La question monétaire est avant une question de souveraineté. La France a souvent tenté d'avoir l'emprise sur un territoire en introduisait sa monnaie. La France a dès 1919 introduit le franc en Sarre en guise de réparations. L'expérience dure jusqu'en 1935. Dès la fin de la seconde Guerre mondiale la France souhaite renouveler l'aventure. Mon travail s'articule donc autour de ces questions : Comment la France à travers la tutelle, mais aussi en la monnaie elle-même a- t -elle tenté de faire passer des messages, et quels sont-ils? Comment les Sarrois ont-ils ressenti la monnaie française pendant une période de quinze ans avec ses évolutions, mais surtout ses problèmes (en l'occurrence l'inflation) ? Ma première partie a pour dessein l'étude du rattachement monétaire. A l'arrivée des troupes françaises, la situation monétaire est apocalyptique. On veut d'abord dénazifier la monnaie, en retirant les croix gammées sur les pièces. Il s'agit ensuite de faire revivre le territoire qui connaît le marché noir, le troc et une terrible faim monétaire. Les projets de création d'une nouvelle monnaie sont nombreux mais n'aboutissent pas dans l'immédiat. Ce sont des monnaies de nécessité, émises souvent par des organismes privés de la ZOF, qui deviennent les moyens de paiement les plus répandus. La France obtient des anglo-saxons la possibilité d'introduire une monnaie de transition dans le territoire sarrois, alors individualisée. Cette monnaie, qui arbore de nouveaux thèmes, comme une Sarre rattachée à la sphère culturelle latine, est révélatrice des idées françaises. La paix, la jeunesse et l'espoir sont mis en avant. Cette monnaie est introduite dès le mois de juin 1947. Au mois de novembre, c'est au tour du franc de faire son apparition en Sarre. Avec un taux de 8 francs pour un Mark, les Sarrois espèrent un retour à la normale dans leur vie quotidienne. Pourtant, cette introduction ne fut pas aisée. Il a fallu de nombreuses tractations diplomatiques pour convaincre les Américains et Britanniques. En ce qui concerne les Soviétiques, l'accord ne fut jamais obtenu, ce qui entraîne dans le même temps les réticences des Communistes français. Les Mosellans expriment également leur craintes. Immédiatement après la conversion, on voit une véritable « fièvre acheteuse » gagner les Sarrois. Le franc marque une rupture économique, mais aussi culturelle. Avec l'inflation grandissante du franc et la création du deutschemark, ils commencent à montrer des réticences à la monnaie française. La France décide de réagir, et signe avec le gouvernement sarrois des Conventions en 1953. La création d'une monnaie, le « Saarfranken » découle de ces traités. Dès 1954, la Sarre possède ses propres pièces qui peuvent circuler dans toute l'Union Française. Le principal symbole est un paysage industriel. A partir de 1950, un nouvel acteur entre en scène, il s'agit de l'Europe. L'Allemagne fédérale réclame de plus en plus la Sarre et le rétablissement des relations économiques entre les deux pays. L'admission au Conseil de l'Europe est une bataille diplomatique très dure. Pour résoudre ces tensions, on décide d' « européaniser » le territoire, c'est à dire de donner un statut spécial à ce territoire en attendant l'unification européenne. On décide de créer éventuellement une monnaie européenne à partir de ce pays. C'est au referendum d'octobre de 1955 que la question est tranchée. Finalement c'est un refus. Les Sarrois expriment leur désir de revenir dans le giron allemand. Ce sont ceux qui ont le plus souffert de l'inflation qui ont voté contre le statut. La Sarre revient politiquement en 1957, mais le franc demeure jusqu'au 1er janvier 1960. Finalement, le mérite de cette expérience est d'abord d'avoir renforcer les relations existantes entre la France et la Sarre, mais aussi d'avoir posé des questions sur l'avenir de l'Europe. Il ne fait nul doute que les demandes de convertibilité des monnaies européennes à beaucoup aidé à la construction de l'Europe économique.
Une partie du financement de cette thèse de doctorat a été fournie par le Ministère Français des Affaires Etrangères et le Ministère Slovaque de l'Education (accords bilatéraux). ; This study analyzes the effects of pricing upon the evolution of residential demand of water provided by public networks. The applied part of this study deals with the Slovak Republic, an economy in transition. The Slovak authorities recently decided to change the way of managing the public networks of water, symbolised until now by marginal cost pricing of this firm in a natural monopoly position generating losses, although this former pricing policy (thanks to the implementation of a cross-subsidies policy between groups of users) was meant to protect the residential consumers from the effects of transition. The econometrical analysis of Slovak residential water demand, carried out on two different samples (1994-1998 and 1999-2001), and using specific methods with panel data, reveals a low coefficient of price elasticity for each of them (respectively -0.21 and -0.41) in spite of a consistent rise. The first sample nevertheless reveals also a negative but surprisingly more important coefficient of income elasticity (-0.53), whose origin could lie in the fact that the fast growth in the general standard of living would permit the households to renew a stock of electric household appliances which use less water. The analysis, also carried out in terms of income class reveals through both samples that the price elasticity of demand seems to decrease in direct relation to the level of income, thus meaning that the most modest consumers are the most sensitive to strong variations of prices, which originally aimed to balance the losses faced by the national public network company. These results are in contradiction with those drawn from the theoretical analysis upon the reactions of multifunction goods' demand, but which has been inspired by the observations based on the individual behaviours within a traditional market economy. Changes in water pricing policy is then potentially likely to worsen the social inequalities, without managing the resource in a more sustainable way and without developing the infrastructures in the most neglected rural areas. ; Ce travail a pour but d'analyser les effets de la tarification sur l'évolution des demandes résidentielles en eau fournie par les réseaux publics de distribution et d'assainissement, le cadre d'étude pratique concernant une économie en transition, la République Slovaque. Les autorités slovaques ont choisi de remettre en cause le mode de gestion des réseaux, jusque là caractérisé par une politique de gestion d'un monopole naturel au coût marginal, entraînant des déficits, et dont la tarification, via l'existence de subventions croisées entre groupes d'usagers, cherchait jusque là justement à protéger les consommateurs résidentiels des effets de la transition. L'analyse économétrique de la demande résidentielle slovaque, menée sur deux échantillons différents (1994-1998 et 1999-2001), et utilisant des méthodes spécifiques de traitement des données de panel, fait apparaître un coefficient d'élasticité-prix faible pour chacun d'eux (respectivement -0,21 et -0,41), toutefois en hausse dans le temps. Le premier échantillon fait néanmoins apparaître un surprenant coefficient d'élasticité-revenu, également négatif, et beaucoup plus important (-0,53), dont l'origine pourrait résider dans le fait que l'élévation rapide du niveau de vie général aurait permis aux ménages de renouveler un stock d'appareils utilisateurs d'eau beaucoup plus économes. L'analyse, également menée en termes de classe de revenu, fait apparaître, sur les deux échantillons, que l'élasticité-prix de la demande aurait tendance à diminuer avec le niveau de revenu, indiquant ainsi que ce sont les consommateurs les plus modestes qui seraient les plus réceptifs aux fortes variations de tarifs visant à équilibrer les comptes déficitaires de la compagnie nationale de gestion des réseaux publics. Ces résultats infirment ainsi ceux tirés de l'analyse théorique des réactions de la demande des biens multifonctions, mais qui s'inspiraient des comportements des individus au sein d'une économie traditionnelle de marché. Les changements dans la tarification sont alors susceptibles de renforcer les inégalités sociales, sans pour autant permettre de gérer plus durablement la ressource et de développer les infrastructures dans les zones les plus délaissées.
