Dans les cas où les accusés devenaient fous dans les prisons de l'Inquisition, les faits étaient jugés mais l'on sursoyait à l'application de la peine, on les envoyait à l'hôpital des fous afin qu'ils y soient reclus et pris en charge et l'on attendait qu'ils guérissent afin de pouvoir les punir. Le second volet de nos travaux analyse l'ensemble des efforts réalisés par les Autorités de la ville afin de réintégrer ces marginaux, symboliquement cette fois, dans le corps social en les représentant de façon rassurante à la population comme des assistés pris en charge par la ville. Nous nous sommes donc intéressée aux représentations sociales. II. Les représentations sociales des fous et des orphelins : quêtes et fêtesLes Autorités de la ville, conscientes de l'image négative que ces marginaux —les fous en particulier— pouvaient avoir dans les mentalités, ont mis en œuvre diverses stratégies afin de modifier leurs représentations. Ils ont mis en scène fous, orphelins et, plus rarement, enfants exposés, comme des figures de l'Innocence.Nous avons consacré plusieurs travaux à l'étude de ces représentations. Et d'abord un article :Hélène TROPÉ, «Les relations entre hommes et femmes dans l'univers hospitalier valencien de la folie des XV-XVIIè siècles», in: A. REDONDO, [Études réunies et présentées par], Les relations entre hommes et femmes dans l'Espagne des XVIe-XVIIe siècles, Paris: Publications de la Sorbonne, collection «Travaux du Centre de Recherche sur l'Espagne des XVIe et XVIIe siècles » (CRES - Directeur Augustin REDONDO)», vol. IX, 1996, p. 105-116.Dans celui-ci, nous avons commencé par rappeler que les administrateurs avaient édicté une règle de stricte séparation des hommes et des femmes au sein de l'hôpital. Nous avons ensuite montré que tout au long de la période, cette règle a été transgressée comme le prouvent les enfants mis au monde par des folles depuis longtemps hospitalisées. Enfin, nous avons étudié les diverses mises en scène que les administrateurs de l'hôpital eux-mêmes ont effectuées des relations entre fous et folles à l'extérieur de l'établissement dans le cadre des processions festives, au XVIIe siècle en particulier. Puis, dans notre contribution à l'Hommage que le CRES a rendu au Professeur Augustin Redondo, nous avons analysé les représentations sociales des fous et des orphelins, d'abord à l'intérieur de leurs institutions d'assistance respectives, puis à l'extérieur :Hélène TROPÉ, «Fêtes et représentations des marginaux à Valence aux XVIe et XVIIe siècles», in: Écriture, pouvoir et société en Espagne aux XVIe et XVIIe siècles. Hommage du CRES au Professeur Augustin Redondo, Paris: Publications de la Sorbonne, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2001, p. 347-363.Nous y avons notamment étudié comment chroniques, mémoires et journaux privés attestent qu'à l'occasion de diverses manifestations collectives publiques, festives ou expiatoires, les Autorités de la ville ont ainsi fait paraître en tête des processions au moins trois catégories de marginaux assistés dans les institutions évoquées, le plus souvent les fous de l'Hôpital général et les orphelins du Collège Saint-Vincent-Ferrier et, moins fréquemment, les enfants exposés de l'Hôpital général. Ces marginaux étaient chargés d'incarner des rôles, ce qui, symboliquement, permettait de les réinsérer dans le tissu social. Ils furent notamment convertis en figures de l'Innocence.Montrer sur les chars de la ville ces enfants ainsi « récupérés » et préservés de la délinquance, exhiber sous un jour drôle et plaisant les fous de l'Hôpital, grâce, finalement, à une efficace politique d'assistance municipale, ne devait pas manquer d'avoir un certain impact, sans doute voulu et même recherché, sur la population et devait constituer une sorte de publicité vivante à la louange du puissant patriciat gouvernant les affaires de la cité et qui montrait ainsi qu'il savait aussi réintégrer les marginaux dans le tissu social. Ces mises en scène des assistés contribuaient à rassurer le public et, en dernière instance, offraient l'image d'une société valencienne idéalement parfaite.Les deux volets suivants de notre dossier concernent le système de représentations littéraires suscité par l'existence de cet hôpital de Valence, et plus largement, les images littéraires de l'hôpital, notamment de fous, incurables, insensés, etc. Nous avons étudié exclusivement les images correspondant à la première des deux institutions étudiées car, à notre connaissance, aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, ni les enfants exposés de l'Hôpital Général, ni les orphelins de Saint-Vincent-Ferrier n'ont fait l'objet de représentations littéraires. Concernant les représentations littéraires construites à partir du motif de l'hôpital, l'historicité des hôpitaux représentés permet de distinguer deux types de productions. D'une part, des œuvres où un hôpital de fous, explicitement nommé, sert de référent et de cadre à tout ou partie de l'action. C'est le cas en particulier de trois œuvres de Lope de Vega Carpio qui effectuent des variations sur ce thème.Elles font l'objet du troisième volet de notre dossier.III. L'hôpital des fous selon Lope : trois variations sur un même thèmeHélène TROPÉ, édition critique de Los locos de Valencia de LOPE DE VEGA CARPIO, Madrid, Castalia, « Clásicos castellanos » n° 275, 2003, 352 p. Hélène TROPÉ, Traduction française de Los locos de Valencia de Lope de Vega Carpio (à paraître).Hélène TROPÉ, « La representación dramática del hospital del microcosmos del Hospital de los locos en Los locos de Valencia de Lope de Vega », Anuario Lope de Vega V (1999), Prolope, Departament de Filologia Espanyola de la Universitat Autònoma de Barcelona, pp. 167-184.Hélène TROPÉ, « Menosprecio de Aragón y exaltación de Castilla en El loco por fuerza, comedia atribuida a Lope de Vega », comunication lue dans le cadre du Colloque International organisé par l'Universitá degli Studi di Parma et l'Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris III (Parme, 2-3 mai 2002) sur El texto y su marco : La representación del espacio en el Siglo de Oro español, (à paraître dans Criticón), Après avoir réalisé l'édition critique de la comedia de Lope de Vega Los locos de Valencia, nous l'avons traduite en français. Dans ces deux livres, nous avons présenté le texte et nous l'avons très soigneusement annoté afin d'éclairer le sens de multiples allusions littéraires ou médicales qui peut échapper au lecteur contemporain. Nous nous sommes donc efforcée de rendre le texte accessible.Nous avons consacré un premier article à l'étude de la représentation dramatique de l'hôpital des fous par Lope de Vega Carpio. Nous y avons mis en regard les stylisations réalisées par cet auteur avec ce que nos études antérieures sur l'histoire de cet hôpital nous avaient appris. Nous avons conclu que la pièce Los locos de Valencia ressemble plus à l'image que les administrateurs offraient de leurs hospitalisés, lorsqu'ils les mettaient en scène sur les chars lors des grandes processions dans la ville, qu'à ce qu'a été au quotidien la Maison des fous et des folles. L'hôpital reflété dans Los locos de Valencia ne conserve qu'une ressemblance illusoire avec l'hôpital historique. Il s'agit plus en fait d'une pièce sur le théâtre construite sur la rencontre du topos érasmien de la folie universelle avec celui du Grand Théâtre du Monde. Dans l'article suivant « Menosprecio de Aragón… », nous avons étudié comment, selon la méthode de « l'argumentation casuistique » qui serait propre à Lope de Vega, ce dramaturge présenterait dans une comedia une solution opposée à celle proposée dans une autre œuvre ayant pourtant la même intrigue et comportant les mêmes personnages. C'est le cas des deux œuvres où Lope a représenté l'hôpital : Los locos de Valencia, El peregrino en su patria, ainsi que El loco por fuerza, pièce qui lui a été attribuée et dont nous pensons personnellement qu'elle est bien de lui. Il nous est apparu que la question du genre détermine les variations entre les trois pièces. Ainsi, logiquement, dans la comedia Los locos de Valencia, l'hôpital des fous devient le microcosme de la folie comique. Dans les scènes asilaires du roman byzantin, il est par contre un espace sinistre où la folie, tragique, signe l'accomplissement du destin dramatique des amants soumis à d'incessantes tribulations. Quant à El loco por fuerza, il s'agit d'un drama, mot que nous employons ici pour désigner, avec le professeur Joan Oleza, un macro-genre caractérisé par sa mission transcendante, son prosélytisme et son contenu panégyrique. Dans cette pièce, l'hôpital est tragi-comique. La question des genres présiderait donc bien à ces variations et les expliquerait.D'autre part, nous avons étudié comment cette pièce, probablement écrite par Lope de Vega entre 1597 et 1608, met en scène de très conflictuelles relations entre castillans et aragonais dans le cadre de la ville de Saragosse et de la montagne aragonaise. Nous l'avons analysée à la lumière du contexte historique des révoltes aragonaises de 1591 et avons émis l'hypothèse selon laquelle l'internement forcé du personnage principal pourrait peut-être renvoyer aux poursuites intentées par Philippe II contre son Secrétaire Antonio Pérez, accusé d'assassinat, lequel se réfugia à partir d'avril 1590 en Aragon où il provoqua deux soulèvements à Saragosse en mai et en septembre 1591. Enfin, concluant dans cet article sur l'ensemble du dossier des représentations de l'hôpital par Lope de Vega, nous avons proposé des hypothèses de lecture conjointe de El loco por fuerza et de Los locos de Valencia en rapport avec l'affaire Pérez et les Relaciones (éditions de 1594 et 1598) écrites par ce dernier. Nous avons tenté de montrer que Lope de Vega inverse radicalement les perspectives idéologiques favorables aux aragonais depuis lesquelles Pérez a écrit son texte. Dans El loco por fuerza, la Castille apparaît à travers les membres du couple d'amoureux originaires de Tolède comme une terre de vertu menacée par ce qui est montré dans la pièce comme perversion morale et politique aragonaise : exaltation de Castille et mépris d'Aragon. Le monarque qui rétablit l'ordre à la fin de l'œuvre est un parangon de justice. La pièce est orientée idéologiquement vers une exaltation de la Castille comme véritable centre de l'Empire et une condamnation des révoltes aragonaises.Si les « hôpitaux lopesques » se caractérisent par la forte illusion référentielle qu'ils génèrent en dépit de leur historicité finalement assez faible, d'autres représentations d'asiles n'autorisent plus du tout la moindre confusion du signe théâtral avec le simulacre de référent : ce sont les représentations allégoriques, objet du quatrième volet de nos travaux.IV. Les fous défilent. Représentations allégoriques de l'hôpital des fousLa tradition littéraire de « l'hôpital » paraît ancienne et elle est profuse. Dans la dernière partie de notre dossier, nous avons étudié deux de ces représentations allégoriques : la tragi-comédie de Charles Beys L'Hospital des fous (1635), modifiée en 1653 sous le titre Les illustres fous, et un texte attribué à Quevedo, mais qui serait en réalité du poète et musicien sévillan Melgarejo : La Casa de los locos de amor. Le texte d'origine est conservé dans un manuscrit du début du XVIIe siècle et a été publié, dans une version toutefois expurgée et fort édulcorée, dans l'édition des sueños de Quevedo parue à Saragosse en 1627, puis dans presque toutes les éditions successives. Dans la plupart de ces représentations allégoriques, dont nous avons offert un panorama (toutefois non exhaustif) dans notre synthèse, on observe un certain nombre d'éléments récurrents qui autorisent à considérer l'hypothèse selon laquelle ces représentations formeraient peut-être un sous-genre ou à tout le moins, une tradition : narrateur personnel en position de témoin, figures allégoriques correspondant aux membres de l'hôpital visité, défilé de fous.Le texte de la communication que nous avons lue au XIVe Congrès de l'Association Internationale des Hispanistes (New York, juillet 2001) est consacré à l'étude du procédé dans Los locos de Valencia et El peregrino en su patria de Lope de Vega :Hélène TROPÉ, « Desfiles de locos en dos obras de Lope de Vega : Los locos de Valencia y El peregrino en su patria », Actas del XIV Congreso de la Asociación Internacional de Hispanistas [Nueva York, 16-21, Julio, 2001], edición de Isaías Lerner, Robert Nival y Alejandro Alonso, Newark, Delaware, Juan de la Cuesta, col. « Hispanic Monographs », 2004, t. II, p. 555-564.Dans notre synthèse, nous avons exprimé qu'il nous semble que cette étude pourrait être étendue valablement et avec profit à d'autres représentations ; mais que l'extension du corpus conduirait probablement à un élargissement du point de vue. On serait alors probablement amené à conclure que le rire que suscite cette revue d'insensés dans les œuvres de Lope peut se transmuer en franche amertume et déboucher sur une vision désabusée du monde dans d'autres œuvres telles que La casa de los locos de amor. Lu au VIe Congrès de la Asociación internacional Siglo de Oro (AISO) à Burgos en juillet 2002, le texte de notre communication montre que cette dernière œuvre est un rêve allégorique parodique qui débouche sur une satire du mariage et de l'amour représentés comme folie. Dans la version manuscrite, La casa de los locos de amor est une censure sévère des mœurs dépravées et brosse un noir tableau de la société espagnole du temps. Paradoxalement, dans sa version expurgée et édulcorée parue avec d'autres textes de Quevedo dans les Sueños de 1627, son éloge du mariage lui aurait certainement valu d'être reniée