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Résumé Dans certains pays de l'ex-URSS, les évolutions apparentes de la mortalité sont perturbées par des phases d'amélioration ou de dégradation de la qualité des statistiques. En Moldavie, la qualité de la mesure de la mortalité infantile s'est brusquement améliorée au début des années 1970, mais continue de poser quelques problèmes jusqu'à ce jour. Le changement des années 1970 est particulièrement important car l'attention alors portée par les autorités à la mortalité périnatale a mis à jour un sous-enregistrement plus général des décès infantiles. Par ailleurs, ce n'est qu'en 2008 que la Moldavie a adopté la définition OMS de la naissance vivante, sans pour autant que la part de décès néonataux échappant à l'enregistrement ait été totalement résorbée. Cette note de recherche propose de retracer l'évolution de la mortalité infantile moldave depuis 1945, corrigée de ces biais d'observation, et d'apprécier l'effet de ces corrections sur l'espérance de vie.

Résumé Shkolnikov (Vladimir), Meslé (France), Vallin (Jacques). - La crise sanitaire en Russie. IL Évolution des causes de décès : comparaison avec la France et l'Angleterre (1970-1993) Pour mieux comprendre l'évolution défavorable de la mortalité en Russie depuis les années soixante, nous la comparons à celle observée dans deux pays occidentaux, la France et l'Angleterre, pour lesquels nous disposons également de séries continues de décès par cause. L'écart entre ces pays et la Russie s'est creusé essentiellement sous l'effet de l'évolution divergente de la mortalité cardio-vasculaire. Alors que depuis 1970, cette dernière a reculé en France et en Angleterre, elle a nettement augmenté en Russie. La divergence est particulièrement marquée pour la mortalité par maladies cérébro-vasculaires. La mortalité violente explique également une partie des différences. Son évolution est très liée en Russie à l'évolution de la consommation d'alcool. Elle a ainsi profondément baissé avec la campagne antialcoolique de Gorbatchev puis s'est remise à la hausse dès 1987 au fur et à mesure que s'estompaient les effets de cette campagne. En 1993, la montée des morts violentes, et notamment celle des homicides, s'est encore accélérée. Certaines causes de décès sont toutefois moins défavorables à la Russie. Mise à part l'année 1993, les maladies infectieuses et les maladies respiratoires ont nettement régressé dans les dernières décennies. Le niveau de la mortalité cancéreuse, enfin, est à peu près égal aux niveaux français ou anglais chez les hommes et reste inférieur chez les femmes. Toutefois les tendances défavorables observées pour certaines localisations (poumon, sein, intestin) laissent présager que cette pathologie deviendra, dans les prochaines années, un facteur supplémentaire de dégradation.

Résumé Rychta?í ková Jitka, Vallin Jacques, Meslé France.— Évolution comparée de la mortalité en République tchèque et en France, depuis 1950. Après avoir marqué une pause durant les années soixante, l'accroissement de l'espérance de vie a depuis repris avec vigueur dans les pays occidentaux alors qu'au contraire, dans les pays de l'Est, la stagnation persiste ou fait même parfois place à un recul assez net. La comparaison faite ici entre la France et la République tchèque, fondée sur un regroupement identique des causes de décès permet d'éclairer certains aspects de cette divergence. Le problème a principalement trait à la mortalité des adultes et des personnes âgées. De 1966 à 1985, l'espérance de vie à 40 ans a augmenté de 2,1 ans chez les hommes et de 3,1 ans chez les femmes en France alors qu'en République tchèque, elle diminuait de 1,1 an chez les hommes et restait inchangée chez les femmes. L'aggravation de la situation masculine tchèque est essentiellement due à la montée de la mortalité cérébro-vasculaire et accessoirement à celle de l'alcoolisme. Mais l'écart grandissant pour les deux sexes entre les deux pays tient aussi, et peut-être surtout, au fait que la mortalité cardio-vasculaire qui a beaucoup baissé en France, stagne en République tchèque. Les facteurs essentiels du recul de cette mortalité observée en France (amélioration de la diète alimentaire, succès des nouvelles thérapeutiques) font défaut en République tchèque.

Avec l'explosion récente du nombre des personnes très âgées, la mesure précise de la survie aux très grands âges est devenue un enjeu important. Une des conséquences récentes de l'accroissement des nonagénaires et des centenaires est l'émergence de ce qu'il est désormais convenu d'appeler les supercentenaires : les personnes dépassant l'âge de 110 ans. La difficulté en la matière est d'abord d'authentifier l'âge. En couplant cas par cas trois sources différentes (état civil, répertoire national, collation de listes nominatives) nous avons jusqu'à présent pu identifier 46 décès de supercentenaires survenus en France depuis les années 1960. Grâce à la méthode des générations éteintes, nous avons tenté de mesurer la survie au-delà de 110 ans. L'espérance de vie des femmes ainsi calculée (1,9 an pour l'ensemble des générations concernées) est cependant probablement encore surestimée car l'échantillon de supercentenaires ainsi constitué n'est pas exhaustif et ce sont les plus « jeunes » qui y sont le moins bien représentés. Pour aller plus loin il faudrait pouvoir contrôler tous les âges au décès supérieurs à 110 ans déclarés à l'état civil en vérifiant les actes de naissances. Ce sera l'objet de notre prochaine étape.