Le constat, établi depuis longtemps par la science politique, de la variation des abstensions politiques (ou des non-réponses aux questions d'opinion) en fonction du sexe, de l'âge, du niveau d'instruction, de la profession, du lieu de résidence et de la tendance politique conduit à poser la question des conditions sociales de possibilité de la production d'une réponse à une question politique, c'est-à-dire la question de la compétence minimale qui est nécessaire pour que les individus reconnaissent leur opinion dans l'ensemble des opinions déjà formulées qui leur sont offertes sur le marché des opinions. De l'analyse des réponses spontanées à une enquête par correspondance sur le système d'enseignement, d'une enquête sur la politique et d'un ensemble important de questions posées par différents instituts de sondage, il ressort que la probabilité d'avoir une opinion dépend du sentiment d'être statutairement fondé à avoir (ou non) une opinion, sentiment qui est fonction de la capacité (variable notamment selon le niveau scolaire) et de la nécessité socialement reconnue d'avoir (ou non) une opinion, la propension à répondre aux questions politiques par exemple dépendant de la compétence statutaire et du sentiment, socialement autorisé et encouragé, d'être fondé à s'occuper de politique. Deux manières à peu près inconciliables de concevoir la division du travail politique tendent ainsi à s'instaurer : d'une part ceux qui, n'ayant pas les moyens réels d'exercer les droits formels reconnus au citoyen abstrait, admettent que la politique n'est pas leur affaire ; d'autre part ceux qui, ayant le monopole de la compétence, se sentent en droit de prétendre à une «opinion personnelle» ou à une opinion autorisée. Il ne suffît pas cependant de rappeler les conditions sociales de la constitution de la revendication de «l'opinion personnelle» (et de son exercice) et de voir que la délégation totale à des porte-parole constitue la solution sans doute la plus réaliste pour ceux qui sont les plus démunis et qui sont statutairement incompétents. La dénonciation des inégalités de compétence statutaire masque en effet la question plus fondamentale du mode de production de la réponse. On peut distinguer trois modes de production très différents : l'ethos de classe, principe générateur non constitué comme tel sous forme d'une axiomatique éthique ou politique ; l'axiomatique politique systématique, choix élaboré consciemment à partir de principes explicitement politiques (autogestion des opinions politiques) ; la délégation à un parti politique (opinion politique par procuration). Parce que la probabilité d'accéder à ce qu'on peut appeler l'opinion personnelle bien fondée est d'autant plus faible que l'on occupe une position plus défavorisée, les agents, réduits à l'état d'individus isolés sont d'autant plus vulnérables à l'effet d'allodoxia -et donc à l'effet de détournement du sens de la réponse-qu'ils sont plus démunis économiquement et culturellement. Contre la mystique populiste qui prête au prolétariat une conscience adéquate de sa condition et contre le désenchantement pessimiste qui réduit la classe ouvrière à l'aspiration à la condition bourgeoise, il faut rappeler que l'habitus de classe est en ce cas une docte ignorance, l'action de manipulation ne s'exerçant que dans certaines limites. Si, en matière de politique, les relations entre la position dans l'espace social et les opinions politiques sont moins simples et directes qu'ailleurs, c'est que, en ce domaine, le poids de la trajectoire sociale est très important (expérience de l'ascension ou du déclin) ; mais c'est aussi que la contamination de la politique par la morale n'épargne pas les classes populaires qui sont dépossédées des instruments de production des opinions politiques. Ces préalables critiques conduisent à poser en des termes tout à fait nouveaux la question des rapports entre les appareils politiques et la base, c'est-à-dire entre la logique tout à fait spécifique du champ de production idéologique (lieu de production de cette réalité ambiguë que sont les idées-forces) et la logique du champ des classes sociales.
L'Institut d'économie de la Faculté de Droit de Ljubljana a étudié pendant plusieurs années le mécanisme de l'économie yougoslave. La transformation de l'économie yougoslave en économie de marché, aussi bien au niveau micro-économique qu'au niveau macroéconomique, est devenue apparente depuis longtemps. A court terme, l'activité économique yougoslave n'est pas déterminée par les plans, c'est-à-dire par les capacités de production ; son développement est indépendant de tous les facteurs majeurs de la croissance économique. Ces raisons ont rendu nécessaire l'orientation de la recherche vers la demande. Plusieurs catégories de la demande ont été étudiées. On a découvert que la demande des consommateurs constitue un facteur particulièrement important. Si l'on connaît l'évolution de la demande des consommateurs, il est possible de prévoir le développement à court terme de l'activité économique. En utilisant les différentes estimations du comportement des consommateurs, l'Institut a été capable de prévoir successivement l'expansion du taux de croissance de l'activité économique pour la fin de 1967 et son ralentissement pour le mois d'août 1969. Ces conclusions ont attiré l'attention du gouvernement fédéral à Belgrade. Vers la fin de 1970 on s'est adressé à l'Institut pour lui demander de préparer une analyse des tendances à court terme et d'évaluer l'évolution possible de l'activité économique dans le proche avenir. L'étude présente fait état des résultats des recherches entreprises dans ce domaine. Elle analyse les tendances de l'économie yougoslave au cours des années 1969 et 1970 et particulièrement celles de la demande finale et s'efforce ensuite de prévoir l'évolution la plus probable pour la fin de 1970 et la première moitié de 1971. L'Institut a prévu même pour la période pour laquelle les prévisions des économistes et du gouvernement ont été très pessimistes, un renversement dans le sens de la hausse des taux de croissance en août 1970 et une augmentation des taux de croissance pour les douze mois suivants. Les prévisions du point bas de l'alternance se sont avérées exactes (en prenant comme base les données désaisonalisées publiées récemment — en juin 1971 — et non mentionnées dans le texte) de même que les prévisions d'une augmentation des taux de croissance. Les statistiques correspondantes sont présentées dans le Tableau XII et apparaissent dans le graphique, page 00. L'étude comprend quatre parties. La première partie comprend les remarques intro- ductives et définit la principale variable exogène : la propension marginale à consommer dynamique ((C«— Ct-n) |Ct_i2| I (Yt— Y un) |^t_i2| ), C représentant les dépenses de la population pour les biens, et Y les revenus individuels disponibles. Dans la deuxième partie on analyse la situation économique yougoslave au cours des années 1969-1970. La politique économique est critiquée pour le taux élevé de l'inflation causée par la demande au cours de la première partie de l'année 1970. L'inflation paraît être essentiellement due à une trop grande expansion des coûts (salaires). En fin de cette partie se trouvent les prévisions pour le mois d'août 1970. Dans la troisième partie sont examinés quelques problèmes majeurs de l'économie yougoslave. Les investissements et les dépenses gouvernementales n'évoluent pas dans des limites rationnelles à cause de l'absence d'une politique délibérée rendue possible par le mécanisme de décision yougoslave, plutôt que par des difficultés dues à la réglementation en matière d'investissements et de dépenses gouvernementales. Le générateur principal de l'inflation, très difficile à combattre, réside dans le système actuel de formation des salaires. Dans le système yougoslave en vigueur, les salaires sont et devraient être (selon la théorie dominante) presque proportionnels à la rentabilité de la production. Le modèle intersectoriel de formation des salaires, du type Cobb-Douglas, démontre que plus de 60 % de la variation des différences intersectoriellcs des salaires peuvent être expliqués par le revenu net de l'entreprise (net de toutes les taxes et impositions), alors que le coefficient de régression du travail simple (nous utilisons la terminologie marxiste) semble négatif. Plusieurs propositions sont faites pour réduire la présente inflation par les salaires. La dernière partie constitue une annexe méthodologique dans laquelle sont présentés quelques modèles simples de prévision de l'activité économique.
En la última década se ha abierto una nueva etapa política en la mayoría de los países de América del Sur que ha sido caracterizada como posneoliberal. Sin embargo, esta nueva etapa se ha construido sobre las bases creadas por el neoliberalismo. Entre ellas se destacan: la gran concentración del capital, la hegemonía del capital trasnacional y una creciente dependencia de la producción de commodities para la exportación.El presente trabajo tiene por objeto analizar el perfil de inserción de América del Sur en el mercado mundial y su relación con el capital extranjero durante el periodo 2001-2011. Se pondrá especial atención a las viejas y nuevas formas de dependencia que caracterizan a las economías sudamericanas y los desafíos al desarrollo que ellas presentan. ; The last decade has seen the rise of a new political age in the majority of South American countries, which can be characterized as post-neoliberal. However, this new stage has been built on the foundation of neoliberalism. This base is composed of the following: strong capital concentration, the hegemony of trans-national capital and growing dependence on the production of commodities for export. This work aims to analyze the insertion profile of South America in the global market and its relationship to foreign capital from 2001–2011, with a special emphasis on old and new forms of dependence that characterize South American economies and the challenges they face. ; Au cours de la dernière décennie s'est ouverte une nouvelle étape politique dans la majorité des pays d'Amérique du Sud qui a été caractérisée comme post-néolibérale. Cependant, cette nouvelle étape s'est construite sur les bases créées par le néolibéralisme. Parmi ces dernières on voit se détacher la grande concentration de capital, l'hégémonie du capital transnational et une dépendance croissante vis-à-vis de la production de commodities pour l'exportation. Ce travail a pour objet d'analyser le profil d'insertion de l'Amérique du Sud sur le marché mondial et son rapport avec le capital étranger durant la période 2001–2011. Il sera porté une attention particulière aux vieilles et aux nouvelles formes de dépendance qui caractérisent les économies sudaméricaines et les défis qu'elles posent au développement. ; Na última década se abriu uma nova etapa política na maioria dos países da América do Sul que se caracterizou como posneoliberal. Contudo, essa nova etapa se construiu sobre as bases criadas pelo neoliberalismo. Entre elas se destacam: a grande concentração do capital, a hegemonia do capital transnacional e uma crescente dependência da produção de commodities para a exportação. O presente trabalho tem por objetivo analisar o perfil da inserção da América do Sul no mercado mundial e sua relação com o capital estrangeiro durante o período 2001–2011. A atenção se centra especialmente nas velhas e novas formas de dependência que caracterizam as economias sul-americanas e os desafios ao desenvolvimento que essas apresentam. ; 过去十年, 多数南美国家出现了新的政治时代, 可将之概括为后新自由主义。 但是, 这个新阶段是建立新自由主义基础之上的。 这个基础包括以下内容: 强大的资本集中、 跨国资本霸权以及对初级产品的出口依赖。 本文的目标是分析2001~2011 年南美在全球市场中的角色以及与外国资本的关系, 特别强调了体现南美经济特征的旧、 新两种依赖形式以及南美国家面 临的挑战。 ; Fil: Wainer, Andrés Gastón. Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas; Argentina ; Fil: Belloni, Paula. Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas; Argentina