par l'auteur des Sueños. Telles sont les conclusions qui ressortent du texte de l'article correspondant :Hélène TROPÉ, « Los 'Hospitales de locos' en la literatura española del siglo XVII: la representación alegórico-moral de la Casa de los locos de amor atribuida a Quevedo », en: Actas del VI Congreso de la Asociación internacional Siglo de Oro (AISO) [Burgos, Universidad de Burgos, 15-19 de julio de 2002], Madrid : Iberoamericana Vervuert.Enfin, dans l'article consacré à la tragi-comédie de Charles Beys L'Hospital des fous, publiée en 1635, reprise et modifiée en 1653, sous le titre Les Illustres fous, nous avons confronté l'image de la folie hospitalière, offerte respectivement par l'Italien Garzoni, l'Espagnol Lope de Vega et le Français Charles Beys, de ce même microcosme de la folie hospitalière et montré que les représentations de l'Italien et de l'Espagnol se rapprochent sur des points qui les opposent à celle du Français. L'hôpital représenté par Lope de Vega, comme celui de Garzoni, est un microcosme séparé du monde. L'hôpital de Beys, au contraire, dont les frontières s'étendent au fur et mesure de la représentation, a vocation à figurer tout l'univers et sa folie. D'autre part, dans l'hôpital des fous de l'Italien et de l'Espagnol, les frontières entre le personnel et les hospitalisés restent stables, plus hermétiques cependant chez le premier que chez le second, alors que dans l'hôpital du Français elles tendent peu à peu à s'effacer jusqu'à ce que soit révélé au spectateur que le Concierge, censé garder les fous, l'est autant qu'eux et que la pièce à la représentation de laquelle le spectateur est en train d'assister a même été écrite par lui. En conséquence, alors que ni la pièce du Phénix ni celle de Garzoni ne tendent jamais véritablement de miroir au spectateur afin qu'il s'y regarde et conclue qu'il est un fou parmi les fous mis en scène, chez le Français au contraire, le spectateur est explicitement invité à se reconnaître parmi les rôles de fous défilant devant lui. La folie est univoque et irréversible dans l'ouvrage de Garzoni. Elle l'est aussi en grande partie dans la pièce de Lope de Vega. Par contre, dans celle de Beys, elle est équivoque, ambiguë, constamment réversible et surtout elle est universelle :Hélène TROPÉ, « Variations dramatiques espagnoles et françaises sur le thème de l'hôpital des fous aux XVIe et XVIIe siècles : de Lope de Vega Carpio à Charles Beys », Bulletin Hispanique (à paraître).
Pour en savoir plus : https://www.psdr4-auvergne.fr/ ; -Understanding benefits of herbivore farming system diversityIn the last decades, the market context has increased the specialization of livestock farming systems and production areas. However, in the Auvergne region, ruminant production areas still display high levels of diversification as the result of history and contrasted pedoclimatic conditions. Among agroecological principles, it has been assumed that incorporating diversity into livestock farming systems could increase their multiperformance and enhance their resilience. Technical references are however still missing. Research-development project New-DEAL (2015-2020) provided technical and organizational knowledge on/for multi-species grassland-based systems and integrated crop-livestock systems. Research was conducted across spatial scales, from territory to system components (herd, resources and work organization), with a focus on fodder autonomy and system resilience. Various stakeholders were associated to this research: (i) extension agents that provide technical advice to farmers, (ii) teachers of farmer students, and (iii) organizations involved in territorial governance that define local agricultural policies. Two territories underwent extensive analyses: Bocage-Bourbonnais (03) where there is a high occurrence of beef-sheep, beef-saddle horse and beef-crop systems, and Pays de Saint-Flour where multi-species herbivore systems coexist with beef-dairy cattle systems.-A key role of farmer and consumer surveys in our researchIndividual surveys were conducted with farmers, consumers, and extension and supply-chain agents. These surveys provided quantitative and qualitative information at territory, supply-chain, system and herd levels. At territory scale, we applied the model of territorialized complex goods (or baskets of goods and services) to local consumption. Bundles of services were first analyzed based on previous reports and expert surveys (animal scientists, economists, local stakeholders). More than 120 consumers from these two territories were then directly surveyed for their revealed preferences and willingness to pay for local products. Novelty of our work is that we focused on consumers from rural areas, while most previous studies had investigated preferences of urban consumers. A total of 180 farms surveys were also conducted across the main diversified and specialized herbivore farming systems of Auvergne region. The same number of more focused surveys were sent by post or collected online. We also used a bioeconomic optimization model to provide further economic outputs and explore system resilence to market hazards. Two pluri-annual experiments were conducted at INRAE and IFCE facilities to test for the underlying mechanisms of mixed cattle-sheep and cattle-horse grazing. Finally, six cover crop species were characterized as alternative forages for ruminants. -Key scientific resultsSeveral major specificies were highlighted by consumer surveys in both territories: (i) an average basket consisting of a mixture of beef, pork and vegetable, and (ii) a willingness to pay for these products that was more related to territorial vitality, than to the landscape amenities provided by livestock farming. Mixed herbivore and crop-livestock systems were usually larger, for farm and herd size, than specialized systems of the same area. Enlargement of farm area led to a significant increase in equipments and may simplify herd and pasture management. However, a strong reduction of inputs in mixed-grazing and crop-livestock systems was shown to result from a better utilization of grasslands and dilution of parasite burden in mixed grazing systems. Mixed herbivore systems also had enhanced buffer and adaptive capabilities, and so resilience, thanks to opportunities related to housing facilities, animal feeding management and work organization.-Key valorization initiativesA set of 26 synthetic and illustrated support were produced that summarize our main results at different scales. They are ready to be disseminated to non-academic actors in paper and electronic form. Some began to be on social media. Outputs from New-DEAL have already been introduced in initial and adult teachings. The Community of Communes of Bocage Bourbonnais has relied on some of our work to develop its projects. The results of the project are also valued thanks to partnerships committed beyond New-DEAL partners.-Scientific publicationsA total of eight scientific papers (+ five others that have been submitted) have been published, to which add 16 communications in national or international conferences. These go beyond the classical audience interested in livestock farming systems. A number of technical communications were made in direction to farmers, extension agents, and sometimes a broader audience. Finally, one PhD and 16 Master reports were based on the research carried out in New-DEAL. ; -Comprendre les atouts de la diversification des systèmes d'élevage herbivoresDans un contexte global qui a longtemps favorisé la spécialisation des systèmes et des territoires, les systèmes d'élevage d'herbivores conservent en Auvergne des productions variées du fait de la géographie et de l'histoire régionale. La transition agroécologique met en avant la diversification des systèmes d'élevage comme un des leviers pouvant répondre aux enjeux productifs, environnementaux et sociaux qui sont les leurs. Les références techniques et organisationnelles manquent pourtant. Le projet new-DEAL (2015-2020) visait à produire de telles références à des niveaux d'analyse allant du territoire jusqu'aux troupeaux, prairies et collectifs de travail qui constituent ces systèmes, afin d'accroitre la résilience et l'autonomie des élevages d'herbivores par leur diversification. Pour cela, un partenariat a été noué avec trois types d'acteurs indispensables pour développer des politiques agricoles territorialisées : les chambres d'agriculture qui accompagnent les agriculteurs et peuvent jouer sur les décisions de diversification, les lycées agricoles qui forment les agriculteurs de demain, et les collectivités territoriales qui développent leur stratégie agricole localement. Deux territoires ont fait l'objet d'analyses approfondies : le Bocage Bourbonnais (03) avec des élevages bovins-ovins viande, bovins-équins et des polyculteurs-viande, et le Pays de Saint-Flour (15) dans lequel on rencontre également des élevages bovins à orientation lait et viande. -Une démarche largement basée sur des enquêtes en exploitations ou auprès des consommateursL'approche par enquête individuelle (auprès d'experts locaux, d'éleveurs, de consommateurs), associant la collecte d'informations quantitatives et qualitatives, a été utilisée à différentes échelles d'analyse (territoire, système d'exploitation, filière, gestion du troupeau). A l'échelle du territoire, l'appréciation de la rente associée à la diversité de l'élevage local s'est faite en deux temps : l'identification des « bouquets d'aménités » associés à l'élevage à partir de l'analyse de documents et d'entretiens auprès d'experts zootechniciens, économistes, etc. ; l'évaluation, par une centaine de consommateurs interrogés dans les deux terrains, du consentement à payer pour différents paniers de produits issus du territoire. L'originalité est ici de questionner des consommateurs des petites villes alors que beaucoup de travaux antérieurs privilégiaient des citadins. Au total, 180 enquêtes en exploitations ont été réalisées dans les principaux systèmes d'élevage d'herbivores mixtes et spécialisés de la région, complétées par autant d'enquêtes postales ou par voie électronique. Un modèle d'optimisation sous contrainte complète l'analyse économique et permet de simuler la résilience des exploitations à des aléas du marché. Deux dispositifs pluri-annuels ont été suivis à INRAE et la station expérimentale de l'IFCE pour tester les hypothèses sous-jacentes aux atouts de la mixité bovins-ovins et bovins-équins. Six espèces de cultures dérobées ont été implantées à INRAE et à l'EPL de Moulins pour analyser leur valeur alimentaire pour les ruminants.-Résultats scientifiques majeurs du projetDans les deux terrains enquêtés, le comportement d'achat des consommateurs pour la viande provenant des élevages du territoire est motivé en premier lieu par la volonté de préserver l'emploi local. La présence d'un signe officiel de qualité pour un des produits du panier accroit le consentement à payer du consommateur. Dans toutes les filières analysées, les exploitations diversifiées sont en moyenne plus grandes que les exploitations spécialisées. La taille des collectifs de travail n'augmente pas proportionnellement à la taille des structures, ce qui entraîne de forts besoins d'équipements et un risque de simplification des pratiques. Toutefois, une réduction importante des intrants est envisageable dans ces exploitations grâce à une meilleure valorisation de l'herbe en pâturage mixte et du fait de la dilution de la charge parasitaire des animaux. La mixité d'espèces accroit aussi les capacités d'adaptation des éleveurs notamment pour la gestion des investissements, des pics de travail, et face aux évolutions du marché.-Principaux résultats de valorisationUn jeu de vingt-six fiches synthétiques et illustrées présente nos principaux résultats à différentes échelles d'analyse. Elles sont prêtes à être diffusées en direction des acteurs non-académiques sous forme papier et électronique. Certaines ont commencé à l'être sur les réseaux sociaux. L'EPL de Saint-Flour a intégré la thématique et la présentation des principaux résultats de New-DEAL dans des enseignements initiaux et pour adultes, et plusieurs chercheurs l'ont également fait dans leurs cours à AgroSup Dijon, VetAgro Sup, l'ISARA, ou à l'école chercheur agroécologie Agreenium-WUR. La Communauté de Communes du Bocage Bourbonnais s'est appuyée sur certains de nos travaux pour développer ses projets. La valorisation des résultats du projet se fait aussi grâce aux partenariats engagés au-delà du cercle des partenaires de New-DEAL : coopératives de commercialisation des produits ovins et bovins, Cantal Contrôle Elevage et Allier Conseil Elevage, Fédération des Eleveurs de Chevaux de Trait du Massif Central, etc.-Production scientifiqueLes résultats des recherches effectuées ont d'ores et déjà donné lieu à une valorisation scientifique par huit publications dans des revues à comité de lecture (+ 5 soumises) et 16 communications à des congrès nationaux ou internationaux dans des sphères non limitées au monde de l'élevage. Nous avons déjà fait plusieurs présentations au Sommet de l'Elevage, au SPACE, etc., ainsi que des interventions « grand public » (Nuit de l'agroécologie, etc.). Une thèse sur la mixité entre bovins allaitants et chevaux de selle a été soutenue, et 16 étudiants ingénieur ont finalisé leur formation dans le cadre du projet. Le projet PSDR4 Auvergne-Rhône-Alpes new-DEAL (2015-2020) a été structuré et est porté scientifiquement par deux UMR clermontoises fortement investies dans l'étude des élevages d'herbivores et de leurs territoires. Il s'est appuyé sur un partenariat non-académique agricole et territorial.
