Travail des enfants dans les exploitations de cacao en Côte d'Ivoire. Pour une réconciliation entre normes locales et normes internationales autour du « bic », du balai et de la machette
In: Mondes en développement, Band 163, Heft 3, S. 69-84
ISSN: 1782-1444
Après une dizaine d'années de mobilisation, le problème du travail des enfants dans les communautés productrices de cacao reste entier, notamment en Côte d'Ivoire. Les enfants continuent d'aller aux champs avec leurs parents dans les communautés, sensibilisées ou non. La présente étude établit que le travail des enfants relève de la pratique sociale de la vie quotidienne dans le milieu rural. Cette perception entre en décalage avec les normes internationales sur les notions d'enfance, de travail et de protection sociale. Si le travail est un maillon incontournable du processus de socialisation de l'enfant dans les communautés ivoiriennes, on note que, pour l'essentiel, il ne se départit pas de la manipulation permanente des instruments des savoirs économique (machette), social (« bic ») et culturel (balai). Participation aux travaux des champs, aux travaux domestiques et à l'éducation scolaire moderne sont les éléments d'un tout indissociable. Ils permettent à l'enfant de s'assumer dans sa famille et de s'assurer un futur. Sous cet angle, les normes internationales ne sont guère adaptées et leurs retombées gagneraient à s'imprégner davantage des normes de vie dans les communautés qu'elles ont à cœur de vouloir accompagner.