La mondialisation, considérée comme un processus d'intégration internationale des ressources nationales sur les plans économique, culturel et démographique, exacerbe la concurrence entre les pays (OECD, 2005; Sahlberg, 2016). Cette concurrence amène d'ailleurs plusieurs d'entre elles à nouer des alliances stratégiques et à coopérer pour conserver ou améliorer leur positionnement dans ce marché globalisé (OECD, 2005). Pour faire face à cette concurrence mondialisée, un discours réclamant des réformes en profondeur en éducation s'est propagé à l'internationale par les représentants des organisations internationales durant les dernières décennies (Maroy, 2021). Ce discours s'inscrit dans ce que Sahlberg (2016) désigne de mouvement mondial de réforme de l'éducation (Global Education Reform Movement) influencé par ce que d'autres auteurs identifieront comme étant l'idéologie de la nouvelle gestion publique (Chappoz, 2012; Lane, 2000). La qualité des systèmes éducatifs représente pour ainsi dire le socle sur lequel repose l'avenir des pays. La formation continue des citoyens tout au long de la vie permet donc aux pays de s'adapter aux contingences de l'évolution permanente des connaissances et des compétences sur un marché du travail de plus en plus intégré (Brian, 2007). L'appel incessant des gouvernants et des organisations supranationales, comme l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), à réformer les systèmes éducatifs de nombreux pays démocratiques est éloquent à cet égard (Charbonnier & Gouëdard, 2020; Maroy, 2021). La régulation des systèmes éducatifs par les résultats s'inscrit dans cette marche ascensionnelle de la mondialisation et des réformes en éducation. Cette régulation est marquée par une utilisation systématique des données chiffrées à des fins d'amélioration continue de la performance des systèmes éducatifs qui implique une amélioration du fonctionnement des centres de services scolaires (CSS) et des établissements scolaires (ÉS), notamment en matière de pratiques professionnelles, de taux de diplomation et de réduction des inégalités sociales (Maroy, 2013). Spécifiquement, on parle ici d'amélioration continue de l'enseignement et de l'apprentissage dont l'actualisation se réalise en définitive dans les ÉS. Aussi, l'on associe la régulation par les résultats à la promotion de l'autonomie des ÉS. Cette autonomie va de pair avec une augmentation de la responsabilisation des acteurs tels que les gestionnaires des CSS, les directions d'établissement (DÉ) et les enseignants. Cette autonomie va également de pair avec l'obligation de rendre des comptes typiquement aux parents, aux CSS et au ministère de l'Éducation quant aux résultats obtenus par rapport aux objectifs établis, aux indicateurs de performance fixés et aux moyens retenus pour les atteindre (Maroy, 2021). Dans ce contexte, la prise de décision appuyée sur les données en éducation représente dès lors un champ de recherche pertinent pour répondre au besoin d'amélioration continue de l'enseignement et de l'apprentissage à l'échelle des ÉS, des CSS et du système éducatif. Cette recherche doctorale s'inscrit dans cette quête d'amélioration continue de l'enseignement et de l'apprentissage dans le cadre du fonctionnement des équipes-écoles en communautés d'apprentissage professionnelles. La difficulté pour celles-ci d'utiliser les données accessibles ou produites dans les établissements scolaires (ÉS), particulièrement en ce qui concerne leur analyse (Bouchamma et al., 2019), dissimule en réalité des limites quant aux compétences professionnelles des acteurs locaux et à la capacité des outils technologiques existant à valoriser les données de sources et de types multiples (données quantitatives et qualitatives). Une communauté d'apprentissage professionnelle (CAP) d'une école secondaire de la région de la Chaudière-Appalaches s'est engagée à répondre à cette difficulté en implantant et en expérimentant un processus de la prise de décision pédagogique appuyé sur les données locales de sources multiples (PDPADLSM), à savoir sur les données qui sont accessibles ou produites dans les ÉS. Quatre enseignants¹ et un praticien-chercheur ont participé à cette recherche sur une base volontaire. Cette recherche appliquée repose sur un devis de type qualitatif qui se présente sous la forme d'une recherche-action suivant une perspective pragmatique et fonctionnaliste (Van der Maren, 2014). Dans la pratique, cette recherche vise l'amélioration du fonctionnement des ÉS et plus spécifiquement des CAP. Le corpus rassemble des données qualitatives provenant d'un questionnaire, d'entrevues semi-structurées, de comptes-rendus analytiques, d'extraits du journal de bord du praticien-chercheur et de la correspondance électronique entretenue entre les enseignants et le praticien-chercheur. L'analyse en mode écriture (Paillé & Mucchielli, 2016a) et thématique (Paillé & Mucchielli, 2016b) ainsi que la modélisation systémique (Buckley & Waring, 2013; Gendron & Richard, 2015) constituent les dispositifs de traitement des données. En guise d'amorce, le praticien-chercheur a effectué une analyse de sa pratique professionnelle relative à la PDPADLSM qui s'inscrit dans un enjeu ontogénique, soit le perfectionnement du praticien-chercheur à titre d'acteur central de la pratique (Van der Maren, 2014). Cette recherche se base sur les concepts de PDPADLSM et de CAP. Nous convoquons en sus la théorie C-K de la conception (Concept-Knowledge Theory) de Le Masson et al. (2018) et le modèle du changement social en milieu organisationnel de Lewin (1947). Les résultats de cette recherche révèlent que sept éléments participent à l'implantation du processus de la PDPADLSM : a) la mobilisation des acteurs autour d'un objectif commun ; b) l'acquisition d'un langage commun ; c) les compétences en relations interpersonnelles ; d) l'autoformation des participants ; e) la mise en œuvre différenciée ; f) le retour réflexif des acteurs ; g) le rapport paradoxal entretenu par les participants avec les outils technologiques. La démarche de conception innovante d'un outil d'aide à la décision pédagogique nous a permis de mettre au jour cinq catégories de connaissances associées à sa conception : a) le public cible ; b) les contextes dans lesquels il doit fonctionner ; c) la lourdeur de la tâche relative à la collecte et l'analyse des données ; d) les compétences requises pour concevoir et développer l'outil ; e) les ressources humaines nécessaires pour le réaliser. Le concept d'outil d'aide à la décision pédagogique renvoie à un outil qui collecte et analyse des données de sources et de types multiples (données quantitatives et qualitatives), offrant aux utilisateurs la possibilité d'interagir avec celui-ci pour répondre aux questions d'ordre descriptif (décrire une situation), diagnostique (expliquer la situation), prédictif (anticiper la situation) et prescriptif (recommander des actions). Enfin, dans sa dimension expérientielle, la recherche brosse un panorama d'un changement organisationnel planifié relatif à l'implantation du processus de la PDPADLSM et qui révèle que le gain en temps et en précision, en matière de collecte et d'analyse des données locales de sources multiples, améliore le fonctionnement des CAP et, ultimement, renforce la responsabilisation de leurs membres à l'égard de la réussite éducative de tous les élèves. ; Globalization, considered as a process of international integration of national resources on the economic, cultural and demographic levels, exacerbates competition between countries. This competition is leading many countries to form strategic alliances and cooperate to maintain or improve their position in this globalized market (OECD, 2005). In order to face this globalized competition, a discourse calling for in-depth reforms in education has been propagated internationally by representatives of international organizations over the last few decades (Maroy, 2021). This discourse is part of what (Sahlberg, 2016) refers to as the Global Education Reform Movement, influenced by what other authors have identified as the ideology of the New Public Management (Chappoz, 2012; Lane, 2000). The quality of education systems is, so to speak, the foundation on which the future of countries rests. Continuous lifelong learning of citizens thus allows countries to adapt to the contingencies of ever-changing knowledge and skills in an increasingly integrated labor market (Brian, 2007). The incessant call by governments and supranational organizations, such as the Organization for Economic Cooperation and Development (OECD), to reform the education systems of many democratic countries speaks volumes in this regard (Charbonnier & Gouëdard, 2020; Maroy, 2021). The regulation of education systems by results is part of this upward march of globalization and educational reforms. This regulation is marked by a systematic use of numerical data for the purpose of continuous improvement of the performance of education systems, which implies an improvement in the functioning of school service centres (SSCs) and schools, particularly in terms of professional practices, graduation rates and the reduction of social inequalities (Maroy, 2013). Specifically, we are talking about the continuous improvement of teaching and learning, which is ultimately achieved in the schools. Thus, regulation by results is associated with the promotion of autonomy in the schools. This autonomy goes hand in hand with an increase in the accountability of actors such as the CSS managers, the school principals (SP) and the teachers. This autonomy also goes hand in hand with the obligation to be accountable, typically to parents, CSSs and the Ministry of Education, for the results obtained in relation to the objectives set, the performance indicators set and the means used to achieve them (Maroy, 2021). In this context, data-based decision-making in education therefore represents a relevant field of research to address the need for continuous improvement of teaching and learning at the level of the schools, the SSCs and the education system. This doctoral research is part of this quest for continuous improvement of teaching and learning in the context of the operation of school teams in professional learning communities (PLCs). The difficulty for these teams to use the data accessible or produced in the schools, particularly with regard to their analysis (Bouchamma et al., 2019), actually conceals limitations with regard to the professional skills of local actors and the capacity of existing technological tools to make use of data from multi-source and types (quantitative and qualitative data). A PLC in a high school in the Chaudière-Appalaches region has committed to addressing this challenge by implementing and testing a pedagogical decision-making process using local multi-source data (PDMULMSD), i.e., on data that are accessible or produced in the schools. Four teachers and one practitioner-researcher participated in this research on a voluntary basis. This applied research is based on a qualitative design that takes the form of action research following a pragmatic and functionalist perspective (Van der Maren, 2014). In practice, this research aims to improve the functioning of schools and more specifically of PLCs. The corpus gathers qualitative data from a questionnaire, semi structured interviews, analytical accounts, excerpts from the practitioner-researcher's logbook, and electronic correspondence maintained between teachers and the practitioner researcher. Writing (Paillé & Mucchielli, 2016a) and thematic analysis (Paillé & Mucchielli, 2016b) as well as systemic modeling (Buckley & Waring, 2013; Gendron & Richard, 2015) constitute the data processing devices. As a primer, the practitioner-researcher conducted an analysis of his professional practice related to the PDMULMSD that is part of an ontogenic issue, the development of the practitioner-researcher as a central actor in practice (Van der Maren, 2014). This research is based on the concepts of PDMULMSD and PLC. We additionally convene Le Masson et al. (2018) Concept-Knowledge Theory (C-K) and Lewin's (1947) model of social change in organizational settings. The results of this research reveal that seven elements participate in the implementation of the PDMULMSD process: a) the mobilization of actors around a common objective; b) the acquisition of a common language; c) interpersonal skills; d) members' self training; e) differentiated implementation; f) the reflexive feedback of the actors; g) members' paradoxical relationship with technological tools. The innovative design process of a pedagogical decision support tool allowed us to identify five categories of knowledge associated with its design: a) the target audience; b) the contexts in which it must operate; c) the heaviness of the task related to data collection and analysis; d) the skills required to design and develop the tool; e) the human resources needed to implement it. The concept of an educational decision support tool refers to a tool that collects and analyzes data from multi-source and types (quantitative and qualitative data), offering users the possibility of interacting with it to answer questions of a descriptive (describing a situation), diagnostic (explaining the situation), predictive (anticipating the situation) and prescriptive (recommending actions) nature. Finally, in its experiential dimension, the research provides an overview of a planned organizational change related to the implementation of the PDMULMSD process and reveals that the gain in time and accuracy in collecting and analyzing local multi-source data improves the functioning of PLCs and ultimately strengthens the accountability of their members towards the educational success of all students.