Pour en savoir plus : https://www.psdr4-auvergne.fr/ ; -Understanding benefits of herbivore farming system diversityIn the last decades, the market context has increased the specialization of livestock farming systems and production areas. However, in the Auvergne region, ruminant production areas still display high levels of diversification as the result of history and contrasted pedoclimatic conditions. Among agroecological principles, it has been assumed that incorporating diversity into livestock farming systems could increase their multiperformance and enhance their resilience. Technical references are however still missing. Research-development project New-DEAL (2015-2020) provided technical and organizational knowledge on/for multi-species grassland-based systems and integrated crop-livestock systems. Research was conducted across spatial scales, from territory to system components (herd, resources and work organization), with a focus on fodder autonomy and system resilience. Various stakeholders were associated to this research: (i) extension agents that provide technical advice to farmers, (ii) teachers of farmer students, and (iii) organizations involved in territorial governance that define local agricultural policies. Two territories underwent extensive analyses: Bocage-Bourbonnais (03) where there is a high occurrence of beef-sheep, beef-saddle horse and beef-crop systems, and Pays de Saint-Flour where multi-species herbivore systems coexist with beef-dairy cattle systems.-A key role of farmer and consumer surveys in our researchIndividual surveys were conducted with farmers, consumers, and extension and supply-chain agents. These surveys provided quantitative and qualitative information at territory, supply-chain, system and herd levels. At territory scale, we applied the model of territorialized complex goods (or baskets of goods and services) to local consumption. Bundles of services were first analyzed based on previous reports and expert surveys (animal scientists, economists, local stakeholders). More than 120 consumers from these two territories were then directly surveyed for their revealed preferences and willingness to pay for local products. Novelty of our work is that we focused on consumers from rural areas, while most previous studies had investigated preferences of urban consumers. A total of 180 farms surveys were also conducted across the main diversified and specialized herbivore farming systems of Auvergne region. The same number of more focused surveys were sent by post or collected online. We also used a bioeconomic optimization model to provide further economic outputs and explore system resilence to market hazards. Two pluri-annual experiments were conducted at INRAE and IFCE facilities to test for the underlying mechanisms of mixed cattle-sheep and cattle-horse grazing. Finally, six cover crop species were characterized as alternative forages for ruminants. -Key scientific resultsSeveral major specificies were highlighted by consumer surveys in both territories: (i) an average basket consisting of a mixture of beef, pork and vegetable, and (ii) a willingness to pay for these products that was more related to territorial vitality, than to the landscape amenities provided by livestock farming. Mixed herbivore and crop-livestock systems were usually larger, for farm and herd size, than specialized systems of the same area. Enlargement of farm area led to a significant increase in equipments and may simplify herd and pasture management. However, a strong reduction of inputs in mixed-grazing and crop-livestock systems was shown to result from a better utilization of grasslands and dilution of parasite burden in mixed grazing systems. Mixed herbivore systems also had enhanced buffer and adaptive capabilities, and so resilience, thanks to opportunities related to housing facilities, animal feeding management and work organization.-Key valorization initiativesA set of 26 synthetic and illustrated support were produced that summarize our main results at different scales. They are ready to be disseminated to non-academic actors in paper and electronic form. Some began to be on social media. Outputs from New-DEAL have already been introduced in initial and adult teachings. The Community of Communes of Bocage Bourbonnais has relied on some of our work to develop its projects. The results of the project are also valued thanks to partnerships committed beyond New-DEAL partners.-Scientific publicationsA total of eight scientific papers (+ five others that have been submitted) have been published, to which add 16 communications in national or international conferences. These go beyond the classical audience interested in livestock farming systems. A number of technical communications were made in direction to farmers, extension agents, and sometimes a broader audience. Finally, one PhD and 16 Master reports were based on the research carried out in New-DEAL. ; -Comprendre les atouts de la diversification des systèmes d'élevage herbivoresDans un contexte global qui a longtemps favorisé la spécialisation des systèmes et des territoires, les systèmes d'élevage d'herbivores conservent en Auvergne des productions variées du fait de la géographie et de l'histoire régionale. La transition agroécologique met en avant la diversification des systèmes d'élevage comme un des leviers pouvant répondre aux enjeux productifs, environnementaux et sociaux qui sont les leurs. Les références techniques et organisationnelles manquent pourtant. Le projet new-DEAL (2015-2020) visait à produire de telles références à des niveaux d'analyse allant du territoire jusqu'aux troupeaux, prairies et collectifs de travail qui constituent ces systèmes, afin d'accroitre la résilience et l'autonomie des élevages d'herbivores par leur diversification. Pour cela, un partenariat a été noué avec trois types d'acteurs indispensables pour développer des politiques agricoles territorialisées : les chambres d'agriculture qui accompagnent les agriculteurs et peuvent jouer sur les décisions de diversification, les lycées agricoles qui forment les agriculteurs de demain, et les collectivités territoriales qui développent leur stratégie agricole localement. Deux territoires ont fait l'objet d'analyses approfondies : le Bocage Bourbonnais (03) avec des élevages bovins-ovins viande, bovins-équins et des polyculteurs-viande, et le Pays de Saint-Flour (15) dans lequel on rencontre également des élevages bovins à orientation lait et viande. -Une démarche largement basée sur des enquêtes en exploitations ou auprès des consommateursL'approche par enquête individuelle (auprès d'experts locaux, d'éleveurs, de consommateurs), associant la collecte d'informations quantitatives et qualitatives, a été utilisée à différentes échelles d'analyse (territoire, système d'exploitation, filière, gestion du troupeau). A l'échelle du territoire, l'appréciation de la rente associée à la diversité de l'élevage local s'est faite en deux temps : l'identification des « bouquets d'aménités » associés à l'élevage à partir de l'analyse de documents et d'entretiens auprès d'experts zootechniciens, économistes, etc. ; l'évaluation, par une centaine de consommateurs interrogés dans les deux terrains, du consentement à payer pour différents paniers de produits issus du territoire. L'originalité est ici de questionner des consommateurs des petites villes alors que beaucoup de travaux antérieurs privilégiaient des citadins. Au total, 180 enquêtes en exploitations ont été réalisées dans les principaux systèmes d'élevage d'herbivores mixtes et spécialisés de la région, complétées par autant d'enquêtes postales ou par voie électronique. Un modèle d'optimisation sous contrainte complète l'analyse économique et permet de simuler la résilience des exploitations à des aléas du marché. Deux dispositifs pluri-annuels ont été suivis à INRAE et la station expérimentale de l'IFCE pour tester les hypothèses sous-jacentes aux atouts de la mixité bovins-ovins et bovins-équins. Six espèces de cultures dérobées ont été implantées à INRAE et à l'EPL de Moulins pour analyser leur valeur alimentaire pour les ruminants.-Résultats scientifiques majeurs du projetDans les deux terrains enquêtés, le comportement d'achat des consommateurs pour la viande provenant des élevages du territoire est motivé en premier lieu par la volonté de préserver l'emploi local. La présence d'un signe officiel de qualité pour un des produits du panier accroit le consentement à payer du consommateur. Dans toutes les filières analysées, les exploitations diversifiées sont en moyenne plus grandes que les exploitations spécialisées. La taille des collectifs de travail n'augmente pas proportionnellement à la taille des structures, ce qui entraîne de forts besoins d'équipements et un risque de simplification des pratiques. Toutefois, une réduction importante des intrants est envisageable dans ces exploitations grâce à une meilleure valorisation de l'herbe en pâturage mixte et du fait de la dilution de la charge parasitaire des animaux. La mixité d'espèces accroit aussi les capacités d'adaptation des éleveurs notamment pour la gestion des investissements, des pics de travail, et face aux évolutions du marché.-Principaux résultats de valorisationUn jeu de vingt-six fiches synthétiques et illustrées présente nos principaux résultats à différentes échelles d'analyse. Elles sont prêtes à être diffusées en direction des acteurs non-académiques sous forme papier et électronique. Certaines ont commencé à l'être sur les réseaux sociaux. L'EPL de Saint-Flour a intégré la thématique et la présentation des principaux résultats de New-DEAL dans des enseignements initiaux et pour adultes, et plusieurs chercheurs l'ont également fait dans leurs cours à AgroSup Dijon, VetAgro Sup, l'ISARA, ou à l'école chercheur agroécologie Agreenium-WUR. La Communauté de Communes du Bocage Bourbonnais s'est appuyée sur certains de nos travaux pour développer ses projets. La valorisation des résultats du projet se fait aussi grâce aux partenariats engagés au-delà du cercle des partenaires de New-DEAL : coopératives de commercialisation des produits ovins et bovins, Cantal Contrôle Elevage et Allier Conseil Elevage, Fédération des Eleveurs de Chevaux de Trait du Massif Central, etc.-Production scientifiqueLes résultats des recherches effectuées ont d'ores et déjà donné lieu à une valorisation scientifique par huit publications dans des revues à comité de lecture (+ 5 soumises) et 16 communications à des congrès nationaux ou internationaux dans des sphères non limitées au monde de l'élevage. Nous avons déjà fait plusieurs présentations au Sommet de l'Elevage, au SPACE, etc., ainsi que des interventions « grand public » (Nuit de l'agroécologie, etc.). Une thèse sur la mixité entre bovins allaitants et chevaux de selle a été soutenue, et 16 étudiants ingénieur ont finalisé leur formation dans le cadre du projet. Le projet PSDR4 Auvergne-Rhône-Alpes new-DEAL (2015-2020) a été structuré et est porté scientifiquement par deux UMR clermontoises fortement investies dans l'étude des élevages d'herbivores et de leurs territoires. Il s'est appuyé sur un partenariat non-académique agricole et territorial.
Pour en savoir plus : https://www.psdr4-auvergne.fr/ ; -Understanding benefits of herbivore farming system diversityIn the last decades, the market context has increased the specialization of livestock farming systems and production areas. However, in the Auvergne region, ruminant production areas still display high levels of diversification as the result of history and contrasted pedoclimatic conditions. Among agroecological principles, it has been assumed that incorporating diversity into livestock farming systems could increase their multiperformance and enhance their resilience. Technical references are however still missing. Research-development project New-DEAL (2015-2020) provided technical and organizational knowledge on/for multi-species grassland-based systems and integrated crop-livestock systems. Research was conducted across spatial scales, from territory to system components (herd, resources and work organization), with a focus on fodder autonomy and system resilience. Various stakeholders were associated to this research: (i) extension agents that provide technical advice to farmers, (ii) teachers of farmer students, and (iii) organizations involved in territorial governance that define local agricultural policies. Two territories underwent extensive analyses: Bocage-Bourbonnais (03) where there is a high occurrence of beef-sheep, beef-saddle horse and beef-crop systems, and Pays de Saint-Flour where multi-species herbivore systems coexist with beef-dairy cattle systems.-A key role of farmer and consumer surveys in our researchIndividual surveys were conducted with farmers, consumers, and extension and supply-chain agents. These surveys provided quantitative and qualitative information at territory, supply-chain, system and herd levels. At territory scale, we applied the model of territorialized complex goods (or baskets of goods and services) to local consumption. Bundles of services were first analyzed based on previous reports and expert surveys (animal scientists, economists, local stakeholders). More than 120 consumers from these two territories were then directly surveyed for their revealed preferences and willingness to pay for local products. Novelty of our work is that we focused on consumers from rural areas, while most previous studies had investigated preferences of urban consumers. A total of 180 farms surveys were also conducted across the main diversified and specialized herbivore farming systems of Auvergne region. The same number of more focused surveys were sent by post or collected online. We also used a bioeconomic optimization model to provide further economic outputs and explore system resilence to market hazards. Two pluri-annual experiments were conducted at INRAE and IFCE facilities to test for the underlying mechanisms of mixed cattle-sheep and cattle-horse grazing. Finally, six cover crop species were characterized as alternative forages for ruminants. -Key scientific resultsSeveral major specificies were highlighted by consumer surveys in both territories: (i) an average basket consisting of a mixture of beef, pork and vegetable, and (ii) a willingness to pay for these products that was more related to territorial vitality, than to the landscape amenities provided by livestock farming. Mixed herbivore and crop-livestock systems were usually larger, for farm and herd size, than specialized systems of the same area. Enlargement of farm area led to a significant increase in equipments and may simplify herd and pasture management. However, a strong reduction of inputs in mixed-grazing and crop-livestock systems was shown to result from a better utilization of grasslands and dilution of parasite burden in mixed grazing systems. Mixed herbivore systems also had enhanced buffer and adaptive capabilities, and so resilience, thanks to opportunities related to housing facilities, animal feeding management and work organization.-Key valorization initiativesA set of 26 synthetic and illustrated support were produced that summarize our main results at different scales. They are ready to be disseminated to non-academic actors in paper and electronic form. Some began to be on social media. Outputs from New-DEAL have already been introduced in initial and adult teachings. The Community of Communes of Bocage Bourbonnais has relied on some of our work to develop its projects. The results of the project are also valued thanks to partnerships committed beyond New-DEAL partners.-Scientific publicationsA total of eight scientific papers (+ five others that have been submitted) have been published, to which add 16 communications in national or international conferences. These go beyond the classical audience interested in livestock farming systems. A number of technical communications were made in direction to farmers, extension agents, and sometimes a broader audience. Finally, one PhD and 16 Master reports were based on the research carried out in New-DEAL. ; -Comprendre les atouts de la diversification des systèmes d'élevage herbivoresDans un contexte global qui a longtemps favorisé la spécialisation des systèmes et des territoires, les systèmes d'élevage d'herbivores conservent en Auvergne des productions variées du fait de la géographie et de l'histoire régionale. La transition agroécologique met en avant la diversification des systèmes d'élevage comme un des leviers pouvant répondre aux enjeux productifs, environnementaux et sociaux qui sont les leurs. Les références techniques et organisationnelles manquent pourtant. Le projet new-DEAL (2015-2020) visait à produire de telles références à des niveaux d'analyse allant du territoire jusqu'aux troupeaux, prairies et collectifs de travail qui constituent ces systèmes, afin d'accroitre la résilience et l'autonomie des élevages d'herbivores par leur diversification. Pour cela, un partenariat a été noué avec trois types d'acteurs indispensables pour développer des politiques agricoles territorialisées : les chambres d'agriculture qui accompagnent les agriculteurs et peuvent jouer sur les décisions de diversification, les lycées agricoles qui forment les agriculteurs de demain, et les collectivités territoriales qui développent leur stratégie agricole localement. Deux territoires ont fait l'objet d'analyses approfondies : le Bocage Bourbonnais (03) avec des élevages bovins-ovins viande, bovins-équins et des polyculteurs-viande, et le Pays de Saint-Flour (15) dans lequel on rencontre également des élevages bovins à orientation lait et viande. -Une démarche largement basée sur des enquêtes en exploitations ou auprès des consommateursL'approche par enquête individuelle (auprès d'experts locaux, d'éleveurs, de consommateurs), associant la collecte d'informations quantitatives et qualitatives, a été utilisée à différentes échelles d'analyse (territoire, système d'exploitation, filière, gestion du troupeau). A l'échelle du territoire, l'appréciation de la rente associée à la diversité de l'élevage local s'est faite en deux temps : l'identification des « bouquets d'aménités » associés à l'élevage à partir de l'analyse de documents et d'entretiens auprès d'experts zootechniciens, économistes, etc. ; l'évaluation, par une centaine de consommateurs interrogés dans les deux terrains, du consentement à payer pour différents paniers de produits issus du territoire. L'originalité est ici de questionner des consommateurs des petites villes alors que beaucoup de travaux antérieurs privilégiaient des citadins. Au total, 180 enquêtes en exploitations ont été réalisées dans les principaux systèmes d'élevage d'herbivores mixtes et spécialisés de la région, complétées par autant d'enquêtes postales ou par voie électronique. Un modèle d'optimisation sous contrainte complète l'analyse économique et permet de simuler la résilience des exploitations à des aléas du marché. Deux dispositifs pluri-annuels ont été suivis à INRAE et la station expérimentale de l'IFCE pour tester les hypothèses sous-jacentes aux atouts de la mixité bovins-ovins et bovins-équins. Six espèces de cultures dérobées ont été implantées à INRAE et à l'EPL de Moulins pour analyser leur valeur alimentaire pour les ruminants.-Résultats scientifiques majeurs du projetDans les deux terrains enquêtés, le comportement d'achat des consommateurs pour la viande provenant des élevages du territoire est motivé en premier lieu par la volonté de préserver l'emploi local. La présence d'un signe officiel de qualité pour un des produits du panier accroit le consentement à payer du consommateur. Dans toutes les filières analysées, les exploitations diversifiées sont en moyenne plus grandes que les exploitations spécialisées. La taille des collectifs de travail n'augmente pas proportionnellement à la taille des structures, ce qui entraîne de forts besoins d'équipements et un risque de simplification des pratiques. Toutefois, une réduction importante des intrants est envisageable dans ces exploitations grâce à une meilleure valorisation de l'herbe en pâturage mixte et du fait de la dilution de la charge parasitaire des animaux. La mixité d'espèces accroit aussi les capacités d'adaptation des éleveurs notamment pour la gestion des investissements, des pics de travail, et face aux évolutions du marché.-Principaux résultats de valorisationUn jeu de vingt-six fiches synthétiques et illustrées présente nos principaux résultats à différentes échelles d'analyse. Elles sont prêtes à être diffusées en direction des acteurs non-académiques sous forme papier et électronique. Certaines ont commencé à l'être sur les réseaux sociaux. L'EPL de Saint-Flour a intégré la thématique et la présentation des principaux résultats de New-DEAL dans des enseignements initiaux et pour adultes, et plusieurs chercheurs l'ont également fait dans leurs cours à AgroSup Dijon, VetAgro Sup, l'ISARA, ou à l'école chercheur agroécologie Agreenium-WUR. La Communauté de Communes du Bocage Bourbonnais s'est appuyée sur certains de nos travaux pour développer ses projets. La valorisation des résultats du projet se fait aussi grâce aux partenariats engagés au-delà du cercle des partenaires de New-DEAL : coopératives de commercialisation des produits ovins et bovins, Cantal Contrôle Elevage et Allier Conseil Elevage, Fédération des Eleveurs de Chevaux de Trait du Massif Central, etc.-Production scientifiqueLes résultats des recherches effectuées ont d'ores et déjà donné lieu à une valorisation scientifique par huit publications dans des revues à comité de lecture (+ 5 soumises) et 16 communications à des congrès nationaux ou internationaux dans des sphères non limitées au monde de l'élevage. Nous avons déjà fait plusieurs présentations au Sommet de l'Elevage, au SPACE, etc., ainsi que des interventions « grand public » (Nuit de l'agroécologie, etc.). Une thèse sur la mixité entre bovins allaitants et chevaux de selle a été soutenue, et 16 étudiants ingénieur ont finalisé leur formation dans le cadre du projet. Le projet PSDR4 Auvergne-Rhône-Alpes new-DEAL (2015-2020) a été structuré et est porté scientifiquement par deux UMR clermontoises fortement investies dans l'étude des élevages d'herbivores et de leurs territoires. Il s'est appuyé sur un partenariat non-académique agricole et territorial.