Southeast Asia mosaics of agriculture and tropical forest landscapes have been heavily shaped by the progression of industrial plantations, from colonial times to now. In Indonesia and in Malaysia, the history of corporations undertaking these activities is indissociably from the land cover change, when "clearing the forest and expanding the agricultural frontier" was a colonial policy. For example in most instances, forests where replaced by industrial gambier plantations, then rubber plantations, and finally oil palm plantations, but direct conversions of forests into industrial plantations continue to happen until today. Controversies about deforestation and oil palm sustainability emerged in this context. Most of the land use changes have been made by the biggest of these corporations, which became corporate giants and diversified their activities to almost all sectors of the economy, from automobile to banking and telecoms. In Indonesia like in Malaysia, most of the development of industrial palm oil plantations is under the control of a fistful of giant corporations.Most of today's proposed solutions to curb deforestation by oil palm are market tools such as palm oil trade bans or regulations and palm oil certifications, that are supposed to influence the economic decisions of private actors that are developing oil palm. However oil palm corporations are so diversified and embedded into the national economies, with many other stakes at play than deforestation, that many other factors could influence their corporate decision making, and outweigh the market tools that have been used up to day to try to influence their economic decisions. Works dating from Porter et all suggest that financial factors such as the shape of the network of ownership shares may play more on the corporate decisions than the market itself, while other works suggest that the nature of the financial ownership (government-owned versus privately-owned) is the essential driver of the corporate decision. This work is a pioneering attempt to understand the main structural drivers of corporate decision making of major oil palm plantation corporations. Using network analysis methods, it quantifyed and analysed the corporate structures of the main players among the oil palm plantation companies in Malaysia. The eight major Malaysian corporations were studied, consisting of 4,331 companies' shareholding data, covering ten levels of shareholding. The corporations are Sime Darby, Boustead, IJM Plantations, Kulim, IOI Corp, KLK, Genting Plantations, and Jaya Tiasa. Network metrics described the financial topologies of the corporations, and did confront their ownership nature such as government-linked companies (GLCs) and family-owned businesses (FOBs) with measurable patterns controlling decision making processes such as structural control and decisions load. Contrary to the expectation, we found that the measurable decision making was not influenced by the ownership nature (whether the corporations is government linked or is privately owned), but was extremely influenced by the financial structure of the corporations, that is their topology such as the number of the companies within the corporation, its more or less hierarchical structure, and the overall size of the financial "pyramid" of the corporation. We also found that the measurable decisions load and structural control seem to predict an intrinsic structural flexibility of the corporations.The implications of these findings could help to rethink the political governance of deforestation and also opens a brand-new field of research for the description and analysis of the deep financial structures that govern the behaviour of corporations. First, this tells us that maybe, understanding and addressing the financial forces that shape the actions of plantations corporations would be more efficient for oil palm and forest sustainability, than antagonising countries and regions through trade bans. Second, we have now a method that allows us to assess and to rank the companies according to their deep characteristics: we can identify the most resilient corporations and prioritize them in order to develop long term sustainable practices. ; Les mosaïques des paysages agricoles et forestiers tropicaux d'Asie du Sud-Est ont été fortement façonnées par l'essor des plantations industrielles, de l'époque coloniale à nos jours. En Indonésie et en Malaisie, l'histoire des grandes entreprises de plantation est indissociablement liée au changement de l'utilisation des sols, puisque «défricher la forêt et étendre la frontière agricole» était une politique coloniale. A l'origine et dans la plupart des cas, les forêts ont d'abord été remplacées par des plantations industrielles de gambier, puis se sont succédées des plantations d'hévéas et enfin des plantations de palmiers à huile, mais des conversions directes de forêts en plantations industrielles se poursuivent jusqu'à nos jours. Les controverses sur la déforestation et la durabilité du palmier à huile ont émergé dans ce contexte. La plupart des changements d'affectation des sols ont été effectués par les plus grandes de ces entreprises, qui sont très tôt devenues des conglomérats géants et ont diversifié leurs activités dans presque tous les secteurs de l'économie, de l'automobile à la finance et aux télécommunications, etc. En Indonésie comme en Malaisie, l'essentiel du développement des plantations industrielles d'huile de palme est sous le contrôle d'une poignée de ces conglomérats géants.La plupart des solutions proposées aujourd'hui pour freiner la déforestation par le palmier à huile sont des outils de marché tels que les interdictions et restrictions d'importation, ainsi que les certifications de l'huile de palme, qui sont censés influencer les décisions économiques des acteurs privés qui développent le palmier à huile. Cependant, les corporations de production d'huile de palme sont si diversifiées et si ancrées dans les économies nationales, avec de nombreux autres enjeux que la déforestation, que de nombreux autres facteurs pourraient influencer leurs décisions d'entreprise et l'emporter sur les outils du marché qui ont été utilisés jusqu'à présent pour tenter d'influencer leurs décisions économiques. Des travaux datant de Porter et al. suggèrent que des facteurs financiers tels que la forme du réseau des particippations financières peuvent jouer davantage sur les décisions de l'entreprise que le marché lui-même, tandis que d'autres travaux suggèrent que la nature de la propriété ultime des conglomérats (État / privé) - est le moteur essentiel de la décision d'entreprise.Ce travail est une tentative pionnière de comprendre les principaux moteurs structurels de la prise de décision des grandes sociétés de plantations de palmiers à huile. À l'aide de méthodes d'analyse de réseau, il a quantifié et analysé les structures d'entreprise des principaux acteurs parmi les conglomérats de plantations de palmiers à huile en Malaisie. Les huit principaux conglomérats malaisiens ont été étudiés, comprenant 4 331 sociétés listées, couvrant dix niveaux d'actionnariat. Les sociétés sont Sime Darby, Boustead, IJM Plantations, Kulim, IOI Corp, KLK, Genting Plantations et Jaya Tiasa. Les mesures du réseau décrivent les topologies financières des sociétés et confrontent leur nature de propriété, telles que les conglomérats liés au gouvernement (GLC) et les conglomérats familiaux (FOB), avec des formes mesurables du processus de prise de décision tels que le contrôle structurel et le poids structurel de la prise de decision.Contrairement à ce qui était attendu, nous avons constaté que la prise de décision mesurable n'était pas influencée par la nature de la propriété (que les conglomérats soient liés au gouvernement ou soient privés), mais était extrêmement influencée par la structure financière des conglomérats, c'est-à-dire des éléments topologiques, tels que le nombre d'entreprises au sein du conglomérat, sa structure plus ou moins hiérarchique et la taille globale de la «pyramide» financière du conglomérat. Nous avons également constaté que le poids structurel de la prise de décision et le contrôle structurel semblent prédire une flexibilité structurelle intrinsèque des sociétés.Les implications de ces résultats pourraient aider à repenser la gouvernance politique de la déforestation et ouvriront également un tout nouveau domaine de recherche pour la description et l'analyse des structures financières profondes qui régissent le comportement des entreprises. Premièrement, cela nous dit que, peut-être, comprendre et gérer les forces financières qui façonnent les actions des sociétés de plantations serait plus efficace pour la durabilité du palmier à huile et des forêts, que de se livrer à des bras de fer commerciaux avec les pays et les régions par le biais d'interdictions commerciales. Deuxièmement, nous avons maintenant une méthode qui nous permet d'évaluer et de classer les entreprises en fonction de leurs caractéristiques profondes: nous pouvons identifier les entreprises les plus résilientes et les hiérarchiser afin de développer des pratiques durables à long terme.
Through their purchase choices and political representatives, consumers are putting an increasing pressure on fruit growers to reduce the negative environmental and sanitary impacts of their agricultural practices. Agroecological practices enhancing natural processes can help reducing synthetic inputs use. However, proceeding to an agroecological transition is a complex management challenge for farmers who often combine diverse activities. Moreover, policy support for agroecological transitions remains to be improved. In this context, our study focused on agroecological transition processes in diversified citrus farms in La Réunion Island in order to understand the diversity of their dynamics and improve their support through public incentives.The first step of the study aimed at describing and explaining the diversity of agroecological transitions on 31 diversified farms. A farm typology sorting this diversity was built in order to be communicated to policy makers. The second step used this diagnosis to design an ex-ante evaluation tool of public policies linked to fluctuating market at the productive system scale. The tool, named ENTICIP (Territorial Evaluation of Interactions between Consumption, Public grants and agricultural Production), is a bioeconomic optimization model combining farm and productive system scales. ENTICIP can run exploratory scenarios of policies supporting agroecological transition under various market conditions. It estimates farmers' choices and economic, environmental and social consequences at the productive system scale. Agroecological practices adoption depended on numerous internal and external factors at farm scale, the most significant being the marketing channel, the farmer eco-friendliness and the economic role of the production for the farm. Beneficial interactions for agroecology occurred within diversified farms, such as synergetic exchanges of biomass and knowledge, or alternative input and equipment sharing. Some cases of radical trajectories leading rapidly to a strong ecologization level were identified, but most of the trajectories were really progressive, eventually with back steps. The ecologization speeds differed depending on productions in diversified farms. This process helped minimizing risks induced while adopting agroecological practices.Based on this knowledge ENTICIP was used on the cases of pineapple (Ananas comosus (L.) Merr) and tangor (Citrus reticulata Blanco x Citrus sinensis (L.) Osb.) productive systems in La Réunion. Conditions for a massive development of organic farming were explored in scenarios with increased organic farming subsidies and favorable organic market context. Subsidies rates to trigger organic conversion are variable regarding the kind of production and the farm type, according to their bioclimatic conditions and their marketing channels. Moving to organic production required the highest amounts of subsidies when high prices for conventional products were available, such as in export markets. Local policy makers were presented these scenarios and involved in a participatory process to use the model and evaluate the results of scenarios.The research process enabled to gather knowledge on productive systems functioning, and to suggest orientations to improve agricultural policies with an environmental perspective. Prospects could be to strengthen the partnership between policy makers and scientists in La Réunion, to provide local stakeholders with tools to manage the agroecological transition in their territory. Research efforts could target the development of a multi-scale and interdisciplinary program on the issue of farmers' changes. ; Les consommateurs demandent aux producteurs de fruits, via leurs achats ou leurs représentants politiques, de réduire les impacts négatifs des pratiques agricoles sur l'environnement et la santé. Les pratiques agroécologiques, mobilisant des processus ou produits naturels, permettent de réduire l'utilisation problématique des produits de synthèse. Mais les agriculteurs font face à des décisions complexes pour organiser la transition agroécologique dans leurs exploitations, souvent diversifiées, et l'accompagnement politique de ces transitions est encore hésitant. Face à ces défis, notre étude s'est intéressée aux processus de transition agroécologique dans les exploitations agrumicoles de La Réunion pour comprendre la diversité de leurs dynamiques et mieux les accompagner via des politiques d'aides. La diversité des transitions agroécologiques au sein de 31 exploitations diversifiées a été analysée dans une première étape. Une typologie d'exploitations a été formalisée, sur laquelle s'est appuyée la deuxième phase de la démarche basée sur la conception d'un outil opérationnel d'évaluation ex-ante des politiques publiques. L'outil ENTICIP (EvaluatioN Territoriale des Interactions entre Consommation, Interventions publiques et Production agricole) est un modèle bioéconomique d'optimisation couplant les échelles exploitation et bassin de production. ENTICIP permet de simuler les choix des agriculteurs et leurs conséquences économiques, environnementales et sociales pour des scénarios exploratoires de politiques d'aides sous divers contextes de marché.De nombreux facteurs internes et externes à l'exploitation interviennent dans l'adoption de pratiques agroécologiques, les principaux étant le circuit de vente, la sensibilité environnementale de l'agriculteur et le rôle économique de la production dans l'exploitation. Au sein des exploitations diversifiées, des interactions entre productions favorisant les pratiques agroécologiques apparaissent : échanges de biomasse et de connaissances, ou mutualisations d'intrants alternatifs. L'étude a mis en évidence quelques trajectoires « en rupture » conduisant rapidement à une forte écologisation, mais la majorité des trajectoires est beaucoup plus progressive, avec parfois des retours en arrière. Les vitesses d'écologisation des productions peuvent être hétérogènes au sein de l'exploitation, permettant notamment de minimiser les risques liés à l'adoption de pratiques agroécologiques. ENTICIP a été appliqué au cas de l'ananas et du tangor à La Réunion (Ananas comosus (L.) Merr. et Citrus reticulata Blanco x Citrus sinensis (L.) Osb.). Des scénarios d'augmentation des aides pour l'Agriculture Biologique (AB) dans un contexte de marché favorable ont permis d'identifier les conditions d'un développement massif de l'AB. Les montants d'aides déclenchant la conversion à l'AB sont variables selon la production et le type d'exploitation, en fonction de leurs conditions bioclimatiques et de leurs circuits de vente. Plus les produits conventionnels sont bien valorisés, comme sur le marché export, plus le montant d'aides nécessaire pour passer à l'AB est élevé. Ces scénarios ont été présentés à des décideurs politiques réunionnais, avec qui le modèle a été utilisé de manière participative. La démarche permet de rassembler des connaissances sur le fonctionnement des systèmes productifs et de proposer des pistes d'améliorations pour les politiques agricoles à visée environnementale. Ce travail devrait contribuer à renforcer le partenariat chercheurs-décideur politiques initié à La Réunion, afin de doter les acteurs locaux d'outils pour d'organiser la transition agroécologique de leur territoire. Dans cette perspective, les efforts de recherche pourraient s'orienter vers le développement d'un dispositif multi-échelles et interdisciplinaire autour de l'analyse et de l'accompagnement des changements des agriculteurs.
Resumen. Este documento se elaboró durante la fase preparatoria del proyecto de investigación de UNRISD sobre Economía política y social del cuidado. El objetivo general del proyecto es examinar la manera en que el cuidado se presta y distribuye entre la unidad familiar o el hogar, el Estado, el mercado y la "comunidad", y la forma en que se articula con la economía de bienes en distintos países. Los estudios de caso de país que se han solicitado para el proyecto combinarán métodos de investigación cuantitativos y cualitativos para (i) analizar la política en esta área, (ii) describir la conformación institucional de los diversos "regímenes de cuidado", (iii) realizar un análisis cuantitativo al nivel micro sobre la forma en que las mujeres, los hombres, las niñas y los niños del hogar "cuidan" de otros miembros de la familia y (iv) explorar las implicaciones de los resultados del análisis para la pobreza y la exclusión social. La conducción reciente de encuestas nacionales sobre uso del tiempo fue uno de los criterios utilizados para seleccionar los países que se incluirían en el proyecto de investigación de vii UNRISD. Estas encuestas, también llamadas encuestas de presupuestos de tiempo, tienen por objetivo brindar información sobre las actividades de las personas durante un determinado período (por lo general un día o una semana) y la cantidad de tiempo que invierten en cada una de las actividades especificadas. Este criterio de selección se incluyó porque las encuestas de uso de tiempo constituyen una de las pocas fuentes de datos sólidos sobre el cuidado no remunerado, vale decir, el trabajo, o la "producción", que a menudo recae en la mujer y que incluye las labores domésticas, el cuidado de los niños, personas mayores, enfermos y discapacitados en el hogar, además del trabajo comunitario voluntario. El propósito principal de este documento consiste, por lo tanto, en examinar desde una perspectiva crítica determinadas encuestas de uso de tiempo que se realizaron en países de distintas regiones del mundo, con el fin de evaluar su calidad. Además, el documento se propone servir de insumo al diseño de la investigación cualitativa que ha de realizarse en el marco del proyecto. ; This paper was prepared as part of the preparatory phase for the UNRISD research project on Political and Social Economy of Care. The overall aim of the project is to examine the way in which care is provided and allocated between the family/household, state, market and "community", and its articulation with the commodity economy in different countries. The country case studies being commissioned for the project will combine quantitative and qualitative research methods to analyse policy in this area; describe the institutional shape of the various "care regimes"; provide micro-level quantitative analysis of how women, men, girls and boys within households "take care" of other household members; and explore the implications of the findings for poverty and social exclusion. The recent undertaking of a national time use survey was one of the criteria for the selection of countries for the UNRISD research project. Such surveys, also called time budget surveys, aim to provide information on people's activities over a given time period (generally a day or a week) and the amount of time they spend on each of the specified activities. This selection criterion was included because time use surveys are one of the few sources that can provide sound data on unpaid care work—the work, or "production", that usually falls mainly on women's shoulders and that includes housework; care at the household level for children, the elderly, sick people and those with disabilities; and voluntary community-oriented work. The main purpose of this paper is, therefore, to critically review selected time use surveys conducted in countries from different regions of the world, in order to assess their quality. An additional purpose is to inform the design of the qualitative research to be undertaken by the project. ; Ce document s'inscrit dans la phase préparatoire du projet de recherche de l'UNRISD sur L'économie politique et sociale des soins. Le but général de ce projet est d'examiner dans divers pays la manière dont les soins sont dispensés et se répartissent entre la famille/le ménage, l'Etat, le marché et la "communauté", et leur articulation avec l'économie marchande. Les études de cas nationales qui sont commandées pour le projet conjugueront des méthodes de recherche quantitatives et qualitatives pour analyser les politiques dans ce domaine; décrire les formes institutionnelles qui accompagnent les divers "régimes de soins"; fournir une analyse quantitative au micro-niveau de la façon dont les femmes et les hommes, les filles et les garçons "prennent soin" des autres membres de la famille; et dégager ce qu'impliquent les résultats pour la pauvreté et l'exclusion sociale. L'existence d'une enquête nationale récente sur l'emploi du temps a été l'un des critères de sélection des pays pour le projet de recherche de l'UNRISD. Ces enquêtes, aussi appelées enquêtes (sur le) budget-temps, visent à renseigner sur les activités des gens sur une période donnée (généralement un jour ou une semaine) et le temps qu'ils consacrent à chacune des activités spécifiées. Ce critère de sélection a été inclus parce que les enquêtes sur l'emploi du temps sont l'une des rares sources susceptibles de livrer des données saines sur les soins—le travail ou la "production"—non rémunérés, qui, le plus souvent, incombent principalement aux femmes et comprennent les travaux domestiques, les soins dispensés dans le ménage aux enfants, aux personnes âgées, aux malades et aux handicapés, et le travail bénévole pour la communauté. Ce document a donc essentiellement pour propos d'analyser d'un oeil critique une sélection d'enquêtes sur l'emploi du temps menées dans des pays de différentes régions du monde, afin d'en évaluer la qualité. Il a également pour but d'éclairer sur la forme que doit prendre la recherche qualitative du projet.