Pour en savoir plus : https://www.psdr4-auvergne.fr/ ; -Understanding benefits of herbivore farming system diversityIn the last decades, the market context has increased the specialization of livestock farming systems and production areas. However, in the Auvergne region, ruminant production areas still display high levels of diversification as the result of history and contrasted pedoclimatic conditions. Among agroecological principles, it has been assumed that incorporating diversity into livestock farming systems could increase their multiperformance and enhance their resilience. Technical references are however still missing. Research-development project New-DEAL (2015-2020) provided technical and organizational knowledge on/for multi-species grassland-based systems and integrated crop-livestock systems. Research was conducted across spatial scales, from territory to system components (herd, resources and work organization), with a focus on fodder autonomy and system resilience. Various stakeholders were associated to this research: (i) extension agents that provide technical advice to farmers, (ii) teachers of farmer students, and (iii) organizations involved in territorial governance that define local agricultural policies. Two territories underwent extensive analyses: Bocage-Bourbonnais (03) where there is a high occurrence of beef-sheep, beef-saddle horse and beef-crop systems, and Pays de Saint-Flour where multi-species herbivore systems coexist with beef-dairy cattle systems.-A key role of farmer and consumer surveys in our researchIndividual surveys were conducted with farmers, consumers, and extension and supply-chain agents. These surveys provided quantitative and qualitative information at territory, supply-chain, system and herd levels. At territory scale, we applied the model of territorialized complex goods (or baskets of goods and services) to local consumption. Bundles of services were first analyzed based on previous reports and expert surveys (animal scientists, economists, local stakeholders). More than 120 consumers from these two territories were then directly surveyed for their revealed preferences and willingness to pay for local products. Novelty of our work is that we focused on consumers from rural areas, while most previous studies had investigated preferences of urban consumers. A total of 180 farms surveys were also conducted across the main diversified and specialized herbivore farming systems of Auvergne region. The same number of more focused surveys were sent by post or collected online. We also used a bioeconomic optimization model to provide further economic outputs and explore system resilence to market hazards. Two pluri-annual experiments were conducted at INRAE and IFCE facilities to test for the underlying mechanisms of mixed cattle-sheep and cattle-horse grazing. Finally, six cover crop species were characterized as alternative forages for ruminants. -Key scientific resultsSeveral major specificies were highlighted by consumer surveys in both territories: (i) an average basket consisting of a mixture of beef, pork and vegetable, and (ii) a willingness to pay for these products that was more related to territorial vitality, than to the landscape amenities provided by livestock farming. Mixed herbivore and crop-livestock systems were usually larger, for farm and herd size, than specialized systems of the same area. Enlargement of farm area led to a significant increase in equipments and may simplify herd and pasture management. However, a strong reduction of inputs in mixed-grazing and crop-livestock systems was shown to result from a better utilization of grasslands and dilution of parasite burden in mixed grazing systems. Mixed herbivore systems also had enhanced buffer and adaptive capabilities, and so resilience, thanks to opportunities related to housing facilities, animal feeding management and work organization.-Key valorization initiativesA set of 26 synthetic and illustrated support were produced that summarize our main results at different scales. They are ready to be disseminated to non-academic actors in paper and electronic form. Some began to be on social media. Outputs from New-DEAL have already been introduced in initial and adult teachings. The Community of Communes of Bocage Bourbonnais has relied on some of our work to develop its projects. The results of the project are also valued thanks to partnerships committed beyond New-DEAL partners.-Scientific publicationsA total of eight scientific papers (+ five others that have been submitted) have been published, to which add 16 communications in national or international conferences. These go beyond the classical audience interested in livestock farming systems. A number of technical communications were made in direction to farmers, extension agents, and sometimes a broader audience. Finally, one PhD and 16 Master reports were based on the research carried out in New-DEAL. ; -Comprendre les atouts de la diversification des systèmes d'élevage herbivoresDans un contexte global qui a longtemps favorisé la spécialisation des systèmes et des territoires, les systèmes d'élevage d'herbivores conservent en Auvergne des productions variées du fait de la géographie et de l'histoire régionale. La transition agroécologique met en avant la diversification des systèmes d'élevage comme un des leviers pouvant répondre aux enjeux productifs, environnementaux et sociaux qui sont les leurs. Les références techniques et organisationnelles manquent pourtant. Le projet new-DEAL (2015-2020) visait à produire de telles références à des niveaux d'analyse allant du territoire jusqu'aux troupeaux, prairies et collectifs de travail qui constituent ces systèmes, afin d'accroitre la résilience et l'autonomie des élevages d'herbivores par leur diversification. Pour cela, un partenariat a été noué avec trois types d'acteurs indispensables pour développer des politiques agricoles territorialisées : les chambres d'agriculture qui accompagnent les agriculteurs et peuvent jouer sur les décisions de diversification, les lycées agricoles qui forment les agriculteurs de demain, et les collectivités territoriales qui développent leur stratégie agricole localement. Deux territoires ont fait l'objet d'analyses approfondies : le Bocage Bourbonnais (03) avec des élevages bovins-ovins viande, bovins-équins et des polyculteurs-viande, et le Pays de Saint-Flour (15) dans lequel on rencontre également des élevages bovins à orientation lait et viande. -Une démarche largement basée sur des enquêtes en exploitations ou auprès des consommateursL'approche par enquête individuelle (auprès d'experts locaux, d'éleveurs, de consommateurs), associant la collecte d'informations quantitatives et qualitatives, a été utilisée à différentes échelles d'analyse (territoire, système d'exploitation, filière, gestion du troupeau). A l'échelle du territoire, l'appréciation de la rente associée à la diversité de l'élevage local s'est faite en deux temps : l'identification des « bouquets d'aménités » associés à l'élevage à partir de l'analyse de documents et d'entretiens auprès d'experts zootechniciens, économistes, etc. ; l'évaluation, par une centaine de consommateurs interrogés dans les deux terrains, du consentement à payer pour différents paniers de produits issus du territoire. L'originalité est ici de questionner des consommateurs des petites villes alors que beaucoup de travaux antérieurs privilégiaient des citadins. Au total, 180 enquêtes en exploitations ont été réalisées dans les principaux systèmes d'élevage d'herbivores mixtes et spécialisés de la région, complétées par autant d'enquêtes postales ou par voie électronique. Un modèle d'optimisation sous contrainte complète l'analyse économique et permet de simuler la résilience des exploitations à des aléas du marché. Deux dispositifs pluri-annuels ont été suivis à INRAE et la station expérimentale de l'IFCE pour tester les hypothèses sous-jacentes aux atouts de la mixité bovins-ovins et bovins-équins. Six espèces de cultures dérobées ont été implantées à INRAE et à l'EPL de Moulins pour analyser leur valeur alimentaire pour les ruminants.-Résultats scientifiques majeurs du projetDans les deux terrains enquêtés, le comportement d'achat des consommateurs pour la viande provenant des élevages du territoire est motivé en premier lieu par la volonté de préserver l'emploi local. La présence d'un signe officiel de qualité pour un des produits du panier accroit le consentement à payer du consommateur. Dans toutes les filières analysées, les exploitations diversifiées sont en moyenne plus grandes que les exploitations spécialisées. La taille des collectifs de travail n'augmente pas proportionnellement à la taille des structures, ce qui entraîne de forts besoins d'équipements et un risque de simplification des pratiques. Toutefois, une réduction importante des intrants est envisageable dans ces exploitations grâce à une meilleure valorisation de l'herbe en pâturage mixte et du fait de la dilution de la charge parasitaire des animaux. La mixité d'espèces accroit aussi les capacités d'adaptation des éleveurs notamment pour la gestion des investissements, des pics de travail, et face aux évolutions du marché.-Principaux résultats de valorisationUn jeu de vingt-six fiches synthétiques et illustrées présente nos principaux résultats à différentes échelles d'analyse. Elles sont prêtes à être diffusées en direction des acteurs non-académiques sous forme papier et électronique. Certaines ont commencé à l'être sur les réseaux sociaux. L'EPL de Saint-Flour a intégré la thématique et la présentation des principaux résultats de New-DEAL dans des enseignements initiaux et pour adultes, et plusieurs chercheurs l'ont également fait dans leurs cours à AgroSup Dijon, VetAgro Sup, l'ISARA, ou à l'école chercheur agroécologie Agreenium-WUR. La Communauté de Communes du Bocage Bourbonnais s'est appuyée sur certains de nos travaux pour développer ses projets. La valorisation des résultats du projet se fait aussi grâce aux partenariats engagés au-delà du cercle des partenaires de New-DEAL : coopératives de commercialisation des produits ovins et bovins, Cantal Contrôle Elevage et Allier Conseil Elevage, Fédération des Eleveurs de Chevaux de Trait du Massif Central, etc.-Production scientifiqueLes résultats des recherches effectuées ont d'ores et déjà donné lieu à une valorisation scientifique par huit publications dans des revues à comité de lecture (+ 5 soumises) et 16 communications à des congrès nationaux ou internationaux dans des sphères non limitées au monde de l'élevage. Nous avons déjà fait plusieurs présentations au Sommet de l'Elevage, au SPACE, etc., ainsi que des interventions « grand public » (Nuit de l'agroécologie, etc.). Une thèse sur la mixité entre bovins allaitants et chevaux de selle a été soutenue, et 16 étudiants ingénieur ont finalisé leur formation dans le cadre du projet. Le projet PSDR4 Auvergne-Rhône-Alpes new-DEAL (2015-2020) a été structuré et est porté scientifiquement par deux UMR clermontoises fortement investies dans l'étude des élevages d'herbivores et de leurs territoires. Il s'est appuyé sur un partenariat non-académique agricole et territorial.