Nous présentons ici les résultats d"une enquête qualitative auprès de la population espagnole résidant en France réalisée au cours des mois de juillet, août et septembre 2004. L"élaboration de cette enquête est le résultat des nombreuses questions soulevées par l"étude statistique sur la population espagnole en France menée par le laboratoire Migrinter à partir des données du recensement de 19991. Les questions posées portaient sur la différenciation des processus d"intégration des différents groupes constituant la population espagnole en France et sur les processus de relation au pays d"origine qui n"ont pas pu être abordés à travers les données censitaires. Quatre catégories de population ont été enquêtées. Des réfugiés politiques de 1939, des immigrés économiques des décennies 50 à 70, des membres de la deuxième génération de ces deux vagues et des personnes arrivées dans le cadre des migrations intra-Union Européenne depuis 1995. Bien que confirmant les grandes différences liées à l"évolution de leur contexte d"arrivée, bien connue de la littérature sur le sujet, l"enquête a permis de mettre en avant des processus communs à l"ensemble de ces groupes à travers des éléments qui semblent contribuer à la définition d"une véritable communauté des Espagnols de France. L"analyse des parcours migratoires présentée dans la première partie met l"accent sur le caractère brutal et traumatisant de l"exil après la guerre civile espagnole, que l"on ne peut dissocier du contexte dramatique de la seconde Guerre Mondiale qui succède immédiatement à l"arrivée des réfugiés, et conditionne fortement leur insertion en France. La migration de travail qui se développe ensuite dans les années cinquante, paraît assez nettement dissociée de cette première vague, même si certains itinéraires migratoires mêlent les deux vagues au sein d"une même famille. Quoiqu"il en soit, pour ces deux groupes de personnes aujourd"hui âgées, ou décédées et demeurant dans la mémoire familiale des " Deuxième génération ", la migration est un déracinement brutal et en grande partie subi, et l"installation en France, qui n"est parfois conçue comme définitive 1 Résultats transmis dans le tome 1 de l"étude sur la population espagnole en France, transmis à la Direction Générale de l"Organisation des Migrations en juin 2004. 4 qu"au moment de la retraite, est vécue comme un sacrifice pour permettre aux enfants de connaître un meilleur avenir. La vague migratoire récente, rappelons-le essentiellement constituée de jeunes actifs qualifiés migrant individuellement dans le cadre des relations accrues au sein de l"UE, présente un parcours migratoire beaucoup plus volontaire et dans un contexte beaucoup plus facile. Elle n"en est pas moins vécue dans une perspective de retour et d"incertitude quant à l"avenir. Un des facteurs qui dans l"enquête semble décisif est l"âge de ces migrants, qui les amène fréquemment à fonder une famille ou une vie de couple au cours de leur séjour, ce qui est la raison principale de la pérennisation de séjours au début conçus comme provisoires. Quant aux parcours résidentiels et professionnels présentés dans la seconde partie, l"enquête a confirmé ce que laissaient pressentir les chiffres du recensement, c"est à dire un rapprochement progressif des immigrés espagnols du reste de la population française. Si dans un premier temps, le contexte les assimile aux conditions de vie des Français des catégories les plus populaires, au cours de leur installation, ils accompagnent l"amélioration des conditions de vie de l"ensemble de la population française. Il convient de nuancer ce constat par le maintien dans les professions les plus précaires des immigrés les plus âgés, qui confère un caractère très modeste à leur niveau de vie et particulièrement à leur logement. Quant à l"ascension sociale des " Deuxième génération ", elle s"apparente à celle des couches populaires de la population française : une partie seulement a connu une réelle transformation de sa position dans la hiérarchie sociale, tandis que beaucoup sont restés dans les catégories socioprofessionnelles d"employés et ouvriers peu qualifiés (cf. tableau 2). Concernant les personnes de la dernière vague migratoire, le caractère récent de leur arrivée induit une certaine instabilité. Bien que souvent qualifiés, les emplois qu"ils occupent sont souvent des contrats de courte durée, et leurs conditions d"installation future sont déterminées par l"accès à des postes stables. Leurs logements et leurs conditions de vie sont plutôt bonnes, mais leur instabilité les maintient encore la plupart du temps dans le marché locatif. 5 Quant aux modes de sociabilité de cette population, qui ont fait l"objet d"une large part des observations, on note d"une part l"existence notamment dans les grandes villes de lieux de ressourcement identitaire et de rencontre à l"intérieur de la communauté, mais aussi une forte ouverture sur le milieu français à travers les relations de travail, de voisinage et de la vie politique pour les réfugiés. Cette importance des relations avec les personnes de la société d"accueil est d"ailleurs mentionnée comme une fierté de leur parcours d"intégration. Ceci nous amène au paradoxe identitaire que nous avons relevé parmi nos enquêtes et qui est en quelque sorte le ciment de cette communauté. Cette population, quelle que soit sa composante s"identifie en effet clairement à un espace de vie binational, entre " ici et là bas ", subi par les migrants eux-mêmes mais revendiqué par une grande partie des " Deuxième Génération ", quand ils atteignent l"âge adulte, et quand c"est le moment pour eux de transmettre des référents identitaires à leurs enfants, à travers ce que nous avons dénommé une " réinvention de leur hispanité ". Nous ne pouvons généraliser ce constat à partir du nombre nécessairement réduit d"entretiens, mais les témoignages recueillis sont assez démonstratifs pour attester de l"existence de cette forte tendance. En outre, quelques témoignages des personnes arrivées récemment laissent envisager un processus d"identité similaire, où la mémoire de la présence espagnole en France est réappropriée pour se situer soi-même au sein de la société d"accueil.
En 2008, la Banque mondiale a consacré son "rapport annuel sur le développement" à l'agriculture. Cela n'avait plus été le cas depuis 25 ans. Elle y montre que la croissance agricole est plus efficace que celle d'autres secteurs pour réduire la pauvreté. La productivité du travail agricole des actifs agricoles y est paradoxalement à peine citée : ses facteurs explicatifs de court terme comme ses variables structurantes sur le long terme ne sont pas analysés. Cette thèse entend contribuer à une meilleure compréhension des relations dynamiques qu'entretiennent la démographie et le développement non agricole avec le développement agricole (élévation de la productivité du travail agricole). Sous quelles conditions démo-économiques la transformation structurelle d'une économie (baisse du poids relatif du secteur agricole dans l'économie (actifs et valeur ajoutée)) peut-elle s'accompagner d'un développement agricole ? Alors qu'un secteur industriel ou tertiaire qui se développe est généralement attracteur d'actifs, une loi inverse existe-t-elle pour le secteur agricole ? Celui-ci doit-il nécessairement se vider de ses actifs pour se développer ? Y a-t-il jamais eu, et peut-il y avoir développement agricole dans un contexte de croissance continue du nombre des actifs agricoles ? Notre (hypothèse principale est que la combinaison dynamique des facteurs "terre" et "actif agricole", dont la résultante est la "surface travaillée par actif agricole", est la véritable clé du développement agricole, davantage que la productivité de la terre. Nous analysons les déterminants des niveaux et taux de croissance de la productivité du travail agricole au cours de la période 1980 -2007, à différentes échelles géographiques. Une attention particulière est mise sur la variable "nombre d'actifs agricoles", à l'aide de différents jeux de données (internationales, nationales, données d'enquêtes de terrain), à différentes échelles (monde, Mexique, 31 états fédérés et 2400 Municipes mexicains) et avec diverses méthodes (décomposition factorielle, cartes, classifications ascendantes hiérarchiques, inférence statistique, enquêtes de terrain auprès de ménages agricoles, non agricoles, d'institutions). Au niveau mondial, nous mettons en évidence une "course de vitesse" entre actifs agricoles et terre dans certaines régions du monde et proposons le concept de "transition agricole démographique" ainsi que sa typologie associée. Le Mexique est ensuite choisi pour ses agricultures présentant des niveaux de développement très contrastés, en synchronie comme en diachronie. Nous cherchons à expliquer les différences de trajectoires de développement agricole observées au Mexique. Nous analysons l'influence de variables caractérisant l'économie non agricole, la substitution du capital machine au travail, la libéralisation foncière, la géographie (physique et humaine). Dans les comparaisons internationales comme au Mexique, nous montrons que le taux de croissance de la surface par actif agricole a une influence marginale plus forte sur le taux de croissance de la productivité du travail agricole, que le taux de croissance de la productivité de la terre. Enfin, nous analysons les stratégies économiques de ménages et actifs agricoles, du Municipe de Teopisca dans la région de Los Altos de Chiapas, "piégés" dans un contexte de "transition agricole démographique bloquée" (décroissance tendancielle de la surface travaillée par actif) : diversification des sources de revenus (vers le non agricole) et tentatives d'élévation de la productivité de la terre sont les deux principales stratégies déployées sous contraintes de défaillances des marchés (travail, crédit) et d'accès à l'eau d'irrigation.
Productivity determinants are a central research topic. Among these determinants, the impact of territorial resources (especially at sub-national scales) has been under-researched and relatively neglected by mainstream scientific research. Moreover, many productivity studies deal with it at an aggregate level, which may lead to ecological errors in the conclusions related to public policies and regional development. This doctoral research aims to answer three questions to tackle these gaps and issues. To start with, what are the territorial resources that significantly influence firms' productivity? Methodologically, can we avoid the bias of the ecological error influencing interpretations and conclusions outlined by studies conducted at aggregated levels? And about policy mix, what specific lessons can we learn from improved understanding of the relationship between territorial resources and firm productivity? The thesis was developed in three research areas to address the research questions. Firstly, two systematic literature reviews were conducted to identify the leading productivity indicators, the most appropriate statistical methods and the relevant territorial resources. Then, the spatial structures of several productivity indicators were identified using spatial autocorrelation indexes. Spatial analysis and cartography are suitable tools to identify geographies of firm productivity, but they are currently underused. Finally, based on the spatial structures and the literature, we developed an explanatory model of Walloon firms' Total Factor Productivity (TFP) by territorial resources. The results underline agglomeration economies' central role: an imbalance does exist between economies and diseconomies in the major Walloon urban areas. The economies (linked to urban size) are too small by comparison with the structural difficulties related to the industrial decline of these urban areas. In addition, labour markets of nearby metropolises like Brussels or Luxembourg seem to put pressure on Walloon local labour markets (higher wages) and Walloon firms TFP (lower than expected by literature review). Finally, analyses seem to converge in confirming that dense and multifunctional locations are associated with a higher firms' TFP, invalidating the link between firm competitiveness and cheap land. ; Les déterminants de la productivité des entreprises restent un objet central de la recherche. Parmi ces déterminants, l'impact des ressources territoriales, agissant bien souvent à des échelles infranationales, a été relativement négligé par la recherche scientifique dite mainstream. En outre, de nombreuses études portant sur la productivité traitent de celle-ci à des niveaux agrégés ce qui induit un risque d'erreur écologique dans l'interprétation des résultats. Face à ces constats, trois questions de recherche ont été développées dans le cadre de la recherche doctorale. Sur le fond, quelles sont les ressources territoriales qui influencent significativement la productivité des entreprises ? Sur le plan méthodologique, peut-on éviter l'écueil de l'erreur écologique qui peut entacher les interprétations et les conclusions tirées d'études menées au niveau d'entités agrégées ? A propos des politiques publiques, quels enseignements peut-on retirer d'une meilleure compréhension de l'influence des ressources territoriales sur la productivité des firmes ? Pour répondre à ces différentes questions, la recherche doctorale a été développée autour de trois axes. Tout d'abord, deux revues systématiques de la littérature ont été mises en œuvre pour identifier quels sont les indicateurs de productivité et les méthodes statistiques les plus pertinentes pour répondre à notre question de recherche et pour examiner quelles sont les ressources territoriales qui sont traitées par la littérature. Ensuite, ayant effectué le constat d'une sous-utilisation des outils d'analyse spatiale et de la cartographie, nous avons cherché à identifier les structures spatiales de plusieurs indicateurs de la productivité des entreprises et des facteurs de production, à l'aide de mesures de l'autocorrélation spatiale. Enfin, sur la base des structures spatiales et de la littérature, nous avons développé un modèle explicatif de la productivité globale des facteurs des entreprises par leur accès aux ressources territoriales. Les résultats ont souligné le rôle central des économies d'agglomération et, plus spécifiquement, d'un déséquilibre entre des économies trop faibles au regard de la taille urbaine des grandes régions urbaines wallonnes, et des déséconomies liées au déclin industriel qui ont affecté des pôles urbains. En outre, la qualité des marchés locaux du travail et la concurrence exercée par des métropoles proches semblent influencer la productivité globale des facteurs des entreprises wallonnes. Enfin, les analyses semblent converger pour confirmer que les milieux denses multifonctionnels sont associés à une meilleure productivité globale des facteurs des entreprises, infirmant l'idée du foncier bon marché comme d'un facteur de compétitivité pour les entreprises.
Dans la continuité d'une réflexion sur résilience et sécurité alimentaire menée conjointement depuis 2014 (Vonthron et al., 2016 ; Fallot et al., 2019), nous proposons de présenter et discuter les résultats d'un travail de caractérisation des trajectoires de 30 ménages agricoles, et d'analyse des circonstances dans lesquelles leur diversité alimentaire a évolué, dans la province du Tuy au Burkina Faso. Au Burkina Faso comme au Mali, on a pu observer que le développement agricole – caractérisé par l'augmentation des rendements et des revenus – ne donnait pas toujours lieu à une diminution de la malnutrition (Dury & Bocoum, 2012). L'évolution défavorable de la diversité alimentaire des ménages agricoles est en cause. Cette diversité est mesurée par les nutritionnistes en termes de groupes d'aliments consommés par les membres des ménages (Lourme-Ruiz et al., 2016). Le "paradoxe de Sikasso" qui caractérise les situations où la production agricole augmente alors que les populations sont malnutries, amène la recherche pour le développement à étudier les différents facteurs de la diversité alimentaire et à préciser les modalités et la portée de chacune des actions couramment préconisées en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle (projet RELAX, relax.cirad.fr): diversification de la production agricole (Ouédraogo & Sorgho Millogo, 2007 ; Vall et al., 2006); approvisionnement dans la Nature non cultivée (Koffi et al., 2017) ; développement de l'accès aux marchés ; gestion de la soudure et stockage dans les greniers individuels et collectifs (Le Cotty et al., 2019); évolution des recettes et des pratiques alimentaires; rapprochement des politiques agricoles et nutritionnelles (Alpha & Fouilleux, 2018). Des diagnostics, explications et pistes d'amélioration pour la diversité alimentaire sont ainsi fournies par les analyses de différentes disciplines. Caractériser le développement à partir de ces travaux suppose alors d'intégrer les éléments de compréhension des processus en jeu (organisation de la famille dans son exploitation agricole, renouvellement des ressources naturelles, ajustements sur les marchés…), et de tenir compte des circonstances dans lesquelles ils opèrent, ou pas. Pour ce faire et dans une démarche d'évaluation de la résilience des socio-écosystèmes (SES, par exemple un ménage et son exploitation), l'Alliance pour la résilience (Resilience Alliance, 2010) a développé des outils d'analyse des trajectoires d'un SES en fonction des liens entre événements concernant ce SES à différentes échelles (l'exploitation, le village, la région) et entre phénomènes de différentes natures. Le " profil historique " invite à penser les humains dans leur écosystème à propos d'une problématique (ici de sécurité alimentaire), à situer des événements plus ou moins soudains (évènement climatique, réforme foncière, épizootie…) sur des dynamiques plus longues (choix d'usage des sols, répartition des tâches dans le ménage…) et à identifier alors les trajectoires qui résultent de l'interaction de plusieurs processus qui ont des temporalités différentes. Dans le cadre du projet RELAX (2017-2019) et du stage de master de Anta Sanon (2018), les profils historiques de 30 ménages dans 2 villages (Makognadougou et Gombélédougou) ont été élaborés à partir de séries d'entretiens dans ces ménages et d'une revue approfondie de la littérature et des données disponibles sur leur environnement, activités et modes de vie. Les évènements qui ont marqué la trajectoire de chaque ménage depuis sa constitution (année du mariage du chef de famille et de sa 1ère épouse) ont été recensés, ainsi que les changements à l'échelle de la région des Hauts-Bassins et du village. Cette caractérisation est d'abord qualitative, questionnant les dynamiques en interactions susceptibles d'avoir fait évoluer la façon dont le ménage assure son alimentation. L'analyse a permis d'expliciter les circonstances dans lesquelles la diversité alimentaire d'un ménage a été maintenue, dégradée ou améliorée. La systématisation sur 30 ménages de différentes ethnies, âges et dotations en ressources, montre que les facteurs d'évolution de la diversité alimentaire ont changé dans le temps. On observe un rôle croissant des activités extra-agricoles et du recours au marché dans l'amélioration et le maintien de la diversité alimentaire lors de la dégradation des conditions environnementales et climatiques. Et ce sont les changements dans la composition de la famille et les pertes d'animaux qui contribuent le plus souvent à une réduction de la diversité alimentaire. Ces résultats seront discutés pour d'une part contribuer au débat sur les conditions d'un développement agricole favorable à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et d'autre part comparer différentes approches et méthodes pour caractériser une trajectoire de développement, notamment avec l'économie du développement (Barrett & Constas, 2014 ), les diagnostics agraires (Baccar et al., 2017 ; Bainville, 2017), la modélisation spatiale (Jahel et al., 2017) et bien sûr la résilience des socio-écosystèmes (Enfors, 2013 ; Lade et al., 2017).