Thèse de socio-histoire comparée du politique rédigée entre 2002 et 2007 dans le cadre d'une co-tutelle franco-italienne. ; This PhD deals with the forms of public and political activism developed by conservative Catholic women in the Italian Unione fra le donne cattoliche d'Italia (UDCI) and the French Ligue patriotique des Françaises (LPDF) before the 1944 and 1945 that allows full citizenship to French and Italian women. It led me to explore in depth two distinct paths by which such organizations managed to mobilize, and politicize conservative women, despite their avowedly non-feminist and non-political ideologies stances. By examining individual political trajectories in the context of collective political stances, this research provides a new insight on processes of politicization at a moment of broader democratization in French and Italian politics (1902-19 in Italy, 1902-33 in France). I could identifyied a "liberal" path of politicization for the French organization: French Catholic Women officially supported the Republic and since 1902 enteredparticipated since 1902 in the political arena through financing and canvassing for male candidates. This path is quite different to the "instransigeant" Italian one. In Italy, since the suffrage was restricted, the Catholic Church forbade Catholic women to enter the political competition. In this perspective, the association used lobbying and cultural action to influence male politicians and led them to propose laws in favour of the Church and of women (i.e. mothers). ; Cette recherche historique qui croise les apports des études de genre, de la science politique et de la sociologie religieuse met en lumière la façon singulière dont les militantes d'action féminine catholique sont venues à la politique en France et en Italie durant les premières décennies du XXe siècle. Deux associations catholiques féminines de masse ont fait l'objet de cette analyse comparée : la Ligue patriotique des Françaises active de 1902 à 1933 et l'Unione fra le donne cattoliche d'Italia de 1909 à 1919. La thèse réalisée dans le cadre d'un doctorat en co-tutelle entre l'Ecole des hautes études en sciences sociales et l'Université de Rome 'La Sapienza' s'est appuyée sur différents fonds d'archives qui ont été dépouillés, pour certains d'entre eux intégralement, durant cinq ans. La problématique qui a guidé cette recherche est celle de l'activité politique féminine conservatrice dans des contextes d'exclusion des femmes du suffrage. Si l'activité des suffragistes, des féministes, des militantes socialistes de la période contemporaine est bien connue, les mobilisations conservatrices sont restées dans l'ombre de l'histoire, malgré leur caractère massif et durable. Le point de départ de mon travail a été de comprendre comment les femmes qui n'étaient pas féministes, dans le sens où ce terme est défini par les organisations féminines en faveur du suffrage et des femmes au début du siècle dernier, se sont mobilisées pour faire émerger une parole féminine conservatrice. Il fallait éclairer les modalités d'action de ces femmes, saisir le paradoxe de leur engagement à la fois conservateur sur le plan politique, religieux et social et en même temps porteur de redéfinition pratique des normes de genre. Tout en étant très attachées à un ordre social inégalitaire et à une hiérarchie des genres sous-tendus par la reconquête du terrain perdu par l'Église, certaines de ces femmes ont dans certains contextes pu faire preuve d'une contestation plus ou moins silencieuse des normes en vigueur dans l'Église et dans la société. La comparaison est centrale dans cette démarche. L'Italie et la France sont deux pays que les contextes de sécularisation et de séparation de l'Etat de l'Église catholique rapprochent. Leur système politique libéral repose sur l'exclusion des femmes du corps électoral d'abord sur des motifs juridiques – elles ne sont pas libres depuis le Code civil de 1804 en France et en Italie –, puis politiques – jugées trop proches de l'Église et sous la coupe du clergé. Mais dans ces contextes proches, la naissance de l'action catholique féminine prend des formes distinctes. La Ligue patriotique des Françaises voit le jour en 1902, en tant qu'entreprise électorale pourvoyeuse de subsides pour les candidats catholiques. Tandis qu'en Italie, ce ne sont pas les élections qui provoquent l'apparition d'une association de laïques organisées mais le congrès féministe de Rome en 1908. Le cas italien fait saillir les spécificités du rapport à la politique de l'association française. Bien que s'en défendant, en France, les femmes de la Ligue entrent dans l'arène politique, non pas pour voter directement mais pour prendre une part dans la division sexuelle du travail militant qu'elle justifient par les compétences supposées de leur sexe. A l'œuvre en 1902, lors des municipales de 1904, des législatives de 1906, elles diffusent les tracts des candidats catholiques, collent des affiches, gèrent les caisses électorales, nettoient les listes électorales dans les mairies, et même monnayer leur « devoir conjugal » contre une promesse de vote pour le bon candidat. Cette activité se poursuit de façon plus discrète après 1906, date à laquelle le pape Pie X leur interdit toute action politique. Tout autre est la situation italienne, où, parce que le non expedit du pape Pie IX déconseille la participation des catholiques italiens au jeu démocratique censitaire d'un Royaume d'Italie impie, les femmes catholiques n'ont pas vocation à contribuer à la rechristianisation du pays par les urnes. C'est l'articulation complexe de ces deux cas, auxquels vient s'ajouter un troisième acteur qu'est la hiérarchie vaticane, qui est au centre de l'analyse comparée. Ce travail s'est appuyé sur des archives mais aussi une littérature scientifique de différentes disciplines : outre les travaux d'histoire du catholicisme, d'histoire du genre, d'histoire sociale, d'histoire de l'éducation et d'histoire de la Grande Guerre, les ouvrages de science politique, de la sociologie des mobilisations sont venus enrichir le corpus des sources secondaires. Des sources inattendues pour l'histoire du genre aux sources inexploitées Plusieurs types de fonds dans chacun des trois pays – France, Italie, Vatican – ont été consultés. Des sondages ponctuels dans des fonds américains – Schlesinger Librairy, spécialisée sur l'histoire des femmes, et Boston College, université de la Compagnie de Jésus, à Boston ont complété ces consultations principales. Les fonds français sont constitués des fonds de l'association Ligue patriotique des Françaises (1902-1933), déposés à l'Action catholique des femmes ; des Archives historiques des archevêchés de Lyon et de Paris, des Archives départementales du Rhône, des Alpes-Maritimes, du Tarn, de l'Yonne – dont certains n'ont parfois rien donné -, des Archives nationales, série F7 « partis et associations politiques ». Ce dernier choix de ne prendre en considération que les documents identifiés comme relevant d'une activité politique était justifié par la volonté d'attester montrer qu'un engagement conservateur féminin avait existé et était identifié comme tel par les pouvoirs publics. La perception de la Ligue patriotique des Françaises sous l'angle de son activité politique indique une féminisation précoce de la profession politique par le biais de cette association connexe de l'Action libérale populaire. Une deuxième phase de dépouillement a été effectuée à Rome. Le fonds personnel de Cristina Giustiniani Bandini, première présidente et fondatrice de l'Unione fra le donne cattoliche d'Italia (U.D.C.I.) en 1909 a été intégralement dépouillé. Il est conservé près l'Archive général de l'ordre prêcheur (dominicains) en l'Église Sainte-Sabine de Rome. Les archives d'État de Rome (Archivio di stato di Roma) ont été sondées pour établir une comparaison dans la surveillance politique de ces associations catholiques féminines. La localisation des sources révèle ainsi que l'Action catholique féminine italienne n'est pas structurée comme une organisation à vocation politique ou sociale. Elle n'est pas déclarée auprès des autorités, il n'y a pas de trace aux Archives d'Etat en tant qu'association politique ou de bienfaisance. Enfin, les Archives secrètes vaticanes ont offert un regard inédit sur ces associations. Ces matériaux inexploités jusqu'ici – papiers du fonds personnel Pie XI, fonds Pie IX ouvert à la consultation depuis septembre 2006 – ou qui n'avaient jamais été consultés pour l'action catholique féminine française et italienne – fonds Secrétairie d'État pour les pontificats de Léon XIII, Pie X et Benoît XV ; Affaires ecclésiastiques extraordinaires France et Italie – ont été d'une importance majeure dans cette recherche. Ils permettent de comprendre le regard porté par l'institution sur ces associations mais aussi la complexité du rapport à l'autorité de ces organisations de laïques qui avaient un pied dans l'Église et un pied dans la société. La presse de ces deux associations a également été dépouillée. Organisation de la thèse L'exploitation du matériau a été organisée de façon thématique et chronologique. Trois parties scandent ce travail. La première porte sur l'émergence et le développement des deux organisations, la seconde s'intéresse à la citoyenneté sociale mise en œuvre par ces associations et enfin, une troisième partie examine l'élaboration complexe d'une citoyenneté politique qui ne passe pas nécessairement par le vote dans un premier temps puis qui intègre le suffrage féminin au lendemain de la Grande Guerre. La première partie de la thèse traite de la genèse du militantisme d'action catholique féminine de part et d'autre des Alpes. Elle éclaire la naissance, le développement et l'institutionnalisation de chacune des deux associations. Un premier chapitre retrace la naissance de la Ligue patriotique des Françaises à Paris, durant les derniers mois de l'année 1901. Il montre comment un premier noyau parisien composé de femmes consacrées sans toutefois qu'elles portent un habit religieux et d'« entrepreneuses » - comme certaines dirigeantes se définissent -, rompues à l'entreprise électorale de leur mari sous le Second Empire et la IIIe République, a créé une organisation de laïque qui gagne très vite la Province. Forte de 300 000 adhérentes dès son troisième anniversaire, la Ligue est d'abord une œuvre électorale, qui doit fournir aux candidats catholiques des subsides et des propagandistes zélées dans le contexte de structuration de l'offre politique par les partis. La loi de 1901 sur les associations, votée pour contrôler les congrégations religieuses offre alors une opportunité inattendue d'organisation pour ces catholiques. L'échec aux élections législatives de 1906 et l'évolution des positions pontificales vers un rejet de la démocratie chrétienne et de l'engagement politique des catholiques marque l'arrêt officiel de l'œuvre électorale pour les femmes. Dès 1907, l'action sociale et religieuse sont mises au premier plan : c'est par elles, et par elles seules, que les femmes referont la société chrétienne et non par les urnes. Dans la pratique cependant, l'interdit est contourné jusqu'en 1914. Peu de temps après, en 1909, est proclamée la naissance de l'Union entre les femmes catholiques d'Italie. Les cérémonies de béatification de Jeanne d'Arc en avril de cette même année sont l'occasion de lier les deux organisations qui se placent ainsi sous la protection de la sainte. La vierge guerrière symbolise le renouveau de l'apostolat féminin sous tendu par une spiritualité de combat qui prend tout son sens dans un contexte de laïcisation des institutions d'Etat. Le deuxième chapitre porte sur cette « petite sœur italienne » qui naît au lendemain du congrès féministe de Rome de mai 1908, qui avait vu des femmes catholiques prendre part au vote d'une motion supprimant le caractère obligatoire de l'instruction religieuse à l'école. Une aristocrate romaine proche du pape Pie X, la princesse Cristina Giustiniani Bandini, mobilise ses réseaux religieux et nobiliaires pour fonder une association de laïques sur le même modèle que la Ligue. Mais, contrairement aux Parisiennes, la dirigeante romaine se place dans une ligne intransigeante et refuse toute forme de participation politique féminine. Il n'est pas question de voir les Italiennes financer les candidats catholiques aux élections locales – les seules où ils sont autorisés à se présenter en tant que tels par la hiérarchie ecclésiale jusqu'en 1912, ni de réclamer le suffrage. La mise en conformité de la cité terrestre avec la cité céleste se fera par l'action religieuse, par les pèlerinages, par une piété féminine accrue et éventuellement par les œuvres de bienfaisance. Dans ces deux contextes, qui ont pour point commun l'affirmation de l'État nation sur des bases laïques et l'institution d'un régime démocratique fondé sur le citoyen masculin, la capacité des femmes catholiques à imposer leur programme politique dans le débat public se traduit donc par des modalités d'action différentes. Dirigées toutes deux par des aristocrates, défendant une hiérarchie sociale, une hiérarchie de genre et une hiérarchie religieuse ces femmes ont, pour certaines d'entre-elles, maintenu leur autonomie à travers ce militantisme conservateur. Une deuxième partie s'intéresse aux déclinaisons d'une citoyenneté sociale féminine. Elle montre comment au sein de ces associations l'acception restrictive de la citoyenneté politique identifiée au vote, attribut masculin en France et en Italie jusqu'en 1945, est contournée pour proposer une autre forme d'appartenance à la cité. Cette citoyenneté sociale est alors définie comme l'ensemble des droits et des devoirs assignés aux femmes en tant que mères biologiques ou spirituelles, afin de transposer à l'ensemble de la société les activités de soin, de prise en charge des œuvres sociales, aujourd'hui désignées sous le terme de care. Le troisième chapitre porte sur l'action sociale catholique. Il intègre de façon comparée les étapes du passage de la dame patronnesse à la militante d'action catholique. Il montre comment la résolution de la question sociale « les Évangiles à la main » se heurte à la différence des positions sociales des militantes : la solution corporatiste où patronnes et ouvrières sont réunies dans une même structure est difficilement envisageable dans les comités composés d'ouvrières. Si la Ligue délègue cette question délicate aux syndicats féminins chrétiens, l'Union italienne entend monopoliser l'encadrement des catholiques en contrôlant les syndicats des professions pensées comme féminines – infirmières, institutrices, téléphonistes.-. À travers l'organisation chrétienne de ces occupations féminines s'opère dans certains cas une professionnalisation de ces activités. Tant en France qu'en Italie, le brevet d'aptitude vient se substituer à la formation uniquement religieuse pour devenir enseignante ou infirmière d'Etat. Cette professionnalisation s'étend après la Grande Guerre à d'autres activités féminines : la formation professionnelle est proposée en France aux agricultrices, aux ouvrières. Elle est sous-tendue par l'idée que l'élite féminine militante doit d'abord être une élite de professionnelles. Cependant, la crise des années Trente met un frein à cette activité quand la mère au foyer devient le cheval de bataille de l'Église catholique. Une deuxième dimension de cette citoyenneté sociale est son enracinement dans l'expérience de la maternité qui est présentée par ces associations comme constitutive du genre féminin. Bien que la plupart des dirigeantes n'aient pas d'enfants – parce qu'elles sont vierges consacrées ou tertiaires - elles entendent néanmoins promouvoir la maternité. Se distinguant des associations natalistes plutôt républicaines en France, les catholiques s'inscrivent dans la mouvance familialiste. Mais, elles se singularisent par le fait que cette promotion de la maternité est faite par des femmes, pour des femmes. On observe alors des nuances importantes sur l'acception de la maternité : celle-ci peut être entendue comme la mise au monde des enfants mais aussi le maternage d'autres enfants dans le cadre d'un célibat chaste et consacré. En France, la Ligue établit parallèlement à d'autres institutions républicaines des institutions d'aide aux mères – gouttes de lait, consultation du nourrisson, mutualités maternelles et prix. Ainsi, la Ligue patriotique organise t-elle la fête des mères au mois de mai à partir de 1917 : le prix des mères méritantes est remis aux adhérentes de condition modeste, mères de famille nombreuse et d'observance religieuse rigoureuse. En Italie, c'est surtout la dimension religieuse de la maternité qui est privilégiée à travers la promotion de la dévotion mariale mais aussi de saintes du quotidien comme Anne Marie Taigi, mère de famille battue par son mari qui avait des extases dans ses activités domestiques. Sous le fascisme, un retour à l'action sociale s'opère quand l'Union rejoint les action de l'œuvre nationale de la maternité et de l'enfance et mène « l'apostolat du berceau » (1929). C'est également en tant que mères que ces femmes portent leurs revendications auprès des gouvernements. Le maternalisme catholique se décline de part et d'autre des Alpes et conduit parfois ces associations hostiles au féminisme à rejoindre les positions des féministes laïques sur la recherche en paternité ou la protection de la maternité. Cette acception de la maternité rompt avec l'idée que parce que les femmes mettent au monde un enfant, elles feront de bonnes mères. Au cœur de l'action de ces associations se trouve le projet d'une pédagogie maternelle chrétienne destinée à apprendre aux mères biologiques à être des éducatrices. C'est l'objet d'un cinquième chapitre. Cette pédagogie s'adresse en premier lieu aux ouvrières, redoublant la relation de maternage entre la patronne et ses employées par une relation de mère spirituelle à une mère biologique. Mais les mères de la petite bourgeoisie sont elles aussi invitées à devenir des éducatrices de leurs filles et à s'investir dans la formation des futurs citoyens chrétiens. Les éducatrices catholiques doivent prendre une place centrale dans la famille et dans la société soit en devenant des institutrices catholiques, soit en se fédérant dans des associations de pères et de mères de famille pour mener une activité de lobbying au nom de la défense de leurs enfants. En France, les ligueuses prennent une part active dans la guerre scolaire du début du siècle, tandis qu'en Italie, les aristocrates de l'Union qui font pression sur les hommes politiques de leur entourage pour maintenir l'instruction religieuse dans les écoles primaires en 1912. Elles parviennent ainsi à avoir un monopole sur les demandes d'instruction religieuse formulées par les parents dans les écoles de Rome et font office d'intermédiaire entre les parents d'élèves et les autorités municipales qui accordent cet enseignement dans les écoles. Dans une troisième partie, c'est le passage à la citoyenneté politique qui est analysé. Un sixième chapitre analyse l'épisode de la Grande Guerre comme un moment à la fois de rupture avec les positions de ces associations et d'accélération de certains processus d'inclusion des femmes catholiques dans la gestion des affaires publiques. La guerre ouvre une période d'élargissement de l'action publique pour les deux associations. La professionnalisation de certaines occupations comme les infirmières s'accélère. La matrice maternaliste de l'action collective légitime la prise en charge des enfants des classes populaires, des soldats mutilés etc. L'action des associations ne vise plus seulement à attirer les âmes d'élites mais véritablement à assumer l'œuvre d'assistance que les pouvoirs publics ne peuvent fournir. À la faveur de cette crise, le rôle des congrégations exilées est reconnu en France et celui des laïques de la L.P.D.F. sanctionné positivement par les décorations nationales et religieuses que reçoivent la plupart des dirigeantes, tant en France qu'en Italie. Les jeunes femmes non mariées, les mères célibataires deviennent aussi les cibles des politiques mises en place par la Ligue, tandis qu'en Italie, il semblerait que l'élargissement de l'action sociale suscite un rappel à l'ordre quant à la collaboration avec les non catholiques. La guerre ouvre la voie d'une réconciliation avec les autorités laïques qui passe avant tout par une action locale. S'appuyant sur les notables, sur les réseaux d'œuvres religieuses préexistantes, l'U.D.C.I. acquiert rapidement un rôle important dans les Comités d'assistance civile qui gèrent bon nombre de problèmes matériels liés à la guerre. En France, l'Union sacrée se fait aussi dans certaines communes, mais la reconnaissance de l'action civile des ligueuses sera d'avantage symbolique. Ainsi, nous voyons comment le contexte national structure la façon dont sera pensée et légitimée l'action civile des associations féminines catholiques. Elle passe par une reconnaissance locale puis nationale, en Italie, où l'U.D.C.I. se voit accorder la personnalité juridique au lendemain du conflit. En revanche, là où le poids des instances locales de représentation démocratique reste dominé par les institutions nationales, il s'agit plutôt d'une reconnaissance symbolique. Le dernier chapitre de la thèse montre comment les militantes d'action catholique ont participé aux premières consultations électorales sans pour autant détenir le droit de vote et ont ensuite abandonné ces pratiques une fois celui-ci admis comme un moyen de faire changer les lois. En Italie, en revanche, le rapport à la politique plus difficile évolue après la guerre vers des positions plus ouvertes au suffrage féminin. S'esquissent ainsi les linéaments d'une politisation féminine contrainte à la fois par le contexte politique et religieux national et par les propriétés sociales des dirigeantes dont le recrutement n'est pas identique dans chacun des pays. Définissant par la pratique tout autant que par les discours l'activité politique légitime pour des femmes catholiques, ces citoyennes catholiques se positionnent d'abord contre le suffrage féminin, manifestant leur appartenance à la communauté politique et nationale par les œuvres sociales et religieuses. S'appuyant sur leur mission d'apôtres du XXe siècle, pour résoudre la question sociale « l'Évangile à la main », les militantes revendiquent un rôle d'expertise de plus en plus important dans le travail social. De la dame patronnesse aristocrate du début du siècle à la travailleuse sociale qualifiée d'origine plus modeste de l'entre-deux-guerres s'est amorcé un processus de politisation féminine et de professionnalisation. La préparation des femmes au suffrage devient alors une activité importante de la Ligue, qui organise des conférences de préparation civique, qui publie des brochures et veut inciter les femmes à adopter le suffrage familial dans un premier temps, puis individuel dans un second temps. En Italie, en 1925 le bref épisode de l'autorisation du vote pour les femmes de plus de trente ans, mères et épouses de soldats, voit l'Union intervenir pour solliciter les inscriptions sur les listes électorales. Celles-ci ne purent cependant voter jusqu'en 1946. Cette thèse contribue ainsi à repenser les catégories de citoyenneté habituellement définies en rapport avec le suffrage et à comprendre la façon dont les associations de femmes catholiques ont contribué à l'apprentissage de la vie politique durant les premières décennies du XXe siècle en France et en Italie. La citoyenneté telle que l'entendent ces associations est d'abord une citoyenneté sociale, fondée par l'expérience de la maternité spirituelle ou biologique, et vécue à travers la mise en œuvre d'institutions sociales. La citoyenneté politique qui se manifeste par le vote n'est pas considérée, dans un premier temps, comme une pratique légitime pour les femmes catholiques dans chacun des pays. Toutefois, l'intervention dans les affaires politique et la façon dont les femmes de ces associations se pensent comme des sujets politiques et interviennent en leur nom dans les affaires publiques attestent de la volonté de contourner le suffrage masculin. En France, dans un contexte de ralliement de l'Église catholique à la République et de suffrage universel, même les femmes sont invitées à participer de façon indirecte à la compétition électorale. En Italie, un modèle de politisation intransigeante domine : les catholiques hommes et femmes sont invités à se tenir à distance de la compétition électorale. Au terme de la Grande guerre, ces prises de positions se rejoignent. Dans cette évolution, la Grande Guerre a constitué un moment d'accélération plus que de rupture et a ouvert une période de réconciliation entre ces associations catholiques et les pouvoirs publics laïcs. Ce travail invite à une compréhension plus large de l'engagement féminin en intégrant ces associations de masse qu'ont été les associations catholiques. Prises entre la nécessité de se distinguer des féministes et des hommes catholiques, ces associations ont défini des cadres d'action légitimes pour des femmes conservatrices, attachées aux normes de genre inégalitaires mais soucieuses de se ménager des marges d'autonomie. Cette recherche permet de mieux saisir la complexité des rapports sociaux de sexe et de classe en adoptant des questionnements de science politique et de sociologie. Malgré leur conservatisme et leur hostilité au suffrage, ces associations ont été des lieux de socialisation politique et religieuse qui ont marqué les premières générations d'électrices tant en France qu'en Italie. Et on ne peut comprendre pourquoi le vote féminin a d'abord été un vote démocrate-chrétien sans s'intéresser à la façon dont ces milliers de femmes ont appris à « bien voter » durant les premières décennies du siècle dernier.
International audience ; Au département "idées et philosophie politique" du Monde des Lettres, Joseph de Maistre semble devoir incarner pour longtemps encore le profil illuminé archétype du polémiste contre-révolutionnaire que l'on sait, doublé d'un papiste non moins convaincu. Même si de telles étiquettes, toutes commodes qu'elles soient parfois, dans leur outrance didactique, rendent en réalité fort mal compte du caractère beaucoup plus singulier, de l'essence autrement multiforme d'une proposition intellectuelle que ce qu'en a retenu le sens commun, ainsi que nous le montrent les études récentes, peu à peu dégagées de toute sédimentation polémique partisane, au fur et à mesure que s'éloigne le souvenir, daté, d'une revendication idéologique de la réception de l'œuvre.Mais l'on oublie trop souvent, jusqu'au sein de la pourtant savante corporation des historiens de feu les États de Savoie, combien il fut également, lui, l'enfant de ce duché berceau de la dynastie éponyme, l'un des observateurs majeurs, à la lucidité souvent visionnaire ès qualité d'acteur d'importance, de ce complexe politique en surcis à l'heure dramatique où la Révolution, comme partout ailleurs en Europe, lui inocule le germe d'une modernité institutionnelle bientôt incompatible avec ses organes ancestraux sinon archaïques. Substitut puis Sénateur auprès le Sénat de Savoie, il entretient dans la décennie 1780, à l'approche de la quarantaine, une correspondance administrative nourrie avec le Cabinet turinois prouvant qu'il est sans doute à la veille d'une promotion aux fonctions d'Intendant en Val d'Aoste, à Nice, ou pourquoi pas en Piémont, lorsque les événements révolutionnaires viennent brouiller ces plans de carrière pour le jeter au contraire sur les routes aventureuses de l'exil. Mi attaché d'ambassade, mi espion agitateur dans la Suisse des années 1790, le voilà maintenant auprès de son souverain, au début de la décennie suivante, du fait de l'avancée des troupes napoléoniennes en Gaule cisalpine de jadis. Mettant à profit la retraite forcée de Sardaigne, il s'attaque donc avec l'énergie du désespoir, sur injonction officielle, languissant de revoir un jour les paysages riants des possessions de Terre Ferme, à la réforme jusqu'alors sans cesse différée du système judiciaire comme à la rédaction des coutumes de l'île. Juste le temps, l'espace de deux années, de dresser un état des lieux et de lancer la lourde machine législative avant que l'on ne l'envoie là bas, aux confins de la Chrétienté, jouer les ambassadeurs aussi poudrés que désargentés d'un prince fantomatique, presque deux décennies durant, dans les salons antichambres du palais impérial du Tsar de toutes les Russies, sa Majesté Alexandre. Puis retour à Turin, pour y mourir un rien amer, en parfait romantique, avec le titre cependant flatteur de Régent de la Grande Chancellerie royale, soit à peu de choses près la qualité de nos actuels Ministres de la Justice et Gardes des Sceaux.Personnage atypique, Joseph de Maistre développe ainsi au cours d'une carrière placée sous le signe exclusif de la fidélité indéfectible à ses princes, essentiellement de manière diffuse, en filigrane d'une œuvre épistolaire à part entière, (si l'on excepte la prose des premiers pamphlets contre-révolutionnaires, ou celle des premiers mémoires techniques de l'épisode helvétique, encore marqués par un évident utilitarisme militant), une analyse institutionnelle et politique passionnée de ces États de Savoie. Analyse raisonnée, souvent véhémente à l'encontre d'un autoritarisme tatillon contreproductif, aux constats sévères par conséquent, mais exercice exempt d'aveuglement sentimental envers le système institutionnel de cette Patrie aujourd'hui évanouie envers laquelle son attachement quasi atavique a été souvent si mal compris. N'est-il pas tentant, dès lors, de tenter une reconstitution de cet exposé développé l'espace d'un demi siècle, sur les milliers de feuillets épars d'une correspondance volumineuse, par l'un des témoins majeurs de la difficile mue à la modernité d'États de Savoie condamnés à disparaître dans le concert des Grandes Nations ?