This PhD dissertation analyzes the economic development from the concept of human factor which appears in the Institutional Economics trough the informal institutions. These institutions are responsible for the specific character of each national institutional structure which forms the incentive system of an economy. An institutional framework as a composite of formal rules and informal institutions is an evolutionary set. The wider objective of this thesis is to understand the evolution and change of institutional structures by studying in particular the international impact on this process. The specific objective of this research work is to apply the developed approach to the Russian case in order to better understand the actual Russian institutional structure, its effectiveness for the economic development of the country and the impact of the economic openness on the institutional change, in particular on the Russian human factor. This impact is a highly topical question for Russia because of its greater economic openness due to its accession to the World Trade Organization completed in 2012. Within the theoretical framework formed by Institutional Economics, Development Economics and International Economics, this research leads us to present the globalization as an institutional process which generalized formal institutions of the market economy and the democracy on the global scale but which ignored the role of the local human factor. It explains the differences of the economic performance in the countries who adopted the same formal framework. In contrast, taking into account the role of the human factor in the economic development allows to develop more optimistic views of globalization. By facilitating the direct contact between the representatives of the different institutional structures, the globalization can stimulate the evolution of social norms of unproductive behavior to the social values inciting productive actions. Applying this to the Russian framework which formal and informal institutions became strongly divergent in result of the transition reforms of 1990s, it is possible to conclude that the economic openness of this country in the actual situation will favor the change of its human factor. Considering the incoherence between Russian actual formal framework and Russian informal institutions, the evolution of the last will contribute to establish former and impersonal social order. ; Cette thèse propose une analyse du développement économique à partir du concept de facteur humain qui apparaît en économie institutionnelle à travers les institutions informelles. Ces dernières sont responsables du caractère spécifique de chaque structure institutionnelle nationale qui forme le cadre incitatif de l'économie. Composée de règles formelles et informelles, la structure institutionnelle représente un ensemble évolutif. L'objectif élargi de cette recherche est donc de comprendre l'évolution et le changement des structures institutionnelles en étudiant particulièrement l'impact international sur ce processus. L'objectif spécifique de ce travail est d'appliquer l'approche développée au cas de la Russie afin de contribuer à une meilleure compréhension de la structure institutionnelle russe actuelle, de son efficacité pour le développement économique du pays et de l'impact de l'ouverture économique sur son changement, et notamment sur le facteur humain russe. Avec l'adhésion de la Russie en 2012 à l'Organisation Mondiale du Commerce cette question est d'intérêt particulier car le pays s'ouvre aux nouveaux attributs de la mondialisation. En mobilisant le cadre théorique croisé entre l'économie institutionnelle, l'économie de développement et l'économie internationale, cette étude nous conduit à présenter la mondialisation en tant que processus institutionnel qui en généralisant les institutions formelles de l'économie de marché et de la démocratie à l'échelle planétaire, a ignoré le rôle du facteur humain local. Cela explique la différence des performances économiques des pays qui ont adopté les mêmes cadres organisationnels. En revanche, la prise en considération du facteur humain dans l'analyse économique permet de développer la vision plus optimiste de la mondialisation. En facilitant le contact direct entre les représentants des structures institutionnelles différentes, elle est capable de stimuler l'évolution des normes de comportement improductif vers les valeurs sociales incitant les actions productives. En appliquant ce constat à l'analyse de la structure institutionnelle russe qui a vu diverger ses institutions formelles et informelles en résultat des réformes de la transition des années 1990, il est possible de conclure que l'ouverture économique de ce pays dans les conditions actuelles favorisera le changement de son facteur humain. Compte tenu de l'incohérence entre le cadre formel et les institutions informelles russes, l'évolution de ces dernières contribuera à l'instauration de l'ordre social formel et impersonnel.
During the last ten years education for social work underwent deep changes due to the new references generated by the Bologna process. In Switzerland, these transformations are answers to a policy of valuation of the professionaleducation and of the adaptation of contents to the needs of economic circles and to the need to increase international mobility. Thus, the creation of the High Specialised Schools (HSS) convey the ambition to answer the needs of profesional practices through high level missions in the domains of education, research and service performance. Since the implementation of the bachelor system in the HSS, the multiplication of education levels results in a newhierarchical organization of the professions in the field of social intervention and entails the risk of a division of the professional acting. Our thesis project hence joins these major transformations by empahsyzing, primo, the contents of curricula to be given in a university of professions - the first mission of which is to answer the needs of the employment market - and, secundo, the joining of tacit skills and acquisition of know-how belonging to the professional practices, in a perspective of formalization of the incorporated knowledge, of its modalities and its limits, which, from our standpoint, constitutes the major concern of the profesional education at the university level. Concretely, our investigation is about the acting of social educators who are involved in situations allowing the apprehension of the complexity of these situations where institutional, profesional and personal elements are interfused in daily actions. Having paid attention to thedialectics between social control and development of the person, we have tried to understand the consequences of such positions in the accompanying of the youths placed in a shelter. The analysis of the empirical data is the core of the thesis. Starting from indirect methods, we explore three profesional situations in order to reach the hart of the activity and, thus, allow the readability of the action's complexity. Taking into account situations wherein the educators are involved, then, enriching them by theoretical contributions, we have particularly seeked to maintain a coherence between the epistemology of the clinical approach to activity and the methodological building of our approach, in order to grasp the key dimensions of the acting. [.] ; Au cours des dix dernières années, la formation en travail social a subi de profondes mutations en raison des nouvelles références engendrées par le processus de Bologne. En Suisse, ces transformations répondent à une politique de valorisation de la formation professionnelle, d'adaptation des contenus de formation aux besoins des milieux économiqueset d'ouverture à la mobilité internationale. Ainsi, la création des Hautes écoles spécialisées (HES) a pour ambition de répondre aux besoins des pratiques professionnelles via des missions de haut niveau dans les domaines de l'enseignement, de la recherche et des prestations de service. Depuis la mise en place du bachelor dans les HES, la multiplication des échelons de formation débouche sur une nouvelle hiérarchisation des professions dans lechamp de l'intervention sociale et entraîne le risque d'un morcellement de l'agir professionnel.Notre projet de thèse s'inscrit de fait dans le cadre de ces transformations majeures en mettant l'accent primo sur les contenus de formation à dispenser dans une université des métiers dont la mission première est de répondre aux besoins du marché de l'emploi et secundo sur l'articulation entre connaissances et acquisition d'un savoir-faire tenu par les pratiques professionnelles, dans une perspective de formalisation des savoirs incorporés, de leursmodalités et de leurs limites; ce qui constitue, de notre point de vue, la préoccupation majeure de la formation professionnelle de niveau universitaire. Sur un plan concret, notre questionnement porte sur l'agir d'éducateurs sociaux en prise avec des situations au quotidien qui rendent compte de la complexité de l'agir où se mêlent les aspects institutionnels, professionnels et personnels. Après avoir porté notre attention sur la dialectique entre contrôle social et développement de la personne, nous avons cherché à saisir les incidences de tels positionnements dans l'accompagnement de jeunes placés en foyer. L'analyse du matériel empirique constitue la part centrale de la thèse, nous explorons trois situations professionnelles à partir de méthodes indirectes pour accéder au réel de l'activité etmettre ainsi en lisibilité la complexité de l'agir. Nous avons tout particulièrement cherché à tenir une cohérence entre l'épistémologie de la clinique de l'activité et la construction méthodologique de notre démarche - pour saisir les dimensions clés de l'agir à partir des situations dans lesquelles sont engagés les éducateurs, puis, les enrichir d'apports théoriques. [.]