International audience ; Au département "idées et philosophie politique" du Monde des Lettres, Joseph de Maistre semble devoir incarner pour longtemps encore le profil illuminé archétype du polémiste contre-révolutionnaire que l'on sait, doublé d'un papiste non moins convaincu. Même si de telles étiquettes, toutes commodes qu'elles soient parfois, dans leur outrance didactique, rendent en réalité fort mal compte du caractère beaucoup plus singulier, de l'essence autrement multiforme d'une proposition intellectuelle que ce qu'en a retenu le sens commun, ainsi que nous le montrent les études récentes, peu à peu dégagées de toute sédimentation polémique partisane, au fur et à mesure que s'éloigne le souvenir, daté, d'une revendication idéologique de la réception de l'œuvre.Mais l'on oublie trop souvent, jusqu'au sein de la pourtant savante corporation des historiens de feu les États de Savoie, combien il fut également, lui, l'enfant de ce duché berceau de la dynastie éponyme, l'un des observateurs majeurs, à la lucidité souvent visionnaire ès qualité d'acteur d'importance, de ce complexe politique en surcis à l'heure dramatique où la Révolution, comme partout ailleurs en Europe, lui inocule le germe d'une modernité institutionnelle bientôt incompatible avec ses organes ancestraux sinon archaïques. Substitut puis Sénateur auprès le Sénat de Savoie, il entretient dans la décennie 1780, à l'approche de la quarantaine, une correspondance administrative nourrie avec le Cabinet turinois prouvant qu'il est sans doute à la veille d'une promotion aux fonctions d'Intendant en Val d'Aoste, à Nice, ou pourquoi pas en Piémont, lorsque les événements révolutionnaires viennent brouiller ces plans de carrière pour le jeter au contraire sur les routes aventureuses de l'exil. Mi attaché d'ambassade, mi espion agitateur dans la Suisse des années 1790, le voilà maintenant auprès de son souverain, au début de la décennie suivante, du fait de l'avancée des troupes napoléoniennes en Gaule cisalpine de jadis. Mettant à profit la retraite forcée de Sardaigne, il s'attaque donc avec l'énergie du désespoir, sur injonction officielle, languissant de revoir un jour les paysages riants des possessions de Terre Ferme, à la réforme jusqu'alors sans cesse différée du système judiciaire comme à la rédaction des coutumes de l'île. Juste le temps, l'espace de deux années, de dresser un état des lieux et de lancer la lourde machine législative avant que l'on ne l'envoie là bas, aux confins de la Chrétienté, jouer les ambassadeurs aussi poudrés que désargentés d'un prince fantomatique, presque deux décennies durant, dans les salons antichambres du palais impérial du Tsar de toutes les Russies, sa Majesté Alexandre. Puis retour à Turin, pour y mourir un rien amer, en parfait romantique, avec le titre cependant flatteur de Régent de la Grande Chancellerie royale, soit à peu de choses près la qualité de nos actuels Ministres de la Justice et Gardes des Sceaux.Personnage atypique, Joseph de Maistre développe ainsi au cours d'une carrière placée sous le signe exclusif de la fidélité indéfectible à ses princes, essentiellement de manière diffuse, en filigrane d'une œuvre épistolaire à part entière, (si l'on excepte la prose des premiers pamphlets contre-révolutionnaires, ou celle des premiers mémoires techniques de l'épisode helvétique, encore marqués par un évident utilitarisme militant), une analyse institutionnelle et politique passionnée de ces États de Savoie. Analyse raisonnée, souvent véhémente à l'encontre d'un autoritarisme tatillon contreproductif, aux constats sévères par conséquent, mais exercice exempt d'aveuglement sentimental envers le système institutionnel de cette Patrie aujourd'hui évanouie envers laquelle son attachement quasi atavique a été souvent si mal compris. N'est-il pas tentant, dès lors, de tenter une reconstitution de cet exposé développé l'espace d'un demi siècle, sur les milliers de feuillets épars d'une correspondance volumineuse, par l'un des témoins majeurs de la difficile mue à la modernité d'États de Savoie condamnés à disparaître dans le concert des Grandes Nations ?
International audience ; Im Jahr 1933 trat Karl zu Löwenstein in die SA ein, während Hubertus zu Löwenstein emigrierte und versuchte, die internationale Öffentlichkeit vor dem deutschen Nationalsozialismus zu warnen. 1948 übernahm Karl die Leitung der Katholikentage. Hubertus hingegen gelang es nicht, in der Politik Fuß zu fassen. Wie lässt sich erklären, dass Karl eine der einflussreichsten Persönlichkeiten der Bundesrepublik war und der Republikaner Hubertus gleichzeitig ein Außenseiter blieb ? Karl profitierte vom Einfluss seines Vaters und von dem besonderen Kontext der Nachkriegszeit, als man wieder eine Beziehung zu den konservativen Eliten aufbauen wollte. Diese standen einerseits für eine nationale Vergangenheit, die durch den Nationalsozialismus nicht in den Schmutz gezogen worden war. Andererseits betrachtete die Mehrheit der Deutschen sie als Opfer, obwohl sie sich durchaus auch hatten verführen lassen. Der Weitblick von Hubertus hingegen, der schon 1930 die Gefährlichkeit des Nationalsozialismus erkannt hatte, wurde als störend empfunden, weil er die Deutschen mit ihrer eigenen Blindheit konfrontierte. \\\ ///. In English: In 1933, Karl zu Löwenstein joined the SA while Hubertus zu Löwenstein emigrated and did one's utmost to warn the international public opinion against Nazi Germany. In 1948, Karl took over as the head of the Catholic congresses. Meanwhile, Hubertus did not manage to get a foothold in the political arena. How is it possible to explain that Karl was one of the most influential personalities of the Federal Republic whereas Hubertus remained as an outsider? Karl took advantage of his father's influence and used the particular context of the post-war years dominated by the need to renew with conservative elites, both symbols of a national past which had not been soiled by Nazism and still they presented themselves as victims of Nazism, like most Germans believed to be, even those elites who had been seduced. Hubertus' perspicacity, who had understood Nazism dangerousness as early as 1930, was bringing Germans out because it led them to look at their own blindness. ; En 1933, Karl zu Löwenstein entra à la SA tandis que Hubertus zu Löwenstein émigra et s'efforça de mettre en garde l'opinion publique internationale contre l'Allemagne nazie. En 1948, Karl prit la tête des Katholikentage. De son côté, Hubertus ne réussit pas à prendre pied sur la scène politique. Comment expliquer que Karl fut l'une des personnalités influentes de la République fédérale alors que le républicain Hubertus resta un outsider ? Karl profita de l'influence de son père et du contexte particulier des années d'immédiate après-guerre, dominées par le besoin de renouer avec les élites conservatrices, à la fois symboles d'un passé national non souillé par le nazisme et victimes du nazisme, comme la majorité des Allemands estimaient l'être, même quand ces élites s'étaient laissées séduire. La perspicacité de Hubertus, qui avait compris dès 1930 la dangerosité du nazisme, dérangeait puisqu'elle renvoyait les Allemands à leur propre aveuglement.
International audience ; Im Jahr 1933 trat Karl zu Löwenstein in die SA ein, während Hubertus zu Löwenstein emigrierte und versuchte, die internationale Öffentlichkeit vor dem deutschen Nationalsozialismus zu warnen. 1948 übernahm Karl die Leitung der Katholikentage. Hubertus hingegen gelang es nicht, in der Politik Fuß zu fassen. Wie lässt sich erklären, dass Karl eine der einflussreichsten Persönlichkeiten der Bundesrepublik war und der Republikaner Hubertus gleichzeitig ein Außenseiter blieb ? Karl profitierte vom Einfluss seines Vaters und von dem besonderen Kontext der Nachkriegszeit, als man wieder eine Beziehung zu den konservativen Eliten aufbauen wollte. Diese standen einerseits für eine nationale Vergangenheit, die durch den Nationalsozialismus nicht in den Schmutz gezogen worden war. Andererseits betrachtete die Mehrheit der Deutschen sie als Opfer, obwohl sie sich durchaus auch hatten verführen lassen. Der Weitblick von Hubertus hingegen, der schon 1930 die Gefährlichkeit des Nationalsozialismus erkannt hatte, wurde als störend empfunden, weil er die Deutschen mit ihrer eigenen Blindheit konfrontierte. \\\ ///. In English: In 1933, Karl zu Löwenstein joined the SA while Hubertus zu Löwenstein emigrated and did one's utmost to warn the international public opinion against Nazi Germany. In 1948, Karl took over as the head of the Catholic congresses. Meanwhile, Hubertus did not manage to get a foothold in the political arena. How is it possible to explain that Karl was one of the most influential personalities of the Federal Republic whereas Hubertus remained as an outsider? Karl took advantage of his father's influence and used the particular context of the post-war years dominated by the need to renew with conservative elites, both symbols of a national past which had not been soiled by Nazism and still they presented themselves as victims of Nazism, like most Germans believed to be, even those elites who had been seduced. Hubertus' perspicacity, who had understood Nazism dangerousness as early as 1930, was bringing Germans out because it led them to look at their own blindness. ; En 1933, Karl zu Löwenstein entra à la SA tandis que Hubertus zu Löwenstein émigra et s'efforça de mettre en garde l'opinion publique internationale contre l'Allemagne nazie. En 1948, Karl prit la tête des Katholikentage. De son côté, Hubertus ne réussit pas à prendre pied sur la scène politique. Comment expliquer que Karl fut l'une des personnalités influentes de la République fédérale alors que le républicain Hubertus resta un outsider ? Karl profita de l'influence de son père et du contexte particulier des années d'immédiate après-guerre, dominées par le besoin de renouer avec les élites conservatrices, à la fois symboles d'un passé national non souillé par le nazisme et victimes du nazisme, comme la majorité des Allemands estimaient l'être, même quand ces élites s'étaient laissées séduire. La perspicacité de Hubertus, qui avait compris dès 1930 la dangerosité du nazisme, dérangeait puisqu'elle renvoyait les Allemands à leur propre aveuglement.